Les Touareg réclament l'indépendance de
l'Azawad
Le Mali sur une
poudrière
Zine
Cherfaoui
Jeudi 19 janvier
2012
Des attaques, les
premières depuis l’accord ayant mis fin
à la rébellion, en 2009, grâce à la
médiation d’Alger, ont été menées mardi
dernier par des insurgés touareg contre
des positions de l’armée malienne. Après
Ménaka, les rebelles ont attaqué hier
Aguelhok et Tessalit.
L’attaque menée mardi par des
insurgés touareg contre des
positions de l’armée malienne dans
la localité de Ménaka, située près
de la frontière nigérienne, est loin
d’être un épiphénomène. La rébellion
targuie a bel et bien repris dans le
nord du Mali avec pour objectif,
cette fois, d’obtenir
l’«indépendance de l’Azawad». A
l’inverse des soulèvements des
années 1990 et 2000, les Touareg qui
se sont abondamment ravitaillés en
armes depuis la Libye semblent,
aujourd’hui, avoir les moyens de
tenir tête à l’armée malienne. La
preuve ? Après l’offensive de
Ménaka, les Touareg, structurés au
sein du Mouvement national de
libération de l’Azawad (MNLA), ont
attaqué hier deux autres villes du
nord-est du Mali et ont dit vouloir
en prendre d’autres.
Les localités ciblées sont
Aguelhok et Tessalit, qui se
trouvent à un jet de pierre de la
frontière algérienne. Il s’agit des
premières actions armées menées
depuis un accord ayant mis fin à la
rébellion, en 2009, grâce à la
médiation d’Alger.
Le MNLA, accusé par Bamako d’être
derrière ces attaques, est un
mouvement politico-militaire sans
leader connu, né en 2011 de la
fusion de groupes rebelles, dont le
Mouvement touareg du Nord-Mali
(MTNM) d’Ibrahim Ag Bahanga, mort
l’été dernier dans un accident de la
route. «Cette nouvelle organisation
a pour objectif de sortir le peuple
de l’Azawad de l’occupation illégale
du territoire de l’Azawad par le
Mali», a indiqué son premier
communiqué publié le 16 octobre
2011.
Provocation de Bamako ?
Dans un autre communiqué rendu
public mardi, signé par Hama Ag Sid
Ahmed, le porte-parole chargé des
relations extérieures du mouvement,
le MNLA regrette que les autorités
maliennes aient rompu le dialogue,
ignoré la région et «créé, une fois
de plus, toutes les conditions pour
une reprise des hostilités
militaires» en renforçant notamment
sa présence militaire dans la région
de l’Azawad (lire à ce sujet
l’article publié dans notre édition
d’hier). «Ces déplacements massifs
de troupes, qui inquiètent les
populations civiles, ont été reçus
par le Mouvement comme une
invitation à la guerre de la part
des autorités maliennes», mentionne
Hama Ag Sid Ahmed qui avertit que
«pour se protéger et réoccuper
progressivement l’espace de l’Azawad
et aussi répondre à la provocation
de Bamako, des hommes de
l’état-major du Mouvement national
de libération de l’Azawad ont choisi
d’engager leur vie». Hama Ag Sid
Ahmed prévient, à ce propos, que des
actions militaires importantes du
MNLA continueront tant que Bamako ne
reconnaîtra pas ce territoire comme
une entité à part.
Et d’ajouter : «Ces actions
militaires sont aussi un appel à la
communauté internationale : tant
qu’elle ne s’impliquera pas
effectivement pour une résolution
durable de ce conflit qui n’a que
trop duré, les mêmes causes
produiront les mêmes effets». A
signaler que la France qui a souvent
été soupçonnée, durant les années
1970-80, d’œuvrer en faveur de la
création d’un Etat touareg dans la
région du Sahel a appelé hier au
calme et soutenu l’idée que «l’usage
de la force n’est pas une solution».
«Nous suivons avec attention et
préoccupation la situation au nord
du Mali», a déclaré hier lors d’un
point de presse le porte-parole du
ministère français des Affaires
étrangères, Bernard Valero, en
réponse à une question sur la
position de la France au regard de
ces combats. «La France réaffirme
son attachement à l’unité et à la
stabilité du Mali ainsi qu’au
respect des règles du dialogue
démocratique pour l’expression et la
solution des différends politiques»,
a conclu le porte-parole.
L’Algérie, qui partage une longue
frontière avec le nord du Mali,
n’avait quant à elle pas encore
réagi à ces événements.
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