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Mouvement de solidarité avec les
Palestiniens
Plaidoyer pour la liberté
d'expression et d'action
Silvia Cattori
rafahtoday.org
Mercredi 18 novembre 2009
La guerre menée par les gouvernements israéliens
successifs contre leurs voisins, depuis 1948, n’est pas
seulement militaire. C’est aussi une guerre psychologique et une
guerre de propagande dans laquelle ils sont du reste passés
maîtres. Quand les mensonges ne suffisent plus pour masquer
leurs crimes, ils se servent de la mémoire de l’Holocauste et de
l’accusation d’« antisémitisme » comme d’une arme. Cela est fort
choquant. D’autant que nos gouvernements cèdent à cette
pression. Mais quand
ce sont des mouvements progressistes, des associations de
soutien aux Palestiniens qui, en quelque sorte, intériorisent
cette propagande et en arrivent à se servir de l’anathème de l’
« antisémitisme » pour museler les voix qui touchent au cœur du
problème - le nationalisme sioniste, une idéologie raciste,
outil de destruction de la Palestine et du peuple palestinien -
cela est encore plus choquant. Le dernier exemple en date vient
de nous en être malheureusement fourni par l’Association France
Palestine Solidarité (AFPS).
L’historien Paul-Éric Blanrue,
auteur du livre « Sarkozy, Israël et les juifs », a été
récemment pris pour cible - ainsi que d’autres personnes - sur
le site dit « d’informations antifascistes » REFLEXes, dans un
article non signé intitulé « Procès Dieudonné -
Faurisson : la Cour des Miracles négationnistes !! ». Un
article de très bas étage dont l’auteur se cache derrière
l’anonymat et utilise abondamment les procédés de « culpabilité
par association » qui ont fait les beaux jours du MacCarthysme.
L’AFPS l’a, curieusement, publié sur son site officiel, sans
commentaire introductif, ce qui laisse supposer qu’elle n’avait
pas de réserves à émettre sur son contenu [1].
Au passage, dans cet article,
le physicien belge Jean Bricmont, se trouvait également mis en
cause, en ces termes, pour avoir apprécié la lecture de
l’ouvrage de Blanrue : « On retrouve même ce
livre cité en exemple par certains milieux pro-palestinien qui
ces derniers temps, au nom de l’antisionisme sont prêts à de
nombreuses compromissions tel que Jean Bricmont (…) ».
Ce dernier a réagi point par
point aux arguments de l’auteur anonyme auquel l’AFPS venait
d’offrir sa tribune. Suite à cela, l’AFPS, a mentionné qu’elle
diffusait le texte en question sur son site – au titre d’un
« droit de réponse » (que M. Bricmont, n’a pas demandé), tout en
prenant soin de préciser qu’elle n’était pas d’accord avec ses
positions (c’est nous qui soulignons) :
« Jean Bricmont souhaite que nous publiions
cette réflexion que lui inspire l’article de REFLEXes publié sur
notre site et où il est directement mentionné (…). Il va sans
dire que la publication de cet article n’engage en rien la
position de l’AFPS en la matière, qu’il s’agisse du
livre de Blanrue, de
Dieudonné, de la
conception de l’extrême droite, de
la liberté d’expression ou encore
de la gauche antifasciste...
Nous ne partageons pas les positions de
Jean Bricmont . » [2]
Or, que
dit en substance Jean Bricmont, que l’AFPS ne partage
pas ?
Au
sujet de la liberté d’expression,
M. Bricmont souligne que « défendre la liberté
d’expression de X ne signifie nullement approuver les idées de
X. Cette défense découle seulement d’une réflexion sur les
principes de droit sur lesquels repose une société
démocratique », que « dans une société réellement démocratique,
il y aura nécessairement une multiplicité d’opinions, qu’il est
impossible de les approuver toutes », mais que « l’expression de
toutes ces idées, aussi folles et mutuellement contradictoires
qu’elles soient, doit être légale. »
Au
sujet de Dieudonné, M. Bricmont
relève : « On requiert un an de prison (avec
sursis) contre Dieudonné pour un sketch. On est évidemment libre
d’estimer ce sketch de très mauvais goût, insultant, et le
condamner moralement. Mais un an de prison (même avec sursis) ?
Que répondra-t-on aux Noirs et aux musulmans qui pourraient se
sentir insultés par d’autres sketches (y compris certains
sketches de Dieudonné) ? »
Sur
Blanrue, M. Bricmont précise : « J’ai
lu le livre de Blanrue et je l’ai trouvé salutaire. Bien que
moins complet, il est un peu le « Mearsheimer et Walt »
français, en ce sens qu’il met, pour la première fois, le doigt
sur un problème fondamental de nos sociétés, à savoir
l’extraordinaire influence sur notre vie politique des réseaux
pro-israéliens (ou du lobby pro-israélien comme disent
Mearsheimer et Walt). »
S’agissant
de l’extrême droite, M. Bricmont
se demande où elle se situe vraiment aujourd’hui et se permet de
mettre en cause la bonne conscience des « antifascistes »
autoproclamés :
« J’avoue (…) avoir un petit problème avec la
notion d’extrême droite en France. Pour les « antifascistes »,
l’extrême droite, ce sont exclusivement les gens qui sont
supposés être nostalgiques de Vichy, de la monarchie, de
l’Algérie française, qui sont trop souverainistes à leur goût,
ou encore, pour certains, les « islamo-fascistes ».
Après avoir relevé que
l’apologie de la guerre, à Gaza, au Liban, en Afghanistan et en
Irak, et la défense des politiques discriminatoires d’Israël
n’ont pas été le fait de l’ « extrême droite », mais de beaucoup
de gens se situant à gauche, il ajoute :
« Si l’on veut bien élargir ainsi la notion
d’extrême droite (ce qui me semble justifié d’un point de vue
conceptuel et historique), on se rend compte que le gouvernement
français, la plupart des médias et des intellectuels, et bien
sûr, une bonne partie de la « gauche antifasciste » sont
d’extrême droite, ce qui complique considérablement la
nécessaire « lutte contre l’extrême droite ».
