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Opinion
Israël, la bride sur
le
cou
Thami Bouhmouch
Photo: L'Humanité.fr
Mercredi 1er septembre 2010
« Si l’on ment, il faut mentir
jusqu’au bout. Il faut du mensonge faire un acte de foi »
D. Lévy-Chedeville
Fourberie et contrevérités
Le drame palestinien a débuté en 1917, lors de
la fondation du « foyer national jui f », avec la complicité du
gouvernement britannique et de la Société des Nations. La
déclaration Balfour visait probablement en sous-main à éloigner
les juifs d’Europe. Les dignitaires antisionistes, qui s’y
étaient opposés à l’époque, l’avaient qualifiée d’antisémite.
L’idée était que l’émigration des juifs de la diaspora allait se
faire sous la contrainte et susciterait des soupçons sur leur
fidélité à leurs pays respectifs... Toujours est-il que depuis
cette date, l’entité sioniste a occasionné les destructions et
souffrances les plus alarmantes. Des individus fanatisés venus
de Pologne, de Kiev, de Biélorussie, de Grande Bretagne, etc. se
déclarent maîtres des lieux, font main basse sur les terres,
planifient les expulsions, la mort et la dévastation.
A l’instar des Afrikaners, leur hégémonie ne
pouvait se fonder que sur un système politique sordide et avant
tout sur une oppression militaire implacable. Zéev Jabotinsky,
un dirigeant sioniste (né en Ukraine), l’a exprimé ainsi
(1923) : « Le sionisme est une aventure de
colonisation et c’est pour cela qu’elle est dépendante d’une
force armée » (son livre Le mur de fer,
1923). Raphael Eitan, un chef militaire (de parents russes), est
plus explicite (1983) : « La force est l’unique
chose qu’ils [les Arabes] comprennent. Nous devons utiliser la
force absolue jusqu’à ce que les palestiniens viennent ramper
devant nous »... (Journal Yediot Aharonot
du 13/04/83) L’Ouganda revient de loin : ce pays a failli en
1903 faire les frais d’un projet d’implantation juive (sur
proposition britannique).
A mon sens, l’hégémonie impudente d’Israël est
due à deux facteurs clés : une propension phénoménale à
falsifier la vérité, appuyée sur un vaste réseau de propagande
et de désinformation (partie 1) ; le soutien coupable et
avilissant des Etats et médias occidentaux (partie 2). Le
présent article se limite au premier.
« Nous avons pris
leur pays »
Le peuple palestinien a affaire à un adversaire
« sûr de lui et dominateur » (C. De Gaulle,
1967), un adversaire fourbe et d’une cruauté inégalée. Les
leaders israéliens successifs savent s’y prendre pour dire le
contraire de ce qu’ils font (ou ce qu’ils comptent faire). Ils
inventent sans relâche les échappatoires et les esquives, créent
les faits accomplis sur le terrain. Lorsqu’ils s’engagent le
matin, c’est pour se rétracter le soir. On déclare devant les
caméras que tel point de passage sera ouvert et l’on s’aperçoit
qu’il est (presque) toujours fermé. On annonce que les
pourparlers avec les Palestiniens doivent s’engager sans
condition préalable ; deux jours après, on crée la surprise en
posant une condition sine qua non :
reconnaître « Israël en tant qu’Etat juif ». On promet à chaque
fois de stopper la colonisation, cependant que les constructions
se poursuivent furtivement (plus de 100 colonies ont été créées
depuis les accords d’Oslo).
Les « accords » signés sont systématiquement
foulés aux pieds. Le phénomène a pris une ampleur
invraisemblable. La boutade de Ben Gourion, à cet égard, est
très éloquente : « Si j’étais un leader arabe,
je ne signerais jamais un accord avec Israël. C’est normal, nous
avons pris leur pays » (cité par Nahum Goldmann dans
Le paradoxe juif, 1976). La bravade est prononcée haut et
fort, sur un ton plein de morgue et de dérision.
