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Ha'aretz
Six degrés de désespoir
Yossi Sarid *
[Après
la guerre du Liban, la crise morale et politique éclate en Israël.
Sur fond d¹accusations d¹incurie et de corruption, des
mouvements spontanés se créent un peu partout, en particulier
chez les soldats réservistes. Sarid se pose ici en vieux prophète
imprécateur. Il agite le souvenir du bon vieux temps du Mapaï (écrit
ici sans ironie), et recherche l¹homme, un "autre
Rabin" qui saura sortir Israël de là]
http://www.haaretz.com/hasen/spages/754695.html
Ha¹aretz, 24 août 2006
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
Dans la guerre qui vient de se terminer, Israël a prouvé qu¹il
ne sait pas gagner, et l¹après-guerre prouve qu¹il ne sait pas
perdre : pour l¹instant, personne ne s¹est levé des ruines en
disant "Je suis coupable", ni même " Je suis
responsable". Aucun ministre ne s¹est présenté à l¹opinion
en disant : "Je ne suis ni premier ministre ni ministre de la
défense, mais en tant que
ministre, j¹ai failli à mon devoir, j¹ai trahi votre confiance
et j¹assume ma responsabilité". Personne non plus ne s¹est
levé au sein de l¹armée ou de la haute administration et n¹a
dit : "Bien sûr, nous obéissons aux ordres et aux
directives, mais nous aussi avons notre responsabilité. Nous
aussi avons du mal à regarder dans les yeux ces soldats qui
demandent : Opourquoi, pourquoi nous avoir fait cela, et à tous
ces civils abandonnés à l¹arrière ?¹. Nous n¹avons que des
excuses pathétiques à leur offrir, mais pas de véritables réponses."
Dans les médias, personne parmi ceux qui ont suivi aveuglément
ce gouvernement et cet état-major comme s¹ils étaient Moloch, n¹a
pris son stylo ou son micro pour dire : "J¹ai suivi cette
idiotie, et je suis un idiot. Je présente mes excuses et, pour réparer,
je vais chercher un autre emploi où je serai moins
nuisible."
Si un seul, un seulement, s¹était levé le matin et avait
commencé à marcher (comme le dit la chanson), de nombreux autres
auraient peut-être suivi leurs traces. Mais personne.
Israël est devenu une nation de faux culs, qui ne pensent qu¹à
préserver leurs os. La responsabilité au niveau ministériel,
militaire ou personnel, roule de porte en porte, d¹une adresse à
l¹autre, sans que personne ne daigne la ramasser et dire : c¹est
la mienne, aussi. Les grands hommes sont ceux qui savent aussi se
baisser quand ils échouent, quand ils faillissent, mais quand les
hommes sont absents, il n¹y a personne. La guerre du Liban, vouée
à être un échec qui se répète, est une orpheline seule et
solitaire.
Tous la renient comme si elle était un bâtard conçu dans l¹adultère.
Olmert a bien déclaré à la Knesset que la responsabilité est
entièrement sienne, et qu¹il n¹a aucunement l¹intention de la
partager avec d¹autres, mais comme le reste de ses déclarations,
ce n¹est qu¹une déclaration, qu¹Olmert lui-même ne prend pas
au sérieux, parce qu¹il prend trop au sérieux sa personne même.
Si avant et pendant la guerre, nos dirigeants politiques et
militaires étaient de mauvaise qualité, après la guerre, cela
devient dangereux. Le gouvernement d¹Israël et l¹état-major de
l¹armée sont aujourd¹hui deux entités hautement dangereuses
pour la sécurité et la santé de l¹Etat d¹Israël. Nous avons
connu des périodes avec des dirigeants plus ou moins bons. Mais
jamais nous n¹en avons connus de si proches de la calamité,
comme un taureau en furie qui encorne ses propriétaires, les
citoyens d¹Israël.
La raison est claire : aucun leadership n¹est revenu de guerre
aussi humilié, et donc brûlant du désir de vengeance. Si pour
les premiers jours de la guerre, il y avait débat (justifiée,
pas justifiée ?), sur les derniers jours, il n¹y en a absolument
aucun.
Aujourd¹hui, il est évident pour tout le monde que les trois
jours qui ont suivi le cessez-le-feu ont servi un seul objectif :
sauver Olmert de la vindicte populaire, sur le front et à l¹arrière,
sauver Peretz, sauver Haloutz, et pas nécessairement sauver la
situation. Des gens désespérés ont pris la décision : des
journées superflues pour un prix superflu. La lettre de
nomination de la commission d¹enquête peut en conséquence être
limitée à ces trois derniers jours.
