Réseau Voltaire
1997-2010 : L'écologie financière
Thierry Meyssan
Dans son film
« 2012 », Roland Emmerich met en scène l’effondrement de la
croute terrestre sous les eaux
et le sauvetage des capitalistes
les plus riches grâce à deux arches de Noé modernes,
tandis que
le reste de l’humanité périt sous les flots.
Lundi 26 avril 2010
Cet article fait suite à :
1.
« L’écologie
de guerre »
2.
« L’écologie
de marché »
Après avoir servi à Henry Kissinger et à
Margaret Thatcher, la rhétorique environnementale a été
récupérée par Al Gore. Il ne s’agit plus de détourner
l’attention des guerres de l’Empire US, ni de restaurer la
grandeur de l’Empire britannique, mais de sauver le capitalisme
anglo-saxon. Dans ce troisième et dernier volet de son étude sur
le discours écologiste, Thierry Meyssan analyse la dramaturgie
préparatoire du sommet de la Terre de 2012 et la rébellion de
Cochabamba.
Le Protocole de Kyoto
On se souvient qu’en 1988 Margaret Thatcher
avait incité le G7 à financer un Groupe inter-gouvernemental
d’étude sur l’évolution du climat (GIEC) sous les auspices du
PNUE et de l’Organisation météorologique mondiale.
Dans son premier rapport, en 1990, le GIEC
considérait comme « peu probable » une augmentation sans
ambiguïté de l’effet de serre « dans les prochaines décennies ou
plus ». En 1995, un second rapport de cet organe politique
reprend à son compte l’idéologie du sommet de Rio et « suggère
une influence détectable de l’activité humaine sur le climat
planétaire » [1].
Le président Bill Clinton
(ici avec le vice-président Gore) a signé en grande pompe le
Protocole de Kyoto,
mais a discrètement donné instruction aux
parlementaires démocrates pour qu’il ne soit pas ratifié par les
Etats-Unis.
Suivent à une cadence annuelle des
conférences onusiennes sur le changement climatique. Celle de
Kyoto (Japon), en décembre 1997, élabore un Protocole par
lequel les Etats signataires s’engagent volontairement à réduire
leurs émissions de gaz à effet de serre ; principalement le
dioxyde de carbone (CO2), mais aussi cinq autre gaz : le méthane
(CH4), le protoxyde d’azote (N2O), l’hexafluorure de soufre
(SF6), les fluorocarbures (FC) et les hydroclorofluocarbures.
Même pour les Etats qui ne croient pas à une
influence significative de l’activité humaine sur le climat, ce
Protocle est une bonne chose en ce qu’il incite à un
meilleur usage des ressources énergétiques non-renouvelables.
Cependant, il parait bien difficile aux Etats en développement
de moderniser leurs industries pour qu’elles soient moins
consommatrices d’énergie et moins polluantes. Prenant acte que
ces Etats, n’ayant qu’une industrie embryonnaire, dégagent peu
de gaz à effet de serre alors qu’ils ont besoin d’aide
financière pour se doter d’industries économes et propres, le
Protocole institue un Fonds d’adaptation géré par la Banque
mondiale et un système de permis négociables. Chaque Etat reçoit
des permis de dégagement de gaz à effet de serre qu’il répartit
entre ses industries. Les Etats en développement, qui
n’utilisent pas la totalité de leurs permis, peuvent les
revendre aux Etats développés qui polluent plus qu’autorisé.
Avec le produit de la revente, ils peuvent financer leur
adaptation industrielle.
L’idée semble vertueuse, mais le diable se
cache dans les détails : la création d’un marché des permis
négociables ouvre la voie à une financiarisation supplémentaire
de l’économie et, partant de là, à de nouvelles possibilités
pour poursuivre le pillage des pays pauvres. En toute
hypocrisie, Bill Clinton signe le Protocole de Kyoto,
mais donne instruction à ses parlementaires de ne pas le
ratifier. Le Sénat US le rejette à l’unanimité. Pendant la
période de ratification du Protocole, les Etats-Unis
s’appliquent à organiser le marché des permis négociables, alors
même qu’ils n’ont l’intention de se soumettre aux exigences
communes que le plus tard possible.
Des études préparatoires sont subventionnées
par une association charitable, la Joyce Foundation. Elles sont
dirigées par Richard L. Sandor, un économiste républicain qui a
mené une double carrière de trader (Kidder Peabody, IndoSuez,
Drexel Burnham Lambert) et d’universitaire (Berkeley, Stanford,
Northwestern, Columbia).
