Plaidoyer pour la justice
« Au nom de l'homme », un film d'Andrea Canetta
Silvia Cattori
Youssef Nada
Jeudi 26 février 2009
L’œuvre émouvante du réalisateur Andrea Canetta « Au
nom de l’homme » devrait être portée à la connaissance de
millions de spectateurs. A ce jour, seules quelques milliers de
personnes ont eu le privilège de voir ce film, honnête et
sincère, qui raconte l’odyssée de Youssef Nada.
Lors de la première projection publique du film « Au
nom de l’homme » [1],
Andrea Canetta, a relevé que, malheureusement, « des
histoires, comme celle de Youssef Nada, dont les médias ne
veulent pas parler, il y en a des milliers. Elles démontrent
qu’un processus très subtil d’érosion de l’Etat de droit est en
train de se dérouler en Occident ».
Silvia Cattori :
Votre film parle de
l’histoire bouleversante d’un banquier italo-égyptien de renom,
dont la vie a basculé quand, en 1997, des journalistes peu
scrupuleux, probablement liés à des services de renseignements,
ont voulu associer son nom au terrorisme. Il s’agissait, pour
des forces alliées aux Etats-Unis, d’exagérer le phénomène du
« terrorisme », de lui donner un visage, en peignant des
croyants musulmans sous les traits du diable, pour répandre la
peur et préparer l’opinion publique aux prochaines guerres. Le
sort de Youssef Nada est devenu plus angoissant quand, après les
attentats du 11 septembre 2001, son nom a été inscrit par
l’administration Bush sur la « liste noire » de l’ONU [2].
Le grand mérite de votre film est de démontrer que cet homme si
cruellement piétiné est en réalité un homme de paix, un homme
exceptionnel. Comme le révèle la médiation que Youssef Nada a
tentée en 1989 en Afghanistan. Cet aspect paradoxal n’est-il pas
la clé du film ?
Andrea Canetta :
En effet, la tragédie de l’Afghanistan, lui, il était prêt à
l’arrêter. Sa médiation pour épargner une nouvelle guerre au
peuple afghan, était en passe d’aboutir ! Si on songe que
M. Nada avait notamment prévu la remise par les Soviétiques des
cartes indiquant les zones afghanes qu’ils avaient minées. Et
puis, quand on voit ce qui se passe, j’éprouve un sentiment
dévastateur. Car, les souffrances générées par les mutilations
que ces mines ont causées à de nombreux Afghans auraient pu être
évitées ou au moins contenues.
En lieu et place, l’action
conjointe des services secrets saoudiens et états-uniens a mis
des entraves à la médiation de M. Nada, en empêchant le
représentant afghan, qui devait conclure un accord avec les
Soviétiques, de prendre l’avion juste une heure avant qu’il ne
s’envole.
Tout cela permet de
comprendre pourquoi cet homme est là, cloué. Youssef Nada est un
homme de paix. Pour cette raison, il dérangeait.
Malheureusement cela renforce
l’idée qu’il y a des forces qui réussissent à prospérer,
économiquement et politiquement, seulement dans la guerre.
Beaucoup de gens sont complices de cette manière d’agir, par
intérêt ou par peur.
C’est une impression, je ne
pourrais le dire autrement. Mais je suis très préoccupé par
l’attitude peu claire, sinon obtuse, de la classe politique
suisse sur toute une série de faits extrêmement graves, touchant
la liberté, la souveraineté. Ce sont les symptômes gravissimes
de quelque chose qui est en train de se passer de façon subtile
et, c’est terrible à dire, quasi inéluctable.
Si l’on met en perspective
les autorisations tacites accordées à la CIA, à l’insu de la
population, pour le passage de certains transports. Si l’on y
ajoute l’affaire Tinner [3],et
le cas de Youssef Nada, j’ai l’impression que, dans notre pays,
il y a quelqu’un qui fait ce qu’il veut. Quand je dis
« quelqu’un », j’entends par là des nations très puissantes. Je
me demande si notre pays n’est pas soumis à un chantage et s’il
n’est pas, de ce fait, obligé de laisser faire.
Dans l’affaire des frères
Tinner, par exemple, le Conseil fédéral a détruit les
documents ; il s’est agi là d’un acte anticonstitutionnel
inacceptable. Il ne fallait pas détruire ces documents ! Ce sont
là des preuves qui ont été soustraites à la justice. Le Conseil
fédéral a ensuite déclaré : « Nous avons détruit ces documents
pour éviter qu’ils ne tombent dans les mains des terroristes ».