Le rêve de Sharon était de refouler (vers
n’importe où) plus de 60 % des Palestiniens de Cisjordanie pour
y implanter un million de Juifs (de n’importe où). Des milliers
d’habitations palestiniennes sont démolies régulièrement sous
des prétextes extravagants. Il arrive souvent que des colons
s’emparent des maisons évacuées sous la protection active et
prévenante de l’armée. Assister en spectateur à la destruction
ou la confiscation de son foyer, se retrouver dans la rue avec
ses enfants et quelques ustensiles sauvés à la hâte : nul ne
peut imaginer ce que les victimes ressentent. Jamais dans
l’histoire, une force d’occupation n’a été aussi haineuse, aussi
inhumaine. Expatrier une population (des autochtones),
transplanter une autre (des colons)… rien ne semble mettre fin à
la tragédie. L’ordre d’expulsion relève d’un programme mûrement
réfléchi : déposséder et chasser le plus grand nombre possible
de Palestiniens. « Nous devons tout faire,
disait Ben Gourion (1948), pour nous assurer
qu’ils ne reviennent pas… Les vieux mourront et les jeunes
oublieront »... (18/07/48, voir
www.france-palestine.org)
Le monde, à force de prêter le flanc à la
manipulation, finit par oublier que l’occupation est la cause de
toutes les atrocités. Les Palestiniens sont des sinistrés.
Affaiblis par 60 ans de détresse, trahis par les uns et les
autres, ils sont devenus vulnérables. Ils ont perdu la terre,
celle de leurs ancêtres, font face à la fois à une puissance
mondiale et à une puissance régionale ; ils ne bénéficient pas
du soutien des médias internationaux, ne peuvent pas compter sur
les Etats voisins... Embarqués dans des pourparlers chimériques,
ils regardent passer les décennies perdues. Le train-train est
bien connu : la partie israélienne fait mine de négocier et le
médiateur américain est à la fois juge et partie. Les choses
étaient pourtant claires, comme le clamait Z. Jabotinsky
(1923) : « Une réconciliation volontaire avec
les Arabes est hors de question, que ce soit maintenant ou dans
le futur »... (son livre Le mur de fer,
1923) On comprend pourquoi le « processus de paix » – dont la
simple évocation semble aujourd’hui suffire en elle-même – a
l’air d’un canular reproductible à l’infini. Les mots sont en
train de prévaloir sur les faits.
Bluffs et leurres à
la pelle
Les extrémistes sionistes – comme jadis les
Blancs d’Afrique du Sud – savent légitimer leurs tueries,
diaboliser leurs victimes. Ils recourent toujours aux mêmes
rengaines : celles de « la menace de destruction d’Israël », des
« juifs jetés à la mer », de la « montée de l’antisémitisme en
Europe », des « liens terroristes internationaux », du droit à
la « légitime défense »... Les artifices sur mesure, dont sont
truffés les manuels d’histoire, font le lit de l’extrémisme
israélien, décuplent la violence et la haine à l’égard du
Palestinien. Farder la vérité est une armature essentielle du
projet sioniste. Un certain général Matityaha Pelet l’admettait,
explicitement et en connaissance de cause (1972) : « La
thèse du danger d’un génocide qui nous menaçait en juin 67 et
qu’Israël se battait pour son existence physique était seulement
du bluff… ». (Journal Ha’aretz du
19/03/72) Un bluff qui a partout très bien pris.
Vous voulez savoir comment raisonnent les
leaders sionistes ? La déclaration de Netanhyahu, à cet égard,
est assez caractéristique (1989) : « Israël
aurait dû exploiter la répression des manifestations en Chine
lorsque l’attention du monde s’est focalisée sur ce pays, pour
mettre à exécution des expulsions massives parmi les Arabes des
territoires ». (Journal Hotam du
24/11/89) Comment peut-on se fier aux simagrées étalées sur la
scène ? Les forfaits du sionisme, c’est ce qui se passe derrière
les décors, hors de la vue du spectateur.
