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El Watan
Proche-Orient : Netanyahu mine le
processus de paix
T. Hocine
Photo El Watan
Mercredi 20 mai 2009
Les Israéliens plus que d’autres ont pris hier l’exacte
mesure de l’échec de la rencontre la veille à Washington entre
leur Premier ministre et le président américain. La conclusion
tient en peu de mots : désaccord sur tout. Le processus de paix
au Proche-orient avec au bout la création d’un Etat palestinien,
la colonisation israélienne ou encore le nucléaire iranien, une
menace selon les Israéliens, mais que Barack Obama relativise,
voire la minimise.
A vrai
dire, il n’y a pas lieu de s’étonner de cet échec programmé par
les Israéliens qui ont tout fait pour saboter une telle
rencontre, importante pour le président américain auteur de
nombreuses promesses et qui, selon toute vraisemblance, a
d’autres projets pour son pays. Ce que Benjamin Netanyahu refuse
d’accepter même s’il le comprend. Et c’est justement cette
analyse que retiennent la plupart des observateurs israéliens,
donnant ainsi cette nette impression que leur Premier ministre
n’a absolument rien compris et qu’il n’est plus en 1996, année
de sa première accession à ce poste, avec un comportement
belliqueux amenant alors les analystes à dire, avec un air de
mortelle dérision, qu’Israël voulait « la paix et les
territoires », par opposition bien entendu à l’offre arabe
consistant à faire la paix avec Israël en échange de son retrait
des territoires arabes. Et pour tout dire, Netanyahu n’était que
la version dure de la politique israélienne. Comme on le
constate avec la toute récente décision du ministre travailliste
de la Défense, Ehud Barak, de mettre la ville d’El Khalil sous
haute tension.
Les
autres dirigeants n’ont pas fait mieux en termes de paix, le
seul qui avait franchi le pas, a été assassiné. Il s’agit de
Yitzhak Rabbin, signataire des accords d’Oslo que ses
successeurs, aussi travaillistes que lui, se sont empressés de
renier. Et très visiblement, les choses sont en train de changer
même si Barack Obama, alors candidat à la présidentielle des
Etats-Unis, avait assuré Israël d’une espèce de continuité,
notamment sa sécurité comme cela est considéré. C’était donc une
manière d’échapper à toute forme de critique et laisser ainsi la
balle dans le camp israélien. Trois heures donc pour rien, mais
le perdant, c’est Netanyahu même si y compris dans la conception
américaine, rien n’est clair en ce qui concerne l’éventuel
processus de paix et ce qu’on appelle communément les bases de
règlement. Un universitaire israélien et expert des Etats-Unis
estime qu’« une ère nouvelle s’est ouverte dans les relations
entre Israël et Washington ». Selon lui, « le nouveau président
américain n’éprouve pas de sentiment particulier envers Israël.
Il défend ses intérêts et son approche globale du Proche-Orient
qui consiste à se rapprocher du Monde arabe, fut-ce au prix d’un
amenuisement des relations privilégiées avec Israël ». « Si
Netanyahu s’obstine dans ses options, il y a un risque de
confrontation qui se traduirait par un prix énorme pour
Israël », ajoute-t-il. Le président Obama, qui veut promouvoir
une paix régionale globale au Proche-Orient, cherche le
rapprochement avec les pays arabes, appelle à la création d’un
Etat palestinien et veut engager un dialogue avec l’Iran pour le
convaincre de renoncer à son programme nucléaire. Même sentiment
auprès d’un politologue, lui aussi israélien, qui estime que
« pour Israël, l’ère Obama n’a rien à voir avec celle de son
prédécesseur George W. Bush, mais les liens historiques
américano-israéliens, profonds et multiples ne peuvent pas être
remis en question ». Exactement ce qu’avait fait Obama avant son
élection, mais on estime du côté israélien que M. Netanyahu a
« échoué dans sa mission en manquant l’occasion de créer des
liens de confiance avec le président américain ». Pour une élue
travailliste, « en ignorant la solution de ‘’deux Etats pour
deux peuples’’ considérée par les Américains comme clef du
conflit avec les Palestiniens, M. Netanyahu compromet les
intérêts fondamentaux d’Israël ».
Particulièrement attentive à cette rencontre qui précède celle
qui la réunira à Washington avec les Etats-Unis et Israël, à la
fin de ce mois, la direction palestinienne estime que « les
déclarations d’Obama à propos de sa confirmation d’une solution
à deux Etats sont encourageantes, mais celles de Netanyahu qui
ont ignoré la solution à deux Etats et les droits légitimes du
peuple palestinien sont décevantes ». Pour le mouvement
palestinien Hamas, les déclarations du président américain « non
accompagnées de pressions sur l’occupant sioniste et de mesures
concrètes ne reflètent pas un changement radical de la politique
américaine envers notre peuple ». Le président palestinien doit
être reçu à la Maison-Blanche le 28 mai, deux jours après son
homologue égyptien Hosni Moubarak. Ces entretiens serviront à
préparer le discours crucial que M. Obama doit prononcer à
l’adresse du monde musulman le 4 juin en Egypte. L’on saura
alors si Israël et pas seulement Benjamin Netanyahu constituent
un réel obstacle. Il y a treize années, rappelle-t-on, Netanyahu
lui-même avait fini par au moins atténuer son discours
belliqueux. Il a dû quitter avant son terme son poste de Premier
ministre, parce que justement il gênait la politique américaine
dans la région.
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