Opinion
Le véritable
objectif de l'assassinat de cheikh Rafic
Hariri
Soraya
Hélou
Mercredi 20 février
2013
Le chef du Courant
du Futur cheikh Saad Hariri n’a pas été
bien inspiré dans son discours du 14
février en s’attaquant aussi ouvertement
au Hezbollah et à la Résistance. Il a
oublié qu’il a le flanc fragile et que
de son côté, depuis qu’il a pris en
charge ce Courant, après l’assassinat de
son père, le martyr Rafic Hariri, il n’a
eu de cesse de dilapider l’héritage reçu
et le capital sympathie dont il a
bénéficié. Avec des mots à la limite de
l’insulte, cheikh Saad a donc accusé de
corrompre ses partenaires au sein du
gouvernement, à commencer par le Premier
ministre Négib Mikati en passant par le
chef du CPL Michel Aoun, dans un seul
but : rester au pouvoir. Cette
accusation ne pouvait évidemment pas
rester sans réponse, tant elle est grave
sur le plan moral mais aussi sur le plan
politique et tant elle indique une
lecture totalement erronée des
événements. C’est donc le secrétaire
général du Hezbollah sayed Hassan
Nasrallah qui a choisi de répondre, dans
l’un des rares discours où il s’exprime
aussi clairement sur la situation
interne. Sayed Nasrallah a donc rappelé
la relation forte et solide, basée sur
l’appui à la Résistance face à «Israël»
et à la cause palestinienne, qui le
liait personnellement au Premier
ministre assassiné. Le sayed a ensuite
raconté comment il a tenté de poursuivre
cette relation avec cheikh Saad, qui au
départ, semblait très ouvert, avant de
renier tout ce qu’il avait accepté. Mais
le plus important est le fait que cheikh
Saad, au plus fort des négociations
dites «S-S» (via les Saoudiens et les
Syriens), avait proposé au Hezbollah
d’oublier le TSL (entre autres
promesses) à condition de lui laisser la
présidence du Conseil. Sayed Hassan a
montré le papier qui lui avait été remis
par les ministres turc et qatari des
Affaires étrangères et qui représentait
le projet d’accord global proposé par le
chef du Courant du Futur. Il a ensuite
croisé les bras, se demandant s’il
fallait appeler cela une tentative de
corruption…
Les faits sont ainsi indéniables et
montrent le peu de sérieux des
accusations portées par Saad Hariri.
Mais cela n’a pas empêché ce dernier de
poursuivre sur sa lancée, d’abord par un
tweet et ensuite par un communiqué
officiel du Courant du Futur qui nie les
faits relatés par le sayed. C’est alors
que l’un des artisans de la relation
entre cheikh Rafic Hariri et sayed
Hassan Nasrallah, le conseiller du
Premier ministre assassiné Moustapha
Nasser est intervenu. Dans une interview
à la chaîne NTV, Moustapha Nasser qui a
assisté à toutes les rencontres entre le
secrétaire général du Hezbollah et
cheikh Rafic
Hariri puis entre cheikh Saad et sayed
Nasrallah a révélé que cheikh Rafic
soutenait réellement et profondément la
Résistance contre «Israël» et il avait
promis au sayed que les armes de la
Résistance resteraient en place jusqu’à
la signature d’un compromis global avec
l’entité sioniste. Nasser a aussi
confirmé la conclusion d’un accord entre
les représentants du Hezbollah et d’Amal
et cheikh Saad Hariri à Riyad, cet
accord ayant été par la suite déchiré
par le Premier ministre de l’époque
Fouad Siniora.
Avec ces informations, le tableau
devient de plus en plus clair. On
comprend mieux pourquoi cheikh Rafic
Hariri a été assassiné en 2005, parce
que cet homme n’était pas prêt à se
lancer dans une guerre confessionnelle
contre le Hezbollah et contre les armes
de la Résistance. Selon Nasser, Rafic
Hariri aurait même déclaré à sayed
Nasrallah que si pour une raison ou une
autre, on lui demandait de désarmer le
Hezbollah, il quitterait immédiatement
le Liban pour ne pas avoir à le faire.
Cet homme aux convictions arabes bien
ancrées était donc devenu un obstacle à
l’exécution du projet diabolique de
discorde entre les sunnites et les
chiites. Il devait disparaître et être
remplacé par une personnalité qui n’a
pas ce passé de nationaliste arabe et
qui, par conséquent, est plus sensible
aux sirènes confessionnelles et moins
engagé dans la lutte contre l’entité
israélienne. Petit à petit, la vérité
est en train d’apparaître au grand jour
et il devient de plus en plus clair que
l’assassinat de Rafic Hariri avait un
objectif clair : faire basculer la
communauté sunnite dans le camp hostile
à la Syrie et à la Résistance. Il n’y a
plus que ceux qui sont aveuglés par les
réflexes communautaires et ceux qui au
départ s’inscrivent dans la politique
américaine pour ne pas voir clair dans
ce qui se passe.
Source
: moqawama.org
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