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Oumma.com
Pakistan, une
émotion à géométrie variable
Suhail Siddiq
Photo: RIA Novosti - ©
REUTERS/ADREES LATIF
Jeudi 19 août 2010
Chacun connaît maintenant la situation du
Pakistan, nul ne peut plus l’ignorer. Le pays fait face à une
situation devenue catastrophique, à la suite des plus graves
inondations de ces quatre-vingt dernières années. De surcroît,
ces inondations sont loin d’être endiguées. On annonce déjà de
nouveaux orages dans le Nord-Ouest et au Punjab, et le risque
est grand que les fleuves débordent à nouveau. Une grande partie
des villages et des habitants se trouvent dans la vallée fertile
de l’Indus, qui est au Pakistan ce que le Nil est à l’Egypte.
Des chiffres alarmants à
la mi-août
On comptabilise 1700 morts et des centaines de
disparus, plus de 20 millions de sans-abri (soit 12% de la
population), plus de 6 millions de personnes sans eau potable et
sans nourriture. 7 millions d’enfants voient leur vie
bouleversée par un sinistre sans précédent qui a dévasté leurs
écoles et leurs villages, selon une estimation de l’Unicef.
Perdus, orphelins ou malades, ce sont les victimes les plus
vulnérables. Près de 3,5 millions d’enfants pakistanais sont
exposés à un risque élevé de maladies liées à l’eau. Dans les
régions rurales, les familles pakistanaises, souvent pauvres,
n’ont plus rien. Elles doivent lutter pour leur survie avec une
aide minimale. Pendant ces inondations il faut boire, boire
l’eau à disposition, souvent contaminée. Il n’est pas étonnant
dans ces circonstances de voir se multiplier les cas de
dysenterie, et de choléra, qui en est la forme aggravée, voire
de typhoïde ou d’hépatite (rapport de l’ONU). Les flots boueux
ont balayé des villages entiers et détruit de nombreuses
infrastructures, laissant plus de 650.000 familles sans toit,
selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de
l’ONU.
Assiettes, fourchettes,
couverts : il ne reste plus rien !
Il ne reste plus rien dans les maisons dévastées
par des pluies diluviennes. Ni habits, ni nourriture, ni
ustensiles de cuisine, ni bétail, etc... Peut-on seulement
l’imaginer ?! Les ONG distribuent des bandages et autres
fournitures de première nécessité, atténuant un tant soit peu
les difficultés du moment. Mais ce sont surtout des tentes
protectrices dont ont besoin les familles en détresse, car il
pleut sans discontinuer. L’on craint un exode massif des
populations, on parle de centaines de milliers de personnes
fuyant le désastre sur les rares routes praticables, tentant de
gagner des zones préservées.
Le Pakistan, qui s’en
émeut ? Les ONG reçoivent 40 fois moins de dons !
Les inondations catastrophiques du Pakistan
agitent le microcosme humanitaire à l’échelle internationale,
soulevant des interrogations cruciales : Pourquoi l’aide
n’arrive-t-elle pas plus vite ? Pourquoi les donateurs se
montrent-ils si frileux ?
Pourtant, plusieurs associations humanitaires
françaises ont lancé simultanément un appel aux dons pour venir
en aide aux sinistrés. Mais l’élan de solidarité en France reste
pour le moment très limité. Les dons adressés à La Croix-Rouge
française, pour ne citer qu’elle, sont plus de trente fois
inférieurs à ce qu’ils avaient été pour le séisme en Haïti (soit
à peine quelques centaines de donateurs qui ont versé 60 mille
euros en 3 jours pour le Pakistan, alors qu’Haïti a reçu 2
millions d’euros dans le même laps de temps).
