Mieux vaut
un Président George W.Bush sur le départ en 2008 que le
président qui nous a accablés durant les sept années écoulées.
Après tout, maintenant que Bush réduit ses initiatives et
projette une ombre plus étroite sur nos conflits, il est bien
possible qu’adviennent moins de dégâts et que nos leaders se
sentent libres d’entreprendre des initiatives indépendantes et
bienvenues.
Prenez la démocratisation. Bush
fit assez de mal en contribuant à conduire le Hamas au pouvoir
en Palestine (de même des militants islamistes et des forces
pro-iraniennes en Irak et le Hezbollah au Liban). Et le dommage
est là, persistant : il est difficile désormais de concevoir de
nouvelles élections palestiniennes sans participation du Hamas.
Mais maintenant que Bush a fait marche arrière sur sa campagne
de démocratisation du Moyen-Orient (sur la pointe des pieds,
sans la moindre autocritique), nous n’avons au moins plus à nous
inquiéter d’initiatives nouvelles. Nous pouvons panser nos
plaies tout en nous demandant que faire du fruit de ses efforts.
Ceci nous mène aux contacts avec
le Hamas. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert se sent
libre de négocier avec la direction du Hamas un cessez-le-feu,
des accords économiques ainsi qu’un échange de prisonniers, et
cela sans encourir les foudres de Bush ou son veto. De même, le
Président Mahmoud Abbas peut engager des conversations avec le
Hamas et la Syrie sur les moyens de réconcilier le Fatah et le
Hamas, sans craindre de Bush qu’il ne coupe ses aides, ni même
apparemment qu’Olmert ne suspende les discussions de paix.
Il est difficile de dire si les
divers contacts avec le Hamas apporteront un avantage
quelconque. De plus, les conditions du Quartet [Union
Européenne, Etats-Unis, Russie, Nations-Unies] relatives à
l’engagement d’un authentique dialogue diplomatique
(reconnaissance d’Israël, renonciation à la violence,
acceptation des accords passés), qui étaient le fer de lance de
la politique américaine, restent pleinement effectives. Mais une
plus grande flexibilité dans le développement de tels contacts
ne peut assurément faire de tort.
Olmert bénéficie de cette
souplesse envers la Syrie également. Voici un an, il n’aurait
osé faire état des négociations rapprochées Israël-Syrie tenues
en Turquie, de peur de violer les consignes politiques
américaines. (Il n’aurait non plus osé tenter de convaincre
publiquement l’administration Bush de ce que son approche envers
la Syrie était erronée ; il ne le tente pas davantage
aujourd’hui, mais ceci relève de la faiblesse d’Olmert, non de
celle de Bush). Maintenant, Bush se sent obligé d’accorder une
vague bénédiction à l’effort turc. Mais il n’engagera pas non
plus les Etats-Unis dans un rôle de facilitateur constructif,
empêchant de la sorte des discussions israélo-syriennes
réellement sérieuses.
La même chose pourrait encore
advenir en ce qui concerne les contacts avec le Hamas.
L’administration Bush pourrait, dans une phase critique, refuser
à Olmert ou à Abbas le soutien dont ils auraient besoin pour
mener à terme leurs contacts actuels avec le mouvement
islamiste. Autrement dit, si le statut de Président sortant de
Bush offre des avantages, il présente aussi ses limites.
Telle est la situation qui
prévaudra probablement au moins les sept prochains mois. De
manière intéressante, Obama comme McCain envisagent dès à
présent un effort majeur, politique et en personnel, avec pour
objectif d’être immédiatement opérationnels, au moins au
Moyen-Orient. Et ceci en parallèle avec leurs campagnes et
l’interrègne de novembre-décembre. S’ils réussissent, cela
clôturera la période « d’entre-administrations » actuelle vers
le début 2009 plutôt qu’à la mi-année.
De la part de la prochaine
administration, une approche américaine plus intelligente et
plus intense vers le Moyen-Orient serait bienvenue. Et le plus
tôt sera le mieux.
Yossi Alpher est codirecteur de
bitterlemons.org et bitterlemons-international.org. Il est
ancien directeur du « Jaffee Center for Strategic Studies » et
ancien conseiller principal du Premier Ehud Barak.