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Opinion
Lorsque la commission d'enquête se
discrédite elle-même...
Soraya Hélou
Mardi 2 novembre 2010
A mesure que le temps passe les choses deviennent plus claires.
Toutes les explications qu’avait préparées le secrétaire général
du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah pour justifier la méfiance
de la résistance à l’égard de la commission d’enquête
internationale et du TSL sont devenues inutiles depuis
l’irruption musclée d’une délégation de cette commission dans la
clinique gynécologique du dr Iman Charara. Bafouant toutes les
coutumes libanaises et musulmanes en particulier, ainsi que
toutes les règles déontologiques et le respect du secret médical
et de la vie privée, les membres de la commission internationale
ont voulu fouiller les dossiers soigneusement rangés par la
gynécologue pour se procurer les adresses, les numéros de
téléphones et même les détails privés des épouses, mères ou
filles de cadres du Hezbollah. Selon certaines informations, les
membres de la commission d’enquête auraient voulu aussi savoir à
travers les secrets des dossiers médicaux la fréquence des
visites des cadres du Hezbollah aux membres de leurs familles.
Et en même temps, alors que le Hezbollah et l’opposition en
général poursuivent leur campagne contre le contenu annoncé de
l’acte d’accusation du procureur Bellemare, la commission
d’enquête internationale a voulu frapper un coup dur, en
montrant qu’elle est en mesure d’effectuer une perquisition au
cours de la banlieue sud. En prélude sans doute à ce qui devrait
arriver après la publication de l’acte d’accusation annoncé,
lorsque certains membres du Hezbollah seraient convoqués devant
le TSL et refuseraient de répondre à cette sommation.
C’est donc en toute connaissance de cause que la délégation de
la commission d’enquête internationale a investi la clinique du
Dr Iman Charara en plein Haret Hreik croyant pouvoir ainsi faire
d’une pierre deux coups: obtenir d’une part les informations
demandées et montrer qu’elle peut agir dans le fief du
Hezbollah. C’est aussi en toute connaissance de cause et sans le
moindre remords qu’elle a choisi de violer les secrets médicaux
et de bafouer la vie privée des gens, n’hésitant pas à recourir
à des moyens illégaux et non reconnus par aucune justice dans le
monde pour faire « avancer son enquête ».
Mais c’était compter sans la colère des femmes, patientes du Dr
Charara et qui se trouvaient dans la clinique attendant leur
tour de consultation. C’était compter aussi sans la révolte de
l’ensemble de la communauté chiite et même de la plupart des
Libanais face à cette violation flagrante des coutumes locales
et du secret de la vie privée.
Par cette action, qui rappelle étrangement les perquisitions des
soldats américains en Irak ou en Afghanistan lorsqu’ils font
irruption dans les maisons ou interrompent les cérémonies
familiales sans le moindre respect pour les présents, la
commission d’enquête internationale a rendu un immense service à
ses détracteurs. Ceux-ci n’ont même plus besoin de peaufiner
leurs arguments pour chercher à convaincre l’opinion publique
libanaise, arabe et musulmane notamment, de la nécessité de se
méfier du TSL car il est politisé. C’est d’ailleurs pourquoi
sayed Nasrallah a prononcé à cette occasion son discours le plus
court, se contentant de constater les faits si clairs dans leur
évidence… Cette action d’éclat a en tout cas montré clairement
les véritables intentions des enquêteurs et à travers eux du TSL
ainsi que leur mépris pour les pratiques musulmanes et pour les
règles élémentaires du respect de l’autre. Elle a aussi
ridiculisé la démarche des enquêteurs qui cinq ans après le
début de
l’enquête continuent à chercher des numéros de téléphones et des
adresses par des moyens aussi désespérés. Qu’ils en soient
réduits après tout ce temps à utiliser de tels procédés montre
leur incapacité à trouver les éléments souhaités par les moyens
traditionnels ainsi que la pauvreté des éléments déjà en leur
possession. En voulant faire peur et impressionner la banlieue
sud, la commission d’enquête s’est totalement discréditée et a
braqué une grande partie des Libanais contre elle. Qu’elle
continue comme cela et bientôt, l’acte d’accusation annoncé ne
sera qu’une coquille vide à l’image de ceux qui le manipulent…
Article publié sur Résistance islamique au Liban
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