Crimes de guerre israéliens
Gaza :
Chaque Palestinien est une cible pour l’armée israélienne
Silvia Cattori
Gaza : victimes du massacre
du 15 janvier 2008 (Zeina Biladi)
19
janvier 2008 Le nombre de Palestiniens
victimes d’arrestations et d’exécutions, à Gaza mais aussi en
Cisjordanie, ne cesse d’augmenter. Israël peut lancer sa guerre
totale contre le Hamas en toute tranquillité, interdire aux camions
de l’ONU qui transportent des produits de première nécessité
d’entrer à Gaza en manque de médicaments, d’eau, au bord de
la famine. Israël a pour cela le fervent appui des Autorités corrompues
de Ramallah et des grandes puissances.
Depuis novembre 2007, le sort des
habitants de Gaza et de Cisjordanie, est devenu encore plus
terrible. Les choses se sont dramatiquement aggravées depuis que
la collusion entre les services secrets israéliens et les
services de sécurité de M. Mahmoud Abbas s’est intensifiée.
Ces derniers espionnent ces patriotes palestiniens qui ne
renoncent pas à résister contre l’occupant, ils indiquent aux
militaires israéliens où aller les chercher.
Les grandes puissances sont
complices et apportent leur appui politique et financier à ces
officiels palestiniens basés à Ramallah qui oppriment leur
peuple. Et on se demande pourquoi les diplomates qui sont censés
représenter les Palestiniens à l’extérieur [1],
ne dénoncent pas avec clarté le fait que Messieurs Abbas et
Salam Fayyad, ne protègent pas leur peuple mais, tout au
contraire, aident les forces occupantes à le pourchasser et à le
liquider.
Il n’y a pas de doute : la
guerre lancée par Israël, qui frappe depuis plusieurs semaines
toute la population de Gaza, a été programmée dans le cadre
d’une collaboration entre les services secrets israéliens et le
gouvernement illégitime de MM. Abbas et Fayyad.
Sur les quelques 2000 cadres de la
résistance et de simples sympathisants arrêtés depuis mi juin
2007, plus de 800 auraient été enlevés par les policiers du
Fatah. *
Les services du Fatah, munis
d’armes fournies par la CIA avec l’accord d’Israël, se
livreraient à des interrogatoires sous la torture pour extorquer
des informations qui incriminent des membres de la résistance, en
coordination avec l’armée israélienne.
Environ 200 Palestiniens auraient
dû être hospitalisés, ces derniers mois, suite aux tortures
subies de la part des services de sécurité de M. Abbas,
tandis que d’autres détenus auraient été livrés aux soldats
israéliens, après leur libération.
Pour satisfaire aux demandes de
MM. Bush et Olmert, M. Fayyad avait déjà intensifié
les rafles de membres du Hamas et procédé à la fermeture de
toutes les associations caritatives du Hamas en Cisjordanie dès
novembre 2007.
L’intensification de la
collaboration, de MM. Fayyad et Abbas, avec l’occupant israélien,
est le résultat de la conférence d’Annapolis, et des dons reçus
peu après, en contrepartie de leur soumission.
« Les pays
donateurs qui ont participé à la conférence de Paris (…) ont
promis d’apporter à l’Autorité Palestinienne des aides
financières qui s’élèvent à sept milliards et demi de
dollars. Soit deux milliards de plus que celle réclamée. Cet élan
de générosité suscite beaucoup de doutes et bien des
interrogations quant au prix qu’aura à payer le peuple
palestinien en échange » écrivait Abdel Bari Atwan
dans un article intitulé : « Des
milliards pour liquider la résistance » [2]
Les images d’enfants déchiquetés
nous parviennent, jour après jour, par les sites d’information
Internet. Mais, dans les principaux médias - largement asservis
à la propagande israélienne - ces massacres sont, soit passés
sous silence, soit présentés comme des actions visant de
dangereux « terroristes » contre
lesquels Israël a le « droit de se défendre ».
Ce qui a pour effet d’innocenter Israël et les soldats de
l’armée israélienne qui les commettent.
Or, qui sont les terroristes
dangereux ? Les centaines de cadavres et de blessés
affreusement mutilés qui gisent à la morgue ou sur des lits
d’hôpital, femmes et enfants confondus ? Ou les pilotes
israéliens qui larguent les missiles sur une population à découvert ?
Voilà
ce que nous confiait, début janvier le témoin d’un massacre à
Khan Younes. [3]
C’était
affreux. Les victimes étaient des civils. Il y avait parmi les tués
cinq membres de la famille de Karima Fayyad (sans lien de parenté
avec le Ministre du même nom). Il n’y avait aucune raison de
bombarder des gens qui étaient dans leur maison. C’était un
massacre gratuit. Les avions et les chars s’attaquent à des
civils sans discontinuer. Ils arrivent, attaquent indistinctement.
Un jour c’est Rafah, puis Beit Hanoun, Magazi, Betlayia :
ils envahissent un quartier après l’autre.
Depuis plusieurs
mois leur tactique est de rentrer quelques km à l’intérieur de
Gaza avec des unités de chars et bulldozers, de s’approcher des
habitations pour contraindre les forces de police du Hamas à
sortir, à aller vers eux, en défense. Il est ensuite facile aux
drones et aux hélicoptères, qui les appuient, de massacrer tous
les combattants, avant de se retirer.
Silvia
Cattori : Après ces massacres dans quel état nerveux les
gens peuvent-il être ?
Les gens n’ont
plus de nerfs. La seule chose qui leur reste est d’attendre leur
tour. Chaque Palestinien de Gaza est une cible.
