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Palestine
Le boycott d'Israël commence à porter ses
fruits
Xavière Jardez
Lundi 1er juin 2009
En
1879, Charles Cunnigham Boycott, régisseur irlandais, dans le
comté de Mayo, refusait de baisser les loyers de ses terres à
ses fermiers, alors que sévissait la Grande Famine. La
population lui appliqua un boycott qui le ruina…
L’intensification de la campagne de boycott d’Israël nous dira
si le refus systématique d’entretenir
des relations commerciales, d’affaires, culturelles,
sociales avec le régime sioniste amènera ce dernier à répondre
aux exigences légitimes du peuple palestinien et à respecter le
droit international. Pour l’instant, les résultats sont plutôt
satisfaisants.
Motorola,
sous la pression de « Campagne US pour la fin de l’Occupation
israélienne » visant à arrêter toutes les ventes de pièces
de communications et de surveillance et autres produits à
Israël, a décidé de
vendre son département produisant des fusibles pour bombes, peu
après que Human Rights Watch eut découvert des éclats
d’obus portant les numéros de séries de Motorola sur des zones
résidentielles, à Gaza, bombardées par Israël lors de
l’agression de décembre dernier.
Veolia a subi
un revers de fortune en Suède lorsqu’il a perdu le contrat
d’exploitation du métro de la ville de Stockholm et le réseau de
transport urbain de Bordeaux. Même si ces décisions ont été
baptisées « décisions d’affaires », elles sont
l’aboutissement des actions menées contre Veolia et
Alsthom pour leur investissement dans la construction d’un
tramway reliant Jérusalem-Est aux colonies juives illégales.
La ville de Galway en Irlande a suivi le même chemin. La
campagne « Faire capoter Veolia » a coûté à la compagnie
et à ses filiales, la coquette somme de 7 ,5 milliards de
dollars dont un programme environnemental de 1,9 milliard de
dollars. Alsthom a également été exclu du portefeuille
d’investissement du Fond National de Pension suédois d’un
montant de 15 milliards de dollars.
Le
groupe new-yorkais, Adalah, a pris pour cible le marchand
de diamants, Lev Leviev, dont les profits sont injectés dans la
colonisation de la Cisjordanie, et s’est associé au groupe
britannique, Architects and Planners for Justice in Palestine,
pour exercer des pressions sur le gouvernement britannique
concernant Leviev. C’est ainsi que l’ambassade britannique à Tel
Aviv a refusé de lui louer des bâtiments pour sa société
Africa-Israël. Dans un article vibrant publié dans le
Guardian, Abel Hayem, juif irakien et architecte, a décrit
comment Leviev bafoue les droits des Palestiniens et a averti
les architectes israéliens, construisant des colonies, qu’ils
seront tenus pour responsables par leurs pairs à l’étranger.
La
société civile palestinienne a été à l’origine de ces actions,
en Occident, dès 2001, lors de la Conférence sur le racisme à
Durban, en Afrique du Sud. En 2004, elle a lancé un boycott
culturel et académique qui a ses effets. A l’instigation du
cinéaste Ken Loach, le festival du Film d’Edimbourg a renvoyé
l’argent qu’Israël lui avait versé et le petit syndicat français
de l’administration scolaire, universitaire et des bibliothèques
a voté une motion de boycott d’Israël.
Le grand syndicat britannique de l’enseignement, PACBU,
n’a cessé, ces dernières années, de voter la fin de toute
coopération scientifique et culturelle avec Israël pour répondre
à l’appel du mouvement BDS, (Boycott, Désinvestissement et
Sanctions), demandé par les Palestiniens dont Omar Barghouti
est l’un des dirigeants.
Boycott : la réponse de la
ministre de l’Intérieur au député pro-israélien Raoult
Plusieurs actions de boycott de produits
israéliens ont été lancées en France, devant des
supermarchés Carrefour, à l’initiative de la CAPJO –
EuroPalestine. Soutenu par son collègue Claude Goasguen -
président du groupe France-Israël à l’Assemblée
nationale - le
député Eric Raoult (Seine-Saint Denis), s’est fait le
porte voix de l’Etat hébreu en criant à l’antisémitisme et
en réclamant à
Michèle Alliot-Marie,
ministre de l’Intérieur, des poursuites contre ses auteurs.
Réponse:
« Monsieur le
député, il est vrai que, depuis le début du conflit
israélo-palestinien au mois de décembre 2008, plusieurs
associations de défense de la cause palestinienne sont
intervenues dans des grandes surfaces en appelant au boycott
des produits en provenance d’Israël ou de pays supposés
apporter une aide à ce pays. Ces interventions se sont
concrétisées par vingt et une actions recensées dans des
grandes surfaces, dont la moitié en grande banlieue.
Ces
opérations, il faut bien le préciser, touchent des produits
importés d’Israël et non des produits casher. Ils sont
signalés par des étiquettes qui leur sont apposées, quand il
s’agit de fruits ou de légumes, ou par des tracts distribués
aux clients.
Les forces de
l’ordre, chaque fois qu’elles sont appelées, interviennent,
notamment pour éviter des violences ou des heurts. Il est
évident que, si des plaintes précises étaient déposées ou si
des infractions pénales étaient constituées, des poursuites
auraient lieu. Mais, à ce jour, je dois vous préciser
qu’aucune plainte n’a été déposée, ni par des grandes
surfaces, ni par des associations. »
(Applaudissements sur
plusieurs bancs du groupe UMP).
http://www.dailymotion.com/relevance/search/boycott/video/x9d95y_michele-alliotmarie-repond-a-eric-r_news
Publié le 2 juin 2009 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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