Opinion
« Camus brûlant »
et la controverse algérienne.
Réponse à Benjamin
Stora
Abdellali Merdaci* et Ahmed Bensaada**
Dimanche 1er décembre 2013
Benjamin Stora – qui devait organiser à
Aix-en-Provence « l’Exposition Albert
Camus » à l’occasion du centenaire de la
naissance de l’écrivain pied-noir
d’Algérie – vient de publier Camus
brûlant (1), cosigné par son
assistant Jean-Baptiste Pérétié, un
ouvrage sur les conditions dans
lesquelles il a été « débarqué » de
cette manifestation d’hommage par la
municipalité de droite de la cité
méditerranéenne. Il s’agit, à
l’évidence, d’une affaire
franco-française, un de ces nombreux
épisodes de ce que l’historien Michel
Winock appelait « la guerre
intellectuelle » (2), aux rôles et aux
acteurs presque convenus, qui sait
entremêler les attentes de la culture et
les outrances de la politique. Cependant
Stora s’appesantit, au-delà des
péripéties encore obscures de son
éviction, sur le « moment Camus » en
France et en Algérie. Observe-t-il,
relativement à la séquence algérienne
l’indispensable distance de
l’historien ? Il est vrai que son texte,
qui est publié dans une collection
intitulée « Parti pris », vaut
engagement, relativement à Camus et aux
querelles de mémoires qui entourent sa
postérité.
Cet engagement a été le nôtre dans un
débat public en Algérie, au printemps
2010, sur la présence de l’auteur de
L’Étranger dans la scène littéraire
algérienne. Stora cite nos propos dans
une construction argumentaire
absurdement manichéenne, qui a vite
enrégimenté partisans et adversaires de
Camus dans une empoignade passionnelle.
Sur le fond du débat, sur les
perspectives socio-historiques qu’il
délimitait, l’historien français, il
peut s’agir d’une contrainte éditoriale,
a été assez court, pour ne pas faire
entendre, ici, les non-dits d’une
controverse algérienne autour de Camus
et de sa survie algérienne.
Un rappel des faits
Au début, il y avait une
imposture intellectuelle, tombant sur un
pays encore assoupi après les péripéties
de l’élection présidentielle de 2009. Il
était difficile de savoir sous quelle
casquette (étoilée)
M. Yasmina Khadra, directeur du
Centre culturel algérien (CCA) à Paris
et écrivain, projetait de faire circuler
en Algérie une « Caravane Camus »,
commémorant le cinquantenaire de sa
disparition. Certes, il s’est défendu
d’être l’initiateur de l’événement : « M.
Guillaume Lucchini, l´organisateur de la
Caravane Albert Camus, était venu me
voir pour m´en parler. Son idée m´a
séduit », avait-il déclaré (3).
M. Khadra n’avait sans doute pas compris
que cette séduction ne concernait pas
uniquement sa personne, mais aussi (et
surtout) l’organisme étatique qu’il
était censé représenter.
Cette tournée, envisagée par un haut
fonctionnaire de l’État, organisée
conjointement avec un obscur « Club
Camus Méditerranée », qui devait
s’étaler sur toute l’année 2010, était
adoubée par le gouvernement et fêtée par
une partie de l’élite universitaire
algéroise qui a appris, de longue date,
à célébrer dans les ruines de Tipasa
« Camus l’Algérien ». L’ambigüité même
du cahier des charges de la « Caravane
Camus », qui
entendait rendre proches
l’écrivain et son œuvre aux jeunes
générations de lycéens et d’étudiants
d’Algérie, se fixait sur la transmission
d’héritages. Il ne s’agissait pas moins,
à travers cette manifestation, qui ne
fut pas sans écho en France, de se
réapproprier le prix Nobel de
littérature français, d’en confirmer une
« algérianité », qui fut accordée à une
histoire coloniale. Et à cette seule
histoire malheureuse.
