Sommes-nous gouvernés par des
psychopathes dangereux ?
L’astuce
du psychopathe : Faire croire que le « mal »
vient des autres (I)
Silvia Cattori

4
novembre 2007
Après avoir lu le livre « Ponérologie
Politique », Silvia Cattori a voulu s’entretenir avec son
auteur, Andrzej LOBACZEWSKI. Celui-ci étant très âgé et
malade, n’était plus à même de répondre à ses questions.
Finalement, ce sont Laura KNIGHT-JADCZYK et Henry SEE (éditeurs
du livre Ponérologie Politique) qui ont répondu à sa place. Cet
ouvrage qui fait la description du « mal » appliqué
à des fins politiques nous paraît intéressant car il nous donne
les clés nécessaires à la compréhension de phénomènes qui
souvent nous dépassent. Il décrit le « mal », sa véritable
nature, de façon très parlante, la manière dont il se répand
et détruit nos sociétés. M. Lobaczewski a longuement
observé ceux des gens au pouvoir dont l’action incarnait le
mal, il a examiné ce que la psychanalyse actuelle appelle
« troubles de la personnalité antisociale » ou
« pervers caractériels ». Non pas pervers au sens
sexuel, mais au sens moral et relationnel.
Des
dirigeants dangereux parce que psychopathes ?
Silvia
CATTORI : Voici ce qu’un
psychiatre suisse nous a confié après avoir lu « Ponérologie
politique » [1] :
« Je n’ai jamais lu nulle part ailleurs ce dont parle
Andrzej Lobaczewski, aucun livre n’a jamais traité ce sujet de
cette manière. Il m’a immédiatement été utile dans le cadre
de mon travail. Ce que M. Lobaczewski affirme sur les
comportements pervers/pathologiques — les conflits en entreprise
tout comme dans la sphère politique où l’on dénombre de plus
en plus de conflits et de plus en plus de pervers caractériels
— m’a immédiatement permis de mieux comprendre, par exemple,
le fonctionnement de ces individus qui créent des conflits au
sein de leur travail et qui, où qu’ils aillent, polluent
l’atmosphère » Cela dit, pourquoi avoir choisi un titre
aussi hermétique pour un livre qui devrait non seulement intéresser
les psychologues et les psychiatres, mais tout un chacun ?
Laura :
Tout d’abord, je tiens à dire qu’il existe un lien émotionnel
très intense entre le Dr LOBACZEWSKI et nous. Nous l’avons
contacté au sujet de l’entretien que vous vouliez réaliser. Il
est très âgé et en très mauvaise santé depuis plus d’un an.
Il regrette de ne pouvoir vous répondre personnellement ; il
a tenté de le faire, mais à l’heure actuelle, il n’a même
pas la force de rédiger plus que de brèves réponses à des
questions écrites. Et même dans ce cas, il s’épuise et son
attention se disperse au bout de quelques minutes de
concentration. Nous voulons vraiment protéger sa santé et son
bien-être, mais nous voulons aussi satisfaire aux demandes de réponses
concernant ces questions importantes. Il nous a confirmé qu’il
avait toute confiance en notre compréhension du sujet. Il a répété
ce qu’il nous a dit quand il nous a contactés pour la première
fois : à savoir qu’il cherchait quelqu’un qui allait
dans la même direction, quelqu’un à qui il pourrait remettre
son travail — en quelque sorte repasser le flambeau — de même
que tout le travail qui lui avait été transmis par d’autres.
Notre travail, répondait à ces critères.
Ceci étant dit, je vais répondre
à votre question. Pourquoi LOBACZEWSKI a-t-il choisi ce titre ?
Le premier point est qu’à
l’origine, cet ouvrage était une série de documents techniques
et universitaires provenant de sources diverses. Comme l’auteur
l’explique dans son introduction, la majeure partie de cet
ouvrage ne vient pas de lui, il en est juste le compilateur. Les
universitaires ont tendance à choisir pour leurs articles des
titres rédigés dans une terminologie abstraite, et les
scientifiques considèrent qu’il est de leur prérogative de créer
de nouveaux termes pour décrire leurs découvertes (par exemple,
l’invention de mots comme quarks, muons, leptons, etc. par les
physiciens), donc en ce sens, le titre se justifie entièrement.
