Site d'information sur la Palestine, le Moyen-Orient et l'Amérique latine

 

Palestine - Solidarité

 

Retour :  Accueil  -  Sommaire Yossi Alpher  -  Originaux  -  Analyses  -  Ressources  -  Mises à jour


Les amis belges de Shalom Arshav

C'est le Hamas qui a la main
Yossi Alpher


Yossi Alpher

Bitterlemons 43 - 1er décembre 2008

A Gaza et à ses alentours, nous affrontons une situation potentiellement meurtrière. En parallèle les postures politiques deviennent de plus en plus volatiles. Israël est en campagne électorale. Le futur du Président palestinien est incertain. L’Egypte refuse d’encore mettre le doigt dans l’engrenage gaziote. Parce que seul le Hamas a défini une stratégie claire dans ce conflit, ce sont probablement ses actions qui détermineront en définitive quel scénario s’imposera à nous.

A Gaza et à ses alentours, nous affrontons une situation potentiellement meurtrière. Sauf si Israël et le Hamas négocient des prolongations, le cessez-le-feu actuel arrive à son terme d’ici environ deux semaines. Dix jours de combats, le mois dernier, ont montré à quel point les deux parties peuvent à nouveau basculer dans l’affrontement armé. En parallèle les politiques, tant israélienne que palestinienne, deviennent de plus en plus volatiles. Gaza s’y signale surtout comme l’arène où des politiciens ambitieux et même impitoyables peuvent apparemment prouver leur courage aux électeurs.

Israël s’engage dans une campagne électorale où le ministre de la Défense Ehud Barak concourt à la tête d’un parti, tandis que l’ex-chef d’un autre parti, le bientôt inculpé Premier ministre Ehud Olmert, reste au pouvoir. Lui n’a rien à perdre ni aucun compte à rendre. A en juger par son plaidoyer en faveur de la retenue, Barak, aux abois et dont la cote a dégringolé dans les sondages, ne souhaite pas, et monter au front électoral, et en même temps combattre à Gaza. En parallèle, Olmert apparaît de plus en plus capable de négocier un échange de prisonniers avec le Hamas, via une médiation égyptienne. Des centaines de terroristes aguerris seraient libérés contre un unique soldat israélien. La popularité du Hamas s’en verrait décuplée dans le monde arabe en général et parmi les Palestiniens en particulier.

A la droite extrême du spectre politique israélien, des politiciens belliqueux du Likoud et de Yisrael Beitenou en appellent à un durcissement envers Gaza - une approche que, toutefois, ils hésiteront à appliquer s’ils étaient élus et accédaient au pouvoir.

Côté palestinien, le futur du cessez-le-feu de Gaza interagit avec le futur problématique du Président Mahmoud Abbas. Restera-t-il en fonction après le 9 janvier, [fin de son mandat,] et le Hamas le reconnaîtra-t-il encore après cette date ? Ou bien celui-ci désignera-t-il son propre Président palestinien ? Si, comme Abbas l’a laissé entendre récemment, sa confrontation constitutionnelle avec le Hamas débouche sur de nouvelles élections législatives et présidentielles palestiniennes, ce développement pourrait affecter en profondeur le cessez-le-feu de Gaza. Car, au cas où le Hamas accepterait les nouvelles élections et coopérerait à leur organisation à Gaza comme en Cisjordanie, il souhaitera vraisemblablement prolonger le calme relatif actuel. Si, au contraire, il rejette la décision d’Abbas, il préférera sans doute relancer le conflit avec Israël, comme toile de fond de la confrontation intra palestinienne en cours.

Voilà pour la politique. L’arrière-plan stratégique plus large sur lequel se profilent tous ces scénarios et spéculations est, lui aussi, assez sombre. Pour sa part, le Hamas sait ce qu’il veut : prendre le pouvoir en Cisjordanie comme il l’a fait à Gaza et, pourquoi pas, sur toute la Palestine mandataire, étape de la révolution islamiste mondiale. En attendant, il est prêt à un modus vivendi à long terme avec son plus puissant voisin, Israël, mais uniquement si celui-ci accepte des conditions draconiennes, comme un droit au retour général [des réfugiés], destinées à l’affaiblir jusqu’au jour de sa chute finale.

Par contraste, aucun des voisins du Hamas n’ont défini de stratégie praticable pour traiter la situation à Gaza. Une conquête militaire complète serait trop coûteuse pour Israël. Il ne possède aucune stratégie de sortie. L’Egypte ne désire nullement réoccuper ce territoire comme entre 1948 et 1967. L’OLP établie en Cisjordanie vient à peine de constituer une force militaire, dont il n’est pas exclu qu’elle puisse, un jour, reprendre la Bande de Gaza, grâce à des connivences israéliennes toujours problématiques.

Entre-temps, le boycott économique, appliqué par Israël avec le soutien de l’OLP, de l’Egypte et de la communauté internationale, a échoué à produire les résultats politiques escomptés, et cela en dépit d’inacceptables épreuves humanitaires infligées aux populations. De plus Israël refuse de discuter avec le Hamas, non seulement parce que celui-ci ne lui parlera pas en termes raisonnables, mais parce que des contacts politiques Israël-Hamas couleraient les ultimes chances d’un processus de paix à deux Etats avec Abbas en Cisjordanie.

D’où, les mois à venir nous confrontent aux deux seuls scénarios envisageables : soit le cessez-le-feu persiste, quoique de manière instable et provisoire, soit on en revient à un conflit limité où, dans un rayon toujours plus large, le Hamas tire des roquettes sur des villes et des villages israéliens, tandis qu’Israël riposte par des coups douloureux mais sans prétendre mettre fin aux combats ni résoudre le problème. Le premier scénario servira les perspectives politiques des modérés, Palestiniens comme Israéliens. Le second donnera du grain à moudre aux faucons des deux bords.

Hélas, parce que seul le Hamas a défini une stratégie claire dans ce conflit, ce sont probablement ses actions qui détermineront en définitive quel scénario s’imposera à nous.

Source : http://www.bitterlemons.org

Traduction Kol Shalom

Publié le 18 décembre 2008 avec l'aimable autorisation de Kol Shalom.



Source :  Kol Shalom  
http://www.shalomarchav.be/...


Avertissement
Palestine - Solidarité a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Moyen-Orient et de l'Amérique latine.
L' auteur du site travaille à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui lui seraient signalées.
Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas Palestine - Solidarité ne saurait être tenue responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.
D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont elle n'a pas la gestion, Palestine - Solidarité n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.
Pour contacter le webmaster, cliquez < ici >

Retour  -  Accueil Ressources  -  Analyses  -  Communiques  -  Originaux