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Opinion
Démocratie pour les
« maîtres » et dictature contre les « esclaves »
Zuhayr Andraos
Dimanche 17 octobre 2010
Avec l’ouverture de la 18ème session d’hiver de la Knesset, la
discussion à l’intérieur des partis sionistes à propos de la
nature démocratique et ethnique d’"Israël" a pris le pas. Dans
son allocution, le président de la Knesset, Raoufin Revline a
critiqué la déclaration du premier ministre, Benyamin Netanyahu,
disant qu’il est impensable que le gouvernement ôte à la Knesset
sa fonction et l’empêcher d’exercer ses tâches dans le cadre de
ce qui s’appelle démocratie parlementaire, insistant sur le fait
que l’Etat hébreu ne peut accepter que le gouvernement actuel
continue à contrôler les projets de loi.
Revline, comme nous le savons, est un sioniste, et son discours
traduit son souci à protéger l’Etat juif et son inquiétude quant
à son avenir, mettant en garde contre le fait qu’"Israël" ne se
transforme en un Etat semi-présidentiel, et c’est une mise en
garde logique, du point de vue de quiconque a adopté le sionisme
et a accepté ses enseignements. Ce mouvement et sa réalisation,
"Israël", sont les deux faces d’une même monnaie : le
colonialisme colonial, qui s’est emparé de la Palestine et a
installé un Etat sur ses ruines, et qui ne s’est pas contenté de
cela, ses ambitions ont dépassé les frontières de la Palestine
historique pour inclure le monde arabe.
La discussion à l’intérieur de l’institution sioniste en
"Israël" reste une discussion interne, non pas parce qu’elle ne
nous concerne pas, mais au contraire, nous devons l’étudier et
définir ses dimensions et ses conséquences sur les Palestiniens
de l’intérieur. Cependant, nous pensons que l’évolution de ce
qui est appelé la démocratie ethnique est une évolution
naturelle d’un régime de pouvoir installé sur des bases
colonialistes et dont les outils sont coloniaux, ce qui veut
dire que le danger réel que nous percevons aujourd’hui, sur la
démocratie parlementaire, selon la logique du président de la
Knesset et quelques-uns de ses partisans, est chose acquise, le
régime du pouvoir en "Israël" est devenu un régime
semi-présidentiel, ou en termes plus clairs, un régime
semi-fasciste, il s’agit d’une construction supplémentaire pour
qu’"Israël" atteigne l’étape post-raciste et pré-fasciste.
De plus, nous affirmons en toute assurance que l’Etat hébreu,
depuis sa fondation en 1948, n’a jamais été démocratique dans le
sens exact du terme. Il a été et est toujours la démocratie de
la majorité juive, ou la majorité automatique, cette démocratie
mensongère qui fut le principal outil pour s’emparer des terres
qui étaient restées entre les mains des Arabes et imposer des
réalités sur le terrain dans le but d’empêcher le retour des
réfugiés palestiniens, qui furent exilés loin de leur pays au
cours de la Nakba, et pour exercer la répression sous toutes ses
formes contre ceux qui sont restés attachés à leur terre et leur
patrie. Par conséquent, ce à quoi nous assistons aujourd’hui, ce
déluge de lois racistes, est chose naturelle pour toute société
gouvernée par une élite de droite et extrémiste qui considère,
en paroles et en actes, que le fait d’atteindre l’apartheid,
avec tous les aspects négatifs qu’il comporte sur la scène
internationale, nécessite de se débarrasser de la démocratie
parlementaire, que Revlin et ses compères considèrent comme la
forteresse pouvant empêcher le régime de pouvoir en "Israël"
d’être semi-présidentiel.
La démocratie israélienne est une démocratie pour les « maîtres
» soit la majorité, et la dictature contre les «esclaves »,
c’est-à-dire les Arabes de ce pays. Il faut simplement rappeler,
à titre d’exemple, que les Blancs aux Etats-Unis pensent qu’ils
représentent la majorité dans ce pays, et que les décisions sont
prises par la majorité. C’est vrai, les Blancs sont la majorité,
mais n’y a-t-il pas un moyen qui permette aux intellectuels et
décideurs d’étudier la possibilité de limiter la démocratie de
la majorité, dans le but d’accorder à la minorité un espace
donné de participation aux prises de décision et de définition
de la nature du régime ? Cela n’existe pas, ni dans le pays qui
se prétend celui des libertés, les Etats-Unis, ni dans l’Etat
qu’il protège, "Israël", qui ne cesse de proclamer matin et soir
qu’il est un oasis de démocratie dans le Moyen-Orient.
Même si nous admettons les célèbres points de Wilson, après la
première guerre mondiale, qui furent désignés par impérialisme
progressiste, ayant compris, entre autres, la diplomatie
ouverte, la liberté de la presse, la liberté de commerce, le
recul de l’armement, l’auto-détermination et la création de la
Société des Nations, etc.. et même la déclaration du premier
président israélien, Haïm Weizmann disant que notre premier
examen devant le monde sera la manière de nous comporter avec
les minorités, même si nous admettons tout cela, nous ne pouvons
en aucun cas considérer "Israël" comme une démocratie. Il est
impossible qu’"Israël" devienne un jour démocratique, car ce qui
y est désigné par démocratie est mort dès sa naissance, et aucun
être sur cette planète ne peut lui rendre la vie. Que dire alors
ses maîtres sont proches et même très proches du fascisme ?
Article publié sur Résistance islamique au Liban
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