Silvia
Cattori : Les avions survolent-ils souvent votre ciel ?
C’est quotidien ;
les gens vivent dans la peur de ce qui peut leur tomber sur la tête.
On ne sait jamais où les drones et les hélicoptères vont
attaquer. Les gens sont terrorisés ; ils prient Dieu de ne
pas être la prochaine cible.
Silvia
Cattori : Il y a également des résistants qui sont tués. Y
a-t-il des espions qui indiquent aux pilotes où ils se trouvent ?
Oui, bien sûr.
Silvia
Cattori : Les chefs de la résistance ont demandé récemment
à leurs militants, de ne pas avoir de portable sur eux,
d’enlever les piles, sinon ils se trahissent eux-mêmes. Fermer
le portable n’est-il donc pas suffisant ?
Ici tout le monde
sait que les pilotes et leurs services d’interception peuvent
contrôler les mouvements des gens par les téléphones portables
même quand ils sont fermés. Avec les portables ou pas pour bien
viser et attaquer avec précision leur cible, les pilotes ont
besoin de s’appuyer sur les espions qui vivent parmi nous ici à
Gaza.
Silvia
Cattori : Les gens de Gaza savent-ils identifier ces
Palestiniens qui espionnent ?
Ils ne le savent
pas forcément avec certitude, mais il y a nombre de Palestiniens
suspectés de collaboration avec l’ennemi. Soupçonner n’est
pas une preuve suffisante.
Silvia
Cattori : Quel sens cela a-t-il de répondre aux tirs israéliens ?
De lancer des roquettes artisanales, qui ne pèsent d’aucun
poids militairement, contre des missiles ? Israël peut tous
vous massacrer, sans perte. N’est-il pas absurde de se battre à
ce niveau d’inégalité ?
Je désapprouve le
lancement de ces roquettes. On parle de 3’500 roquettes lancées
sur Sderot, qui ont blessé quelques personnes et tué une femme
qui est morte de peur. Ces roquettes ne servent qu’à faire
peur. Mais pour chaque lancement de roquette le prix à payer pour
les gens de Gaza est catastrophique.
L’armée israélienne
en a profité pour raser toutes nos cultures, nos citronniers, nos
derniers oliviers et pour démolir encore plus de maisons, tuer.
Bien sûr que l’armée israélienne en profite pour justifier
ses massacres et dire que nous sommes des terroristes, que nous
sommes une menace. Et ensuite nous avons le monde contre nous.
Silvia
Cattori : C’est ce que pensent les gens à Gaza au sujet de
ces tirs de roquettes ?
Ce sont des
sentiments mêlés. Parfois, après tant de massacres et de
vexations, atteints dans leur dignité, les gens ressentent le
besoin de quelque chose ; et ils attendent des réactions de
la part de la résistance ; une simple revanche pour racheter
leur peine, leurs morts.
Et que peut faire la résistance
pour montrer qu’elle ne laisse pas massacrer son peuple à
l’infini sans réagir ? Elle répond par des tirs de
roquettes. Ceux qui tirent savent qu’ils ne font pas le poids,
que tout cela ne sert à rien. Mais leur seule manière de
riposter, est de lancer des roquettes ou d’aller aux devant des
chars pour les empêcher d’avancer.
Silvia
Cattori : Depuis quelques semaines, Israël affirme que les
militants ont une plus grande capacité défensive, qu’ils ont
une grande quantité d’explosifs et d’armes. Vrai ou faux ?
Les gens ici
n’ont rien. Leur force n’est pas dans les armes. Elle est dans
la volonté qui anime les militants pour libérer nos territoires,
pour reconquérir nos droits. C’est quelque chose que les
soldats israéliens n’ont pas, malgré leur supériorité
militaire écrasante : la volonté de libérer leur peuple
c’est cela qui donne aux résistants leur force. Leurs armes,
c’est zéro,
Silvia
Cattori : Alors votre force, est dans ce nombre de gens qui
se sont rassemblés récemment pour exprimer leur fidélité aux
Hamas ? C’est donc tout le peuple enfermé dans ce ghetto
qui incarne la résistance !?
Exactement. Notre
peuple, en sa majorité, résiste par son attitude
d’insoumission face à l’oppression qui s’intensifie.
C’est ce que les autorités israéliennes ne comprennent pas.
Jamais les Palestiniens ne se mettront à genoux ; quitte à
devoir mourir. L’occupant ne pourra pas nous empêcher de nous
battre pour notre survie, ils peuvent toujours nous couper
l’eau, la contaminer, ne nous laisser que de l’eau salée,
priver nos enfants de nourriture, nous n’allons pas flancher.
En tant qu’êtres humains nous
n’avons pas d’autre choix que de nous battre pour notre
survie. Nous n’allons pas nous rendre et permettre à nos
agresseurs d’atteindre leurs buts inacceptables.
Depuis deux ans, Gaza a montré
que la résistance, c’est toute la population, les
collaborateurs mis à part. Toute la population est prête à
mourir pour ses droits légitimes.
Silvia
Cattori : Quand, en décembre 2007, vous avez vu une foule énorme
aller célébrer les vingt ans d’existence du Hamas malgré le
fait que celui-ci n’a rien à offrir, étiez-vous surpris [4] ?
Déjà, lors la
conférence d’Annapolis, j’étais surpris par la foule immense
qui s’était réunie pour la condamner et soutenir le Hamas.
Mais quand, j’ai vu plus de 400’000 manifestants aller fêter
les vingt ans de ce mouvement je me suis dit que, malgré les
difficultés, le Hamas et son gouvernement n’avaient rien perdu
de leur popularité.
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