M. Bricmont résume ainsi sa position
(c’est nous qui soulignons) :
« Finalement,
il est regrettable de voir que des articles comme celui de
REFLEXes sont repris par des associations pro-palestiniennes
comme l’AFPS (ou Bellaciao). Bien sûr, ils ont le droit de le
faire, là n’est pas la question. Mais le fait de diffuser
certains articles plutôt que d’autres est un choix politique, et
ce choix peut être discuté. Or ce choix
signifie que la priorité, pour ces organisations, n’est pas de
défendre la liberté d’expression mais bien de hurler avec les
loups dans la dénonciation des « méchants » (Dieudonné,
Blanrue etc.)
Comment ne pas voir que le
discours sur l’holocauste est instrumentalisé pour soutenir
Israël et pour faire taire les critiques (la question n’étant
pas de « mettre en cause » l’holocauste, mais de se demander
pourquoi cet événement doit déterminer notre politique
étrangère) ? Le temps où une majorité de gens aimaient
réellement Israël, « la seule démocratie au Moyen-Orient », « la
villa au milieu de la jungle » etc. est passé.
Mais l’étape qui reste à franchir, pour
qu’une autre politique envers le Moyen-Orient soit possible, est
de libérer la parole et de faire cesser l’intimidation et la
culpabilisation à propos de tout ce qui concerne Israël et le
sionisme.
La « solidarité avec la Palestine »
commence ici, principalement dans la lutte contre les réseaux
pro-israéliens. Diffuser et
faire connaître le livre de Blanrue, ou celui de Mearsheimer et
Walt, défendre la liberté d’expression,
aider à libérer le discours et à ouvrir le débat, c’est
réellement « aider la lutte des Palestiniens », et c’est l’aider
de façon essentielle.
Nous ne devons pas montrer
aux sionistes que nous sommes « gentils », en nous
« démarquant » sans arrêt de X ou de Y qui a eu une parole trop
dure ou trop franche, mais montrer que nous
sommes libres et que le temps de l’intimidation est passé. »
* * *
Le comportement de l’AFPS
dans cette affaire est, tout à la fois, extrêmement choquant,
extrêmement révélateur, et – comme nous allons le voir - pas
vraiment surprenant. (Nous tenons d’emblée à préciser que, quand
nous disons ici « l’AFPS », nous voulons parler de ses
dirigeants, de ceux qui, dans le mouvement, définissent et
orientent ses stratégies, et non de l’ensemble de ses militants
dont nous admirons le dévouement.)
Comment peut-on accepter que
l’AFPS, une des plus importantes associations françaises de
solidarité avec la Palestine, fournisse, sans émettre de
réserves, une tribune à des personnes qui se cachent derrière
l’anonymat pour jeter le discrédit sur d’autres personnes dont
les réflexions peuvent contribuer à élargir le débat sur la
question palestinienne ? Que viennent faire ces accusations
touchant un prétendu « antisémitisme » auxquelles l’AFPS prête
voix ?
Plutôt que de s’en prendre à
des gens qui, n’en déplaise à certains, ont leur manière propre
de parler de la nature de l’État juif, plutôt que de jeter sur
eux la suspicion et d’alimenter la division, n’est-ce pas au
rassemblement de toutes les forces disponibles qu’une
association de solidarité avec la Palestine devrait se
consacrer ?
De toutes manières, se prêter
à des manœuvres ayant pour but de discréditer des voix qui
peuvent déranger certains dirigeants de la solidarité, est un
procédé peu reluisant.
Les nombreuses personnes que
les positions de l’AFPS ont choqué par le passé, et qui nous
l’ont fait savoir, se posent ici de manière plus lancinante que
jamais un certain nombre de questions, et notamment celles-ci :
Quelle politique, au juste, cette association a-t-elle jusqu’ici
suivie ? Est-ce bien à la défense de la cause palestinienne
qu’elle s’est mobilisée en priorité ? Cette politique a-t-elle
soutenu, ou a-t-elle au contraire entravé, la lutte des
Palestiniens ? Si elle n’a pas soutenu leur lutte, au bénéfice
de qui cette politique a-t-elle été menée ? Se poser ces
questions n’est pas faire le procès de l’ensemble de l’action de
l’AFPS mais centrer le débat sur ce qui compte : la lutte du
peuple palestinien et le meilleur soutien à lui apporter.
Loin de « libérer
le discours » et contribuer ainsi « de façon
essentielle » à la lutte des Palestiniens comme le propose à
juste titre M. Bricmont, l’AFPS vient au contraire de signifier
– à l’adresse de ses lecteurs et militants - son désaccord avec
lui. Ce qui laisse entendre qu’elle cautionne le texte anonyme
de REFLEXes et qu’elle continuera de désigner ceux et celles
qu’elle s’arroge le droit d’exclure, comme « antisémites »,
« négationnistes », etc. [3]
Est-ce le rôle de l’AFPS de
s’associer aux calomnies d’individus qui agissent, chez nous,
avec les mêmes méthodes que les colons juifs en Palestine : la
déshumanisation, l’exclusion ?
C’est pourtant bien la
souffrance des Palestiniens cadenassés dans des ghettos de
misère par l’occupant israélien, sous la menace permanente de
colons juifs ouvertement racistes, et sous l’oppression d’une
armée coloniale d’occupation qui les assassine sans discontinuer
sur une large échelle, qui devrait inquiéter l’AFPS. C’est
l’urgence qu’il y a à apporter remède à cette situation qui
devrait être au cœur de ses préoccupations.
C’est là bas, en Palestine,
qu’il y a un véritable danger et une véritable discrimination !
Pas chez nous ! C’est là bas, en Israël, que l’on voit à l’œuvre
un racisme généralisé ainsi qu’une ségrégation religieuse et
ethnique. C’est en Israël qu’il y a négation de l’Autre et un
gouvernement fascisant. Pas chez nous !
Ce qui devrait également
préoccuper et mobiliser l’attention de l’AFPS, c’est l’ampleur
du racisme anti-arabe et antimusulman qui s’est développé dans
nos sociétés laïques à l’instigation de ces propagandistes
pro-israéliens omniprésents, adeptes de la théorie du « choc des
civilisations » [4].
