France
Hollande,
l'anti-Sarkozy...
Soraya Hélou
Mardi 8 mai 2012
Depuis dimanche 20h (heure de Paris),
la France est dotée d’un nouveau
président issu de la gauche Français
Hollande. Au moment où l’Europe traverse
une des crises les plus graves, qui
menace en tout cas la survie de la zone
euro et où en général, le monde est en
pleine période de turbulences, ce
changement est de la plus haute
importance. D’autant qu’entre Hollande
et son prédécesseur Nicolas Sarkozy, les
différences sont importantes, tant sur
le plan de la personnalité, du programme
et de la perception du pouvoir.
Autant Nicolas Sarkozy était
exhibitionniste, mettant en scène sa vie
privée, et étant un fan du show off,
autant François Hollande est discret,
pudique, se laissant peu aller à
exprimer ses sentiments en public.
Nicolas Sarkozy est aussi autoritaire,
spécialiste des grandes colères et
souvent désobligeant avec ses ministres
et ses collaborateurs, alors que
François Hollande est tout en retenue et
il l’a dit lui-même, il traitera ses
ministres en personnes responsables, non
en adjoints. Voilà déjà pour le style et
le caractère. Le programme lui, est
aussi différent. Nicolas Sarkozy est
proche des milieux financiers et des
riches, partisan de l’austérité en
Europe pour préserver le pouvoir des
banques. François Hollande est de son
côté favorable à la croissance, qui est
le contraire de l’austérité, puisqu’il
faut dépenser pour offrir des emplois et
faire tourner l’économie et donc assurer
une croissance. Il compte évoquer cette
question avec la chancelière allemande
au cours de leur premier rendez vous le
16 mai et il a obtenu le soutien de
plusieurs pays membres de l’Union
européenne dans ce sens, alors que
Sarkozy avait aligné la politique
économique de la France sur celle de
l’Allemagne. Il se peut qu’il y ait donc
des frictions, mais les deux pays ont
besoin l’un de l’autre et la France de
Hollande ne veut plus sacrifier ses
propres intérêts pour préserver le
couple franco-allemand.
Sur la scène internationale, la marge
de manœuvre est sans doute plus étroite,
mais François Hollande a déjà annoncé
qu’il compte retirer les troupes
françaises d’Afghanistan, dès la fin de
2012, alors que les troupes américaines
ont prévu de s’en retirer en 2014. Ce
sujet sera d’ailleurs abordé au cours de
la réunion du G8, puis de l’Otan et
ensuite du G20 au mois de mai. Au sujet
de la Syrie, Hollande a déclaré que s’il
y a une décision de l’Onu ou de l’Otan
pour mener une opération militaire, la
France y participera. Mais la grande
différence, c’est qu’il ne compte pas
œuvrer pour aboutir à une telle
initiative, comme le faisait son
prédécesseur. Il n’y a donc pas de
changement dans le fond, mais dans
l’approche. Ce qui est certain, c’est
que les problèmes économiques européens
s’imposent déjà comme la priorité des
priorités pour le nouveau président.
C’est d’ailleurs dans ce sens qu’il a
déclaré : "l’Europe nous attend"…
Les Français attendent donc beaucoup
de leur nouveau président. Mais ils
voulaient surtout en finir avec l’ère
Sarkozy avec son parfum de scandales
financiers et autres et surtout avec le
climat de rupture sociale et religieuse
instauré par Sarkozy, qui a aiguisé les
clivages entre les riches et les
pauvres, les musulmans et les chrétiens,
les Français de l’immigration et les
autres. C’est donc une population
française épuisée et au bord de la
fracture qui voit en Hollande celui qui
va tenter de la rassembler et qui l’a
sans doute choisi dans ce but. Un pari
difficile avec la montée en flèche de
l’extrême droite de Marine Le Pen qui,
elle, a sciemment choisi de ne pas
reporter ses voix vers Sarkozy, car elle
veut affaiblir son parti l’UMP, pour
devenir la principale représentante de
la droite et donc de l’opposition sous
le mandat de Hollande… en attendant
l’échéance présidentielle de 2017.
Nicolas Sarkozy n’a donc pas fait dans
le bilan de son quinquennat, que des
dégâts au niveau du tissu social
français, il a aussi divisé et affaiblir
son propre camp, avec sa dérive
autoritaire et sa reprise des slogans de
l’extrême droite. C’est une nouvelle
page qui s’ouvre en tout cas aujourd’hui
pour la France. Les défis sont énormes
et la période de grâce sera des plus
réduites, en raison de la crise
économique. Mais quelque part, les
Français ont voulu sanctionner un
président qui était en rupture avec
leurs problèmes. François Hollande, le
candidat ordinaire, comme il se
déclarait lui-même, a donc été choisi
parce qu’il ressemble aux Français. Mais
quel président sera-t-il pour le reste
du monde ? C’est la grande inconnue,
même si le monde lui, est en train de
changer et les nouveaux rapports de
force ne pourront que s’imposer aux
nouveaux dirigeants, quels qu’ils
soient.
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