Opinion
Les difficultés
qui attendent Obama
Soraya Hélou
Samedi 10 novembre
2012
Le monde entier a poussé un soupir de
soulagement avec la réélection de Barack
Obama à la présidence des Etats-Unis.
Mais en réalité, il n’y a pas vraiment
de quoi sauter au plafond de joie.
L’ancien nouveau président a certes
montré au cours de son premier mandat
qu’il s’inscrivait dans une logique de
négociation et de refus de la guerre,
mais cela ne l’a pas empêché de faire un
usage intensif des drones, ces avions
sans pilotes manipulés à partir d’une
base militaire aux Etats-Unis qui
lancent leurs missiles au Pakistan, en
Afghanistan et un peu partout dans le
monde où les Etats-Unis considèrent
avoir des ennemis. Si pour les
Américains, l’envoi de ces drones n’est
pas considéré comme une guerre puisqu’il
n’y a pas de soldats américains sur un
sol étranger, pour les pays bombardés
c’est la violence la plus totale. De
plus, si Obama a réellement retiré ses
soldats d’Irak et s’il a amorcé le
processus de retrait d’Afghanistan, il
n’est pas forcément prêt à faire la paix
dans la région. Une petite phrase dans
son discours de la victoire est passée
quasiment inaperçue alors qu’elle est de
la plus haute importance. Obama a en
effet promis aux Américains de faire en
sorte de briser la dépendance de son
pays par rapport à l’énergie
traditionnelle. Ce qui signifie en clair
qu’il va œuvrer en faveur de
l’extraction du gaz de schiste qui
devrait, selon les estimations, combler
les besoins énergétiques des Etats-Unis
d’ici dix ans. Ce qui augure de
lendemains peu chantants pour les
émirats du Golfe et pour le royaume
wahabite qui ont bâti leur influence et
leur fortune sur l’achat par les
puissances du monde de leur pétrole. En
voulant donner aux Etats-Unis une
autosuffisance énergétique, Obama
cherche aussi à leur donner plus de
liberté sur le plan politique, dans la
gestion des affaires du monde. Ce projet
ambitieux ne devrait pas s’achever
rapidement mais si Obama tient parole,
il aura lancé un processus qui va
changer l’attitude des Etats-Unis et
leur rôle dans le monde.
De plus, s’il est clair que le
président américain avait au cours des
derniers temps, une attitude plutôt
réservée au sujet du dossier syrien, il
se pourrait qu’il soit de plus en plus
conscient du danger que représente pour
les Américains la montée en puissance
des extrémistes musulmans dans la
mouvance d’Al Qaëda. Mais cela ne
signifie pas qu’il sera plus conciliant
avec l’axe de la résistance qui continue
à être une cible privilégiée pour les
Etats-Unis et l’Occident en général.
En réalité, la vague de satisfaction
à la suite de la réélection de Barack
Obama est plus causée par la crainte de
l’arrivée d’un nouveau va-t-en-guerre
comme George W Bush à la Maison Blanche
par le maintien d’Obama. Ce dernier a en
effet beaucoup de problèmes à régler. En
tête, la crise économique, mais aussi le
blocage de la Chambre des députés qui
continue à être contrôlée par les
Républicains, et surtout l’attitude
d’"Israël" qui veut à tout prix lancer
une attaque contre l’Iran. Cela fait
beaucoup de difficultés à gérer… et
montre à ceux qui avaient encore des
illusions, que la cause palestinienne
reste le dernier souci du monde
occidental et malheureusement, n’est
plus la priorité des Arabes.
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