C’est l’islamophobie, entraînée par la propagation de la peur et
de la haine de l’Islam à des fins politiques. C’est la
diabolisation et la déshumanisation des musulmans et des Arabes
pour faire passer comme inévitables les crimes commis contre eux
par les armées occupantes. C’est l’usage continuel de
l’« antisémitisme » comme instrument de pression par Israël et
les organisations juives sur nos gouvernements.
Les calomnies de prétendus
« antisionistes », qui se servent de leur position au sein des
associations de défense des Palestiniens pour isoler, intimider,
diviser, exclure, et assurer leur contrôle sur l’information,
ont trop duré : elles devraient être bannies [5].
Le rôle d’une association
comme l’AFPS ne devrait-il pas être, non pas de faire écho à un
antisémitisme largement imaginaire (Jacques Attali lui-même a
admis récemment qu’il n’existe pas !), mais de s’attacher à
défendre les victimes, aussi bien de la politique criminelle de
l’État juif, que de ceux qui utilisent cette arme facile - mais
malheureusement efficace - de l’« antisémitisme », du
« négationnisme » ? Ne devrait-il pas être de soutenir
pleinement la résistance palestinienne – fut-elle incarnée par
des mouvements religieux comme le Hamas et le Djihad - et de lui
apporter un plein soutien ?
Malheureusement, l’AFPS n’a
pas joué ce rôle (du moins jusqu’à tout récemment). Il suffit
pour s’en convaincre de revoir à qui, durant ces années si
cruciales et dangereuses pour les Palestiniens, l’AFPS a
prioritairement donné la parole [6].
Nombre de militants et sympathisants que nous avons rencontrés
nous ont dit avoir vu, avec consternation et colère, l’AFPS se
cramponner à des stratégies politiques contreproductives – à des
stratégies qui répondaient point par point, aussi bien aux
intérêts très particuliers du « camp de la paix israélien »,
qu’aux intérêts personnels des dirigeants ou représentants de
l’Autorité Palestinienne (AP) et de l’OLP, que les trois quart
du peuple palestinien rejetaient car ils incarnaient la
corruption et la collaboration avec l’occupant [7].
Après les élections qui ont
porté le Hamas au pouvoir en janvier 2006, on aurait pu
s’attendre à ce que l’AFPS fasse son autocritique et change de
cap. Mais elle a continué de considérer les portes parole de
l’AP et les délégués de l’OLP comme les représentants légitimes
du peuple palestinien, tandis que des ministres du gouvernement
du Hamas [8]
ainsi que des parlementaires de ce mouvement étaient emprisonnés
et torturés en Israël avec la complicité tacite de l’AP ; et
que, plus grave encore, des résistants et de simples
sympathisants du Hamas, étaient pourchassés, torturés et
assassinés, par les Forces de sécurité de Mahmoud Abbas [9].
L’AFPS ne pouvait ignorer que, si le peuple palestinien a
accordé sa confiance au Hamas, c’est parce que celui-ci
incarnait à ses yeux la probité et la résistance à l’occupant.
Or curieusement, cette
victoire du peuple palestinien, a été ressentie comme une
catastrophe par nombre de dirigeants de l’AFPS qui soutenaient
les « laïcs » contre les « islamistes » et qui auraient voulu
voir gagner les « modérés » du Fatah. C’est en ces termes que
Bernard Ravenel, ancien président de l’Association
France-Palestine Solidarité, faisait état de son désarroi dans
un article du 22 février 2006 : « C’est
l’écroulement du monde palestinien que j’ai connu, laïque,
démocratique, “de gauche”. » [10]
Comment expliquer ce parti
pris en faveur d’un pouvoir qui amenait la cause palestinienne
au naufrage ? Parce que, en fait, l’AFPS ne
s’est jamais positionnée comme un mouvement de soutien à la
lutte de libération nationale du peuple palestinien et
sa résistance contre le nettoyage ethnique. Une lutte qui,
rappelons-le, comporte trois revendications
majeures : 1) la fin de l’occupation et de la colonisation de
toutes les terres arabes et le démantèlement du mur, 2)
l’égalité des droits des Palestiniens de 48 vivant en Israël, 3)
le droit au retour de tous les réfugiés chez eux, là d’où les
colons juifs les en ont chassés dès 1948.
Alors que les conséquences
désastreuses des pourparlers de Madrid et des Accords d’Oslo
étaient prédites par des Palestiniens lucides comme Edward Said [11] ;
alors qu’il était apparu comme évident que les compromissions de
l’Autorité palestinienne n’apporteraient que plus de souffrance
au peuple palestinien, l’AFPS a malheureusement persisté à
soutenir aveuglément le processus d’Oslo [12],
se condamnant ainsi à cantonner les militants de la solidarité
dans le rôle d’auxiliaires d’une stratégie de négociation perdue
d’avance. Une stratégie qui réduisait une lutte de libération
nationale à d’illusoires discussions permettant surtout aux
dirigeants de l’Autorité palestinienne et à leurs représentants
d’acquérir des privilèges économiques et d’asseoir leur pouvoir
avec le soutien de l’Occident et d’Israël.
L’AFPS n’a jamais voulu
entendre, par la suite, les cris d’alarme de militants lucides
qui, comme Pierre-Yves Salingue, ne pouvaient pas accepter de
voir le mouvement de solidarité avec les Palestiniens se
transformer en un mouvement « pour la Paix » [13],
alors que sa vocation était d’agir en soutien à leur lutte de
libération nationale. Salingue dénonçait cette stratégie en ces
termes : « Il s’agit d’un mouvement de soutien à
la recherche de la paix, animé par la croyance que la paix est
possible dans le double respect de l’État juif d’Israël et des
aspirations des Palestiniens. Mais l’histoire a montré que c’est
une équation impossible à résoudre parce que la logique de
l’État sioniste d’Israël est strictement antagoniste avec la
satisfaction des exigences légitimes du peuple palestinien. » [14]
Les questions posées
restaient sans réponse. Il était mal vu de critiquer le
processus d’Oslo ; mal vu de dire que le vol de la terre
palestinienne, avait commencé en 1948 ; mal vu de parler du
droit de retour des réfugiés, (car reconnaitre ce droit
remettait en cause la légitimité d’Israël dès sa fondation, et
pas seulement en ce qui concerne les territoires occupés depuis
1967). Il était mal vu de critiquer la « solution à deux États »
qui allait conduire à la reconnaissance de l’État d’Israël en
tant qu’ « État juif », à l’exclusion des Arabes palestiniens
vivant en Israël, et à la négation du droit de retour des
réfugiés chez eux ; mal vu de dénoncer le prétendu « processus
de paix » dans lequel l’AP s’enfonçait et qui permettait
manifestement à l’occupant de poursuivre à marche forcée sa
colonisation.
