|
Opinion
Ahmadinejad, un chef d'Etat hors normes
Soraya Hélou
Mahmoud Ahmadinejad
Vendredi 8 octobre 2010
C’est une personnalité peu commune qui suscite les craintes de
l’Occident et l’enthousiasme des foules aspirant au changement.
En quelques années, le président de la République islamique
d’Iran est devenu un casse-tête pour les régimes occidentaux et
a soulevé une vague d’espoir dans les milieux populaires arabes
et musulmans. En l’accueillant à plusieurs reprises sur son sol,
dans le cadre des sessions annuelles de l’Assemblée générale des
Nations Unies, les Etats-Unis croyaient pouvoir le tourner en
ridicule et le discréditer. Mais aussi bien à la tribune des
Nations unies que dans certaines universités américaines qui
l’ont accueilli pour des conférences, il a créé la surprise à
cause de son franc-parler et de son discours qui dérange. Les
régimes occidentaux ont bien cherché à le diaboliser, ils ont
misé à deux reprises sur son échec à l’élection présidentielle
et ils ont même tenté de soulever les Iraniens contre lui, mais
Mahmoud Ahmadinajad est encore en fonction, et jouit même d’une
grande popularité dans son pays.
Petit, toujours en mouvement, les yeux vifs et le sourire large,
Mahmoud Ahmadinajad apparaît d’abord comme un homme jovial, qui
met tout de suite son interlocuteur à l’aise. Détenteur d’un
doctorat en génie, il peut passer sans problème d’un sujet
spécialisé à l’autre, sachant d’instinct établir un lien de
complicité avec ses interlocuteurs. Vif, il sait aussi les
déstabiliser lorsqu’ils cherchent à lui tendre des pièges.
Ahmadinajad soigne aussi son image. De condition modeste, il
tient à conserver ses habitudes d’homme pauvre. Le siège
présidentiel qu’il occupe est une bâtisse modeste alors que
l’Iran regorge d’anciens palais du Shah transformés en sièges
officiels. C’est son choix et il l‘assume jusqu’au bout. Elu
d’abord maire de Téhéran, il a réussi à gérer cette ville
immense, en établissant une sorte d’égalité entre les quartiers
aisés et ceux moins favorisés. D’ailleurs, depuis son passage à
la mairie de Téhéran, la ville est devenue d’une propreté
irréprochable, surtout pour une mégapole de cette ampleur.
Tout au long de ses années au service public, il a fait de la
lutte contre la corruption son cheval de bataille. C’est
d’ailleurs ce qui lui a valu une si grande popularité au sein
des couches défavorisées. Il met d’ailleurs souvent en avant son
mode de vie simple, en dépit des honneurs de sa fonction. Ses
détracteurs l’accusent d’ailleurs d’être populiste, mais l’homme
vit réellement dans la simplicité, refusant d’utiliser les
voitures de fonction pour ses visites aux membres de sa famille,
et rejetant les fastes et les ors des palais. Bourreau de
travail, il tient presque quotidiennement une réunion du conseil
des ministres et peut convoquer ses collaborateurs à une
soudaine réunion nocturne. On ne lui connaît pas de hobbies.
C’est un homme qui se veut entièrement dévoué à la cause qu’il
défend, celle « des opprimés face à l’Occident oppresseur ». Ses
discours qualifiés d’extrémistes dérangent justement l’Occident
protecteur d’Israël mais provoquent l’enthousiasme des foules
dans son pays et dans le monde arabo-musulman. Sa prochaine
visite au Liban est donc porteuse de nombreux symboles, dont le
plus important est sans doute destiné à Israël, qui reste à
l’origine des maux de la région.
Article publié sur Résistance islamique au Liban
Partager
Le
sommaire de Fadwa Nassar
Le dossier
Iran
Dernières mises à
jour
|