Des civils sont-ils tués sur la plage de Gaza
par un obus israélien ? On produira « l’information » selon
laquelle une mine posée par le Hamas est à l’origine de
l’hécatombe… et les médias (à la botte des lobbies ou par
réflexe conditionné) marchent tête baissée. Le nec plus ultra de
la perfidie, c’est lorsque les alliés inconditionnels sont
assaillis pour leur « manque » de dévouement à la cause du
sionisme. Témoin le site « La voix de la communauté juive en
France » qui s’en prend aux médias français, accusés de « partialité
et de dénigrement systématique d’Israël » !... Déroutant,
n’est-ce pas ? Il suffit de voir le parti pris véreux de France
2, RFI, Arte et France 24 en faveur des menées israéliennes pour
mesurer l’ampleur de l’intoxication sioniste. Et voilà que le 2
août dernier S. Peres accuse l’establishment britannique d’être
« profondément hostile à Israël » et de « prendre
parti pour les Arabes » ! Il ne faut pas avoir peur de trop
forcer sur les leurres (et les jérémiades)…
Dirigé par une extrême-droite machiavélique,
l’Etat colonial prône ouvertement l’épuration ethnique. C’est un
Etat au-dessus des lois, dont l’armée est prédisposée à piller,
affamer et massacrer des civils. C’est par ailleurs un espace où
règne une atmosphère d’animosité et de violence impitoyables –
du fait non pas de « l’ennemi » en face, mais bien de la manière
dont les israéliens se comportent les uns avec les autres. Les
ashkénazes manifestent un mépris hautain à l’égard des
sépharades et des arrivants d’Europe de l’Est ; les
ultra-orthodoxes et les laïcs ne cessent de s’entre-déchirer ;
les falashas noirs, mal aimés et mal lotis, doivent batailler
pour survivre... Un tissu social hétéroclite et profondément
déséquilibré, c’est le poison quotidien de l’entité sioniste.
Qu’importe, la machine de propagande a réussi à
faire passer les agresseurs pour des êtres évolués, « acquis aux
valeurs de l’Occident », assaillis de toutes parts par des
brutes incultes, sans foi ni loi. Cela ne vous rappelle-t-il pas
les films westerns des années 50 et 60, où les indiens
personnifiaient toujours les barbares, les « méchants » ?... Le
vocabulaire utilisé participe à la mystification : le terme
« conflit » permet de faire l’impasse sur l’acte de spoliation,
en laissant sous-entendre qu’une lutte armée a lieu entre deux
Etats aux motivations contradictoires. L’opinion internationale
a vite gobé la distinction entre les colonies « légales » et les
colonies « irrégulière s » ou « sauvages ». S’agissant
d’expulsions, de démolition de logements, de piraterie en haute
mer, d’assassinats de civils, on dira par exemple « la Knesset a
voté… », « la haute cour a ratifié… », « conformément à telle
loi », etc. Les crimes sont accoutrés d’une parure de légalité
et, là encore, les médias (y compris arabes) suivent tête
baissée.
Les bêtes marchant
sur deux pattes
Dans « le seul pays démocratique du
Moyen-Orient », les quelques étudiants palestiniens en médecine
sont poussés à collaborer avec le chabak (service de
renseignement) pour avoir droit aux stages dans les hôpitaux de
Jérusalem. Près de 8500 Palestiniens croupissent en silence dans
des camps de détention. Parmi eux, 340 enfants vivent dans une
terreur constante. Agés de 11 à 14 ans, ils sont victimes de
harcèlements pervers et souffrent de négligence médicale.
Pendant que les tortures les plus effroyables sont infligées à
ces prisonniers, l’unique soldat israélien détenu par le
« mouvement terroriste » à Gaza se prélassait tout récemment en
regardant les matchs de la coupe du monde de football. Toutes
les voix s’élèvent pour réclamer nommément la libération de ce
soldat ; personne ne fait allusion au sort de ces milliers de
détenus en détresse. L’évidence surgit : tous les hommes sont
égaux, mais certains moins que d’autres.
Pendant l’attaque sanglante de Gaza, les
journalistes ont été tenus à l’écart « pour des raisons de
sécurité ». Mais apparemment cela ne valait pas la peine qu’on
émette une protestation. Le terrorisme d’Etat est invariablement
disculpé et ne soulève aucune condamnation crédible.
C’est à une poignée de résistants, habilement
diabolisés, qu’on demande cyniquement d’arrêter « la violence ».