Cela explique pourquoi ont
été ignorés les textes émanant d’intellectuels, analystes
politiques ou militants palestiniens qui ne cadraient pas avec
la ligne suivie par l’AFPS ; textes qui condamnaient la
poursuite de négociations ne menant à rien, qui rejetaient la
fable de la « solution à deux États » et appelaient au
démantèlement de l’Autorité de Ramallah en faisant observer que
« les accords d’Oslo ont créé une nouvelle
bourgeoisie palestinienne dont les intérêts sont liés à la
poursuite de l’occupation israélienne… » [15].
Cela explique également
pourquoi ce sont des portes parole du « camp de la paix
israélien » qui ont occupé une place prépondérante dans
l’orientation politique de l’AFPS [16].
Et cela permet de comprendre pourquoi – vu l’évolution
désastreuse de la situation en Palestine depuis 2000 - les voix
de ceux qui n’ont jamais adhéré à cette ligne politique ont été
ressenties comme très dérangeantes par certains dirigeants du
mouvement de solidarité. Les accusations d’« antisémitisme »
servaient à les faire taire, ou du moins à les rendre
inaudibles.
Après le carnage à Gaza de
2008-2009, on a vu, et cela est positif, des responsables de la
solidarité modifier radicalement leur discours [17].
Mais ceux qui ont un peu de mémoire restent attentifs : ils se
souviennent que, hier encore, l’AFPS était partie prenante de
rassemblements « pour une paix juste en
Palestine-Israël » où Michel Warschawsky et Dominique Vidal
partageaient le micro avec Leila Shahid, déléguée générale de la
Palestine en France, en présence d’un public désireux de
comprendre les véritables enjeux et d’agir correctement [18].
Pourtant, les dirigeants de l’AFPS ne pouvaient ignorer qu’en
dépit de ses talents oratoires, Leila Shahid, porte parole de
l’Autorité palestinienne, n’en représentait pas moins un pouvoir
faisant les intérêts d’une petite élite affairiste qui tirait
grand profit du « processus Oslo », et que sa conception de la
lutte de libération, était aux antipodes de celle à laquelle
aspirait le peuple palestinien [19].
Elle incarnait une politique – celle de l’Autorité palestinienne
- qui ne risquait pas de mettre en cause la « légitimité »
d’Israël, ni son « droit à exister dans des frontières sûres et
reconnues » !
Pour Israël, l’Autorité
palestinienne et les représentants de l’OLP étaient le
partenaire idéal pour pouvoir poursuivre la colonisation et
l’expulsion des Palestiniens de leurs terres.
Et que dire, de cet autre
partenaire privilégié de l’AFPS : Elias Sambar, observateur
permanent de la Palestine auprès de l’UNESCO ! Fervent défenseur
d’Oslo, il n’a jamais perdu une occasion de diaboliser le Hamas,
même après la victoire de celui-ci aux élections et, plus
récemment, de l’associer aux chiites, à l’Iran, reprenant ainsi
la propagande répandue par Israël. Pour preuve que la souffrance
du peuple palestinien n’est pas son problème, après le carnage
de Gaza en 2008-2009, il a eu l’indécence de faire l’éloge, de
« cette police palestinienne, désormais unifiée,
qui a repris les choses en main » à Naplouse et Jénine. Une
police qui, excusez du peu, a été formée par le général
étatsunien Keith Dayton (U.S. security
coordinator for Israel and the Palestinian Authority) pour
liquider, en collaboration avec l’occupant, la résistance de son
propre peuple ! [20]
Et dont Bernard Kouchner - le chef de la diplomatie française,
qui a pris le relais de Washington pour défendre les intérêts de
Tel Aviv dans la région depuis la déconfiture de l’ère Bush - a
bien évidemment vanté les mérites [21].
Mais le partenaire qui a le
plus marqué de son empreinte le mouvement de solidarité est
l’Israélien Uri Avnery, fondateur de Gush Shalom
(Le Bloc de la paix), dont l’AFPS publie la chronique
hebdomadaire. Un partenaire qui campe pourtant sur des positions
incompatibles avec les objectifs de la lutte du peuple
palestinien pour sa libération nationale, notamment sur la
question du droit de retour des réfugiés : le principe raciste
« deux États pour deux peuples » est, pour
lui, la base du compromis historique et, dit-il « il
est clair que le retour de millions de réfugiés palestiniens
dans l’État d’Israël changerait complètement le caractère de
l’État contrairement aux intentions de ses fondateurs et de la
plupart de ses citoyens… » [22].
Autre signe troublant. L’AFPS
n’a pas fermement dénoncé, à notre connaissance [23],
les parlementaires européens - y compris de gauche - qui, en
2003, ont voté à la quasi unanimité l’inscription du Hamas sur
la liste terroriste [24],
donnant ainsi le feu vert à Israël pour exécuter
« préventivement » les cadres du Hamas ou du Djihad,
c’est-à-dire des résistants que ce vote a transformés en
« terroristes ». L’AFPS n’a rien dit, à notre connaissance,
quand l’Autorité illégitime de Ramallah a gelé les comptes des
organisations de charité musulmanes, privant ainsi les familles
palestiniennes les plus démunies d’une aide dont elles avaient
cruellement besoin.
