Site d'information sur la Palestine, le Moyen-Orient et l'Amérique latine

 

Palestine - Solidarité

 

Retour :  Accueil  -  Sommaire Yossi Alpher  -  Originaux  -  Analyses  -  Ressources  -  Mises à jour


Les amis belges de Shalom Arshav

Les colonies, principal obstacle à la sécurité d'Israël
Yossi Alpher


Yossi Alpher

Le but des check-points et barrages routiers en Cisjordanie est d'assurer la sécurité d'Israël. Le principal obstacle à leur démantèlement n'est pas d'ordre militaire. Ce sont les colonies. Elles entravent l'effort palestinien et international vers une économie et une organisation administrative viables. L'échec du gouvernement Olmert à contrer sérieusement le mouvement de colonisation fournit la meilleure preuve de la futilité du processus de paix actuel.

Bitterlemons 14 - 7 avril 2008

La sécurité et les implantations se situent au cœur des problèmes de la phase I de la Feuille de Route. Ils ont dominé la visite de la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice la semaine dernière. La direction palestinienne de Cisjordanie avec qui Israël négocie ne peut guère se vanter d’avoir améliorer la sécurité. Mais au moins s’y essaie-t-elle sincèrement. Le gouvernement Olmert, de son côté, ne déploie pas autant d’efforts, en particulier quant aux colonies. Et les colonies constituent le principal obstacle à la sécurité.

A l’occasion de la visite de Rice, le ministre de la Défense Ehud barak a cédé à la pression américaine. Il a lâché quelques modestes concessions. Celles-ci incluent le déploiement en Cisjordanie de 25 blindés transporteurs de troupes pour la force de sécurité palestinienne et d’environ 700 policiers palestiniens à Jénine, la levée d’un check-point près de Rimonim à l’Est de Ramallah et l’ouverture de 50 barrages routiers empêchant les déplacements entre les villages et les routes principales. Ceci représente le minimum de ce que, semble-t-il, Barak pense que les Forces de Défense d’Israël (FDI) peuvent mettre en œuvre.

Vues en termes de sécurité, les hésitations de Barak et des FDI sont compréhensibles. Prenez le cas de Naplouse (la Sichem biblique), une ville de près de 200.000 habitants. Le Hamas la contrôle largement. On la considère comme le principal vivier terroriste en Cisjordanie. Le dédale souterrain de l’ancienne ville romaine et les quatre camps locaux de réfugiés abritent des ateliers de fabrication de bombes. De hautes et impressionnantes collines entourent Naplouse. Quelques check-points suffisent aux FDI pour contrôler quasiment tout le trafic automobile et piéton, entrant comme sortant. Des postes d’observation et des patrouilles permettent de détecter assez aisément les véhicules qui tentent de contourner les check-points par les chemins de montagne. Le niveau d’alerte terroriste autour de Naplouse est si élevé que chaque piéton quittant la ville se voit vérifier sa carte d’identité et passer au détecteur de métaux. Par contre les piétons quittant Qalqiliya ne sont pas contrôlés - une autre ville pourtant elle aussi au pouvoir du Hamas et, de plus, contiguë de la ligne verte [ligne de démarcation avec Israël].

Les officiers des FDI en charge des check-points aux environs de Naplouse et d’autres villes palestiniennes en Cisjordanie sont bien conscients de l’énorme controverse internationale que suscitent contrôles et barrages routiers. Mais ils se sentent fiers de l’excellent taux d’interception de terroristes infiltrés vers Israël même. Il leur répugne de le compromettre en relâchant un réseau de barrières de sécurité dont ils croient que, lorsqu’il est couplé à du renseignement hautement sophistiqué, il fonctionne efficacement. De manière réaliste, ils admettent que le système de check-points désespère la population palestinienne. Cela engendre de nouveaux terroristes. Mais, estiment-ils, il contribue à en éliminer un nombre encore supérieur. Pour eux et pour l’opinion israélienne, des attaques suicides perpétrées à l’intérieur d’Israël - lancées presque certainement depuis Naplouse - auraient totalement détruit les modestes résultats du processus de paix engrangés jusqu’ici.

