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Opinion
Une étude israélienne estime probable une guerre civile en Libye
après la chute de Qadhafi, toutes les tribus s'efforçant
d'imposer leur propre domination
Zuhaïr Andrews
in Al-Quds al-Arabiyy, 21 mars 2011 Nazareth
– Les médias israéliens continuent à suivre les événements en
cours en Libye. Mais l’on peut remarquer qu’ils se concentrent
en particulier sur la personnalité de Qadhafi. Ainsi, le
quotidien Yedioth Ahronot a exprimé son étonnement, hier, à
propos d’une grave contradiction dans le comportement de
celui-ci, ainsi que dans son comportement, écrivant qu’en dépit
de son implication dans l’attentat contre l’avion civil
américain à Lockerbie, nous avons vu Qadhafi abandonner soudain
volontairement son programme nucléaire sans que personne ne le
lui eut demandé.
De même, au moment même où il enseignait
aux chefs d’Etat africains les principes de l’Islam, nous le
voyons enseigner au président du conseil italien Silvio
Berlusconi l’art de la débauche avec de jeunes mineures. Le
journal fait remarquer que le comportement étrange et infâmant
de Qadhafi sont précisément l’élément qui a poussé le peuple
libyen à se révolter contre lui et à chercher à le renverser. La
personnalité despotique pathologique de Qadhafi l’a amené à
perpétrer des massacres contre son propre peuple ; il est
personnellement responsable de l’assassinat de plusieurs
centaines de Libyens.
Les médias hébreux considèrent que Qadhafi
a une personnalité déséquilibrée et obsédée par l’amour de la
domination, du pouvoir et aussi des femmes. Cela se reflète dans
son comportement sauvage dans la répression des manifestants. Le
journal souligne que cette obsession qadhafienne allait
fondamentalement dans le sens des intérêts occidentaux. Le
quotidien en hébreu a révélé un message diplomatique envoyé par
l’ambassadeur des Etats-Unis en Libye à son ministère à
Washington, en 2008, dans lequel il affirmait la nécessité que
les Etats-Unis d’Amérique soutiennent Qadhafi et qu’ils le
considèrent comme un partenaire de Washington dans la région [du
Proche-Orient]. En dépit de ses comportements étranges et de sa
personnalité compliquée, Qadhafi a réussi à imposer sa
domination à son pays durant plus de quarante années, et cela
représente un argument de poids rendant incontournable le
renforcement par les Etats-Unis de leurs relations avec Qadhafi
et son cercle rapproché.
De même, le quotidien israélien a
répertorié, dans la personnalité pathologique de Qadhafi et dans
l’analyse de la manière sauvage dont il traite actuellement la
Révolution libyenne, plusieurs caractéristiques psychologiques
saillantes dont la première est son obsession illimitée pour la
caméra et la représentation, ainsi que sa manière de se montrer
sous son meilleur profil, cela parce qu’il est convaincu que
l’image est plus éloquente que la personnalité même de l’homme,
plus que sa parole. Pour lui, l’image est, plus que toute autre
chose, une manière d’attirer l’attention. Le journal a cité des
sources occidentales disant que les diplomates qui ont rencontré
Qadhafi en ont retiré une impression unanime, celle qu’il s’agit
d’un malade atteint par la folie de la grandeur et totalement
dépourvu de scrupules, comme ses déclarations le montrent à
l’évidence.
Par ailleurs, le journal a mis en relief un
aspect qui était resté occulté, durant des années, dans la vie
de Qadhafi, à savoir ses relations scandaleuses avec les femmes,
qu’il a qualifiées de totalement inadmissibles, en particulier
pour un dirigeant arabe, faisant notamment allusion au fait que
c’est lui qui a ‘enseigné’ à Berlusconi à draguer la minette
mineure, ce qui a placé ce dernier dans une situation politique
extrêmement délicate, en particulier au cas où il serait
condamné par le tribunal devant le quel il doit prochainement
comparaître pour détournement et viol de mineures.
Avec l’aggravation des événements en Libye,
les médias israéliens sont revenus sur la question des origines
juives de Qadhafi, par sa mère. A ce sujet, le quotidien Yedioth
Ahronot a créé une page de forum sur son site ouèbe ouverte à
ses lecteurs après avoir publié une étude religieuse présentée
lors d’une conférence par un des rabbins les plus éminents
d’Israël, le rabbin Ouri Shariki, autour de la question de la
possibilité du retour de Qadhafi au judaïsme après la chute
imminente de son régime, en Libye. Les lecteurs sont unanimes,
dans leurs commentaires : ils accueillent à bras ouvert
l’éventualité du retour de Qadhafi au judaïsme et à la Terre du
Retour (la Palestine), car ils considèrent qu’il a accompli sa
mission (en tant que juif) en ayant réussi à gouverner la Libye
durant quarante-deux ans, indique ainsi un de ces lecteurs du
Yedioth Ahronot. Les échanges au sujet de la judaïté de Qadhafi
ont commencé à apparaître en particulier après la publication
d’une déclaration importante publiée par le quotidien Maariv (en
hébreu), dans lequel celui-ci faisait état des origines
juives de Qadhafi, par sa mère, qui s’appelait Razâlâ Tammâm et
qui avait épousé un jeune musulman alors qu’elle était âgée de
dix-huit ans, dont elle eut cinq enfants, dont Mu‘ammar.
Au sujet des tentatives déployées par
Qadhafi pour draguer les juifs et se réconcilier avec eux, en
passant par pertes et profits les droits légitimes des
Palestiniens qu’il prétendait hypocritement et faussement
défendre, Yaaqub Hajjâj, un historien juif d’origine libyenne
résidant en Israël, qui est le président de l’institut des
études et des recherches sur le judaïsme libyen, a révélé que
voici de cela un an, Qadhafi avait envoyé deux émissaires
libyens depuis la capitale jordanienne Amman à la rencontre de
responsables de l’Organisation mondiale des juifs libyens en
Israël et qu’avait effectivement été organisée une visite de
cette délégation libyenne à Tel-Aviv et qu’au cours des
rencontres auxquelles cette visite avait donné lieu la question
du devenir des biens juifs en Libye avait été étudiée, cet
historien faisant allusion au fait qu’il s’agissait en
l’occurrence d’une tentative de Qadhafi de se réconcilier avec
la société internationale et de complaire à l’Occident de
manière générale, et en particulier aux Etats-Unis.
Traduit de l’arabe par Marcel Charbonnier
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