Nous avons exposé dans
plusieurs articles [25]
la déception manifestée par la population palestinienne de voir
Yasser Abed Rabbo, le conseiller de feu Yasser Arafat, et la
délégation palestinienne, à Genève en 2003, promouvoir une
prétendue Initiative de paix [26]
que cette population désavouait. Nous étions sur place et avons
vu avec quel désespoir les Palestiniens assiégés les regardaient
festoyer, lors de ce carnaval, aux côtés d’officiers et généraux
israéliens, notamment l’ancien président du Shabak considéré
comme un véritable assassin. Cela se passait en cet hiver
sanglant où Israël profitait de cette mascarade, qui réunissait
tout le gratin mondial à Genève, pour lancer de meurtrières
opérations militaires, dans le district de Naplouse et à Gaza.
Pour ceux qui voyaient ce
battage diplomatique comme une nouvelle duperie, il était très
choquant de constater que l’AFPS n’avait pas condamné fermement,
dès le départ, cette énième initiative de paix, qu’Ilan Pappe -
l’un des rares Israéliens à dire les choses comme elles sont -
avait justement dénoncée et qualifiée de « bulle
de savon ».
En fournissant une tribune à
des militants israéliens internationalement très présents (Gush
Shalom, La Paix maintenant, etc) – qui,
sur toute une série de points, avaient eux l’intérêt non avoué
de consolider les acquis illégaux de l’État d’Israël et la
« normalisation » entre l’occupant et l’occupé - l’AFPS n’a pas
aidé la cause qu’elle affirme défendre. Elle n’a pas rempli le
rôle qu’un mouvement de soutien à la lutte de libération
nationale aurait dû assumer. Elle n’a pas, comme elle l’aurait
dû, soutenu la lutte définie par l’ensemble des forces
palestiniennes hostiles à l’esprit d’Oslo, et leur droit à la
résistance sous toutes ses formes, qu’elle soit armée ou
civile [27].
En 2002 et 2003, aussi bien en Cisjordanie qu’à Gaza, beaucoup
de résistants palestiniens nous ont dit leur écœurement de voir
défiler ces groupes d’internationaux venus en « mission civile »
encadrés par des notables du Fatah et du FPLP - à l’exclusion du
Hamas et du Djihad – ce qui ne faisait qu’accentuer la division,
la souffrance et les jalousies entre Palestiniens au lieu de
contribuer à leur unité.
Les Palestiniens qui ont payé
dans le sang les trahisons de l’Autorité de Ramallah [28]
ne peuvent comprendre que les principaux dirigeants du mouvement
de solidarité international aient choisi le camp des
collaborateurs et non le camp de la résistance. Pourtant, ils
avaient été avertis dès le départ ; les innombrables carnages
qui, notamment depuis 2005, ont jeté la population de Gaza dans
l’horreur auraient peut-être été évités si, dès les années 90,
les stratèges de la solidarité avaient écouté la voix des
Palestiniens qui, comme Edward Said, avaient dénoncé l’imposture
d’Oslo.
Compte tenu de ses
orientations, l’AFPS, a longtemps tergiversé au sujet de la
campagne BDS (Boycott,
Désinvestissement et Sanctions contre Israël), lancée en
2005 par la société civile, et à laquelle participent toutes les
factions nationales et islamiques palestiniennes [29].
Car l’appel BDS posait très clairement les trois revendications
fondamentales de la lutte de libération nationale palestinienne
basées sur le droit international.
La résistance de la
population de Gaza, les horreurs de décembre 2008 / janvier 2009
– plus meurtrières encore que toutes celles qu’Israël lui avait
infligées depuis 2005 [30]
- et l’onde de choc produite, ont fini par contraindre toutes
les associations de solidarité, dont l’AFPS, à s’engager sans
plus traîner les pieds dans la campagne BDS - en dépit de
l’hostilité déclarée d’Uri Avnery au boycott [31].
Cela permet d’espérer que les
choses vont aller dans le bon sens. D’autant que les fondateurs
de l’appel BDS ont clairement fait savoir qu’ils entendaient
désormais déterminer eux-mêmes le contenu de leur action, qu’il
n’était plus question pour eux de se le voir dicter de
l’extérieur ; et qu’il fallait en respecter les exigences
fondamentales : la fin de l’occupation et de la colonisation des
terres arabes et le démantèlement du mur ; l’égalité des droits
pour les Palestiniens vivant en Israël ; les droits des réfugiés
palestiniens à revenir dans leurs maisons et propriétés comme
stipulé dans la résolution 194 de l’ONU.
Coupant court aux pressions
des associations de solidarité qui réclamaient un rôle politique
de codécision - rôle qu’elles avaient pris l’habitude d’exercer
et qui leur permettait de faire le tri qui leur convenait dans
les revendications palestiniennes [32]
- Omar Barghouti, un des membres fondateurs de l’appel, nous
disait en 2007 : « Comme Palestinien, je ne peux
accepter que quiconque, dans le mouvement de solidarité, me dise
ce que je suis autorisé et ce que je ne suis pas autorisé à
proposer ou à défendre. C’est nous qui décidons ce qui est
autorisé. Même les gens qui ont des principes très solides dans
le mouvement de solidarité avec les Palestiniens sont nos
partenaires, nos camarades, mais ils ne sont pas « nous ». Ils
ne devraient pas parler à notre place comme si nous avions cessé
d’exister » [33].
En conclusion,
face aux atrocités croissantes, le mot est faible, subies
quotidiennement par le peuple palestinien, il est du devoir de
chacun de tenter tout ce qui est en son pouvoir pour y mettre
fin. La Palestine a besoin de loyauté et de l’union de toutes
les forces disponibles. Il y a déjà eu trop de victimes. Trop de
souffrances. Trop de mensonges. Trop de désinformation.
Les orientations stratégiques
du mouvement de solidarité doivent pouvoir être librement
débattues. Parler de ce qui a dysfonctionné est primordial.
Surtout quand il s’agit d’une association de l’importance de
l’AFPS qui, par le nombre de ses membres et les fonds dont elle
dispose, occupe une position prépondérante. Étouffer le débat,
c’est rendre un très mauvais service à la cause que l’on prétend
défendre. Il y a des vies en jeu en Palestine.