Dès lors, que peut-on accomplir pour réduire l’effet désastreux des check-points sur la vie et la liberté de mouvement et de commerce palestiniennes ? L’introduction d’innovations technologiques telles que le contrôle biométrique commence à accélérer le passage aux check-points. Elles allègent le fardeau humanitaire imposé par les restrictions israéliennes. Le déploiement d’une police palestinienne à Naplouse et, bientôt, à Jénine peut améliorer le climat. Quoique les FDI sont convaincues qu’elle combattra la délinquance de droit commun, non le terrorisme. Et, comme l’ont récemment proposé des experts en sécurité, les FDI pourraient envisager de remplacer des check-points particulièrement intrusifs, comme celui de Hawara au Sud de Naplouse, qui bloque la très importante route 60 vers Ramallah, par des équipes volantes établissant, selon les besoins, des check-points mobiles.

Mais le principal obstacle au démantèlement ou à la restructuration des check-points et des barrages routiers n’est pas d’ordre militaire. Ce sont, et de loin, les colonies. Elles entravent l’effort palestinien et international vers une économie et une organisation administrative viables en Cisjordanie. Selon de hauts responsables des FDI, quelque 50 pour cent de toutes les actions terroristes en Cisjordanie sont dirigées contre la présence des colons. De plus, le trafic routier de ceux-ci via les passages dans la barrière de sécurité, pour aller travailler en Israël même, constitue le maillon le plus faible de tout le réseau sécuritaire en Cisjordanie. Il est impossible pour les FDI de contrôler sérieusement les milliers de véhicules sous licence israélienne qui accomplissent ce trajet quotidiennement. Et les conducteurs de ces véhicules, qu’ils soient Israéliens arabes ou juifs, peuvent convoyer à volonté des travailleurs illégaux vers Israël. Parmi ces travailleurs se dissimulent éventuellement, et inévitablement, un terroriste ou deux.

En d’autres termes, démanteler les implantations au-delà de la barrière de sécurité et achever cette barrière (finition retardée précisément à cause des implantations) faciliterait de manière spectaculaire les tâches sécuritaires des FDI. Cela rendrait superflus beaucoup de check-points et de barrages routiers. D’ici là, Barak et l’establishment militaire israélien se battront bec et ongles pour maintenir en place l’actuel système de sécurité en Cisjordanie.

Tout ramène aux implantations. A ce sujet, plutôt que de se conformer à ses obligations internationales (stopper la construction d’implantations nouvelles, démanteler les avant-postes et colonies sauvages), la coalition Olmert s’empêtre dans ses démons familiers. Elle s’accroche à tout prix à une stabilité gouvernementale soi-disant nécessaire pour progresser vers la paix tout en alimentant une dynamique d’implantations qui obstrue et sabote une solution à deux Etats.

L’échec du gouvernement Olmert à contrer sérieusement le mouvement de colonisation fournit la meilleure preuve de la futilité du processus de paix actuel. Vu la claire conscience qu’a Olmert du danger authentique que les excès des colons font courir à l’avenir d’Israël comme Etat juif et démocratique, cette impuissance est à bien des égards bien plus préoccupante que les échecs palestiniens en matière de leadership et de sécurité, et l’absence d’un réel investissement américain dans ce processus.

Yossi Alpher est codirecteur de bitterlemons.org et bitterlemons-international.org. Il est ancien directeur du « Jaffee Center for Strategic Studies » et ancien conseiller principal du Premier Ehud Barak.

Source : www.bitterlemons.org

Traduction Kol Shalom

Publié le 17 avril 2008 avec l'aimable autorisation de Kol Shalom.



Source :  Kol Shalom  
http://www.shalomarchav.be/...


Avertissement
Palestine - Solidarité a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Moyen-Orient et de l'Amérique latine.
L' auteur du site travaille à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui lui seraient signalées.
Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas Palestine - Solidarité ne saurait être tenue responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.
D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont elle n'a pas la gestion, Palestine - Solidarité n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.

Pour contacter le webmaster, cliquez < ici >

Retour  -  Accueil Ressources  -  Analyses  -  Communiques  -  Originaux