La ruée folle vers une victoire qui se refusait n¹a pas cessé
quand le cessez-le-feu est entré en vigueur. Lorsque l¹information
nous est parvenue, il y a une semaine, sur une opération de
commando à Baalbek, nous avons eu du mal à en croire nos
oreilles : inconcevable, nous sommes-nous dit. Une pareille opération
ne peut se concevoir que si les services de renseignement ont
localisé précisément nos soldats enlevés, sans quoi le risque
ne peut pas être couru. Mais le constat de ces dernières années
est triste et exaspérant : les informations venues du côté
arabe sont fréquemment plus exactes que celles qui viennent du côté
israélien.
Une unité d¹élite a été envoyée à Baalbek pour tirer d¹affaire
les dirigeants politiques et militaires dont les sondages
plongeaient. Le commando a bien capturé et ramené en Israël
Hassan Nasrallah, mais surprise : ce Nasrallah-là n¹était qu¹un
modeste marchand de fruits et légumes. Sans doute une couverture
Olmert et Peretz ressemblent aujourd¹hui à des chasseurs dépouillés
de leur dignité, et que la dignité fuit. Assoiffés de résultats,
quels qu¹ils soient, et affamés de succès, même momentanés,
ils sont eux-mêmes victimes de l¹illusion optique appelée Fata
Morgana : voilà, voilà, ils touchent à l¹oasis, ça y est,
mais l¹oasis et la gloire se dérobent encore une fois, et de
nouveau ils apparaissent, plus loin. Dans leur désespoir, ils n¹abandonneront
pas, ils continueront à courir après les fruits de leur
imagination. Et leur route sera pavée d¹échecs. Les hommes
politiques désespérés sont des gens incroyablement dangereux.
Et il n¹y a rien d¹autre à faire que s¹en débarrasser.
Certains comparent les trios : Golda-Dayan-Elazar (1) et
Olmert-Peretz-Haloutz. Fiasco alors, fiasco aujourd¹hui, et celui
de 1973 plus grave que celui de 2006. Mais la comparaison n¹est
pas possible. D¹abord, il y a 33 ans, nous combattions deux pays
(Egypte et Syrie, ndt) alors qu¹aujourd¹hui, nous avons combattu
une petite organisation de guérilla.
[Ici, l¹auteur développe un parallèle avec la guerre de
Kippour, d¹ailleurs très présente dans les esprits en Israël
ces jours-ci. Nous l¹avons supprimé, l¹article étant déjà
bien long. On peut le lire (en anglais) en suivant le lien
mentionné au début de l¹article.]
Où sont les députés, frais émoulus ou vétérans, de Kadima et
du Parti travailliste, qui remettront Olmert et Peretz à la place
dont ils n¹auraient jamais dû bouger ? Est-ce imaginable qu¹Olmert
et Peretz eux-mêmes disent comme Golda et Begin : "Nous n¹en
pouvons plus" et quittent l¹arène ? De son côté, Dan
Haloutz, contrairement à David Elazar (1), ne semble susceptible
de démissionner que s¹il peut en entraîner d¹autres dans la
fosse commune des carrières prometteuses et décevantes. Elazar
et Haloutz : deux officiers, mais un seul gentleman, qui a accepté
un verdict qu¹il ne méritait peut-être pas. Les gestes grands
sont l¹apanage des grands hommes ; les petits s¹agrippent à l¹autel
sur lequel ils ne sont pas sacrifiés.
Avant même mon élection à la Knesset [en 1973], j¹ai été
nommé conseiller politique auprès du premier ministre. J¹avais
beaucoup d¹affection et d¹estime pour Levi Eshkol (2), un homme
bon et bienfaisant, que ses qualités de coeur ont desservi. Le
jour de mon entrée en fonction, je suis appelé dans le bureau d¹Isser
Har¹el, principal conseiller d¹Eshkol. En homme du Shin Bet et
du Mossad qui se respecte, il ferme la porte à clé derrière
nous et dit à voix basse : "Yossi, avant que tu commences,
il faut que tu saches : un chef, n¹importe quel chef, ressemble
à une montagne, et à partir d¹aujourd¹hui, tu vas le
rencontrer tous les jours. Plus loin tu seras de lui, plus la
montagne te paraîtra haute, et plus tu t¹en rapprocheras, plus
elle te paraîtra petite. Et pourtant c¹est lui la montagne, c¹est
lui le chef". J¹ai gardé longtemps en mémoire les paroles
d¹Isser.
J¹ai connu de près les "grands" qui ont dirigé Israël
pendant les trois ans qui ont précédé la guerre des Six jours
et pendant les années qui ont suivi, sauf le père fondateur,
David Ben Gourion, que je n¹ai pas eu l¹occasion de connaître.
Ce n¹étaient pas des anges. Pour la plupart, ce n¹étaient que
des êtres humains. Mais en yiddish, leur langue natale, cela
sonne beaucoup mieux : c¹étaient des "Mentsch".