Les réactions n’ont pas tardé,
qui marquèrent le recul du gouvernement
et l’annulation de la « Caravane »,
suscitant des propos peu amènes – et,
surtout, indécents – de M. Khadra envers
ses contradicteurs (4), universitaires,
écrivains, éditeurs, journalistes,
membres du mouvement associatif, et
citoyens de toutes provenances,
s’insurgeant dans une déclaration
publique contre une pseudo-manifestation
littéraire aux arrière-pensées
labyrinthiques : « Cette alerte est un
témoignage pour que nul ne dise qu'il ne
savait pas ce qui se trame derrière
l'immense entreprise de falsification de
l'histoire, de mensonges, de
mystifications. Car ce lobby ne continue
pas seulement une guerre du passé mais
construit la domination néocoloniale
d'aujourd'hui. La preuve par le concret
reste qu'à chaque émission sur Camus
c'est le retour de l'Algérie française
quand on nous chantait la séparation de
l'art et de la politique ? » (5).
« Falsification de l’histoire »,
« mensonges », « mystifications » : le
retour de Camus dans l’Algérie
indépendante s’accommodait de toutes les
dérives. Ceux qui voulaient résolument
vendre « Camus l’Algérien » à l’Algérie
du XXIe siècle s’inscrivaient
délibérément dans le déni de l’Histoire
et, dans l’ordre des savoirs
littéraires, dans un douteux
révisionnisme.
Comment dire que Camus n’est pas
Algérien et ne peut être Algérien dans
l’Algérie d’aujourd’hui ? Face à ceux
qui défendaient une survivance
algérienne de l’écrivain pied-noir, qui
monopolisaient les colonnes de la presse
et les ondes de la radio, il y avait un
barrage pour faire entendre un point de
vue différent. Mais ce qu’a été Camus,
sa vie et son œuvre, ne peuvent effacer
cette épreuve du sang, cette longue
guerre qui a redonné leur nom et leur
dignité aux anciens Indigènes de la
colonie. À côté des judicieuses analyses
de nos amis Mohamed Bouhamidi (6) et
Ahmed Halfaoui (7), nous avions proposé
sur la « Caravane Camus » et sur ses
objectifs – strictement algériens – des
contributions publiées dans la presse
nationale (8). Ce débat sollicitait la
part d’ombre d’une histoire littéraire
de la colonie. Nous nous y sommes
engagés pour retrouver la mesure d’une
pensée, d’une pensée refoulée.
L’impossible survie algérienne de Camus
Ceux qui ont signé l’« Appel aux
consciences anticolonialistes » et ceux
qui, comme nous, sont intervenus dans
cette controverse, s’élevaient contre
une exploitation politicienne de la
personnalité et de l’œuvre de Camus dans
la « Caravane » qui lui était dédiée
dans l’Algérie du cinquantenaire de
l’indépendance.
Il y a eu – et il y aura
certainement – des manifestations
universitaires autour de Camus et de son
œuvre en Algérie. L’organisation de la
« Caravane Camus », sous l’égide d’un
haut fonctionnaire de l’État, et son
officialisation par le gouvernement,
constituaient un point d’achoppement.
Camus est un auteur français : il est
juste qu’il soit honoré dans son pays,
et le précédent président de la
République française, M. Nicolas
Sarkozy, a pu envisager de transférer
ses cendres au Panthéon. Cela l’est
moins en Algérie où sa seule légitimité,
circonscrite dans le temps de
l’occupation française, fut celle d’une
œuvre littéraire coloniale. C’est une
simple question de valeurs. Celles de
l’Algérie française, que n’a jamais
reniées Camus, ne sont pas celles de
l’Algérie indépendante.
Ainsi, c’est cette « algérianité » de
Camus, revendiquée par ses bruyants
sectateurs, qui ne passe pas.
