La Voix de la Russie
Le « principe
Hollande »
ou les problèmes insolvables de
l'Afrique
Vadim Fersovitch
© Photo :
AFP
Dimanche 15 décembre 2013
Le président français n’ira pas
aux JO de Sotchi, probablement parce que
la France ne pourra pas remplir l’un des
principes olympiques principaux avant
les Jeux d’hiver 2014 - à savoir, cesser
toutes les guerres pendant leur
déroulement.
Après avoir retiré ses troupes
d’Afghanistan, la France décide de
participer à des missions militaires sur
le continent qui l’intéresse davantage –
l’Afrique. Il y a presque un an, il y a
eu l’opération militaire au Mali, et
maintenant, Paris se lance dans un
nouveau plan militaire en République
centrafricaine (RCA). En soutenant la
création de « l’OTAN africain » -
l’alliance militaire des pays d'Afrique,
conçu pour éteindre les conflits armés
récurrents sur le continent, la France
essaie naturellement de consolider son
rôle de « curateur » de cette union dans
les pays de l’Afrique française. Car les
soldats de la paix africains ne sont pas
encore suffisamment préparés, formés et
équipés pour combattre sans l’aide de la
France.
Malgré une certaine percée cet été suite
aux résultats de l’opération militaire
au Mali, il s’est avéré vers la fin de
l’année que le problème principal n’a
pas pu être complétement résolu. Lors de
l’opération militaire, l’armée française
s’efforçait d’éviter les affrontements
de l’armée malienne avec les Touaregs.
En menant des actions militaires contre
les islamistes, les Français affirmaient
leur neutralité et leur volonté de
négocier avec le nouveau gouvernement.
Mais la vieille inimitié a annulé toutes
les chances de commettre un compromis.
À la fin de novembre, le groupe
séparatiste « Mouvement national pour la
libération de l'Azawad » (MNLA) a
annoncé la résiliation de l'accord de
cessez-le feu de cinq mois avec le
gouvernement du Mali. Comme l’a souligné
le vice-président du MNLA, « là où
nous rencontrerons l’armée, nous allons
l’attaquer. Cela se fera
automatiquement. Les avertissements,
c’est fini. »
Les militaires français sont à leur tour
prêts à observer l’évolution de la
situation. L’approche passive à la
résolution de ce conflit ethnique n’a
donné aucun résultat, semblerait-t-il.
« Une chose – c’est de chasser les
islamistes d’une large partie Nord du
Mali à l’aide de l’armée française. Et
c’est une toute autre chose, que de
résoudre des problèmes plus larges : la
pauvreté extrême, les tensions
ethniques, la répression politique, la
corruption, la faiblesse des
institutions de l'Etat et l'insuffisance
des infrastructures », analyse la
question Rob Prince de l'Université de
Denver. « Le Mali connaît ces
problèmes depuis longtemps. Il s’agit de
l’incapacité de résoudre ces problèmes
de fond, et de proposer à la place une
trêve temporaire jusqu'à ce que la crise
sociale fasse à nouveau dégrader les
choses. »
La racine du mal se trouve bien plus
profondément que le conflit religieux ou
ethnique au Mali. Une situation quasi
identique s’est créée en République
centrafricaine (RCA). La situation n’est
guère meilleure au Tchad, Congo et
Soudan, les pays voisins. Difficile de
dire si la communauté internationale
peut sauver de la catastrophe
humanitaire des centaines de milliers de
personnes qui vivent dans ces pays. Les
fonds recueillis par l'Organisation des
Nations Unies pour l'aide humanitaire
sont largement insuffisants. Et il est
évident que les populations désespérées
et en colère puissent aller chercher la
raison de leurs malheurs dans les
critères religieux et ethniques de leurs
voisins.
Pour l’instant la France n’assure que
partiellement la sécurité des
principales institutions dans ces pays.
Au Mali le conflit armé a repris, et en
RCA il ne s’est jamais terminé. Et la
France devra accorder des aides risquées
pour reconstruire l’économie détruite
par la guerre. Mais même en cas d’un
scénario optimiste, les dividendes du«
nouveau partage de l’Afrique » ne
pourront être obtenus qu’à un très long
terme. Pour l’instant Paris devra faire
face à des dépenses de guerre colossales
et la complexité des problèmes dans ces
pays.
© 2005—2013 La
Voix de la Russie
Publié le 16 décembre 2013
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