Parmi les membres de la Vieille Garde aussi, il y avait bien sûr
beaucoup d¹égoïsme. Ce ne sont pas des humbles qui dirigent les
nations, et les doux ne forment pas l¹opinion publique. Et
pourtant, ceux-là, les vétérans, n¹ont pas reçu 9 des 10
rations d¹égoïsme possibles. Ils se sont contentés de cinq ou
six, et c¹est ce qui fait, apparemment, la distinction cruciale
entre eux et leurs héritiers.
Je ne me rappelle pas avoir vu de publicitaires monter et
descendre ouvertement les escaliers du gouvernement. En fait, c¹était
moi, que les anciens considéraient comme le représentant des
jeunes, qui leur donnais de temps en temps des conseils en
relations publiques. Parfois, j¹avais peur qu¹ils marchent sur
une mine, et j¹essayais de les dissuader de prendre telle ou
telle mesure hâtive. Hésitants, ils me jetaient alors un regard
plein de pitié, et je comprenais très bien qu¹ils disaient en réalité
: Yossi, ne fais pas l¹enfant, ne sois pas idiot, ce que tu
proposes ne nous
convient pas, ce n¹est plus de notre âge.
Je pensais aux journaux du lendemain, eux pensaient aux manuels d¹histoire.
De Pinhas Sapir et Eshkol, deux travailleurs infatigables qui ont
bâti ce pays, j¹étais très proche. Au lieu de faire bouger les
sondages, ils préféraient faire bouger la réalité. L¹opinion
publique est importante, mais elle est comme les sables mouvants,
ici aujourd¹hui, demain là-bas, et ce n¹est pas l¹alpha et l¹oméga.
Pour Eshkol et Sapir, la voix de la foule ne sonnait pas comme la
voix du Seigneur. En plusieurs occasions, vitales, ils ont remis
leur sort personnel entre les mains du jugement de l¹Histoire, et
ils étaient prêts à supporter les retards de la Justice : Ne t¹inquiète
pas, disaient-ils avec résignation, un jour ils comprendront.
Ces deux hommes, à la foi en leur mission profondément ancrée,
ont fini par devenir des proies faciles pour leurs successeurs.
Sapir a quitté la scène en silence, après avoir été le
faiseur de rois. Après la guerre de Kippour, on parla de lui pour
le poste de premier ministre, qui pourrait rebâtir sur les
ruines, mais il refusa. Sapir savait ce qu¹on ne sait plus
aujourd¹hui. Il connaissait ses limites, et savait que n¹importe
qui ne peut ni ne doit être premier ministre.
Eshkol fut enterré vivant six ans plus tôt, quand le poste de
ministre de la défense lui fut subtilisé, alors qu¹il avait préparé
Tsahal pour la bataille comme personne ne l¹avait fait avant lui.
Ce fut un "parricide" : les fils ont sacrifié le père.
En mai 1967, il y eut un coup d¹Etat militaire en Israël, même
s¹il eut des habits civils, et le sceptre passa à la jeune génération.
Eshkol refusa d¹accepter la sentence et tenta même d¹enrayer le
mal, mais il accepta le verdict de son mouvement, humilié et
emporté comme une feuille morte. Aujourd¹hui, je pense qu¹Eshkol
a eu raison. En tout cas, le tribunal de l¹Histoire lui a rendu
raison.
Y a-t-il eu aussi un coup d¹Etat silencieux en juillet 2006 ? L¹état-major,
cette fois encore, a-t-il dicté au gouvernement sa conception
oiseuse de cette guerre ?
Quand Eshkol mourut deux ans plus tard [en 1969], il ne resta à l¹héritière,
Golda, qu¹à nettoyer les restes du dernier souper de la Vieille
Garde. Mais elle trébucha, la vieille dame aux yeux obscurcis, et
la vaisselle vola en éclats. Depuis lors, la nation tente de
recoller les morceaux. Et ce qui a pu être recollé a de nouveau
volé en éclats.
Depuis 1967, depuis cette maudite ligne de partage des eaux, seuls
de mauvais gouvernements ont dirigé Israël, certains très
mauvais et d¹autres moins. Tous, au fond, ont été des
gouvernements de continuité et non de changement. L¹Etat d¹Israël,
avec ses deux partis principaux, est un pays sans réelle
alternative. Témoin le fait qu¹aucun gouvernement israélien ne
s¹est débarrassé de l¹occupation, tous au contraire l¹ont
approfondie. Il y a eu ici ou là des signes de volonté théorique
de formuler un plan de retrait, partiel ou quasi total, mais cela
s¹est toujours terminé par un accroissement et une expansion des
colonies. Et le retrait de Gaza n¹a été qu¹un retrait pour
consolider l¹occupation de la Cisjordanie.