Le terme « ponérologie »
est un concept théologique qui signifie « étude
du mal ». Andrzej LOBACZEWSKI le savait, et il a décidé
de récupérer et de réhabiliter ce mot pour en faire un usage
scientifique, puisqu’il se trouve que notre science ne possède
absolument aucun mot pour définir l’étude du « mal »
en tant que tel. Nous en avons pourtant besoin.
Henry :
Quand le Dr LOBACZEWSKI nous a envoyé son manuscrit, nous fûmes
stupéfaits.
Nous étions préoccupés par
cette question : pourquoi, quel que soit le niveau de bonne
volonté qui se manifeste dans le monde, y a-t-il autant de
guerres, de souffrances et d’injustices ? Peu importe les
plans, idéologies, religions ou philosophies conçus par les
grands esprits, rien ne semble améliorer notre sort. Et c’est
comme cela depuis des milliers d’années, cela ne cesse de se
perpétuer encore et encore.
Nous faisions aussi des recherches
sur le problème de la psychopathie depuis plusieurs années et
avions publié de nombreux articles sur le sujet sur nos sites Web.
Pour les besoins de la recherche, nous avions également
retranscrit une version informatique du très riche ouvrage sur la
psychopathie rédigé par le Dr Hervey CLECKLEY, The
Mask of Sanity, avec la permission des propriétaires du
copyright, cet ouvrage étant épuisé.
Étant donné la richesse et
l’importance de ce texte, nous l’avions rendu disponible
gratuitement par le biais du téléchargement. Nous avions donc
une bonne base de références sur la question et avions dans
l’idée que la situation terrible à laquelle cette planète et
ses habitants étaient confrontés pouvait avoir un lien avec la
question de la psychopathie.
Laura :
Permettez-moi d’ajouter que la raison pour laquelle nous
faisions des recherches sur la psychopathie était, comme nous
l’avons mentionné plus haut, que nous avions été nous-mêmes
confrontés au phénomène.
Nous étions engagés dans un
travail avec d’autres personnes, et les phénomènes abordés
dans Ponérologie -en rapport avec les groupes
et la façon dont ceux-ci sont corrompus par des déviants
pathologiques s’infiltrant dans un groupe sous l’aspect de la
normalité- nous étaient très familiers sur une petite échelle
sociale.
Nous avions observé ces phénomènes
et avions eu affaire à eux à de nombreuses reprises, bien
qu’au début, nous ne fissions que naviguer au jugé. Nous
savions qu’il se passait quelque chose d’étrange, seulement
nous ne savions pas encore le nommer ou le catégoriser. Nous
avions trouvé certaines dénominations et catégorisations dans
des textes sur la psychopathologie, mais ils n’abordaient pas la
dimension sociale.
Henry :
Mais l’ouvrage "Ponérologie
Politique" présente le sujet d’une manière
radicalement différente des autres textes sur la psychopathie, en
suggérant que l’influence des psychopathes et autres déviants
n’est pas qu’une simple influence parmi tant d’autres
affectant la société, mais que, si les circonstances sont
favorables, elle détermine la manière dont nous vivons, ce que
nous pensons, et la façon dont nous jugeons ce qui se passe
autour de nous.
Quand on comprend la véritable
nature de cette influence : qu’elle est sans conscience,
sans émotion, égoïste, froide et calculatrice, dénuée de tous
standards moraux ou éthiques, on est horrifié, mais en même
temps, tout commence à s’éclairer soudainement.
Notre société
perd de plus en plus son âme parce que les personnes qui la
dirigent et qui donnent l’exemple sont sans âme — ils n’ont
littéralement aucune conscience.