J’ai l’impression que, dans
certains cas, la classe politique suisse prend les citoyens pour
des imbéciles. Ici aussi, il s’agit d’un cas assez délicat. J’ai
le fort soupçon que les frères Tinner ont été manipulés par la
CIA pour fabriquer un faux dossier sur l’Iran, de la même façon
que cela a été fait par la CIA sur l’Irak ; et que cette vérité
devait rester secrète.
Silvia Cattori :
Quel lien y a-t-il
entre le calvaire de M. Nada, le passage des vols de la CIA et
le cas des frères Tinner ?
Andrea Canetta :
Ces trois éléments ne sont pas liées entre eux, mais je les mets
ensemble parce que, dans tous ces cas, notre pays finit par
violer ses propres principes constitutionnels et, comme par
hasard, cela se produit sous la pression d’une nation qui a
montré au monde une certaine manière d’agir.
Je trouve déconcertant le
fait que, sous les yeux de tous, un pays fabrique des mensonges
pour envahir un autre pays, ment à ses alliés, les entraînant
dans un désastre par pur intérêt. Et qu’en dépit du fait que
tout cela soit connu, le Conseil fédéral détruise des documents
qui, probablement, sont la preuve d’un autre cas en préparation,
qui semble pareil à ce que l’on a mis en pratique en Irak.
Silvia Cattori :
Comment
expliquez-vous cette soumission du gouvernement suisse ?
Andrea Canetta :
J’ai une forte propension à croire que les gouvernements ont des
échanges ambigus sur beaucoup de sujets. Un des dossiers chauds
pour la Suisse concerne les questions liées aux activités de
banques, comme l’UBS, aux Etats-Unis. Ces dossiers font l’objet
de marchandages en dehors de toute transparence ; si tu me
donnes ceci, je te laisse faire cela.
Nous savons ce qu’est le
monde politique, que ces choses se produisent. Mais tout de
même, si l’on doit aller jusqu’à renoncer à la souveraineté de
son propre pays, c’est un fait extrêmement grave. Il n’est pas
tolérable de se jouer des citoyens pour sauvegarder certains
intérêts.
Le plus préoccupant est que
nous sommes entrés dans un contexte de paranoïa liée à
l’économie et à la peur du terrorisme. Je sais à quoi je
m’expose par cette affirmation ; le terrorisme est un phénomène
exagéré, manipulé et, je le soupçonne fortement, aussi infiltré.
Silvia Cattori :
Les journalistes ne
se sont pas montrés très intéressés à éclairer ces affaires
inquiétantes. Ni à parler de la sortie de votre film ?
Andrea Canetta :
Ils sont idéologiquement conditionnés par un système médiatique
qui les utilise. La chose qui me déconcerte est que, en réalité,
les faits sur lesquels nous sommes en train de réfléchir se
déroulent sous les yeux de tous. Quand sort un film qui traite
d’un thème délicat, comme celui-là, on fait comme s’il
n’existait pas. Le silence est leur force.
Silvia Cattori :
Vous avez, vous, une
vision claire mais, en pratique, ces réalités ne sont pas si
faciles à expliquer. Tandis que les livres et les articles de
journalistes qui servent l’histoire officielle obtiennent un
large écho. Cela n’est-il pas décourageant ?
Andrea Canetta :
En fin de compte, la force d’attraction du pouvoir et le
martèlement de la propagande, cachée sous le nom d’un certain
journalisme, créent ces situations.
Je ne comprends pas s’ils
disent ce qu’ils disent et mentent parce qu’ils reçoivent un
salaire ou s’il s’agit d’échanges de faveurs. Ceux qui, par
exemple, affirment que l’Iran est une grande menace nucléaire
rapportent ce que veut le Mossad. Ainsi, des pays et des peuples
doivent être attaqués, détruits, pour garantir l’hégémonie de
certaines puissances sur une région donnée.
Je fais partie des médias,
mais j’essaye d’être très vigilant en ce qui concerne les
principes déontologiques. Je suis un réalisateur. Je regarde les
choses sous un angle humain.
Je n’arrive pas à comprendre
comment on peut rester sans s’interroger sur la version
officielle des attentats de 2001, alors que 66% des habitants de
New York, qui n’ont pas de voix, n’y croient pas [4].
Pour nombre de gens, c’est tellement évident ! C’est même perçu
comme la plus criminelle et géniale opération « Faux drapeau »
de l’histoire contemporaine. Le pourquoi et le comment de ces
évènements reste à éclaircir mais, comme le disait le juge
anti-mafia Giovanni Falcone [5],
il faut suivre les flux d’argent car les mandants laissent des
traces derrière eux, comme les limaces. Qui a beaucoup gagné
d’argent et de pouvoir depuis le 11 septembre 2001 ?