Idem dans le domaine socioéconomique : un gouvernement est parti,
un autre est arrivé, et le fossé entre les couches sociales au
mieux est resté le même, au pire s¹est élargi.
Même quand il n¹était pas possible de choisir entre les
principaux partis, restait au moins la possibilité de choisir
entre les hommes. Quand une personnalité politique était discréditée,
une autre ramassait la mise. Entre les ronces, il était toujours
possible de distinguer le vin, de remarquer la figue. Il y avait
toujours de l¹espoir, et quelqu¹un à qui s¹en remettre.
Ce n¹est plus le cas aujourd¹hui. Le malaise général et l¹angoisse
qui parcourent le pays viennent de la disparition de toute
personnalité alternative. Ce ne sont pas seulement des croyances
et des opinions qui ont été invalidées : les hommes, eux aussi,
ont dépassé leur date de péremption.
Ces derniers jours, on entend des échos qui appellent au retour
de Benjamin Netanyahou et Ehoud Barak : c¹est à la fois la
preuve et l¹explication du sentiment de dépression. Après tout,
il y a peu de temps, les deux hommes étaient vomis par les électeurs,
et voilà que certains les voient déjà comme la base d¹un
nouveau gouvernement. Si l¹on languit Barak et Netanyahou, cela
peut faire penser que bientôt, ce sera le vaisseau qui fuira les
rats.
Le système politique, sous sa forme actuelle, est moribond. D¹un
côté, des politiciens corrompus et qui ont échoué, et de l¹autre,
tous ceux qui les protègent, par les mots, le bégaiement ou le
silence. Jamais Israël n¹a eu de dirigeants aussi pourris. Les
politiciens engraissés sont morts, ce sont des cadavres de
poissons puants qui ne font que flotter, et que le cours de l¹eau
emporte.
Tout geste, toute déclaration de leur part sont suspects. On peut
conseiller des négociations avec la Syrie à propos du Golan, on
peut les refuser, mais chacun sait ou soupçonne pourquoi soudain
on pénètre sous ce dais de mariage, jusqu¹à présent interdit.
A la fin de la guerre de Kippour, il était évident que Golda et
Dayan rassembleraient leurs effets personnels en prévision d¹un
changement. Tous les yeux étaient alors tournés vers Itzhak
Rabin. Mais où est le Rabin d¹aujourd¹hui ? Certainement pas
dans ce gouvernement, ni dans cette
Knesset, ni dans cet état-major, pas plus que chez le Président.
Mais il est inconcevable qu¹il ne soit pas là. Le
trouverons-nous parmi les combattants abandonnés au front, ou
parmi les civils abandonnés à l¹arrière ? Tant de gens ont
fait preuve de courage et d¹initiative ce dernier mois, courage
militaire et courage citoyen. Et si Rabin n¹existe pas, nous l¹inventerons.
Il n¹était pas d¹une espèce si rare, et nous ne sommes pas si
appauvris que cela.
Nos Sages disaient : "Si les anciens sont comme des anges,
alors nous sommes comme des humains, et si les anciens sont comme
des humains, alors sous sommes comme des ânes, et même pas comme
l'âne de Rabbi Pinhas Ben Yaïr (5)." Les anciens, comme je
les ai connus, n¹étaient pas des anges mais des humains, ce qui
nous laisse l¹option de l¹âne. Celui qui est parti conquérir
un royaume n¹a rencontré que des ânes, et depuis lors, entre
les braiments des ânes, nous vivons à crédit.
Mais nous, les sept millions de citoyens israéliens, n¹avons
aucunement l¹intention de périr par le glaive rouillé de nos
dirigeants. Nous désirons la vie, et une bonne par-dessus le
marché. Et ce ne sera que si nous ne perdons pas espoir que nous
rebâtirons le sionisme de S. Yizhar (6),
réaliste mais humain.
* Yossi Sarid est ancien ministre et ancien secrétaire général
du parti Meretz.
Notes
(1) David Elazar : chef d¹état-major lors de la guerre de
Kippour. Sa responsabilité ayant été évoquée par la
commission Agranat chargée d¹enquêter sur les
dysfonctionnements qui avaient précédé la guerre, il a préféré
démissionner bien que la commission n¹ait pas explicitement réclamé
sa démission.
(2) Levi Eshkol : 3e premier ministre de l¹Etat d¹Israël, de
1963 à 1969.
(3) Littéralement, "homme". En gros, un type bien.
(4) Pinhas Sapir : ministre des finances dans les gouvernements de
Levi Eshkol. Lui comme Eshkol représentaient le courant
"colombe" au sein du Mapaï, ancêtre du Parti
travailliste.
(5) l¹âne de Rabbi Pinhas Ben Yaïr refusait de manger de l¹orge
par conviction religieuse ! (traité Houlin, 7b)
(6) S. Yizhar, écrivain israélien récemment décédé. |