Gaza
De la liberté à
la prison
De l'entourage à l'isolement
Ziad Medoukh
Ziad Medoukh
Mercredi 28 octobre 2009 C’est
difficile pour moi citoyen palestinien de Gaza de décrire la
situation actuelle de cette région de monde très isolée , Gaza
sous blocus, Gaza la prison à ciel ouvert, Gaza la dernière
agression israélienne.
Moi qui a vécu huit mois de
liberté en France et en Europe, huit mois de rencontres et des
conférences, huit mois de déplacements et de contacts lors de
mon séjour en France entre mars et octobre 2009 afin de soutenir
ma thèse à l’université Paris8 de Saint-Denis .
Pendant ces huit mois j’étais
reçu comme un roi partout par des associations et des
organisations de solidarité avec notre cause, pendant cette
période j’étais entouré par des amis très sympas qui m’ont
soutenus qui m’ont aidés pendant mon éloignement de ma famille,
de ma ville et de mon pays.
J’ai eu l’occasion de rencontrer
des centaines des personnes , j’ai fait des dizaines de
conférences.
Pour parler de Gaza sous blocus,
pour évoquer la souffrance d’un million et demi des habitants
isolés et enfermés dans leurs villes et villages dans la bande
de Gaza; mais surtout pour passer le message, le message de la
volonté de cette population confiante, une population résistante
qui continue à vivre à coté de ruines de leurs maisons mais qui
garde l’espoir d’un lendemain meilleur : un lendemain de paix et
d’espoir .
On peut
dire que après mon retour à Gaza cette semaine je suis en train
d’affronter une réalité, une réalité pas nouvelle pour moi
certes mais une réalité choquante pour quelqu’un qui a beaucoup
voyagé en France et en Europe et qui a fait des milliers de
kilomètres pendant son séjour en France et qui n’arrive pas à se
déplacer entre les villes et les villages ici vue la situation
actuelle et le blocus imposé depuis plus de 3 ans
.
On peut dire que la vie d’un
Gazaouis est très dure pas seulement à cause de blocus et
l’isolement mais il ne faut pas oublier la division et ses
conséquences graves sur le travail des institutions et des
associations publiques et non gouvernementales dans la bande de
Gaza; c’est vrai que les deux secteurs qui résistent bien en
l’occurrence : l’éducation et la santé continuent à fonctionner
avec beaucoup de courage et détermination mais les difficultés
sont toujours là.
Mon retour à Gaza n’était pas
facile et pourtant j’ai été soutenu par le consulat général de
France à Jérusalem qui fait des efforts remarquables pour aider
les palestiniens de Gaza de sortir et d’y revenir mais ce sont
toujours les Israéliens avec leur politique arbitraire qui
délivrent l’autorisation aux Gazaouis .
Le consulat de France m’a
beaucoup aidé le mois de mars dernier quand j’ai quitté Gaza
pour joindre Paris via Amman en Jordanie en passant par le pont
Alenpy accompagné par l’attaché linguistique au consulat de
France à Jérusalem , cette personne très solidaire qui m’a
accompagné dans mon voyage de retour à Gaza ce mois d’octobre,
un voyage plein de difficultés imposées par les soldats
israéliens sur le passage d’Alenpy et qui attendait depuis 7
heure de matin pour m’accompagner en voiture diplomatique
jusqu’à le passage d’Irez pour rentrer chez moi à Gaza .
Le consulat de France qui
continue de soutenir le département de français à l’université
Al-Aqsa de Gaza est maintien l’ouverture du seul centre culturel
étranger de Gaza ; le centre culturel français, déploie beaucoup
d’efforts pour
faciliter la participation des francophones de Gaza à des
stages, des séminaires et des programmes des bourses
universitaires organisés en France mais ce sont les autorités
israéliennes qui ne facilitent pas cette mission .
C’est vrai je suis très heureux
d’arriver finalement chez moi dans ma ville natale Gaza , de
retrouver ma famille de retrouver mes étudiants et de retrouver
mon département de français mais j’aurais besoin de beaucoup de
temps pour affronter cette réalité toute à fait différente de la
réalité en Europe et en France, après des mois et des mois de
liberté je suis revenu à ma prison, après cette belle période
d’entourage je suis de nouveau isolé et enfermé dans une ville
qui continue à résister et à subir le blocus , l’enfermement et
les difficultés de la vie quotidienne .
Gaza est toujours sous blocus rien
n’a changé à Gaza dix
mois après la fin de l’agression israélienne contre sa
population civile; les frontières sont toujours fermées et les
passages qui relient la bande de Gaza à l’extérieur s’ouvrent
une fois ou deux fois par semaine pour permettre à quelques
camions d’acheminer une petite quantité
de médicaments et de produits alimentaires, beaucoup de
produits sont interdits d’entrer à Gaza par ordre militaire
israélien et y compris les matériaux de construction mais le
plus grave chez cette population c’est l’absence de perspective
pour l’avenir avec la poursuite de blocus d’une part et le
maintien de la division d’autre part .
|