Convient-il de rappeler ici les apories
du qualificatif « algérien » dans
l’espace colonial ? Dans
la colonie française d’Algérie,
seuls les Européens étaient reconnus
Algériens. Cette éviction des Indigènes
de l’identité algérienne est au principe
du mythe algérianiste que la littérature
coloniale d’Algérie a longtemps soutenu.
Camus était dans l’Algérie française
révolue un Algérien. Cette qualification
juridique, si l’on ne récuse pas les
acquis de l’Histoire, ne lui appartient
plus depuis le 3 juillet 1962. Il
tiendrait du paradoxe de savoir que
Camus soit considéré comme un Algérien
dans l’Algérie du XXIe siècle
À quel titre mériterait-il, plus que
tous ces natifs d’Algérie, Européens et
Juifs, qui ont combattu la France
coloniale, qui ont souffert pour un
idéal d’indépendance de leur pays, la
qualification d’Algérien et entrerait
potentiellement dans la littérature
nationale du pays indépendant comme
veulent l’imposer certains « camusiens »
?
Il y a, certes, en Algérie, depuis plus
d’une dizaine d’années une récupération
de l’image « algérienne » de Camus
autant dans les cercles universitaires
algérois que dans les instances du
gouvernement, favorisant une sorte de
tourisme littéraire en faisant visiter
aux hôtes de l’Algérie les ruines de
Tipasa dans une stricte mise en scène
inspirée de Noces et de L’Été.
Davantage que la basilique de Saint
Augustin d’Hippone, monument universel
de la religion chrétienne en Afrique, ce
sont bien les ruines de Tipasa,
revisitées par Camus, que l’on offre aux
dignitaires d’Occident. Cette
célébration, foncièrement
néo-colonialiste, est une victoire pour
ceux qui défendent la survie algérienne
de l’auteur de La Peste.
Alors même que Hamid Grine (Camus
dans le narguilé, Paris, Après la
lune, 2011 ; Un parfum d’absinthe,
Alger, Alpha, 2010), le plus « camusien »
des écrivains algériens, prend une
distance critique d’avec le vécu
algérien de l’écrivain pied-noir (9),
Kamel Daoud et Salim Bachi (Le
Dernier été d’un jeune homme, Alger,
Barzakh, 2013) éveillent dans la
communauté littéraire, en cette année du
centenaire de sa naissance, une
mentalité d’« Arabes » au sens « camusien »
du terme, dans le registre étroit de la
« nostalgérie », inapte à penser la
réalité politique actuelle du pays. Le
signataire de Meursault,
contre-enquête (Alger, Barzakh,
2013) ne demande-t-il pas exagérément,
dans une chronique du Quotidien
d’Oran (10), dans cette veine –
étroite – alimentée en France par les
revanchards de l’Algérie française et
les affidés de l’OAS, le transfert, à
Alger, des cendres de Camus ?
Ces intellectuels qui veulent statufier
Camus, en souvenir de la grandeur de
l’« œuvre » coloniale, peuvent-ils nous
expliquer pourquoi Camus était si proche
d’Israël qu’il décrit comme
« l’exemplaire Israël, qu’on veut
détruire sous l’alibi commode de
l’anticolonialisme mais dont nous
défendons le droit de vivre, nous qui
avons été témoins du massacre de ces
millions de Juifs et qui trouvons juste
et bon que leurs fils créent la patrie
que nous n’avons pas su leur donner »
(11), alors qu’il était si loin de
l’Algérie indépendante et oublieux des
massacres coloniaux d’Indigènes
algériens comme en témoigne sa
déclaration de Stockholm ?
Une évocation néocoloniale
À l’occasion de la sortie de son livre
Ce que le jour doit à la nuit
(Paris, Julliard, 2008), Yasmina Khadra
a fait de nombreuses déclarations où il
revendique sa nostalgie « de cette
Algérie fraternelle où les Pieds-Noirs
avaient leur place » (12), comme si 132
ans de colonisation inhumaine pouvaient
simplement se résumer à une idylle
romanesque entre un Indigène et une
Française. Khadra n’a-t-il pas encore
saisi que ce sont les Algériens,
encalminés dans leur indigénat,
qui n’avaient pas leur place dans
cette Algérie-là ?
