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Gaza
L'absence de
perspectives, telle est la situation actuelle à Gaza
Ziad Medoukh
Ziad Medoukh
Mercredi 1er décembre 2010
La situation actuelle dans la bande de Gaza, deux ans après
l’agression israélienne contre la population civile, est marquée
par l’absence de perspectives pour ses habitants. Soumis à
l’occupation et au blocus, ils attendent toujours un changement
dans leur vie d’enfermement, de souffrance et de précarité
extrême.
Cette situation est actuellement difficile à tous les niveaux,
et surtout elle stagne, les choses n’avancent pas. Parfois, des
événements viennent troubler l’existence du million et demi de
Gazaouis, qui vivent dans
l’inquiétude, la menace et l’attente.
Coté politique, deux aspects à souligner :
- D’abord, les forces de l’occupation israélienne poursuivent
leurs attaques, bombardements, raids, et incursions à Gaza.
Il y a toujours des
morts et des blessés palestiniens, victimes dont les médias ne
parlent jamais, parce que leur nombre a diminué. Tout cela
malgré une trêve toujours respectée par les factions
palestiniennes, mais souvent violée par l’armée israélienne. On
doit signaler ici que plus de 120 palestiniens de Gaza ont été
tués en deux ans par ces attaques, bombardements et incursions.
-Ensuite, sur le plan de la réconciliation entre les deux partis
politiques rivaux, le Fatah et le Hamas, les choses non plus
n’avancent pas. On remarque une réelle absence de volonté
d’aboutir dans les deux camps : chacun essaie d’augmenter son
pouvoir soit à Gaza, soit en Cisjordanie ; il faut dire qu’ils
subissent beaucoup de pressions de la part des pays voisins et
des autres puissances dont dans le but de maintenir cette
division, qui a des
conséquences graves sur la population civile, à Gaza comme en
Cisjordanie, et sert les objectifs de l’occupation israélienne.
Rien n’a changé à Gaza. Le blocus
est maintenu. Il n’a pas été levé. Il est certes allégé avec
l’augmentation du nombre de camions qui y entrent et qui est
passé de 20, il y a
six mois, à 120 aujourd’hui, avec davantage de produits
acheminés par les passages israéliens, mais, en général, les
frontières sont toujours fermées et les passages qui les relient
à l’extérieur s’ouvrent une ou deux fois par semaine pour
permettre à quelques camions d’y amener une petite quantité
de médicaments et de produits alimentaires, bien en deçà
des besoins de la population . Par ordre militaire israélien,
beaucoup de produits sont interdits d’entrée, en particulier les
matériaux de construction qui permettraient de rebâtir les
maisons que l’armée israélienne a détruites fin 2008, début
2009 ; ce qui laisse les habitants dans un état de
dénuement extrême :
plus de 10.000 personnes continuent de vivre sous des tentes,
notamment au nord et au sud de la bande de Gaza.
Il ne faut pas oublier no plus une longue
liste de matériel toujours interdit, tel que, entre autres, le
matériel informatique, les livres, et les fournitures scolaires.
Coté économique, la situation ne cesse de se dégrader, malgré l’allègement
du blocus : le chômage
atteint 80% de la population active ; plus de 65% des Gazaouis
vivent grâce aux aides alimentaires accordées par les
organisations internationales, notamment, le programme des
Nations-Unies pour les réfugies palestiniens : l’UNRWA ; 90 %
des usines privées ont fermé leurs portes. Ces usines ont été
touchées par les bombardements israéliens, et souffrent du
manque de matières premières qui sont interdites d’entrer Gaza à
cause du blocus, ce qui les a conduites à licencier des milliers
d’ouvriers, et de ce fait, a augmenté
encore davantage le nombre des chômeurs.
En dépit de toutes ces difficultés, la solidarité familiale, et
la participation massive des gens aux fêtes, aux mariages,
manifestent que les Palestiniens de Gaza aiment la vie, et
continuent d’espérer en des lendemains meilleurs.
L’aspect le plus positif se trouve dans
l’éducation: plus de
300.000 élèves vont à l’école chaque jour, avec un taux de
scolarisation qui dépasse 97%, et plus de 70.000 étudiants,
encouragés par leurs familles, fréquentent les cinq grandes
universités de la bande de Gaza, ainsi que les instituts et les
centres de formation. Tout cela témoigne de l’importance donnée
par les familles palestiniennes à l’éducation, d’une part, comme
forme de résistance et d’autre part, comme signe d’espoir.
En général, la situation est toujours très pénible à Gaza, et
deux ans après la guerre, on peut la résumer en une seule
phrase :
"Rien
n’y a changé : les Palestiniens de Gaza se sentent
de plus en plus
enfermés, de plus en plus isolés et de plus en plus abandonnés
par les décideurs d’une communauté internationale complice de la
politique israélienne ".
La visite de délégations et l’entrée de convois humanitaires,
n’ont pour l’instant, encore fondamentalement rien changé à la
situation.
Face à leur sort, les Palestiniens de Gaza résistent et ils
n’ont rien d’autre à faire que de résister ! Ils résistent
chaque jour par leurs sacrifices, par leur détermination et leur
courage, ils pratiquent la non- violence comme forme de
résistance contre les mesures atroces de l’occupation, contre le
blocus, et contre les conséquences de la division.
C’est une résistance quotidienne pratiquée
par toute une population
courageuse :
- Par les étudiants qui, encouragés par leurs familles,
fréquentent les universités ; c’est leur façon à eux de
continuer à résister.
- Par les paysans qui vont tous les jours, malgré les menaces
israéliennes, travailler dans leurs
champs, y compris dans les champs des villages frontaliers ;
résistance non violente obstinée et courageuse, car beaucoup la
payent de leur vie !
- Par les pêcheurs qui, avec le même courage, continuent d’aller
pêcher sur la plage de Gaza, même s’ils ne peuvent dépasser les
400 mètres imposés par la marine israélienne, qui n’épargne pas
non plus leur vie !
Les Gazaouis qui ont décidé de rester sur leur terre, dans leurs
villes et leurs villages en dépit de toutes les difficultés,
toutes les menaces, résistent par la non-violence.
En l’absence de perspectives chez eux, avec la poursuite de
leurs souffrances, et avec le silence complice d’une communauté
internationale qui ferme les yeux, les Palestiniens de Gaza
espèrent et continuent d’attendre qu’une solution basée sur la
justice et rien que la justice, enfin arrivée !
C’est l’espoir, la persistance de cet espoir, qui guide
actuellement les Gazaouis et donne sens à leur résistance.
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