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Ha'aretz
Ce n’est pas l’annulation du boycott,
idiot,
c’est la continuation de l’occupation !
Uri Ram
Ynet
(Yediot Aharonot), 1er octobre 2007
www.ynet.co.il/articles/0,7340,L-3455177,00.html
Version anglaise : UK boycott not the issue
www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3455354,00.html
La Ministre de l’Education
devrait être davantage préoccupée par l’absence de menace
d’un boycott britannique que de son retrait. Le boycott ne porte
pas dommage à Israël, c’est la poursuite de l’occupation qui
nous est néfaste.
Quand, il y a
quelques temps, l’inquiétude d’un boycott académique d’Israël
était à son comble, j’ai publié ici un article dans lequel je
critiquais la manière dont l’agitation de la propagande israélienne
détournait l’opinion de l’essentiel (l’occupation) vers
l’accessoire (le boycott). « Le boycott n’est pas moral,
le boycott n’est pas légal », criaient les porte-parole
du monde académique israélien, comme si l’occupation l’était,
elle, morale et légale. J’écrivais alors que la question de
savoir si le boycott était la réponse appropriée (j’étais
partagé à ce sujet) était une question secondaire, et que ce
qui était important, c’était que le boycott faisait porter
l’attention sur la question essentielle – l’occupation –
et dénonçaient ses partisans.
Alors maintenant
que l’association britannique des enseignants universitaires a décidé
d’annuler le boycott pour des raisons juridiques et de règlement
interne qui n’ont rien à voir avec la question elle-même,
j’aimerais pointer à nouveau l’absence de fondement de
l’agitation israélienne : ce n’est pas l’annulation du
boycott qui importe, c’est la poursuite de l’occupation.
Boycott ou non, il n’y a pas place ici pour la joie manifestée
par la Ministre de l’Education et les responsables du monde académique.
De la joie pourquoi ? Parce que les universités, dans les
Territoires, sont empêchées de fonctionner ? Parce que,
d’un autre côté, une institution universitaire israélienne
(qui suscite de molles protestations parallèlement à un soutien
à sa fondation et à son maintien) continue de se construire dans
le chef-lieu de l’occupation, Ariel ? Parce qu’en Israël,
les universités peuvent continuer d’enseigner, sans être
troublées, l’héritage des Lumières et de la démocratie comme
si, à seulement quelques kilomètres de là, un régime
d’oppression et d’expulsion ne sévissait pas depuis quarante
ans sans interruption ?
La Ministre de
l’Education du gouvernement israélien ne devrait pas se réjouir
de l’annulation du boycott. Elle devrait en être plus inquiète.
Sous la pression de la menace de boycott, il y aura au moins eu débat
autour des questions de savoir si les universités servaient
d’une quelconque manière l’occupation, participant par là à
des violations du droit international, si elles font parties du
système politique global à la tête duquel se trouvent le Ministère
de la Défense et l’armée, et à la base duquel se trouvent le
Conseil de Judée-Samarie et la « jeunesse des collines »,
système voué à la mise en œuvre de la poursuite de
l’occupation, ou de savoir s’il y a en Israël une liberté
académique et une distinction institutionnelle autorisant
l’existence d’un débat critique sur l’occupation et
l’oppression.
Mais maintenant
qu’a été retirée la menace de boycott, même cela il n’est
déjà plus besoin de le demander. On peut poursuivre comme
avant-hier. La Ministre de l’Education devrait être davantage
préoccupée par l’absence de menace d’un boycott que de son
retrait. Le boycott ne porte pas dommage à Israël, c’est la
poursuite de l’occupation qui nous est néfaste.
* Uri
Ram enseigne la sociologie à l’Université Ben Gourion
"Sous
la pression de la menace de boycott, il y aura au moins eu débat
autour des questions de savoir si les universités servaient
d’une quelconque manière l’occupation, participant par là
à des violations du droit international, si elles font parties
du système politique global à la tête duquel se trouvent le
Ministère de la Défense et l’armée, et à la base duquel se
trouvent le Conseil de Judée-Samarie et la « jeunesse des
collines », système voué à la mise en œuvre de la
poursuite de l’occupation, ou de savoir s’il y a en Israël
une liberté académique et une distinction institutionnelle
autorisant l’existence d’un débat critique sur
l’occupation et l’oppression." (NdT).
(Traduction de
l'hébreu : Michel Ghys)
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