Un personnage sensé pourrait croire
que l’image est le pur fruit de
l’imagination d’un rêveur invétéré. Elle
est pourtant le reflet de la réalité.
Sans posséder ni armes chimiques, ni
armes nucléaires, ni aviation militaire,
ni blindés ni chars sophistiqués, sayed
Hassan Nasrallah réussit, par ses seuls
propos, à terroriser l’ennemi qui a
l’une des aviations militaires les plus
performantes du monde, qui possède des
armes nucléaires et chimiques et qui
bénéficie d’un appui occidental
illimité. Pour s’en convaincre, il n’y a
qu’à consulter les médias israéliens et
les commentaires émis après l’interview
accordée par le chef du Hezbollah à la
chaîne de télévision Al Mayadin. Il est
clair que les Israéliens, responsables
politiques et militaires et simples
citoyens ont suivi avec une attention
exceptionnelle les réponses du sayed,
sans doute bien plus que les rivaux
politiques au Liban, incapables d’une
telle concentration et surtout
impuissants à trouver des arguments
logiques à lui opposer. Ce qui est sût
en tout cas, c’est que les Israéliens
ont pris au sérieux les déclarations du
secrétaire général du Hezbollah. Les
chaînes de télévision israéliennes ont
ainsi depuis mardi matin, ouvert leurs
tribunes aux commentateurs et autres
spécialistes, qui ont tous affirmé
qu’ils croyaient sayed Nasrallah
lorsqu’il déclare que le Hezbollah ne
possède pas d’armes chimiques, d’autant
que c’est interdit par la religion. De
même, la petite phrase de sayed
Nasrallah sur le fait que si les
Israéliens, comme l’a déclaré Ehud
Barak, doivent se tenir prêts à envahir
de nouveau le Liban, les moujahidins du
Hezbollah seront prêts à entrer en
Galilée, n’est pas passée inaperçue.
C’est la première fois qu’un leader
arabe ose dépasser le stade de la simple
défense pour se mettre en position
offensive. Depuis la création injuste
d’"Israël" sur la terre palestinienne,
c’est la première fois que les rôles
sont ainsi inversés. Sayed Nasrallah
avait certes commencé à changer
l’équation régionale en mettant en
exécution ses menaces de bombarder
l’intérieur israélien pendant la guerre
de 2006. Mais cette fois, il est allé
encore plus loin, ne se contentant plus
de déclarer que le Hezbollah dispose
d’une banque de cibles en "Israël" qui
lui permettra avec quelques missiles de
transformer la vie de centaines de
milliers d’"Israéliens" en enfer, il a
aussi menacé d’envoyer les moujahidins
sur la terre palestinienne occupée. Une
nouvelle offensive israélienne contre le
Liban entraînerait donc la bataille sur
la terre palestinienne occupée, alors
que jusqu’à présent toutes les guerres
israélo-arabes se sont déroulées dans
les pays arabes.
Cette nouvelle équation est de nature
à faire longuement réfléchir les
responsables israéliens qui, depuis la
guerre de 2006, multiplient les
manœuvres destinées à renforcer « le
front interne » en cas de nouvelle
guerre, sans d’ailleurs y parvenir,
puisque chaque manœuvre met en évidence
les lacunes de la défense interne. C’est
dire que l’équilibre de la terreur
établi par la résistance au
Liban avec l’ennemi israélien est
constamment en train de se renforcer et
même de tourner à l’avantage de la
première, en dépit du grand fossé entre
les deux forces au niveau des
équipements militaires. Comment une
telle situation a-t-elle pu être
atteinte ? Sayed Nasrallah l’a expliqué
lui-même, en précisant que la résistance
est en train d’utiliser les points
faibles de la puissance israélienne pour
renforcer ses propres forces. Il fallait
simplement y penser, mais surtout avoir
le courage de décider que oui, rien
n’est impossible à celui qui a la foi et
la détermination et que même celui qui
paraît très fort a des faiblesses qu’il
faut savoir exploiter.
Sayed Nasrallah ne s’est pas contenté
de déstabiliser l’ennemi israélien. Sans
avoir l’air de rien et tout en précisant
qu’il ne peut pas parler au nom de la
République islamique d’Iran, il a
déclaré que si "Israël" bombardait les
installations nucléaires iraniennes, les
Iraniens frapperaient les bases
américaines dans le Golfe. C’est clair,
net et précis. A chacun de tirer les
conclusions quoi s’imposent et d’assumer
ses responsabilités. Ce qui est sûr,
c’est que ni l’Iran, ni l’axe de la
résistance ne se laisseront faire sans
riposter. L’ère du fatalisme
arabo-musulman est définitivement
dépassée. Non seulement, l’axe de la
résistance compte réagir, mais il a
aussi les moyens de déstabiliser ses
ennemis. C’est le nouveau Moyen Orient,
voire le Nouveau monde qui est en train
de naître…