Opinion
Colonisation
israélienne, division des partis
politiques palestiniens
Vivian Petit
Mardi 17 janvier
2012
Israël intensifie sa colonisation de la
Palestine et continue régulièrement les
bombardements criminels à Gaza, en
totale contradiction avec les
injonctions plus ou moins hypocrites de
la « communauté internationale ». Dans
un contexte de crise mondiale et de
montée des égoïsmes nationaux, les
discours du gouvernement israélien se
font de plus en plus agressifs envers
les peuples arabes et iranien. Une
guerre des pays occidentaux contre l'Iran
serait suicidaire, ce pays étant assuré
du soutien de la Russie et de la Chine,
dont les budgets militaires augmentent
considérablement d'année en année.
Du côté des partis politiques
palestiniens, la division perdure,
contrairement à l'espoir soulevé il y a quelques mois au Caire. Le Hamas
et le Fatah - mis sous pression par la
jeunesse palestinienne qui avait pris
les rues et les places, et par la
révolte des peuples qui affaiblit leurs
alliés respectifs - y avaient en effet
promis de mettre fin à la division entre
Gaza et la Cisjordanie. Les causes de l'échec
qui semble se profiler sont multiples.
Un désaccord sur la nature du
gouvernement est mis en avant par les
deux partis. Le Hamas, qui règne sur
Gaza, prône un gouvernement d' « union
nationale », regroupant des
personnalités des différents partis
politiques. Ce gouvernement ne pourrait
cependant pas comprendre Salam Fayad, l’actuel premier ministre, qui est vu par les dirigeants
du Hamas comme le symbole des
compromissions de l’Autorité Palestinienne (« coopération sécuritaire » avec Israël,
négociations sur les frontières et le
droit au retour, etc). Quant à eux, les
dirigeants du Fatah répètent que le
Hamas n’a
pas compris l’objet
de la réconciliation : la constitution d’un
« gouvernement technocratique » ayant
pour tache de gérer les territoires
palestiniens et leur population, dans l’attente
de jours meilleurs, et non la
constitution politique d’un « gouvernement d’union
nationale ».
Par ailleurs, les deux partis s’accusent
mutuellement d’avoir des intérêts les empêchant de faire aboutir les
négociations liées à la réconciliation.
Khaled Mechaal, chef du Hamas en exil à
Damas et grand artisan de l‘accord
du Caire, serait en désaccord avec les
chefs du Hamas en Palestine, ces
derniers voulant garder leur influence
sur la population de la Bande de Gaza.
Le Hamas est aussi soumis aux pressions
du Hezbollah libanais et du gouvernement
iranien. De son côté, le Fatah serait
trop occupé à son projet de
reconnaissance de l’Autorité Palestinienne en tant qu’État, cela afin de sauver son image autant que sa
bureaucratie.
PLURALITE DES RESISTANCES.
Si les inconvénients de cette division
paraissent évidents d‘un
point de vue institutionnel, ils n’empêchent
cependant pas un certain nombre de
convergences dans les oppositions à l‘occupant israélien. La capture par le Hamas du sergent
major Guilad Shalit et sa séquestration
pendant cinq ans a récemment permis la
libération de mille prisonniers
palestiniens. Mahmoud Abbas, président
de l’Autorité Palestinienne, a été obligé de se réjouir de l’évènement.
Celui-ci est allé jusqu‘à
saluer lors d’une interview donnée à la
télévision égyptienne le savoir faire du
Hamas, qui a réussi à cacher le soldat
pendant cinq ans sur un territoire aussi
petit que celui de la Bande de Gaza. Ces
déclarations ont bien sûr créé la
polémique en Israël.
Nous devons aussi analyser les
nombreuses cyber-attaques très
coordonnées menées par des pirates
informatiques contre les intérêts
économiques israéliens, autant qu’à l’encontre
des institutions de l’Etat.
Qualifiés de « terroristes » par le
gouvernement israéliens, ces groupes ont,
ce lundi 16 janvier, réussi à mettre
hors service
les sites
officiels de la Bourse de Tel-Aviv et de
la compagnie aérienne El Al. Depuis deux
semaines, plusieurs sites de propagande
ou institutionnels avaient été attaqués,
et de nombreuses coordonnées bancaires
révélées. Comme les tunisiens qui
avaient attaqué les réseaux de la police
au cœur de la répression de Ben Ali, les
égyptiens qui avaient publié les preuves
des exactions de l’armée de Moubarak,
les auteurs de ces piratages montrent
que les débats et pratiques traversant
les mouvements de « hackers » possèdent
une réelle dimension révolutionnaire.
Sans surestimer les effets de telles
actions, au moment où le Pouvoir tend à
se résumer à un agencement de
dispositifs articulés en réseaux, que
les flux de la puissance israélienne
soient coupés est on ne peut plus
encourageant. Le parallèle avec la
guerre moderne (qui n’a pas pour but de
détruire l’ennemi mais de l’isoler et de
briser les liens) est évident. Enfin,
chacun notera que partout dans le monde,
les révoltes en cours poursuivent le
double objectif de fédérer le plus
largement possible tout en attaquant le
Pouvoir en différents endroits. Il y a
vingt-cinq ans, Michel Foucault écrivait
déjà dans La volonté de savoir
que « c'est sans doute le codage
stratégique [des] points de résistance
qui rend possible une révolution, un peu
comme l'État repose sur l'intégration
institutionnelle des rapports de
pouvoir. ». Cela est d’autant plus vrai
lorsque le pouvoir fonctionne à flux
tendus …
Vivian
Petit, étudiant,
membre de l'AFPS
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