Silvia Cattori :
Hier, toutes les
portes du pouvoir s’ouvraient à Monsieur Nada. Il traitait avec
les plus importants dirigeants en Occident. Aujourd’hui, où
sont-ils passés ?
Andrea Canetta :
C’est vraiment déplaisant de constater que des personnes de
pouvoir, qui faisaient partie de son cercle d’amis et de
relations, ont pris leurs distances dès que Youssef Nada a été
calomnié. C’est l’autre aspect désagréable de ces accusations.
Dans le monde arabe, le terme terroriste est dévastateur. Pour
Youssef Nada, dans sa culture, l’accusation de terrorisme est
vraiment infamante. Je voulais intituler le film « Nous sommes
tous des terroristes », selon le postulat que, si lui est un
terroriste, alors nous le sommes tous. Mais je n’ai pas osé. Je
sentais que ce mot est la cause de trop de souffrance. Je le dis
sincèrement. Tout cela me brise le cœur.
Le film documentaire est une
forme d’expression qui permet, dans une certaine mesure, de
saisir les nuances importantes sur les vicissitudes de la vie
humaine. Dans la narration, j’ai entremêlé passé et présent
selon une architecture qui, petit à petit, dévoile le rôle
international de Youssef Nada en Orient et au Moyen Orient. Je
serais heureux si, après avoir vu ce film, les gens réalisent
que Youssef Nada est un homme de paix.
Silvia Cattori :
Quand les lumières
se rallument, on se sent un peu orphelins. Et on se demande ce
que chacun d’entre nous peut faire pour briser ce cycle
terrifiant ?
Andrea Canetta :
Il est important que les spectateurs du film découvrent la vraie
personnalité de Youssef Nada, et puissent percevoir son
honnêteté fondamentale. Et comprendre que cet homme, si
injustement puni, tient un discours civique. C’est important de
reconnaître cet aspect noble et généreux du personnage.
Je sais que Youssef Nada
souffre beaucoup des injustices que subissent des peuples qu’il
connaît bien. La privation de ses biens, ce n’est pas ce qui
compte pour lui. Pas même la perte de son prestige. Il souffre
énormément de ne plus pouvoir poursuivre ce qu’il considérait
comme sa mission : aider ses frères en difficulté au travers
d’œuvres de bienfaisance.
Silvia Cattori :
Comment expliquer ce
refus du gouvernement suisse de redonner à M. Nada sa liberté et
l’usage de ses bien ?
Andrea Canetta :
Le problème est de lui restituer son droit d’entrer en Suisse et
d’en sortir, comme n’importe quel citoyen. En réalité il vit en
Italie, mais dans une enclave à l’intérieur de la Suisse. Il
pourrait aller en Italie en empruntant le couloir international
sur le lac, en prenant un bateau. Il demande simplement le droit
de passage en Suisse. Il leur demande : « Qu’ai-je fait de
mal ? » Il a raison de faire valoir le droit de passage. C’est
une demande parfaitement légitime. Ce refus de la part de la
Suisse est emblématique d’un enjeu énorme.
Vous comprenez sur quoi
spéculent ces gens innommables, en le maintenant dans cette
situation et en gelant ses avoirs ? Ils veulent l’amener à la
banqueroute. Et alors c’en est fini. S’il fait banqueroute il ne
pourra plus jamais payer les avocats engagés à assurer sa
défense dans cet imbroglio juridique et toutes les actions en
cours s’arrêtent. Ces autorités qui le maintiennent cloué, sans
moyens de subsistance, savent pourquoi ils maintiennent ses
biens gelés. Tout cela est calculé.
Pourquoi ses avoirs sont
gelés ? Ces avoirs sont siens. Mais il ne peut rien en faire.
Pendant ce temps ils se dévaluent. M. Nada sait parfaitement que
tout ce qu’il possède effectivement, perd de sa valeur. Ses
maisons sont en train de partir en ruine précisément parce qu’on
ne lui permet pas de s’en occuper.
Silvia Cattori :
Alors quand Madame
Calmy-Rey se réfère au droit ce ne sont que des paroles en
l’air ?
Andrea Canetta :
Mais vous pensez encore que ce sont des erreurs judiciaires ?
