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Les amis belges de Shalom Arshav

Yitzhak Rabin : un héritage toujours actuel
Yossi Alpher


Yossi Alpher

Bitterlemons 40 - 10 novembre 2008

Le Premier ministre Yitzhak Rabin fut assassiné voici 13 ans. Toute tentative d’évaluer l’impact de ce crime sur le cours ultérieur du processus de paix risque de tourner au vain jeu des « Et si ? » Par ailleurs elle touche directement au cœur du débat, entre autres entre historiens, sur l’influence des individus sur le cours de l’Histoire.

Peut-être la meilleure manière de considérer l’héritage de Rabin consiste-t-elle à examiner les aspects et éléments de son approche du processus de paix encore valides ou « opérationnels » aujourd’hui. Rabin, après tout, ne fut pas l’initiateur des négociations avec la Jordanie, la Syrie et les Palestiniens. Cet honneur revient à son peu enthousiaste prédécesseur Yitzhak Shamir, dans le cadre de la conférence de Madrid d’abord, des conversations de Washington ensuite. En à peine trois ans de mandat comme Premier ministre, Rabin produisit le cadre d’Oslo de conversations directes avec l’OLP (plutôt qu’indirectes, comme à Washington) et, côté syrien, celui de la « garantie » territoriale [sur le plateau du Golan]. Les deux concepts restent éminemment actuels, quelque 15 ans plus tard. Ce n’est pas la moindre de ses prouesses.

Dès le milieu des années 1970, Rabin envisageait la séparation du territoire. Durant son premier mandat comme Premier ministre, il prédit que les colons « auraient peut-être besoin de visas » pour visiter la Cisjordanie. Davantage que sur une conception diplomatique, il ancrait son point de vue dans un souci de sécurité pour Israël. Rabin lança également l’idée d’une barrière de sécurité entre Israéliens et Palestiniens.

Mais Rabin fut aussi le premier leader israélien à parler franchement à la nation de ses relations avec le peuple palestinien. Comme le professeur Zeev Sternhell le releva voici quelques jours, la révolution rabinienne se fondait sur « l’idée que la Guerre d’Indépendance [de 1948] était finie une fois pour toutes, que, maintenant, deux peuples vivent sur ce pays, et que chacun possèdent des droits sur lui. » Ce concept, si central pour une résolution définitive du conflit, survécut également à l’assassinat de Rabin. De même sa déclaration répétée selon laquelle il était grand temps pour les Israéliens de comprendre que le monde n’est pas contre nous, mais est au contraire prêt à collaborer avec nous. Relevons à cet égard la disposition d’une série de leaders israéliens à rechercher des alliés, des médiateurs et des agents pacificateurs régionaux et internationaux dans nos conflits avec l’Iran et avec des acteurs non-gouvernementaux comme le Hezbollah.

Peut-être l’aspect le plus significatif de l’héritage de Rabin est-il celui que nous considérons le plus comme allant de soi : la paix avec la Jordanie. Au moment de signer la Déclaration de Principe d’Oslo, Rabin se tourna vers le Roi Hussein de Jordanie. Ce mouvement n’était en rien fortuit. Rabin reconnaissait par là que la paix avec le Royaume hachémite garantissait bien davantage sa sécurité à Israël sur son flanc Est et dans ses relations avec les Palestiniens que n’importe quel accord signé par les Palestiniens eux-mêmes. Aujourd’hui, avec la montée en puissance du Hamas et la menace grandissante provenant d’Iran, cette résolution reste plus pertinente que jamais.

D’autre part, la disposition à faire confiance au leader de l’OLP Yasser Arafat et à travailler avec lui ne survécut pas à Rabin. Après sa mort, les relations d’Israël avec le leader palestinien se dégradèrent sans cesse jusqu’à ce qu’Arafat - isolé par Ariel Sharon, rejeté sur un plan international et discrédité aux yeux de l’opinion israélienne pour son irrépressible recours à la violence et son besoin d’affaiblir Israël - décède en de troubles circonstances.

Je me souviens du 13 septembre 1993, jour de signature des Accords d’Oslo sur le gazon de la Maison Blanche. Je demandai à Aharon Yariv, alors directeur du Centre Jaffee et général retraité qui avait servi sous les ordres de Rabin comme chef du renseignement durant la Guerre des Six Jours, s’il avait l’intention de regarder la cérémonie à la télévision. « Je ne pourrais pas, » me dépondit-il « je sais ce qu’il en coûte à Yitzhak de serrer la main d’Arafat et je ne supporterai pas de voir cela. »

Le monde entier se souvient de la douleur sur le visage de Rabin au moment de cette dramatique poignée de main. Et si il avait refusé ? Nous en porterions-nous mieux ou plus mal aujourd’hui ? Et si ? Et si ?

En fin de compte, 13 ans plus tard, l’assassinat de Rabin continue à symboliser la montée en Israël de la droite politique messianique et violente. Ils sont toujours parmi nous. Ils persistent à menacer tout ce qui est cher au cœur des Israéliens raisonnables et favorables à la paix. Ici règne une zone sombre où les successeurs de Rabin ont misérablement échoué.

Yossi Alpher est codirecteur de bitterlemons.org et bitterlemons-international.org. Il est ancien directeur du « Jaffee Center for Strategic Studies » et ancien conseiller principal du Premier Ehud Barak.

Source : http://www.bitterlemons.org

Traduction Kol Shalom

Publié le 21 novembre 2008 avec l'aimable autorisation de Kol Shalom.



Source :  Kol Shalom  
http://www.shalomarchav.be/...


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