Quand j’y suis allée en 2002
pour la première fois, avec la curiosité d’une journaliste, je
n’avais aucun parti pris. Je voulais comprendre ce qui se
passait. J’en suis revenue désespérée et révoltée. Depuis, je
n’ai cessé de témoigner.
Les erreurs de stratégies et
les mauvais calculs se payent en larmes et en sang en Palestine.
Il m’a paru essentiel de le rappeler ; même si ce qui précède
n’a pas été facile à écrire et qu’il m’a été très douloureux
d’avoir à désigner des personnes ou des groupes.
Le temps est venu d’écouter
des voix qui apportent un autre éclairage que celui dispensé par
Uri Avnery et autres ténors du « camp de la paix » israélien ;
d’écouter ceux qui rappellent que la question palestinienne
n’est pas l’histoire d’un « conflit » [34]
mais l’histoire d’une dépossession qui exige que l’État d’Israël
rende aux Palestiniens tout ce qu’il leur a volé.
Et, si l’on veut vraiment
soutenir la cause palestinienne, on ne peut pas donner crédit à
ceux qui se servent de l’ « antisémitisme » pour étouffer le
débat. Dans cette perspective, il me paraît aussi – pour
reprendre les termes de Jean Bricmont - que « défendre
la liberté d’expression, aider à libérer le discours et à ouvrir
le débat, c’est réellement « aider la lutte des Palestiniens »,
et c’est l’aider de façon essentielle ».
Silvia Cattori Post-Scriptum
Si nous disons parfois « État juif » (et non
État d’Israël), c’est parce que cet État se revendique comme
tel.
De même, si nous disons « colons juifs » (et
non colons israéliens), c’est qu’Israël fait une distinction,
sur les documents d’identité de ses citoyens, entre citoyenneté
et nationalité. Tous les ressortissants d’Israël sont de
citoyenneté israélienne mais – bien des gens l’ignorent - la
nationalité israélienne n’existe pas sur les cartes d’identité
délivrées par l’État d’Israël. Sur la carte d’identité d’un
citoyen israélien de confession juive figure la nationalité
« Juive », alors que la nationalité des citoyens non-Juifs
d’Israël est définie comme Arabe, Druze, Russe, Turque, etc.
Notes: [1]
Voir :
http://www.france-palestine.org/article12838.html
[2]
Voir :
http://www.france-palestine.org/article12991.html
[3]
M. Bernard Ravenel, ancien président de l’AFPS, a même été
condamné en justice pour ce genre de pratique : voir « L’accusation
d’antisémitisme ne fait pas toujours recette »,
par Silvia Cattori, silviacattori.net, 23
mai 2008.
[4]
Voir : « Les
propagandistes », par Silvia Cattori,
silviacattori.net, 31 août 2005.
[5]
Voir : « Palestine :
l’ampleur de la tragédie exige un soutien sans faille »,
par Silvia Cattori, silviacattori.net, 30
janvier 2005.
[6]
Voir l’Interview de Pierre-Yves Salingue par Silvia Cattori (Partie
II - La solidarité : les racines de l’impasse),
silviacattori.net, 15 novembre 2005.
[7]
Au sujet de l’élection de Mahmoud Abbas après la mort d’Arafat,
Jean-François Legrain, chercheur en sciences politiques au CNRS,
et spécialiste du Proche-Orient, notait :
« Il y a eu 775 000 participants au vote, soit
71% des un million cent mille électeurs inscrits, qui ne
représenteraient eux- mêmes que 60% du million huit cent mille
électeurs potentiels. Ces 71% ne représentent que 43% de
l’électorat potentiel. Ce qui relativise la mobilisation de la
société palestinienne, et indique que le score de Mahmoud Abbas
n’était pas de 62% comme présenté officiellement, mais se
réduisait à 27%, soit un peu plus du quart,
seulement, de l’électorat potentiel . » (Voir :
Un avenir lourd de menaces – Conférence de J-F Legrain,
19 janvier 2005).
[8]
Voir :
« Nasser
Shaer : « Les
Palestiniens sont unis face aux sanctions »
par Silvia Cattori, Réseau Voltaire, 4 août
2006.
« Tasneem
Shaer : Mon père n’est pas un terroriste »,
par Silvia Cattori, Réseau Voltaire, 28 août
2006.
[9]
Voir :
« Un
jeune homme meurt sous la torture dans une prison palestinienne »,
par Silvia Cattori, silviacattori.net, 15
juin 2009.
« Exécution
sommaire d’un membre du Hamas filmée sur le vif »,
par Silvia Cattori, silviacattori.net, 24
mai 2007.
[10]
Voir : « Réflexions
et interrogations sur un tournant historique »,
par Bernard Ravenel, france-palestine.org,
22 février 2006.
[11]
Edward Said a été, depuis le début, celui qui a dénoncé avec le
plus de sévérité les pourparlers de Madrid et la déclaration
d’Oslo. Voir : « Edward
Said, 1935-2003 »,
theindu.com, 27 septembre 2003.
[12]
Ceux qui soutenaient ce processus véhiculaient l’illusion que la
seule voie possible était la négociation avec Israël ; et
qu’avec ces négociations (Madrid, Oslo, Camp David, les
paramètres Clinton, Taba, Genève, etc..), on pouvait obtenir
« la paix et la justice » entre Palestiniens et Israéliens.
[13]
« Collectif national pour une paix juste et
durable entre Palestiniens et Israéliens », est le nom que
s’est donné le collectif regroupant des mouvements et solidarité
et organisations politiques, dont l’AFPS, les Verts, le
Mouvement de la Paix, l’UJFP le PCF, la LCR, la LDH, le MRAP, la
FSU.
[14]
Voir l’Interview de Pierre-Yves Salingue citée sous note (6)
[15]
Voir : « Le
siège de Gaza : Un génocide au ralenti »,
Interview de Haidar Eid par Eric Ruder,
silviacattori.net, 9 mars 2009.
Voir aussi :
« Sattar
Kassem : Les Palestiniens ne se rendront jamais »,
par Silvia Cattori, silviacattori.net, 11
septembre 2006.
