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Les amis belges de Shalom Arshav

Affaires courantes
Yossi Alpher


Yossi Alpher

Bitterlemons 39 - 3 novembre 2008

Israël se trouve dans une situation inédite du point de vue tant de sa propre histoire politique que du processus de paix israélo-arabe. Le Premier ministre Ehud Olmert a démissionné. Des élections sont prévues le 10 février 2009. Elles trouvent Israël aux prises avec deux processus de paix, l’un avec l’OLP, l’autre avec la Syrie. Olmert, qui ne se présente pas à sa propre succession, a manifesté l’intention de continuer à négocier sur les deux fronts.

L’effet des négociations en cours sur les élections à venir préoccupe moins, semble-t-il, le non-candidat Olmert que son propre héritage politique. Ou alors, peut-être, songe-t-il à son comeback à long terme, une fois ses ennuis judiciaires oubliés. Quoi qu’il en soit, il est certain que lui et ses décisions liées au processus de paix influeront sur ces élections. Tout résultat ou revers dans les conversations des mois à venir avec l’OLP comme avec la Syrie renforceront ou au contraire entraveront les campagnes électorales respectives de Tzipi Livni, Ehud Barak, Binyamin Netanyahu et des petits partis sectoriels de gauche et de droite. C’est particulièrement préoccupant pour Livni, successeur désignée d’Olmert au parti Kadima. Clairement, Olmert ne la soutient pas et quant à la paix, elle promeut un ensemble de principes qui ne coïncident pas nécessairement avec les siens.

Les parties d’en face, OLP et leadership syrien, ne peuvent non plus se sentir libres de négocier avec Olmert et en ignorer les implications politiques sur leurs futures relations avec Israël. Olmert est un canard boiteux, un leader sur le départ. Le soutien de son propre parti lui fait défaut, et encore davantage celui de la Knesset.

Mais, tant que les deux pistes du processus de paix resteront ouvertes, trois facteurs supplémentaires resteront significatifs dans les mois à venir. L’un est la coïncidence entre les processus électoraux en Israël et aux Etats-Unis. L’identité du prochain Président américain [1] et ses orientations politiques prévisibles pourraient sensiblement influencer le vote des Israéliens. Tout comme d’ailleurs, la manière dont Olmert conduira les négociations de paix. En particulier, l’élection de Barack Obama, prélude à un possible rôle américain plus actif dans les affaires israélo-arabes, pourrait influencer le vote comme les négociations dans un sens favorable à la paix.

Les événements en Palestine constitueront un second facteur pertinent. Si aucune élection n’est prévue en Palestine, janvier prochain pourrait voir des désordres. Le cessez-le-feu Hamas-Israël arrive à son terme et le Hamas pourrait à nouveau affronter le Fatah. De nouvelles violences entre Israéliens et Palestiniens, voire des Palestiniens entre eux pourraient pousser certains électeurs israéliens dans les bras de la droite. D’autre part, un rapprochement Fatah-Hamas, concocté par l’Egypte durant les semaines à venir, placerait les décideurs israéliens devant des choix difficiles quant à l’identité de leurs partenaires palestiniens de négociations.

Les différentes chances de succès des deux pistes, la palestinienne et la syrienne, constituent un dernier facteur à prendre en compte. Le processus d’Annapolis, entamé voici un an par trois leaders affaiblis, Olmert, Abbas et Bush, n’a jamais eu beaucoup de chances de réussite. Et, apparemment, il n’a guère enregistré de progrès. Par contraste, le processus israélo-syrien, sollicité à l’origine par Assad et avalisé par les services de sécurité israéliens, a acquis élan et soutiens par son incidence sur des questions stratégiques régionales plus larges comme l’Iran, le Liban, le Hezbollah et le Hamas. Pour autant qu’il le désire, la piste syrienne offre aux tentatives d’Olmert les perspectives les plus favorables pour créer, d’une manière ou d’une autre, un fait accompli sur la voie de la paix.

Les précédents existent de Premiers ministres israéliens en sortie de mandat qui négocièrent jusqu’à la dernière minute. Ainsi Yitshak Shamir à Washington en 1992 et Ehud Barak à Taba en 2001. A la différence d’Olmert, tout deux étaient en lice pour leur réélection. Barak, en particulier, perdit les voix d’Israéliens qui soutenaient qu’il ne possédait plus de mandat pour poursuivre des négociations.

Il va de soi que, tant le Président palestinien Mahmoud Abbas que le Président syrien Bashar Assad, tout en se réjouissant des contacts en cours avec Israël, éviteront de souscrire avec Olmert à des engagements définitifs. Ils finiraient par embarrasser tout le monde. En cette conjoncture critique, s’obstiner à poursuivre des progrès sérieux avec le Premier ministre israélien sortant expose à des déboires. Les partenaires palestiniens et syriens des négociations avec Olmert devraient y être attentifs. Si, en attendant l’arrivée d’un nouveau gouvernement à Jérusalem, Olmert lui-même ne comprend pas ou refuse la nécessité de limiter les négociations à expédier les affaires courantes, alors Abbas, Assad et le prochain Président américain devraient le faire.

Yossi Alpher est codirecteur de bitterlemons.org et bitterlemons-international.org. Il est ancien directeur du « Jaffee Center for Strategic Studies » et ancien conseiller principal du Premier Ehud Barak.

Source : http://www.bitterlemons.org

[1] Article écrit avant l’issue du scrutin présidentiel américain.

Traduction Kol Shalom

Publié le 18 novembre 2008 avec l'aimable autorisation de Kol Shalom.



Source :  Kol Shalom  
http://www.shalomarchav.be/...


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