Alors inconnu du grand
public, le juriste Barack Obama a rédigé les statuts
de la Bourse mondiale des droits d’émission de gaz à effet de
serre.
En définitive, une holding —la Climate
Exchange— est créée sous la forme d’une société de droit
britannique de type Public Limited Company (c’est-à-dire que ses
parts ont été vendues lors d’un appel public et que la
responsabilité de ses actionnaires est limitée aux apports). Ses
statuts sont rédigés par un administrateur de la Joyce
Foundation, un juriste alors totalement inconnu du grand public,
Barack Obama. L’appel public aux investisseurs est lancé par
l’ancien vice-président des Etats-Unis, Al Gore, et par David
Blood (ancien directeur de la banque Goldman Sachs).
A l’issue de l’opération, Gore et Blood
créent à Londres un fonds de placement écologique, Generation
Investment Management (GIM). A cet effet, ils s’associent à
Peter Harris (ancien directeur de cabinet d’Al Gore), Mark
Ferguson et Peter Knight (deux anciens adjoints de Blood à
Goldman Sachs) et enfin à Henry Paulson (alors directeur général
de Goldman Sachs, mais qui se retirera lorsqu’il deviendra le
secrétaire au Trésor de l’administration Bush).
La Climate Exchange Plc ouvre des Bourses à
Chicago (États-Unis) et à Londres (Royaume-Uni), ainsi que des
filiales à Montréal (Canada), Tianjin (Chine) et Sydney
(Australie).
En cumulant les actions bloquées lors de la
création de la holding et celles qu’il a acquises après l’appel
public, Richard Sandor détient près du cinquième des actions. Le
reste est principalement partagé entre de méga fonds
spéculatifs : Invesco, BlackRock, Intercontinental Exchange
(dont Sandor est également administrateur), General Investment
Management et DWP Bank. La capitalisation boursière est
aujourd’hui de plus de 400 millions de livres sterling. Les
dividendes versés aux actionnaires au cours de l’année 2008
s’élèvent à 6,3 millions de livres.
Naïvement, les membres de l’Union européenne
sont les premiers à adhérer à la théorie de l’origine humaine du
réchauffement climatique et à ratifier le Protocole. Mais
pour qu’il entre en vigueur, ils ont besoin de la Russie.
Celle-ci n’a rien à craindre dans la mesure où le plafond
d’émission qui lui est fixé n’est pas contraignant vu son recul
industriel après la dissolution de l’URSS. Elle se fait pourtant
tirer l’oreille, question d’exiger en échange le soutien de
l’Union européenne pour son adhésion à l’Organisation mondiale
du Commerce. En définitive, le Protocole entre en vigueur
en 2005.
2002 : le quatrième « sommet de la Terre » à
Johannesburg et le rappel des priorités par Jacques Chirac
Le sommet décennal de Johannesbourg (Afrique
du Sud) n’intéresse pas plus les Etats-Unis que celui de
Nairobi. Leur agenda du moment est exclusivement orienté vers la
guerre globale au terrorisme. Les questions environnementales
devront attendre. George W. Bush ne fait pas le déplacement et
envoie le secrétaire d’Etat Colin Powell prononcer un bref
discours, tandis que l’équipage impatient de son avion fait
tourner les moteurs.
La conférence abandonne le style kermesse internationale de Rio
et se concentre sur des sujets précis : l’accès à l’eau et à la
santé, l’épuisement à venir et le prix des énergies
non-renouvelables, l’écologie de l’agriculture, la diversité des
espèces animales. Le climat n’est qu’une questions parmi
beaucoup d’autres.
A Johannesburg, Jacques
Chirac plaide pour un changement de priorités :
l’urgence n’est pas la traque de Ben Laden, mais le
développement propre.
Le sommet devient soudain le théâtre d’un
affrontement lorsque le président français Jacques Chirac
s’exclame : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La
nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se
reconstituer et nous refusons de l’admettre. L’humanité souffre.
Elle souffre de mal-développement, au Nord comme au Sud, et nous
sommes indifférents » [2].
Son discours sonne comme un réquisitoire contre les Etats-Unis.
Non, la traque d’Oussama Ben Laden n’est pas la priorité, c’est
le développement des pays pauvres et l’accès de tous aux biens
essentiels.