Se défendre contre la colonisation, résister à la tyrannie est
légitime autant qu’honorable. Cela tombe sous le sens... Mais le
vocable « terrorisme », utilisé tous azimuts, a brouillé les
cartes. Ce mot magique, qui conforte la pratique de
mystification israélienne, est maintenant entériné par tous les
médias. Tant qu’à faire, le patriote français Jean Moulin ne
serait qu’un fieffé « terroriste », lui le héros national dont
les cendres ont été transférées au Panthéon ; on devait aussi
désavouer Nelson Mandela pour son opposition au régime
d’apartheid, le groupe arménien Manouchian pour sa lutte contre
les nazis.
Il suffit d’arborer la bannière de la « lutte
contre le terrorisme » et tous les coups sont permis :
destruction de logements et de terres agricoles, arrachage de
milliers d’oliviers, détérioration de réservoirs d’eau et
stations de pompage, bombardement des écoles, mitraillage des
ambulances, assassinats ciblés des dirigeants palestiniens
(s’ils ne collaborent pas)... Jamais dans l’histoire, une force
d’occupation n’a été aussi destructrice, aussi meurtrière (1).
Un certain Friedman écrivait naguère dans le
New York Times, “vous [les
Palestiniens] ne pouvez pas construire une nation sur les
épaules d’assaillants suicidaires”. Des journalistes, ici et
là, savent manier les contrevérités. Surtout n’allez pas leur
dire qu’Israël a fondé son existence sur l’activisme criminel de
plusieurs organisations terroristes (Haganah, Irgoun, Gang
Sterne, mouvement clandestin Lehi) et une série de massacres
impitoyables (Sabra et Chatilla, Jenine, Ramallah, etc.).
N’essayez pas de leur faire remarquer que les principaux
responsables sont devenus plus tard des hommes d’Etat (Shamir,
Begin, Rabin, Peres, entre autres).
Le jeu est maintenant bien rôdé : un journal
israélien balance un mensonge, puis se rit de voir comment
celui-ci est traité par les médias internationaux. Un dirigeant
invente n’importe quel subterfuge et voilà que la partie
concernée de perdre de l’énergie à se disculper. Un exemple :
Haaretz, en juin dernier, a publié une « information » alléguant
l’opposition de Mahmoud Abbas à la levée du blocus maritime
imposé à la bande de Gaza. Plusieurs dirigeants palestiniens se
sont alors échinés à porter un démenti catégorique (Abou
Roudeina et Saeb Orekat notamment). Autre exemple : l’allégation
selon laquelle le bateau humanitaire libanais Marie serait
téléguidé par le Hezbollah. Là encore, on perdra du temps à
« réagir » à l’accusation... Autant la duperie est sournoise,
autant la réaction semble ingénue.
L’annonce récente des « mesures d’allégement du
blocus » de Gaza (qui continue, notons-le, d’être bombardée) a
eu le don d’alimenter la rhétorique médiatique et de dévier
l’attention. Cette combine visait à rehausser l’image de
l’occupant suite à l’agression contre la flottille humanitaire
turque. Tel porte-parole sioniste déclare avec cynisme que « 150
camions remplis de nourriture » entrent par jour dans la bande
de Gaza… ceux qui l’écoutent ne sont pas censés savoir qu’il y a
douze ans ce nombre était de 1800 camions par jour et
qu’entre-temps la population de ce territoire a augmenté.
Menahem Begin vous connaissez ? C’est celui qui
a dit que les Palestiniens sont des « bêtes
marchant sur deux pattes » (1982) ! (cité par Amnon
Kapeliouk, Begin and the beast, 1982) Le
sionisme s’acharne sur eux depuis 60 ans, les voue à la
servitude et l’anéantissement. On leur en veut d’abord d’être
les maîtres du sol. On leur en veut aussi parce qu’ils ont du
sang dans les veines (à revendre). Par leur présence sur la
scène, ils rappellent en permanence la nature délictueuse de
l’occupation. Ils figurent pour ainsi dire la « mauvaise
conscience » du spoliateur. Du coup, on les expulse, on les
emprisonne, on les torture, on les diabolise, on les affame, on
les bombarde, on les assassine… Décidément, l’Ouganda l’a
échappé belle.