Quand vous en
venez à comprendre que les rênes du pouvoir politique et économique
sont entre les mains de personnes sans conscience qui ne possèdent
pas de faculté d’empathie, cela permet de regarder ce que nous
appelons le « mal » d’une façon
totalement nouvelle. Le mal n’est plus seulement une question
morale ; il peut alors être analysé et compris
scientifiquement.
Avec M. LOBACZEWSKI, le mot
« Ponérologie » a été purgé
de ses connotations religieuses — un contexte au sein duquel il
n’a jamais fait de bien à la société dans son ensemble.
Ce mot désigne la science du mal,
de la compréhension scientifique de ses origines, et de la façon
dont, telle une maladie, il peut "infecter" les
individus et les sociétés.
Lorsque les législateurs
et les grands patrons du monde des affaires sont des psychopathes,
leur façon de penser et de raisonner — leur « moralité »
— devient la culture et la « moralité » communes
des populations qu’ils gouvernent.
Quand cela se produit, le mental
de la population est « infecté »
de la même façon qu’un agent pathogène infecte un corps
physique. La seule manière de nous protéger contre cette pensée
pathologique est de nous « vacciner »
contre elle, et cela est se fait en apprenant le plus possible de
connaissances sur la nature de la psychopathie et sur son
influence sur nous.
Fondamentalement, cette « maladie »
particulière prospère dans un environnement où son existence même
est niée, et où ce déni est planifié et délibéré.
Bien que le titre du livre semble
hermétique, il faut le comprendre dans le contexte de la grande
difficulté qu’a eue Andrzej LOBACZEWSKI à faire publier son
ouvrage [2].
Le manuscrit est resté dans un tiroir pendant plus de vingt ans.
Il a été écrit pour un public professionnel, et le titre a été
choisi en fonction de cela. C’est aussi la raison pour laquelle
le texte lui-même est très dense, et le titre reflète
exactement le fait qu’il n’a pas été écrit pour un public
profane. Il a été écrit pour des professionnels et dans un
style intellectuel reflétant son contexte originel. C’est
pourquoi, nous sommes actuellement en train de rédiger une
version qui puisse rendre ses idées plus facilement accessible au
grand public.
Silvia
CATTORI : M. LOBACZEWSKI a étudié
le fonctionnement de ces personnes non pas d’un point de vue
politique, mais psychologique. Ce faisant il est arrivé à déterminer
la manière dont des idéologues et des agents disposant de
pouvoirs répressifs, malgré leur inhumanité, en arrivent à
obtenir l’adhésion de larges populations. Tout le monde
n’a-t-il pas un fond pervers / pathologique, des périodes de
vie marquées par une existence perverse / pathologique ?
Henry :
Tout d’abord, il faut souligner que les «
fous » n’ont pas besoin de l’adhésion de larges
populations, mais seulement d’une minorité puissante qui puisse
à la fois « orienter » la
population et la contrôler.
Regardez les sondages aux États-Unis.
Cela fait des années que la popularité de Bush se maintient
autour de 30% — et il s’agit de la population dans son
ensemble. Mais parce que Bush est soutenu par une minorité très
puissante — les gens qui détiennent les médias, l’industrie
de l’armement et ses soutiens au sein de l’armée, les
compagnies pétrolières, etc. — le mécontentement populaire ne
compte pas. Et du moment que la politique de Bush n’affecte pas
négativement l’Américain moyen de façon trop flagrante,
celui-ci ne se sent pas suffisamment menacé pour vouloir y
changer quelque chose.
Laura :
Aux États-Unis — et ailleurs dans le monde — même le peuple
le plus oppressé et le plus injustement traité est facilement
contrôlé par la peur et la crainte de perdre le confort matériel
auquel il a accès : divertissements, sports, jeux, etc. Même
l’échec du système éducatif, médical et des garanties
sociales, ne pousse pas les gens à réellement remettre la
situation en question. Nous avons affaire — pour reprendre les
termes d’Aldous HUXLEY — à une dictature scientifique :
du pain et des jeux.
En bref, la plupart des Américains
sont conscients de leur oppression, et l’expriment dans les
sondages, mais ceux qui sont au pouvoir ont réussi à les droguer
avec une pléthore de distractions — la peur et le plaisir —
suffisantes pour les garder sous contrôle.
