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Opinion
Les FL seraient en train de reconstituer
leur force
Soraya Hélou
Lundi 13 septembre 2010
Le dossier de « Bourj Abi Haïdar » clos, le Hezbollah estime
avoir déjoué un nouveau piège qui visait à l’entraîner dans des
conflits internes pour ôter toute légitimité à la résistance. Il
ne s’agissait pas tant de l’incident lui-même que de son
amplification et son exploitation immédiate par une partie de la
classe politique. L’un après l’autre, le Hezbollah avec une
grande sagesse est en train de déjouer les pièges qui lui sont
dressés. Mais il attend toujours le prochain coup. Selon des
informations parvenues au CPL, cette fois, le piège pourrait
revêtir une forme différente et la menace viendrait des Forces
libanaises qui seraient en train de se restructurer non
seulement politiquement, mais aussi militairement. L’information
n’est en fait pas nouvelle. Depuis au moins trois ans, le
commandement des Forces libanaises cherche à reconstituer sa
force militaire, étant convaincu que seules les armes ont le
dernier mot dans ce pays. Avant le 7 mai 2008, il avait envoyé
des partisans s’entraîner à l’étranger, alors que profitant de
son alliance étroite avec le Courant du Futur et avec le Premier
ministre de l’époque Fouad Siniora, il a réussi à intégrer des
centaines de partisans aux FSI, sous prétexte de rétablir
l’équilibre confessionnel dans cette institution. Ce qui lui a
donné accès aux armes et aux sessions de formation, notamment
celles données par les américains dans le cadre du programme de
coopération avec les Forces de sécurité intérieure. Il a été
naturellement plus difficile pour les Forces libanaises de
noyauter l’armée, la formation ayant un lourd contentieux avec
la troupe, mais régulièrement, le commandement de ces forces,
mène campagne contre l’armée stigmatisant ce qu’il appelle « son
inefficacité, lorsqu’il s’agit de contrer les comportements
miliciens du Hezbollah ». En réalité, l’attitude des Forces
libanaises n’est pas isolée. Elle s’inscrit dans le cadre d’un
vaste plan occidental, et plus particulièrement américain
destiné à affaiblir le Hezbollah pour servir les intérêts
d’Israël. Le secrétaire d’Etat adjoint pour les Affaires du
Moyen Orient Jeffrey Feltman l’a lui-même déclaré lors de son
témoignage devant le Congrès. Il a en effet reconnu que
l’administration américaine a dépensé 500 millions de dollars
pour ternir l’image du Hezbollah auprès des Libanais et de la
jeunesse arabe et musulmane. Où est partie cette somme ? Il est
certain que tout plan de déstabilisation du Hezbollah passe
désormais par les Forces libanaises qui constituent la formation
la plus structurée et la plus hostile à la résistance. Cette
formation bénéfice aussi des fonds d’un programme américain de
lutte contre le terrorisme et a ainsi le financement nécessaire
pour reconstituer son bras militaire. Selon le quotidien
jordanien
« Al Majd », le chef des FL Samir Geagea a battu le rappel des
anciens dirigeants FL qui s’étaient exilés après son arrestation
en avril 1994. Certains s’étaient réfugiés en Australie,
d’autres aux Etats-Unis, en Espagne et en France. Geagea aurait
rencontré ses anciennes figures des Forces libanaises qui
avaient toutes participé aux combats contre l’armée en 1991 et
qui étaient en gros chargées des opérations sécuritaires et
militaires. L’idée est de leur proposer de nouvelles missions
notamment dans la formation des jeunes recrues, puisque ces
anciens FL ont pour la plupart désormais passé la cinquantaine
et se sont plus ou moins recyclé dans la vie civile. Le
quotidien « Al Majd » rapporte aussi qu’un bateau transportant
des armes aurait récemment accosté au port de Jounieh et sa
cargaison aurait été immédiatement transportée à l’ambassade
américaine à Awkar, avant qu’une partie d’entre elle soit
acheminée vers la région de Bécharré et remise en toute
probabilité aux Forces libanaises.
En d’autres termes, les Forces libanaise seraient passées à
l’étape opérationnelle dans la reconstitution de leurs troupes
militaires, en bénéficiant de certaines complicités officielles
et elles pourraient passer au cours des prochains mois à la
seconde phase du plan de déstabilisation, qui consiste en plus
d’une campagne de dénigrement de l’armée destinée à la
neutraliser, à provoquer des incidents armés au Nord, notamment
dans la région de Tripoli, et là les informations font état
d’une certaine coopération entre les Forces libanaises et
certaines cellules salafistes, mais aussi dans le jurd de Jbeil
et le long de l’ancienne ligne de démarcation à Beyrouth,
notamment entre Aïn Remaneh et Chiyah. Le premier à avoir décelé
un tel plan a été le général Michel Aoun qui, par souci
d’épargner de nouvelles épreuves au pays et pour préserver
l’unité interne, en avait parlé au secrétaire général du
Hezbollah au cours d’une de leurs rencontres, ainsi qu’au
président syrien. L’information avait d’ailleurs filtré à la
presse et comme d’habitude, au lieu de répondre sur le contenu,
les attaques se sont multipliées sur la forme et le dossier de
l’acte d’accusation attendu a pris le pas sur toute autre
information. Mais la menace reste présente et les préparatifs
militaires semblent s’accélérer. Le Hezbollah, et avec lui, le
Liban tout entier, ne sont pas encore sortis de l’auberge. La
menace revêt plusieurs formes et la vigilance est de rigueur.
Article publié sur Résistance islamique au Liban
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