A chaque fois, on se dit que la mesure est
comble, que le summum de l’abomination est atteint, à chaque
fois le bouchon est poussé plus loin. Encore et encore... La
destruction de maisons palestiniennes à grande échelle vous
a-t-elle horrifié ? Eh bien, on décide de démolir des villages
entiers (45 en juin dernier, dans le Naqab, abritant environ
85.000 Palestiniens). Un israélien lance sa voiture sur un
enfant palestinien et l’écrase sur le trottoir… il dit ensuite
qu’il ne l’a pas fait exprès, et l’affaire est close. Des
cimetières musulmans sont régulièrement saccagés ; d’autres sont
ratissés et transformés en parcs de jeux, jardins et parkings
(comme à Ramallah, Jaffa et près de Tel-Aviv). Le cimetière
historique de Jérusalem a été plusieurs fois profané avant de
subir l’épreuve des pelleteuses mécaniques. Il renfermait les
tombeaux des Saints de l’Islam et des martyrs de Salaheddine…
Se tromperait celui qui croirait que l’infamie a
une limite. C’est que, tout simplement, il n’y a pas de limites,
pas de garde-fou, pas de ligne rouge. Des extrémistes auxquels
vous faites comprendre que, quels que soient les excès commis,
ils seront toujours soutenus et confortés, n’ont aucune raison
de s’arrêter. Ils ont la bride sur le cou…
Les
collusions suspectes.
« S’il nous faut accepter tout ce qui est comme il est,
dans toute sa dimension tragique de non-sens radical,
comment éviter l’accusation de complicité, voire de
collaboration avec le mal »
Luc Ferry
Israël, depuis sa création, viole avec
désinvolture et de façon de plus en plus cynique les décisions
de l’ONU et les conventions internationales. Les Etats-Unis sont
le garant par excellence de cette impunité criante ; ils sont
corps et âmes acquis à la cause sioniste. Dans ce pays, le
sionisme dispose d’un instrument d’une redoutable efficacité :
l’AIPAC. Créée en 1954, cette organisation juive est
explicitement au service d’Israël et défend ses intérêts. Elle
tire son efficacité des moyens considérables dont elle dispose,
mais surtout d’une astuce que personne n’ose contester : elle
n’est pas déclarée comme lobby servant les intérêts d’un pays
étranger...
Au lendemain du fameux « 11 septembre », des
dirigeants américains avaient traité de lâches les auteurs des
attentats. On aurait aimé les voir tenir le même propos au sujet
des soldats israéliens qui se sont amusé à tirer sur un enfant
terrorisé dans les bras de son père (Mohammed al Dura), à briser
méthodiquement les bras des adolescents avec une roche, à
obliger une femme sur le point d’accoucher à rester dans sa
voiture pendant des heures en plein soleil, en gardant les
vitres fermées, etc.
Armés jusqu’aux oreilles, les soldats de
« Tsahal » ont la bride sur le cou. Ils ont le courage de gifler
des femmes âgées, de bastonner des enfants ou les utiliser à
l’occasion comme des boucliers humains (lors de l’attaque de
Gaza), de tuer des journalistes à bout portant (flottille
humanitaire, entre autres), d’assassiner de sang froid des
militants pacifistes (Rachel Corrie écrasée par un bulldozer
blindé en 2003 à Gaza). Ils ne s’en veulent pas de regarder une
gamine pleurer à coté des cadavres de ses parents (à Jenine
jadis, comme à Gaza). L’armée d’occupation a utilisé des bombes
au phosphore blanc dans ses attaques à Gaza. Le Protocole
interdisant l’utilisation d’une telle arme la considérait comme
un crime de guerre. Voila qu’on apprend qu’Israël, ayant
« refusé » de signer ce protocole, ne peut être formellement
accusé. Les choses sont simples en effet, pourquoi les
compliquer ? Lorsqu’on a la caution des Américains, on ne
s’encombre pas de scrupules.
Un parti pris
avilissant
Les actes meurtriers d’un Milosevic en Bosnie et
au Kosovo sont-ils plus ignobles que ceux que Sharon, Moufaz et
Ben Elliazer ont perpétré hier à Jenine et Ramallah, ceux de
Barak, Olmert et Netanyahu aujourd’hui à Gaza ? Sarkozy, sans
hésitation, a dit un jour du Président Ahmadinejad : « il
bafoue les idéaux et les valeurs inscrits dans la déclaration
universelle des droits de l’homme ». Mais il faut beaucoup
de cran pour importuner ces scélérats notoirement connus. Le
Tribunal Pénal International s’acharne volontiers sur Omar Al
Bachir, mais ne lui demandez pas de s’en prendre aux
commanditaires des crimes sionistes. Une juridiction qui tend –
au grand jour – à fustiger les uns et épargner les autres est un
véritable affront.