Furieux, les hauts-fonctionnaires de la
délégation US sabotent les négociations. Alors que
l’administration Bush est en train d’installer le centre de
torture de Guantánamo et des prisons secrètes dans 66 pays, elle
s’érige en donneuse de leçon et conditionne tout engagement de
sa part à des concessions des Etats du Sud en matière de droits
de l’homme et de lutte contre le terrorisme. Aucun document
final d’envergure n’est adopté.
Copenhague, en attendant le sommet de la Terre
de 2012
C’est en 2012 que devrait se tenir le
cinquième sommet de la Terre et la révision du Protocole de
Kyoto. Cependant Washington et Londres ont décidé d’ériger
la XVe conférence sur les changements climatiques en un grand
rendez-vous intermédiaire. C’est que la nouvelle politique
anglo-saxonne entend utiliser le réchauffement climatique pour
faire avancer ses deux objectifs majeurs : sauver le capitalisme
et s’approprier la capacité de l’ONU à écrire le droit
international.
Force est de constater que l’économie US est
en panne et ne parvient pas à sortir de sa crise interne. Les
Etats-uniens ne produisent plus grand chose, hormis des armes,
tandis que les biens qu’ils consomment sont fabriqués par une
Chine toujours plus prospère. La solution principale réside dans
une mue du capitalisme. Le temps est venu de relancer la
spéculation en l’orientant vers les permis de polluer
négociables, de relancer la consommation avec les produits
écolos, et de relancer le travail avec les emplois verts [3].
D’autre part, la globalisation forcée
rencontrant de plus en plus de résistances, il convient de la
faire accepter en la présentant d’une autre manière. On dira que
les questions environnementales nécessitent une gouvernance
globale, et que les Etats-Unis doivent en prendre le leadership.
Pour cela, il faut d’abord démontrer l’inefficacité de l’ONU en
la matière.
L’ancien vice-président des Etats-Unis, Al Gore, devenu
conseiller spécial de la Couronne d’Angleterre,
a obtenu le Prix Nobel de la Paix pour son film de propagande
« An Inconvenient Truth »
La conférence de Copenhague a été précédée
d’une longue et puissante campagne de propagande. A commencer
par le film d’Al Gore, An Inconvenient Truth, présenté au
Festival de Cannes 2006, et qui lui vaut le Prix Nobel de la
paix 2007. L’ex-vice-président des Etats-Unis, dont on a oublié
le double jeu à propos du Protocole de Kyoto, se présente
comme un militant convaincu. Pour défendre sa noble cause, il
lui consacrerait bénévolement son temps libre. En réalité, il a
réalisé ce documentaire et entrepris une tournée promotionnelle
en qualité de conseiller rémunéré de la Couronne britannique,
véritable commanditaire de l’opération. Al Gore est un
spécialiste des manipulations de masse. C’est lui qui avait
organisé, à la fin du XXe siècle la grande angoisse millénariste
du « boge de l’an 2000 ». Il avait alors suscité la création
d’un groupe d’experts de l’ONU, l’IY2KCC — en tous points
comparable au GIEC—, pour donner l’apparence d’un consensus
scientifique autour d’un problème mineur monté en épingle [4].
Au film d’Al Gore s’ajoutent divers
documentaires et fictions. Ainsi, le film Home du
photographe français Yann Arthus-Bertrand, est diffusé
mondialement par le PNUE, le 5 juin 2009. Ou encore, le film
hollywoodien de l’Allemand Roland Emmerich, 2012, dans
lequel il met en scène l’effondrement de la croute terrestre
sous les eaux et le sauvetage des capitalistes les plus riches
grâce à deux arches de Noé modernes, tandis que les pauvres sont
engloutis par les flots.
En apparence la conférence de Copenhague
devait régler la question des gaz à effet de serre en
déterminant des plafonds d’émission et des aides aux pays en
développement. En réalité, Londres et Washington entendaient
pousser les Européens à abaisser eux-même les plafonds fixés par
le Protocole de Kyoto —pour augmenter le volume des
permis négociables et donc la spéculation boursière— et faire
échouer la conférence pour préparer l’opinion publique mondiale
à une solution hors ONU.
Très à l’aise au milieu de cette mascarade,
le président russe Dmitry Medvedev a préparé un bluff qui peut
rapporter gros à son pays. Il a décidé d’enchérir en prenant un
engagement spontané radical. Il annonce aux Européens de l’Ouest
que Moscou s’aligne sur leurs exigences et réduira ses émissions
de gaz à effet de serre de 20 à 25 % d’ici 2020 par rapport à
1990. Qui dit mieux ? Personne !
Sauf que les émanations russes ayant baissé de 34 % entre 1990
et 2007 du fait de l’effondrement industriel de l’ère Eltsine,
le prétendu engagement à la baisse du Kremlin lui laisse la
possibilité d’une hausse de 9 à 14 % !