Des erreurs d’analyse ? Non, non. Ceux qui ont mis sur pied
cette guerre au terrorisme ont tout calculé. La Suisse agit en
conséquence. Les consultants politiques sont conditionnés et
limités. C’est ce que j’ai dit tout à l’heure : la chose
déconcertante est qu’il y a des pays qui font ici ce qu’ils
veulent. Ce n’est pas une perversion de la Suisse. On comprend
que ce pays est soumis à un chantage.
Silvia Cattori :
Des puissances
exercent un chantage sur la Suisse ?
Andrea Canetta :
Je ne pense pas qu’il y ait des « squelettes dans le placard » ;
ils n’en ont même pas besoin. C’est de l’arrogance pure et
simple. Quand Youssef Nada m’a demandé : « Désormais, qui peut
les arrêter ? » j’ai répondu : « Ils peuvent seulement
s’autodétruire ».
Silvia Cattori :
Donc, Madame Calmy-Rey
ment quand elle dit que la Suisse doit appliquer les sanctions
de l’ONU ?
Andrea Canetta :
La grande habileté de tout politicien est de faire croire qu’il
travaille pour le bien de la communauté alors que, au lieu de
cela, il se soucie de sa propre carrière. Même en admettant que
Madame Calmy-Rey soit de bonne foi, en substance la Suisse est
face à un Conseil de Sécurité qui a un pouvoir unilatéral sur
les Etats membres et peut anéantir les citoyens des nations
sujettes ; comme cela s’est vu avec les listes noires.
Voilà le grand problème de la
classe politique aujourd’hui : il s’agit d’une caste au service
des pouvoirs de l’économie et de la finance. La guerre au
terrorisme est une affaire économique inimaginable, parfaite. Et
le terrorisme c’est une chose vague ; il suffit d’écrire des
articles et de diffuser des informations manipulées par les
services secrets, pour justifier des guerres et combattre des
peuples sans fin.
On fournit aux gens une
information qu’ils ne peuvent pas vérifier. Puis, quand
l’opinion publique commence à se rendre compte que la menace du
terrorisme est exagérée et qu’elle a pour résultat l’érosion des
libertés, il est facile à certains services secrets de fabriquer
un climat de tension et de manipuler un attentat avec une
opération du genre « Faux drapeau ». Cela permet de relancer la
guerre et, sous prétexte de sécurité, de justifier toutes les
dépenses astronomiques qu’elle entraîne. A chaque fois on donne
un tour de vis supplémentaire aux libertés ; et ainsi à
l’infini, jusqu’au tour de vis qui conduira au pouvoir
autoritaire absolu. Qui sont les hommes qui administrent tout
cela ? Encore une fois : souvenons-nous de ce que disait le juge
Falcone.
Pour paraphraser le titre
célèbre de Fenimore Cooper « Le dernier des Mohicans », c’est
très préoccupant de penser que M. Dick Marty [6].
apparaît comme « le dernier des politiciens » intègres. C’est le
paradoxe. Nos représentants politiques devraient être tous comme
lui honnêtes, mus par les mêmes motivations. Au lieu de cela, il
fait figure de mouche blanche.
Silvia Cattori :
Des personnes comme
vous, qui savent que M. Nada est injustement « cloué », ne
peuvent que souffrir ?
Andrea Canetta :
La mélancolie, le poids sur le cœur, sont des émotions
personnelles. Ma mélancolie est tempérée par le fait que, en
réalité, je suis heureux d’avoir rencontré cet homme profond qui
m’a ouvert les yeux sur les rapports humains, sur le monde arabe
et aussi sur l’Orient.
Youssef Nada m’a permis de
comprendre quelque chose d’important ; que l’on peut être
milliardaire et tout à la fois compatissant et humain. L’on peut
être milliardaire sans être nécessairement conditionné par les
facilités qui en découlent. Je ne le savais pas ; j’avais cette
image selon laquelle, celui qui appartient à un niveau social
très élevé est quelqu’un qui exploite les autres. J’ai compris
qu’il est possible de rester profondément simple et humain,
proche des humbles et des plus déshérités, tout en étant très
fortuné.
Silvia Cattori :
Partant de cette
atroce et douloureuse expérience, votre film permet de
comprendre que la prétendue guerre au terrorisme est en même
temps une guerre contre nos libertés. En somme, les
gouvernements n’ont jamais autant invoqué les droits de l’Homme
que depuis que, dans le cadre de cette hystérie antiterroriste,
ils les foulent aux pieds ?
Andrea Canetta :
Les droits de l’Homme peuvent être utilisés comme une arme.