Du temps de Bush, grâce à la formule magique du
« 11 septembre », les Etats-Unis ont assumé plus que jamais le
rôle de Satan sur la scène internationale. Lui et son entourage
avaient l’aplomb de parler de combat du « Bien contre le Mal ».
On tenait un discours réducteur : le Bien devait triompher
mordicus du Mal. Si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre
nous. Pourtant, c’est avec l’arsenal fourni par les Américains
et leur soutien sans retenue que les tueries sont commises
périodiquement dans les villes palestiniennes. Que dire des
dévastations perpétrées par l’armée américaine en Irak, du
million de tués depuis 2003 ? On peine à comprendre la nécessité
de bombarder des monuments millénaires, de saccager des musées,
d’abattre à bout portant un homme et sa femme parce qu’ils
s’opposent au viol (collectif) de leur fille… Que faut-il penser
des bombardements récurrents de civils en Afghanistan et au
Pakistan ?
Ce sont toujours les mêmes qui pâtissent du
droit de veto à l’ONU, du précepte infâme des
deux-poids-deux-mesures. L’opinion mondiale et les médias
–maintenus sous anesthésie – ont fini par s’y faire. La volonté
de l’Iran d’accéder à la technologie nucléaire met en transe les
grands de ce monde. Quant à l’arsenal de l’Etat sioniste, motus
et bouche cousue ! A la demande des Etats-Unis, Israël n’a
jamais reconnu officiellement être une puissance nucléaire. C’en
est une évidemment depuis 1967. Sur un ton narquois, on nous
explique que l’Etat juif n’a pas signé le traité de
non-prolifération nucléaire (contrairement à l’Iran) et donc
n’est pas « légalement » soumis aux contrôles de l’AIEA. Si vous
n’avez pas signé, vous êtes absout : l’argument n’est-il pas
ingénieux ? Aujourd’hui, on s’apprête à serrer le cou de
l’Iran : la poigne est américaine mais c’est Israël qui manie
l’aiguillon... On voudrait détruire ce pays, héritier de grandes
civilisations, pour « découvrir » après coup qu’il ne fabriquait
pas d’armes nucléaires. Du déjà vu, non ?
Les Etats-Unis, nul ne peut en douter,
s’investissent volontiers dans des actions humanitaires massives
dans le monde (le séisme à Haïti a mobilisé l’aide d’urgence du
gouvernement et suscité la générosité du public)… Une vérité
surgit néanmoins : en deçà des frontières, les Américains sont
assurément des démocrates et respectent les droits de l’homme ;
au-delà, s’il le faut, ils se comportent avec une désinvolture
et une brutalité impitoyables. Ils n’hésitent pas à se ravaler
en s’acoquinant avec des chefs sionistes aux mains maculés de
sang. Hier, ils multipliaient les éloges en direction de Sharon
et le qualifiait d’ « homme de paix », en dépit de ses forfaits
notoires. Aujourd’hui, ils s’inclinent devant Netanyahu et
Barak. Les dirigeants arabes « alliés », quant à eux, sont
amplement responsables du rapport de force qui prévaut au
Moyen-Orient. A force de ployer sous les pressions et chantages,
ils sont désormais déconsidérés...
L’aide militaire américaine à l’Etat colonial
est considérée, tenez-vous bien, comme « un investissement à
long terme pour la paix ». Cela permet de déverser des bombes
sophistiquées sur les villes palestiniennes, en particulier
celles à guidage laser et par satellite. Mais gare à la Syrie si
elle se met dans la tête d’armer le Hezbollah. « C’est pas du
jeu » !
« Nous, les juifs,
contrôlons l’Amérique »
Les colonies juives utilisent par habitant 20
fois plus d’eau que les localités palestiniennes voisines
(rapport d’Amnesty International, juin 2010). Des Palestiniens
malades, par centaines, meurent à petit feu parce qu’on leur
refuse le droit de partir se soigner à l’étranger. Le statut de
la bande de Gaza est unique : ce n’est ni un pays indépendant,
ni un territoire occupé (stricto sensu).