Violant les règles des Nations Unies, Nicolas Sarkozy
prétexte de l’urgence climatique pour constituer un directoire
chargé de rédiger la déclaration finale de la conférence de
Copenhague en lieu et place de l’Assemblée générale.
Sans surprise, les Anglo-Saxons font avancer
leurs pions en s’appuyant sur le président français Nicolas
Sarkozy, trop content de se voir confier le rôle de deus ex
machina. Arrivant en cours de séance, il dénonce le manque
de volontarisme de ses homologues et convoque une réunion
impromptue de quelques chefs d’Etat et de gouvernement [5].
Sans traducteurs, assis sur des chaises inconfortables, quelques
grands de ce monde se prêtèrent au jeu. Sur un coin de table en
formica, ils griffonnent de bonnes intentions qui sont
présentées comme une panacée. La « planète » est sauvée, chacun
peut rentrer chez lui. En réalité, cette mise en scène vise
uniquement à préparer l’opinion publique mondiale aux décisions
qu’il faudra imposer au « sommet de la Terre » de 2012.
Déboulant comme un chien dans un jeu de
quilles, le président vénézuélien Hugo Chávez remet en cause la
problématique du sommet sans pour autant décourager les
associations écologistes qui manifestent devant le centre de
conférence. Il stigmatise la cuisine sarkozyenne qui consiste à
rédiger une déclaration finale entre Etats autoproclamés
« responsables », puis à l’imposer à la communauté
internationale. Il dénonce une mascarade qui permet à un
capitalisme sans conscience d’occulter ses responsabilités et de
se refaire une virginité [6].
Il reprend à son compte un slogan scandé par des manifestants à
l’extérieur du centre de conférence : « Ne changez pas le
climat, changez le système ! »
Cochabamba, l’anti-Copenhague
Son homologue bolivien Evo Morales tire des
conclusions du sommet de Copenhague. Il est clair pour lui que
les grandes puissances jouent avec l’environnement. Sur ce
sujet, comme sur bien d’autres, elles entendent faire leurs
affaires entre elles au détriment du tiers-monde. Toutefois, la
présence d’une foule de militants associatifs maintenus à
l’extérieur du centre de conférence laisse espérer une volonté
planétaire bien différente.
Le président Morales convoque alors une
« Conférence mondiale des Peuples sur le changement climatique
et les droits de la Terre Mère ». Elle se tient quatre mois plus
tard à Cochabamba (Bolivie). Dépassant toutes les prévisions,
plus de 30 000 personnes y participent et 48 gouvernements s’y
font représenter. Son ambiance rappelle à la fois le sommet de
la Terre de Rio et les forums sociaux mondiaux. Mais ce qui est
en jeu est différent. A Rio, le cabinet de relations publiques
Burson-Marsteller avait valorisé des associations pour légitimer
des décisions prises à huis clos. A Cochabamba, c’est
l’inverse : les associations qui ont été exclues du centre de
conférence de Copenhague sont devenues les décideurs. La
comparaison avec les forums sociaux ne fonctionne pas non plus :
ceux-ci entendent contester le Forum économique de Davos et se
sont exilés à l’autre bout du monde pour éviter les
affrontements que l’on avait connu en Suisse. Cette fois, c’est
l’ONU que l’on conteste. Evo Morales a pris acte du fiasco de
Copenhague et de la volonté des grandes puissances de passer
outre les Assemblées générales. Il s’appuie sur la société
civile contre les gouvernements occidentaux.
Evo Morales et son ministre des Affaires
étrangères David Choquehuanca abordent les questions
environnementales à partir de leur culture d’indiens aymaras [7].
Alors que les Occidentaux discutent de savoir de combien il
faudrait limiter les émissions de gaz à effet de serre pour ne
plus perturber le climat, ils affirment que l’on ne peut pas
continuer de telles émissions lorsqu’on les pense dangereuses,
que cela soit vrai ou faux. Rompant avec la logique dominante,
ils rejettent le principe des permis négociables. Pour eux, on
ne saurait permettre, et encore moins vendre, ce que l’on pense
désastreux. A partir de quoi, ils plaident pour un changement
complet de paradigme. Les Etats développés, leurs armées et
leurs entreprises multinationales, ont blessé la Terre
nourricière, mettant en péril l’ensemble de l’humanité, alors
que les peuples autochtones ont fait la preuve de leur capacité
à préserver la Terre Mère. La solution est donc politique : la
gestion des grands espaces doit être restituée aux peuples
autochtones, tandis que les multinationales doivent répondre des
dégâts qu’elles ont commis devant un tribunal international.