Dans la conclusion de son ouvrage,
Benjamin Stora écrit : « La guerre
d’Algérie est finie depuis cinquante
ans. Rien se sert de vouloir ‘‘rejouer
l’histoire’’ ni de chercher à tout prix
à avoir raison aujourd’hui à propos des
conflits d’hier » (13). Mais de quoi
parle « Camus l’Algérien », sa
« Caravane » parcourant les villes
d’Algérie, son ombre pesante sur les
ruines de Tipasa et le retour solennel
de ses cendres dans la terre
algérienne ? Le refoulé colonial est de
retour. Et aussi ses mots.
Lorsque Stora fut remercié par la maire
UMP d’Aix-en-Provence,
Michel Onfray
a été pressenti à la tête de
« l’Exposition Albert Camus ». Mais la
« malédiction » Camus l’a poursuivi, lui
aussi. Il s’est d’abord attaqué à ceux
qui se sont opposés à la « Caravane
Camus », les traitant de « plumitifs du
régime » (14), négligeant le fait que
c’était le « régime » lui-même
(représenté par le directeur du CCA,
nommé par décret présidentiel) qui
désirait que la fameuse « Caravane »
sillonne les routes d’Algérie. Ensuite,
non sans gravité, la tentative de
falsification de l’histoire coloniale
par Onfray a provoqué une virulente
levée de boucliers de l’autre côté de la
Mare Nostrum (15). Ce qui fit dire à la
journaliste française Catherine Simon :
« De telles contre-vérités
historiques, dans la bouche d’un
intellectuel français, tout
‘‘libertaire’’ qu’il se proclame, ne
pouvaient que provoquer un tollé – le
mot est faible – en Algérie. Ignorer, et
avec quelle superbe, la violence,
fondatrice, de la conquête coloniale et
les tombereaux de morts ‘‘indigènes’’
que 130 années de domination coloniale
ont laissés derrière elle a quelque
chose d’ahurissant » (16). Cela prouve,
finalement, que la mission de cette
« Caravane » n’était pas si éloignée de
celle que dénonçait
l’« Appel aux consciences
anticolonialistes ».
Sur les deux rives de la Méditerranée,
le retour de Camus en Algérie – en fait
de la mémoire de Camus – est un
prolongement de la guerre
d’indépendance, une évocation
néocoloniale.
En voici un exemple récent. L’enseignant
et chercheur français Jeanyves Guérin,
un lecteur averti de Camus, en propose
une explication, conçue sur la chute du
FLN, qui reste le symbole de
l’indépendance algérienne : « Après
l’indépendance, il [Camus] suscite la
vindicte des officiels. Il est catalogué
comme un porte-parole de la France
coloniale. Cette idée va longtemps
perdurer. Les choses changent lorsque
l’Algérie du FLN entre en crise. À
partir de ce moment, on redécouvre son
œuvre […] Beaucoup de lecteurs
algériens comprennent sa résistance à
l’indépendance. Ils peuvent la
regretter, ils ne la stigmatisent pas.
Là est la grande différence avec le
temps où le FLN monopolisait
l’expression » (17). Le critique
français lie ainsi la survie algérienne
de Camus à une perte d’influence dans la
société algérienne du FLN, et sans doute
met-il en cause le FLN qui a conduit la
guerre d’indépendance, qui a retrouvé
dans la violence des armes, une identité
et une dignité nationales injuriées par
le colonialisme français, qui garde le
respect des Algériens. Quelques uns de
ses membres, à l’instar d’Ahmed Taleb
Ibrahimi (18) s’adressant à l’écrivain
pied-noir depuis sa prison de Fresnes,
ont certes montré les limites de son
discours sur l’Algérie, et surtout en
quoi il heurtait une conscience
nationale en mouvement ; et, au
lendemain de l’indépendance, Malek
Haddad a mis un trait définitif sur une
histoire coloniale qui ne pouvait plus (re)commencer,
qui a proclamé : « Le seul respect que
je dois à Camus est celui que je dois
aux morts » (19).
