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Gaza
Les trois défis du
gouvernement d'union nationale en Palestine
Ziad Medoukh
Ziad Medoukh
Samedi 7 mai 2011
L'accord de
réconciliation entre les différents mouvements palestiniens a
été signé cette semaine au Caire, grâce à la médiation
égyptienne, mais surtout grâce aux
manifestations populaires des Palestiniens qui se sont
rassemblés en masse pour le revendiquer. D'autres manifestations
de joie et de soutien regroupant toute la population civile de
la bande de Gaza qui a beaucoup souffert de cette division, ont
suivi cette signature historique et depuis, ici, tout le monde
attend avec impatience
son
application sur le terrain.
Dans cet
accord, le premier point porte sur la formation d’un
gouvernement d’union nationale, un gouvernement intérimaire qui
se composerait de personnalités indépendantes, agréées par le
Fatah et le Hamas.
D’ici deux
semaines, un nouveau gouvernement va donc voir le jour
dans les territoires palestiniens, un gouvernement qui sera
chargé de régler les questions liées à la division, et d’unifier
les institutions palestiniennes de Gaza, de Cisjordanie et de
Jérusalem-Est, sans oublier la reconstruction de Gaza et
l'obtention de la fin du blocus qui dure depuis plus
de 4 ans.
Quels que
soient les membres de ce gouvernement de transition, et quel que
soit le nom de son chef, je pense qu'ils vont devoir
affronter trois principaux défis: un défi intérieur, un
défi israélien et un défi international.
Le
défi intérieur: la
situation inter-palestinienne est très compliquée. Nous sommes
face à deux projets différents, avec des stratégies
différentes : un projet de négociation de paix avec les
Israéliens, projet très impliqué dans un processus de paix
qui n’a pas abouti à des résultats concrets, projet
qui préfère la résistance populaire et non-violente contre
l’occupation, et un autre projet qui s’oppose au premier et qui
préfère la résistance militaire comme forme de résistance à
l’occupation, même si ce projet n’a pas un consensus national et
est souvent marqué par une trêve non affichée avec les
Israéliens. Le nouveau gouvernement devra trouver un
compromis. En dehors de cette divergence, il y a la question de
la sécurité dans les territoires palestiniens: comment organiser
le travail de ses différents services en Cisjordanie
comme dans la bande de Gaza. Il y a aussi le problème des armes
des différentes factions. Il ne faut pas non plus oublier la
reconstruction de Gaza, la fin du blocus, les déplacements
entre la bande de Gaza et la Cisjordanie, la continuité
géographique entre les deux régions, et bien sûr, la manière
d'effacer les conséquences de cette division qui a duré plus de
4 ans.
Le
défi Israélien:
Israël est le grand perdant dans cet accord. Toute unité
nationale entre Palestiniens le met devant ses
responsabilités. C’est pour cela que le gouvernement israélien
essaiera par tous les moyens de créer des problèmes à ce nouveau
gouvernement. Les menaces ont déjà commencé. Les autorités
israéliennes pourront fermer les passages qui relient la bande
de Gaza à la Cisjordanie, elles pourront interdire aux ministres
palestiniens de se déplacer entre ces deux points, elles
pourront également suspendre le transfert des taxes au
budget palestinien. Mais le vrai danger viendra surtout des
provocations d'Israël face aux factions palestiniennes, sous
forme d'attaques, de bombardements, et d'incursions, notamment à
Gaza, afin de susciter leur réaction par des tirs de roquettes,
ce qui mènerait la région à une nouvelle escalade. Dans ce cas,
Israël serait le premier bénéficiaire de cette situation de
guerre et d’instabilité sous le prétexte de défendre ses
citoyens et sa sécurité.
Et
pour finir, le défi international :
la Communauté Internationale officielle pourrait, elle,
approuver la position israélienne, couper les aides accordées à
l’autorité palestinienne, elle pourrait aussi faire pression sur
ce nouveau gouvernement palestinien afin qu’il accepte les
conditions du Quartet pour le Proche-Orient, soit, la cessation
des violences, et la reconnaissance des accords signés par
Israël et l’OLP. Cette Communauté pourrait reprendre sa position
de 2006 quand elle avait boycotté le gouvernement créé après les
élections de 2006 dans les territoires palestiniens.
Devant ces
défis, le nouveau gouvernement devra être ferme, il devra
résister, continuer de travailler, même dans des
conditions extrêmement difficiles et dans un contexte
particulier marqué par des menaces et le manque de moyens.
Malgré ces défis et les difficultés
de leur application, les dirigeants et les mouvements
palestiniens doivent rester conscients d'être à la hauteur des
attentes de la population, pour que se fasse l'unité
nationale et pour permettre à notre peuple de décider de son
destin et d'instaurer un Etat libre et indépendant, son Etat, la
Palestine.
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