C’est un vaste camp de détention à ciel ouvert, livré à la
générosité internationale. Le geôlier n’assume aucune
responsabilité vis-à-vis des prisonniers, mais s’adjuge le droit
de les bombarder régulièrement. Aucune aide humanitaire ne doit
y parvenir et ses initiateurs sont assassinés au grand jour. Si
au moins les pêcheurs pouvaient aller en mer sans essuyer les
tirs des soldats israéliens...
Dans les pays arabes et musulmans, le
ressentiment est à la mesure des injustices. Du coup, les
Etats-Unis se décident à lancer deux stations de propagande en
langue arabe : la radio Sawa et la chaîne de télévision
(satellitaire) Al hurra. Obama a même été au Caire pour clamer
« Assalam Alikoum », deux mots qui avaient soulevé une grande
ferveur... Quelque chose a-t-elle changé depuis lors ? Obama
a-t-il reconnu les horreurs commises en Irak ? A-t-il essayé
d’arrêter la colonisation de la Palestine ? A-t-il levé le
blocus inhumain sur Gaza ?... A cet égard, la réplique d’Ariel
Sharon à Shimon Péres en 2001 est assez édifiante : « Chaque
fois que nous faisons quelque chose, vous me dites que
l’Amérique fera ceci ou fera cela … Je vais vous dire quelque
chose de très clair : ne vous préoccupez pas de la pression de
l’Amérique sur Israël. Nous, les juifs, contrôlons l’Amérique,
et les Américains le savent ».
Les citoyens américains, connus pour leur
mauvaise perception des événements hors frontières, supportent
une charge morale très lourde. Ils sont indirectement impliqués,
du fait qu’ils vont aux urnes et qu’ils peuvent toujours
exprimer leur désaccord (les armes sont fournis aux frais du
contribuable). Il est vrai que les choses changent : selon un
sondage commandité par la BBC entre décembre 2009 et février
2010, 40 % « seulement » de l’opinion américaine est favorable à
la politique israélienne, contre 47 % l’année précédente...
Les Etats européens sont eux aussi complices des
menées d’Israël et confortent son sentiment d’impunité. Sur les
chaînes de télévision, par exemple, les forfaits sionistes sont
soigneusement déguisés, suivis aussitôt et sans la moindre
sensibilité morale d’une « page de sport ». L’accord de libre
échange UE-Israël, présuppose le respect des droits de l’homme
par les parties contractantes. Dans ce cas particulier, ne
s’agit-il pas d’un vœu pieux ?
Le sang et les larmes coulent depuis trop
longtemps. Les Palestiniens ne possèdent ni bombardiers, ni
missiles, ni armes bactériologiques. Ils sont agressés au
quotidien, ne comptent plus les morts et les estropiés. A la
fois courageux et vulnérables, ils affrontent (symboliquement)
des blindés de 60 tonnes avec des pierres… Israël a profité sans
vergogne du silence et de la complicité des grandes nations.
Celles-ci, à n’en pas douter, devraient rendre des comptes pour
non-assistance à peuple en danger. Le monde aurait espéré voir
ces nations prendre position en faveur des victimes, en accord
avec les règles de la morale ou par honnêteté intellectuelle...
Il a fallu qu’elles soutiennent le plus fort, accablent le plus
faible. C’est ainsi que le rapport Goldstone est discrédité, que
l’Etat colonial est exempté de ses responsabilités devant le
droit international, que les condamnations ne sont jamais
suivies de sanctions. Des Etats-Unis, les dollars affluent et
vont directement aux colonies de Cisjordanie et de Jérusalem. La
France, en avril dernier, a tenu à « honorer la mémoire » de Ben
Gourion, en lui dédiant une esplanade dans sa capitale.
Rappelons qu’entre 1947 et 1948, sous les ordres de ce criminel
de guerre (venu de Pologne), 532 villages arabes ont été
détruits, près de 15.000 Palestiniens tués, 84 % de la
population contrainte à l’exil. On est beaucoup moins horrifié
par les tueries commises par l’Etat juif que par la bénédiction
accordée par les dirigeants occidentaux.