Quand on pratique le deux poids deux mesures avec les droits de
l’Homme, ceux-ci deviennent un instrument de l’Occident pour
soumettre certains pays. Aller déverser nos discours sur les
droits dans les pays musulmans, désigner certains pays comme non
respectueux des droits de l’Homme et en oublier d’autres, c’est
se servir d’une arme.
L’exploitation des droits de
l’Homme est la grande habileté du totalitarisme qui est en train
de se mettre en place. Faire usage d’un certain langage
progressiste, humanitaire, qui invoque le droit, sert à
camoufler les vraies raisons qui se cachent souvent derrière ces
mots. Je n’ai pas confiance en l’ONU telle qu’elle se présente.
L’ONU ne sera-t-elle pas demain l’instrument qui permettra au
totalitarisme mondial de serrer la vis ?
Silvia Cattori :
Comment contraindre
dès lors les gouvernements à réparer l’injustice et à rendre la
liberté à des gens comme Monsieur Nada ?
Andrea Canetta :
Monsieur Nada, ainsi que tant d’autres personnes inscrites sur
la liste noire, sont innocentes et méritent des excuses
officielles et des indemnisations pour les dommages qu’elles ont
subis. L’Italie et la Suisse devraient intervenir tout de suite
pour exiger que leurs noms soient retirées de cette liste noire,
afin qu’elles puissent retrouver immédiatement leurs libertés et
l’accès à leurs biens.
Leur histoire est exemplaire
de la façon dont le concept de « Choc des civilisations » se
révèle pour ce qu’il est vraiment : non pas une analyse, mais
une stratégie politico-militaire à l’œuvre. Je pense qu’il est
important de la faire connaître car elle concerne chacun de
nous, notre démocratie et les valeurs que nous prétendons
défendre.
Silvia Cattori
Traduit de l’italien par JPH
[1]
« In the name of Man », d’Andrea Canetta, 50 ans, réalisateur
suisse italien, a été projeté au 44eme film festival « Journées
cinématographiques », de Soleure, le 20.01.09, où cet entretien
a été réalisé.
Le film original, en
italien, est disponible également en versions anglaise et
française. Toute personne intéressée à projeter « Nel nome
dell’uomo » lors de conférences ou de festivals, peut s’adresser
à :Andrea.Canetta@rtsi.ch
[2]
Voir : « L’incroyable
histoire de Youssef Nada », par Silvia
Cattori, Mondialisation, 13 juin 2008.
[3]
Voir : « Affaire
Tinner : tir de barrage contre le gouvernement »,
Swissinfo.ch, 23 janvier 2009.
[4]
Information recueillie par Andrea Canetta, à « Ground Zero »,
auprès du comité des habitants de New York.
[5]
Giovanni Falcone, né en1939 à Palerme, était un juge très connu
engagé dans la lutte anti-mafia. Il a été assassiné en mai 1992.
[6]
M. Dick Marty se montre très rigoureux sur tous ces dossiers.
Sur la question des
listes noires, il écrivait, en conclusion de son rapport de mars
2007 au Conseil de l’Europe : « La pratique
actuelle des « listes noires » de l’ONU ne bafoue pas seulement
les droits fondamentaux, en causant de flagrantes injustices à
de nombreuses personnes à l’encontre desquelles rien n’a pu être
démontré, mais décrédibilise toute la lutte internationale
contre le terrorisme, (…) »
(Voir : « Listes
noires du Conseil de sécurité des Nations Unies - Note
introductive », par Dick Marty,
rapporteur, Commission des questions juridiques
et des droits de l’homme de l’Assemblée parlementaire du Conseil
de l’Europe, 19 mars 2007. (cf. titre IV, paragraphe 13,
alinéa 2).)
Et, dans ses
déclarations à la presse, il dénonçait : « la
dangereuse érosion des droits et des libertés fondamentales qui
est en cours, même dans les enceintes mandatées pour les
protéger et les promouvoir. »
(Voir : « Dick
Marty dénonce la "liste noire" du terrorisme »,
Swissinfo.ch, 25 avril 2007.)
En ce qui concerne
cette destruction de documents par le Conseil fédéral, il a
déclaré : « Ce qui s’est passé est gravissime :
des pièces ont été soustraites à la justice et détruites à tout
jamais, alors qu’il y avait d’autres solutions. On n’a jamais
rien vu de tel dans notre pays. »
(Voir : « Dick
Marty : « Le Conseil fédéral s’est prostitué pour Les
États-Unis » »,
L’Hebdo, 29.01.2009)
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