La France était en ébullition il y a quelques
jours parce qu’il fallait défendre, à tout prix, la liberté
d’expression. Tous les médias ont rendu compte de ce procès
d’un autre âge, disait-on. La liberté d’expression était
une valeur, une de NOS valeurs...non négociable. Bien sûr,
bien sûr...
Depuis des années, je fais face à des
atteintes patentées à la liberté d’expression. Les RG
interviennent pour faire pression afin que des salles soient
retirées, des administrations universitaires, des mairies
annulent purement et simplement des invitations ou des conférences.
Le principe de la liberté d’expression ne s’applique pas
de la même façon pour tous... Bien sûr, bien sûr...
Des responsables de chaînes de télévision
interviennent quand des journalistes ont l’audace - ou
l’inconscience - de m’inviter. L’annulation tombe alors.
Cette semaine, c’est Europe 1 qui s’y met. La responsable
des programmes intervient et affirme que compte tenu de mes
prises de position sur les élections présidentielles (ah ???!)
et après les déclarations de Nicolas Sarkozy (sur les
moutons sans doute...), mon invitation n’était pas la
bienvenue. Annulation donc de l’invitation de ce mercredi.
M. Jean-Pierre Elkabbach, en fonction et en mission de
censeur, est évidemment moins en soutien de Nicolas Sarkozy
que Alain Duhamel - qui n’a plus droit à l’analyse
journalistique liée aux élections- l’est de François
Bayrou. Quelle belle hypocrisie ! Quelle belle et équitable
liberté d’expression. Bien sûr, bien sûr.
Les médias n’en parleront pas, la censure
passera. Et pourtant ! La France se réveillera bientôt
de ce sommeil des doctes censeurs et des intellectuels de
fonction. Elle se réveillera car on ne pourra plus en France
se moquer longtemps encore de citoyens qui sentent jour après
jour que l’on se moque d’eux.
Ma parole gêne, on essaie de m’empêcher
d’être entendu. Leur parole gêne et gênera de la même façon
et de façon plus large et importante encore... mais elles /
ils sont citoyens français et la France politique et
citoyenne ne pourra plus compter sans eux.
Ils donneront, de façon légale, déterminée
et sans violence, à l’univers feutré des salons politiques
parisiens ce que d’aucuns ont donné de façon à peine
symbolique sur un terrain de foot. Un “bon coup de
boule”... Et les censeurs d’aujourd’hui, n’auront
d’autre choix demain que de respecter et d’entendre les résonances
de ce coup de boule métaphorique.
Nous sommes de passage. Les réalités
politiques changeront... comme les politiciens, comme les
journalistes qui montrent si peu de respect vis-à-vis des
principes dont ils nous abreuvent tous les jours. Et
pourtant...leur avenir ne résistera pas à l’épreuve du
temps et de la cohérence.