« Gaza
2009 : Culture de résistance versus défaite »,
par Haidar Eid, info-palestine.net, 21
février 2009
« Gaza
2009 : Il faut en finir avec l’esprit d’Oslo »,
par Haidar Eid, silviacattori.net, 16 mars
2009.
« Les
pièges de la conscience nationale palestinienne »,
par Haidar Eid, info-palestine.net, 1er
septembre 2009.
[16]
Un militant nous confiait : « Il fallait offrir
la tribune, non pas à des Palestiniens de 48 vivant sous
l’oppression coloniale et le racisme sioniste de l’État
d’Israël, ou à des résistants, mais de préférence à des
professionnels du camp de la paix israéliens ».
Or l’importance de ce camp était surfaite. Le 4 juin 2005, à
Fribourg, lors du Forum social Suisse, l’historien Ilan Pappe
avait pris la parole après un discours délirant, pour ne pas
dire indécent, d’Isabelle Avran qui avait fait la longue liste
de tous les succès de l’AFPS, alors qu’il eût fallu un peu de
modestie, en une période désespérante où la situation des
Palestiniens ne cessait de se dégrader. Ilan Pappe avait tenu un
discours moins rose, et rappelé cette vérité toujours occultée :
« Il n’y a pas de mouvement de la paix en
Israël ! Non, il n’y a pas de véritable mouvement pacifiste en
Israël. (…) Il n’y a pas de mouvement pacifiste avec lequel
négocier, par conséquent : l’occupation n’est pas à la veille de
s’arrêter. (...) Non, il n’y a pas de camp de la paix en Israël,
malheureusement… ».
[17]
Comme en témoigne, par exemple, cet article du 5 novembre 2009 :
« Michèle
Sibony et Michel Warschawski réagissent aux propos d’Une autre
voix juive pour la paix, qui, selon eux, associent
dangereusement antisionisme et antisémitisme ».
[18]
Pour mesurer l’écart entre les positions récentes de Michel
Warschawsky et sa position dans les meetings auxquels il
participait avec Leila Shahid dans les années 2003-2005, on peut
consulter, par exemple, les articles suivants :
http://www.humanite.fr/2006-02-28_International_Vivre-ensemble-en-France-et-au-Proche-Orient
http://www.mediapart.fr/club/blog/fxavier/151009/en-2003-accords-d-oslo-un-espoir-pour-warschawski-vidal-et-leila-shahid
[19]
Voici par exemple les propos ahurissants que Leila Shahid tenait
lors d’un entretien avec Bernard Ravenel, ancien président de
l’AFPS (c’est nous qui soulignons) :
« C’est la difficulté de la situation depuis le
début des négociations d’Oslo. La
décolonisation et la souveraineté n’ont pas été assurées par
l’occupant d’une manière définitive comme en Algérie,
au Vietnam ou dans d’autres pays anciennement colonisés (…) il
est évident que la responsabilité de la communauté
internationale va consister à permettre à l’Autorité
palestinienne d’assurer la vie sociale, économique et politique
de la population palestinienne, en
attendant une direction israélienne prête à négocier
sérieusement ». (Entretien publié par le magazine
« Pour la Palestine » n° 46).
Attendre que l’occupant assure la décolonisation et la
souveraineté de la Palestine ! Attendre que l’adversaire
israélien veuille bien consentir à lâcher du lest ! Qui dit
mieux ?
[20]
Voir :
« L’Autorité
palestinienne au doigt et à l’œil d’Israël »,
par Khalid Amayreh, info-palestine.net, 2
novembre 2008.
« Tuer
pour gagner son pain », par Sattar
Kassem, silviacattori.net, 13 juin 2009.
[21]
En octobre 2008, lors de sa visite en Cisjordanie, Bernard
Kouchner se félicitait des « nets progrès
accomplis par l’Autorité palestinienne dans le maintien de la
sécurité en Cisjordanie, avec l’appui de la France et de la
mission européenne EUPOL-COPPS » ( voir :
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/israel-territoires-palestiniens_413/processus-paix_2800/bernard-kouchner-est-rendu-dans-les-territoires-palestiniens-israel-03-05.10.08_66763.html)
Lors d’un point de presse faisant suite à sa visite, il
s’exclamait : « Voyez par exemple à Jénine ! Qui
a formé la police palestinienne ? Nous l’avons proposé et nous
l’avons réalisé. » (voir :
http://www.ambafrance-il.org/spip.php ?article5985).
[22]
Citation tirée de l’article « Le
droit au retour », par Uri Avnery,
palestine-solidarité.org, 14 janvier 2001.
http://www.palestine-
Pour une analyse de la
position des diverses associations du mouvement de solidarité
sur la question clé du droit au retour, voir : « Pas
de « solution juste » sans le droit au retour des réfugiés
palestiniens », par Pierre-Yves
Salingue, silviacattori.net, 22 février
2008.
Dans cet article, Pierre-Yves Salingue souligne que « …malgré
les formidables moyens déployés pour permettre à Israël d’en
finir avec l’existence du Peuple palestinien, il subsiste un
obstacle majeur à la réalisation de ce plan. Cet obstacle tient
en un mot : (les) REFUGIES. La raison en est que, par delà leur
nombre (ils sont 6 millions, près des 2/3 du Peuple palestinien)
les réfugiés palestiniens sont, par leur seule existence, la
preuve historique de l’injustice commise par l’ONU en novembre
1947 et celle de la nature coloniale irréfutable d’un État
d’Israël né, non d’une prétendue lutte de libération nationale,
mais d’une opération programmée de nettoyage ethnique. »
Le retour des réfugiés est bien la
substance de la cause palestinienne. Cet article, très
documenté, est à méditer par tous les militants de la solidarité.
[23]
Le communiqué de l’AFPS du 8 septembre 2003 intitulé « Israël
choisit la guerre totale », s’insurge
surtout contre le fait que l’Union européenne « se
refuse toujours d’appliquer le vote du Parlement européen
demandant la suspension de l’accord d’association entre l’Union
européenne et Israël » alors qu’elle « vient
en revanche de décider de sanctions contre le Hamas », ce
qui constitue un « deux poids deux mesures ».
