Opinion

Ahmadinejad au Liban:
de l'émotion, des symboles et des moments historiques
Soraya Hélou

Photo: Moussa Husseini

Vendredi 15 octobre 2010

En 48 heures pleines d’émotion, de rebondissements et de moments symboliques, le président iranien Mahmoud Ahmadinajad a séduit une grande partie des Libanais. Comme ils s’y attendaient, ceux-ci ont découvert un homme sincère, qui dit ce qu’il pense, qui n’hésite pas à montrer ses sentiments et qui a en même temps des qualités de tribun alliées à une vision globale et précise de l’évolution du monde et des rapports de forces. Au palais de Baabda, dans la banlieue sud, au Sérail, à Aïn Tiné ou encore au Sud et dans le campus de l’université libanaise, le président Ahamdinajad a exprimé sous toutes les formes possibles son attachement au Liban et sa conviction de l’inéluctabilité du changement des rapports de forces dans la région et de la victoire finale de la justice sur l’illégalité, la violation des droits et l’usurpation de la terre. Dans toutes ses étapes libanaises, le président iranien a aussi fait sentir à ses hôtes qu’il se sentait parmi les siens, en sécurité et entouré d’amitié, n’hésitant pas à enfreindre les règles du protocole et les consignes de sécurité pour serrer les mains et écouter les gens simples.
De cette visite historique à plus d’un titre, on retiendra plusieurs images, celle de l’arrêt du convoi présidentiel devant l’entrée du camp palestinien de Borj Brajneh pour saluer et rendre hommage à un tout un peuple déplacé, spolié et privé de sa dignité par la plus injuste des décisions occidentales. On retiendra aussi les yeux brillants de larmes du président d’une des nations les plus importantes de la planète devant l’accueil qui lui a été réservé dans la banlieue sud et son immense modestie pour s’incliner devant les jeunes prêts à mourir pour défendre leur terre. On retiendra encore ses propos surprenants devant un parterre à la fois académique et estudiantin, en rappelant que le savoir est un cadeau de Dieu, la lumière qui jaillit dans les cœurs et qui doit être au service de l’humanité. On retiendra enfin, cette longue accolade si chaleureuse entre le président de la République islamique et le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah à l’ambassade d’Iran qui avait l’air de couronner cette visite si riche en symboles.
S’il n’a pas cessé de rappeler la logique historique qui veut que les oppresseurs finissent toujours par être vaincus, le président iranien a aussi adressé un vibrant message aux Libanais pour qu’ils préservent leur unité qui est, a-t-il dit, « le symbole de la résistance et de la victoire ». Refusant d’entrer dans les ruelles obscures et confessionnelles de la politique libanaise, le président iranien n’a cessé de clamer l’appui illimité de son pays au Liban et à tous les Libanais. C’est donc un message de force, de soutien et de solidarité qu’il a adressé aux Libanais en leur répétant à plusieurs reprises que la République islamique se tiendra toujours à leurs côtés.
S’il est sans doute encore trop tôt pour analyser toutes les conséquences de cette visite, les spécialistes estiment déjà qu’il y aura « un avant et un après Ahmadinajad au Liban ». D’ailleurs, il est certain que cette visite n’aurait pas été possible il y a simplement trois ans et qu’elle est le fruit d’un processus interne, régional et international qui a permis l’élection d’un président consensuel, la formation d’un gouvernement d’unité nationale et l’adoption de « l’équation en diamant » (l’expression est du président de la Chambre Nabih Berry) : « armée-population résistance ». Le président Berry a d’ailleurs eu une phrase-clé devant son hôte iranien lorsqu’il a déclaré que « les chiites du Liban et les chiites arabes en général refusent les plans qui visent à les convaincre que le danger vient de l’Iran ». A tous les Libanais, mais aussi au monde entier, à travers les représentants de tous les médias internationaux qui ont couvert en masse sa visite au Liban, le président Ahamdinajad a rappelé que c’est Israël l’entité rajoutée dans la région et c’est d’elle et de ses protecteurs que viennent les dangers.

Article publié sur Résistance islamique au Liban

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