L’attaque irresponsable du bateau turc dans les
eaux internationales a provoqué, contre toute attente, une prise
de conscience à l’échelle mondiale. Les citoyens du monde épris
de justice et moralement libres sont appelés à prendre les
devants, à l’instar de ceux qui ont triomphé jadis de
l’apartheid. Vu le rapport de force, la résistance héroïque des
Palestiniens ne peut suffire. Il s’agit de retrouver sa dignité,
de mettre le holà au terrorisme d’Etat qui a trop duré. Des
artistes déclineront les invitations ou annuleront leurs
représentations en Israël, des institutions financières
arrêteront d’investir dans son industrie, de plus en plus de
produits provenant des colonies seront boycottés… A l’heure
actuelle, 150 artistes irlandais lancent une campagne de boycott
de l’Etat juif pour protester contre ses agissements meurtriers
en Palestine. Le crime se retournera contre ceux qui l’ont
commis.
Les juifs en terre
d’Islam
Un Etat binational mêlant les deux peuples ? Au
point où on en est, c’est peut-être une solution… Encore faut-il
reconnaître les crimes perpétré depuis 60 ans, restituer les
terres volées, indemniser les victimes, permettre le retour des
familles exilées, instaurer la justice. Nul ne dira que c’est
facile, mais c’est la condition sine qua non.
Ici, trois déclarations caractéristiques (et
sans masque) méritent mention : « Nous réduirons la population
arabe à une communauté de coupeurs de bois et de serveurs » (Uri
Lubrani, 1960). « Nous devons tuer tous les
palestiniens à moins qu’ils ne soient résignés à vivre en tant
qu’esclaves » (Chairman Heilbrun, 1987). « Tuer
n’est pas un crime si les victimes ne sont pas juives » (le
rabbin Yitzhak Ginsburg, 1989)… Aujourd’hui, à la lumière de ces
discours haineux, nous voyons ce que les juifs font aux
Palestiniens et l’histoire n’a de cesse de se rappeler à nous.
Comment les juifs vivaient-ils jadis en terre d’Islam ? Voici
une bribe d’histoire.
En Espagne et Portugal musulmans (Al Andalus du
VIIIè au XVè siècles), la minorité juive – auparavant combattue
et persécutée – avait droit à la protection et la sécurité,
occupait dans la société une place reconnue et stable. Alors que
le roi wisigoth (de 680 à 687) se proposait d’extirper « la
peste judaïque », les Musulmans assuraient aux juifs des droits
effectifs, une liberté de culte et de pensée jusque-là inconnue.
On retrouve le même climat de tolérance et
d’humanité dans l’Empire ottoman (XIVè au XXè siècles) : les
juifs y trouvaient une terre d’accueil favorable à leur
épanouissement économique, culturel et religieux. On raconte que
des négociateurs européens avaient fait pression sur le pouvoir
ottoman pour que les juifs soient écartés du commerce
international. Mais la requête fut refusée… Sur l’île de
Buyukada, au large d’Istanbul, le touriste aujourd’hui peut voir
les magnifiques résidences d’été occupées jadis par la
bourgeoisie juive. C’est assez significatif de l’atmosphère de
bienveillance et de concorde exemplaires qui régnait à l’époque…
On s’aperçoit vite que le sionisme est une
calamité pour les juifs eux-mêmes (voir :
www.nkusa.org).
(1) Qu’en on juge par les
déclarations de ces leaders sionistes : « Nous devons utiliser
la terreur, les assassinats, l’intimidation, la confiscation des
terres et l’arrêt de tous les programmes sociaux afin de
débarrasser la Galilée de sa population arabe » (Israël Koenig,
in The Koenig
mémorandum, 1976 -
www.historyofisrael.info) ;
« Les palestiniens seront écrasés comme des sauterelles et leurs
têtes éclatés contre les rochers et les murs » (Yitzhak Shamir,
19/06/88 –
www.anti-imperialisme.com) ;
« Tuer n’est pas un crime si les victimes ne sont pas juives »
(le rabbin Yitzhak Ginsburg, Journal
Jérusalem Post,
19/06/89).
Thami BOUHMOUCH
Professeur universitaire
Casablanca, Maroc
© LE GRAND SOIR - Diffusion non-commerciale
autorisée et même encouragée.
Merci de mentionner les sources.
Publié le 1er septembre 2010
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