La conférence de Cochabamba affirme la capacité des
peuples autochtones à réussir là où les Occidentaux ont échoué.
De gauche à droite : Hugo Chávez, David Choquehuanca et Evo
Morales.
La conférence des Peuples appelle à l’organisation d’un
référendum mondial pour instituer une Justice climatique et
environnementale, et pour abolir le système capitaliste.
Selon une méthode déjà appliquée à de nombreux sommets
internationaux échappant au contrôle des Anglo-Saxons, une
campagne médiatique est immédiatement lancée par Washington
pour en étouffer le message. Une polémique se développe sur
des propos déformés du président Morales [8].
Quoi qu’il en soit, l’idéologie occidentale verte ne fait
plus l’unanimité.
L’arbre qui cache la forêt
Durant les 40 années de discussions à l’ONU sur
l’environnement, les choses ne se sont pas améliorées, bien
au contraire. Mais un incroyable tour de passe-passe a été
réalisé : la responsabilité des Etats a été oubliée, celle
des multinationales à été occultée, tandis que celle des
individus a été stigmatisée. L’arbre cache la forêt.
Dans les sommets internationaux, personne ne tente
d’évaluer le coût énergétique des guerres en Afghanistan et
en Irak, incluant le pont aérien quotidien permettant de
transporter la logistique des Etats-Unis au champ de
bataille, y compris la ration du soldat.
Personne ne mesure les surfaces habitables contaminées par
les munitions à uranium appauvri, des Balkans à la Somalie,
en passant par le Grand Moyen-Orient.
Personne n’évoque les surfaces agricoles détruites par les
fumigations dans le cadre de la guerre aux drogues, en
Amérique latine ou en Asie centrale ; ni celles stérilisées
par les épandages d’agent orange, de la jungle vietnamienne
aux palmeraies irakiennes.
Jusqu’à la conférence de Cochabamba, la conscience
collective a oublié l’évidence que les principales atteintes
à l’environnement ne sont pas la conséquence de modes de vie
particuliers, ni de l’industrie civile, mais des guerres
entreprises pour permettre aux multinationales d’exploiter
les ressources naturelles, et de l’exploitation sans
scrupule de ces ressources par ces multinationales pour
alimenter les armées impériales. Ce qui nous ramène à notre
point de départ, lorsque U Thant proclamait le « jour de la
Terre » pour protester contre la guerre du Vietnam.
Thierry Meyssan,
Analyste politique français,
président-fondateur du
Réseau Voltaire et de la conférence
Axis for
Peace. Il publie chaque semaine des chroniques de politique
étrangère dans la presse arabe et russe. Dernier ouvrage
publié :
L’Effroyable imposture 2, éd. JP Bertand (2007).
Source
Odnako (Russie)
[1]
L’ensemble des rapports du GIEC est disponible en anglais,
français et espagnol sur le site internet du Groupe.
[2]
« Discours
de Jacques Chirac au sommet mondial sur le développement durable
de Johannesburg », 2 septembre 2002.
[3]
« La
mue de la finance mondiale et la spéculation verte », par
Jean-Michel Vernochet, Réseau Voltaire, 2 mars 2010.
[4]
« Il
n’y a pas de consensus scientifique à l’ONU », par Thierry
Meyssan, Réseau Voltaire, 17 décembre 2009.
[5]
« Intervention
au sommet de Copenhague sur le climat », par Nicolas
Sarkozy, Réseau Voltaire, 17 décembre 2009.
[6]
« Intervention
au sommet de Copenhague sur le climat », par Hugo Chávez
Frías, Réseau Voltaire, 16 décembre 2009.
[7]
Voir sa tribune libre publiée dans le Los Angeles Times :
« Combating climate change : lessons from the world’s indigenous
peoples » (disponible
sur le site du Réseau Voltaire).
[8]
Evo Morales avait dénoncé les conséquences sanitaires pour les
hommes des viandes aux hormones féminines. Ses propos sont
interprétés comme homophobes.
Cette technique de décrédibilisation est classique. Que l’on se
souvienne de la campagne médiatique contre le pape Jean-Paul II
après son discours à la Grande Mosquée de Damas ou de celle
contre le Premier ministre malais Mahathir bin Mohamad après son
discours devant la Conférence islamique.
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