Les arguments pour justifier une certaine forme
d’indifférence générale ne manquent pas, allant de la période de
récession (le don se porte moins bien), à la forte mobilisation
en faveur de Haïti en début d’année. Un élan de solidarité en
panne, qui plonge les donateurs dans la perplexité, s’inquiétant
de savoir comment leur argent va être utilisé. A ces raisons
rationnelles du non-don vient se rajouter l’excuse de la période
estivale, comme si les français n’avaient ni télévision, ni
téléphone, ni carte bleu, sur leur lieu de vacances.
Il existe malheureusement d’autres raisons,
culturelles et géopolitiques, qui font appel à des
représentations plus irrationnelles, mais très ancrées dans
l’inconscient collectif, du Pakistan.
Géographiquement et culturellement très éloigné
de l’Europe, et notamment de l’Hexagone, le Pakistan n’est pas
exactement la destination de carte postale rêvée des français.
Ses côtes n’évoquent rien comparées à celles paradisiaques de la
Thaïlande. C’est un fait, les catastrophes naturelles, suivant
l’endroit où elles s’abattent, ne suscitent pas le même
traitement de faveur de la part des bienfaiteurs du monde. Loin
des yeux, loin du cœur, un adage populaire qui se vérifie ici
aussi…
Quand les éléments se déchaînent contre l’Homme,
peut-on avancer qu’il y a des désastres plus nobles, plus
grands, plus urgents que d’autres ? Indéniablement oui, de même
qu’il y a des peuples plus puissants, plus riches, plus
médiatiques, plus politiquement correct que d’autres. Un poncif
qu’il convient néanmoins de souligner, à la vue des résultats du
sondage réalisé par le Figaro sur la mobilisation de l’opinion
française pour le Pakistan.
A la question « Etes-vous
sensible à l’appel à la solidarité en faveur des sinistrés du
Pakistan ? » une écrasante majorité de nos concitoyens ont
répondu « non » ( 75.60%), pour seulement une poignée de « oui »
(24.40%).
Comble de l’horreur, mais c’est déjà une
réalité, la catastrophe naturelle est hiérarchisée et mise en
concurrence, à l’instar d’un tsunami tuant des milliers
d’occidentaux à la veille de Noël, ou d’un séisme monstrueux
frappant le pays des déshérités du monde (Haïti), qui focalisent
pendant des semaines les projecteurs de tous les médias
occidentaux et battent des records de générosité !
Enfin, et c’est le pire, le Pakistan est associé
depuis longtemps, par ces mêmes médias, à un pays de terroristes
se doublant d’un régime corrompu, et l’implication française
dans la guerre en Afghanistan n’est pas de nature à rassurer
dans les chaumières. C’est cet odieux raccourci que nos vecteurs
d’information devraient s’employer à briser au plus vite,
pendant que des millions de vies innocentes sont en jeu !
Les sinistrés comptent
sur nous, et sur notre mobilisation générale !
Citoyens français, médias, institutions
nationales et européennes, personnalités du monde artistique et
intellectuel, la mobilisation doit être générale, car le temps
est compté.
Le sort de dizaines de millions de pakistanais
est un peu entre vos mains aujourd’hui, des familles entières en
grande souffrance espèrent nos dons, notre soutien, notre
compassion.
A cet effet, vous trouverez ci-dessous une liste
non exhaustive d’ONG à pied d’œuvre en ce moment même.
Suhail Siddiq
Collectif « Urgence Pakistan »
Pour nous contacter par Email :
urgencepakistan@gmail.com
Rejoignez notre groupe sur Facebook :
http://www.facebook.com/pages/Urgence-Pakistan/107068962683482 ?ref=sgm
Les ONG recevant vos dons :
MSF :
https://don.msf.fr/don/
Secours islamique :
http://www.secours-islamique.org/
Unicef :
http://www.unicef.fr/boutique/don/urgence-inondations-pakistan
Fédération Croix rouge - Croissant rouge :
http://donate.ifrc.org/donate_response_fr.asp
Muslim Hands :
http://www.muslimhands.fr
Actions contre la faim :
https://dons.actioncontrelafaim.org
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