Avec Louis Bertrand et Robert Randau,
Camus reste une des figures du champ
littéraire colonial algérien, dont il
aura marqué les évolutions. En 2013,
comme en 1962, le refus par les
Algériens de ce « colonialiste de bonne
volonté » selon l’expression de Raymond
Aron (20), réside dans les
infranchissables digues de l’Histoire.
Albert Camus appartient à l’Algérie
française, qui est l’autre nom de la
longue relégation des « Arabes ». Cela
ne peut s’oublier.
Notes
1. Paris, Stock, coll. « Parti-pris »,
2013.
2. Le Siècle des intellectuels,
Paris, Seuil-Points, 1999, p. 7.
3.
« Yasmina Khadra : ‘‘J’ai horreur de la
manipulation’’,
entretien
avec O. Hind, L’Expression
[Alger], 4 mars 201.
4. Ibid.
5. Le texte de l’appel est publié dans
Le Quotidien d’Oran du 1er
mars 2010.
6. « La dernière trouvaille du lobby
colonial. Faire de Camus la
réhabilitation de la cause coloniale »,
La Tribune [Alger], 18 mars
2010 ; « Célébration du 50e
anniversaire de l’écrivain. L’art du
lobby néo-colonial autour de Camus »,
La Tribune, 31 décembre 2009.
7. « La caravane Camus et son débat
inégal », La Nouvelle république
[Alger], 08 juin 2010.
8. Ahmed Bensaada, « Camus, Yasmina et
les autres », La Tribune, 24 mars
2010. Abdellali Merdaci, Après la
Caravane Camus.
Pour une histoire critique de la
littérature coloniale », Les Débats
[Alger], 21-27 avril 2010 ; « À propos
de la Caravane Camus. Une inquiétante
célébration », Le Soir d'Algérie,
15 mars 2010.
9. Ikram Ghioua, « Hamid Grine à
Constantine. La magie des mots, un
tournant dans sa vie », L’Expression,
29 mai 2012.
10. « Rapatrier un jour les cendres de
Camus », Le Quotidien d’Oran, 11
novembre 2013.
11. Connec’sion. Albert Camus à ses amis
d’Israël.
URL:
http://www.connec’sion.com/Albert-Camus-a-ses-amis-d-Israel_a532.html
12.
Julia Ficatier, « Yasmina
Khadra : ‘‘Mon pays, l'Algérie, est
aussi le pays des pieds-noirs’’ », La
Croix [Paris], 17 mars 2010.
13. Camus brûlant, op. cit.,
p. 109.
14. Michel Onfray, « Camus n’a jamais
dit ‘‘oui’’ à l’ordre colonial »,
entretien avec El Watan [Alger],
10 août 2012.
15. Polémique à propos des déclarations
d’Onfray sur Camus, El Watan, 16
août 2012.
16. « Affaire Camus : Onfray quitte la
‘‘pétaudière’’ », Le Monde
[Paris], 17 septembre 2012.
17. « À chacun son Camus », entretien
avec Franck Nouchi, Hors-série Le
Monde, septembre-novembre 2013.
18. « Lettre ouverte à Albert Camus »,
du 26 août 1959, dans Lettres de
prison, Alger, Sned, 1987, pp.
46-58.
19. « Le seul respect que je dois à
Camus », An Nasr [Constantine],
18 février 1967.
20. L’Algérie et la République,
Paris, Plon, 1958.
* Écrivain-universitaire (Constantine,
Algérie).
** Auteur-essayiste
(Montréal, Canada)
Publié sur
Reporters
Le sommaire d'Ahmed Bensaada
Les dernières mises à jour
|