Et il réclame en conclusion, non pas l’abrogation de ces
sanctions contre le Hamas, mais « La suspension
de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël
comme l’a voté le Parlement européen le 10 avril 2002, et pour
la suspension de toute coopération scientifique et militaire
tant qu’Israël refusera de respecter ses obligations
internationales. »
[24]
Voir : « Les
parlementaires européens ont voté un texte honteux bafouant les
droits des Palestiniens », par Silvia
Cattori et Pierre-Yves Salingue,
silviacattori.net, 15 février 2004.
[25]
Voir :
« Les
accords de Genève vus de Naplouse »,
par Silvia Cattori, silviacattori.net, 1er
décembre 2003.
« Un
plan de paix sur fond de sang et de larmes »,
par Silvia Cattori, silviacattori.net, 5
décembre 2003.
« L’"Accord
de Genève" est une erreur. », par
Silvia Cattori, silviacattori.net, 24 avril
2007.
[26]
Voir :
« Israël-Palestine :
un espoir à Genève », par Dominique
Vidal, Le Monde diplomatique, 23 octobre
2003.
« La
charrue avant les bœufs », par Silvia
Cattori, silviacattori.net, 19 octobre 2003.
[27]
Tout le monde sait qu’un peuple sans armée, munis de quelques
pétoires et explosifs artisanaux ne peut pas se battre à armes
égales face à une armée puissante qui possède des armes
modernes. Il se bat en sachant qu’il va à la mort, pour son
honneur, pour sa dignité, pour être reconnu dans son droit à
résister.
[28]
Lors de l’attaque israélienne de 2008-2009 contre Gaza, il est
apparu clairement que l’Autorité palestinienne ne faisait rien
pour l’empêcher, espérant qu’elle fasse tomber le Hamas. Et,
selon certaines informations, elle l’aurait même encouragée : « De
scandale en scandale, grâce entre autre aux mèches jetées
sournoisement par les Israéliens, la responsabilité de
l’Autorité palestinienne (AP) et de Mahmoud Abbas s’affirme de
plus en plus dans le report de l’examen du rapport Goldstone sur
les crimes israéliens contre la Bande de Gaza. Selon l’agence de
presse palestinienne "Shéhab", citant des sources à Washington,
puis relayé par le quotidien israélien Maariv, Abbas s’est plié
aux sommations israéliennes de reporter l’examen de ce rapport
par le Comité des droits de l’homme des Nations Unies lorsque
les dirigeants israéliens l’ont menacé de révéler au grand jour,
devant l’organisation onusienne et les médias internationaux son
soutien à l’offensive israélienne contre la Bande de Gaza "Plomb
durci", pour mettre fin au Hamas. » (voir : « Les
sales dessous du report de l’examen du rapport Goldstone »,
par Leila Mazboudi, almanar.com, 6 octobre
2009.)
[29]
Voir :
http://www.bdsmovement.net/ ?q=node/52#French
[30]
Après le carnage perpétré par Israël en décembre 2008 - janvier
2009 à Gaza, conscients que les militants s’étaient radicalisés,
les responsables de la solidarité ont été conduits à engager
sérieusement le mouvement dans la campagne BDS. On peut
regretter qu’ils aient attendu jusque-là car la peur, l’horreur
étaient, depuis 2005 déjà, le lot quotidien de la population de
Gaza abandonnée à son sort et qui s’attendait chaque jour au
pire. A Jabaliya, Beit Hanoun, Israël a commis des massacres,
comportant parfois plus de 100 tués, des centaines de blessés,
des opérations de l’ampleur de celle qui avait traumatisé Jénine
en 2002. Nous avions relaté de nombreux témoignages sur ces
massacres (voir :
http://www.silviacattori.net/mot34.html ?lang=fr).
Pourquoi n’avoir pas réagi, alors déjà, en adoptant
officiellement le BDS ?
Rappelons qu’Edward Saïd, en 1993 déjà, parlait de Gaza comme de
« l’endroit le plus terrifiant où j’ai jamais
été (…) épouvantablement triste à cause du désespoir et de la
misère dans lesquels les gens vivent. Je n’étais pas préparé aux
camps qui sont bien pires que tout ce que j’ai vu en Afrique du
Sud. »
[31]
Voir « Le
boycott revisité », par Uri Avnery,
Réseau Voltaire, 8 septembre 2009.
[32]
Dans un article intitulé « Après
5 ans d’Intifada et de répression : bilan et sanctions »,
publié en novembre 2005 sur le site de l’AFPS, Michèle Sibony,
vice-présidente de l’UJPF écrivait : « Le
rapport des pacifistes israéliens avec les Palestiniens occupés
les place dans le même camp que nous ici, la triangulation
stratégique définie notamment par les ccippp et construite petit
à petit dans les forum sociaux européens et mondiaux reste notre
atout majeur, mais reste aussi à concrétiser dans un véritable
travail commun, de détermination d’une véritable stratégie
commune, collectivement établie de façon tripartite et appliquée
chacun à sa place. Les choix des outils de cette stratégie sont
aussi à déterminer en commun, et s’il y avait un appel
tripartite aux sanctions, cela n’aurait-il pas plus d’efficacité
qu’un appel des Palestiniens enfermés, qui résonne sur les
incertitudes et les impuissances de l’Europe et les peurs de la
société israélienne ? »
[33]
Voir : « Omar
Barghouti : Aucun État n’a le droit d’exister comme État raciste »,
par Silvia Cattori, Réseau Voltaire, 6
décembre 2007.
[34]
Dans un récent article intitulé « Pouvons-nous
causer ? « L’industrie de la paix » au Moyen Orient »,
l’étudiant palestinien Faris Giacaman relevait à propos de la
question palestinienne : « Même le terme
« conflit » est trompeur, car il implique un litige entre deux
parties symétriques. Cela ne reflète pas la réalité, car il ne
s’agit pas d’un cas de simple malentendu ou de haine mutuelle
sur la voie vers la paix. La situation en Israël/Palestine est
celle du colonialisme, de l’apartheid et du racisme ; une
situation dans laquelle il y a un oppresseur et un opprimé, un
colonisateur et un colonisé. »
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