Henry :
Il y a la carotte et le bâton. Tant que les gens peuvent
continuer à vivre dans l’illusion, ils le font. Quand
l’illusion commence à se fissurer, alors le pouvoir actionne le
bâton.
Laura :
Les gens ont peur de faire des vagues par crainte de perdre ce
qu’ils ont, de perdre leur tranquillité, de devoir faire des
efforts pour résister. Après tout, cela leur prend tout leur
temps de maintenir l’illusion, ils doivent trimer
quotidiennement pour éviter qu’on leur reprenne leur 4x4, et
ils veulent avoir du temps pour le match de football du samedi.
Henry :
Ils s’imaginent aussi que de toute façon, Bush n’a plus que
quelques années devant lui. Le système s’auto-régulera. Le
livre de LOBACZEWSKI nous montre pourquoi cette façon de penser
est extrêmement naïve. Le système qui est en place est un système
pathologique qui est en désaccord profond avec la manière d’être
ou la nature de la plupart des gens. Les gens de conscience sont
dirigés par des gens sans conscience. Ce fait constitue
l’injustice primordiale, et il est la base des autres maux de la
société.
Laura :
Ce système est resté secret pendant de nombreuses années parce
qu’il y avait encore des gens de conscience qui se trouvaient à
des postes élevés, mais avec le temps, ils ont tous été
remplacés ou mis à l’écart d’une manière ou d’une autre,
et maintenant la pathologie du système est à découvert, mais
personne ne s’en soucie. Si vous regardez l’Histoire de ces
cinquante dernières années, vous découvrirez que pratiquement
tous les personnages publics qui sont mort tragiquement avaient
une conscience, se souciaient du peuple, et avaient suffisamment
d’influence pour causer des problèmes aux individus de type
pathologique.
Henry :
La seconde partie de votre question est très importante, parce
que c’est cette idée que nous sommes tous plus ou moins pervers
ou pathologiques, que nous avons tous une part d’ombre — selon
les termes de JUNG — qui sert de support majeur au système
pathocratique et permet aux psychopathes de se cacher parmi la
population générale. On nous a convaincus que nous n’étions
tous que des animaux et que tout le monde était capable de
devenir un HITLER, un BUSH ou un MENGELE, si les circonstances
s’y prêtaient. Nous y croyons parce que dans notre vie, nous
avons tous fait des choses dont nous avons honte, pour lesquelles
nous avons des remords. Nous connaissons ces pensées qui nous
viennent dans des moments d’intense émotion, des pensées dont
nous ne voudrions pas que les autres les connaissent ou les
entendent. Nous sentons que nous avons cette part d’ombre en
nous, une part de nous-mêmes dont nous ne sommes pas fiers. Parce
que nous ressentons ce sentiment de honte et de remords concernant
cet aspect de nous-même, nous projetons sur les autres cette
capacité. Faire une telle projection revient à commettre
l’erreur fatale.
Cela soulève deux questions.
Premièrement, il existe une différence énorme entre quelqu’un
qui, par exemple, dans le feu d’une dispute avec son partenaire,
perd son self-control et abuse physiquement ou psychologiquement
de cette personne, et quelqu’un qui accomplit la même chose
froidement, avec calcul et préméditation. Il s’agit dans les
deux cas de mauvaises actions. Je n’essaie pas de minimiser les
abus commis dans un moment d’émotion. Mais cette même
personne, celle qui perd le contrôle momentanément, serait
incapable de calculer et de planifier froidement cet acte. En son
for intérieur, quelque chose reculerait face à cette idée. Chez
le psychopathe, cette voix de la conscience n’existe pas. Les
psychopathes sont capables de comploter le génocide d’un
peuple, comme celui des Palestiniens ; les personnes de
conscience n’en sont pas capables. Une personne peut être tuée
dans le feu d’une dispute. Plusieurs milliers peuvent mourir en
raison d’un froid calcul.
Laura :
Une manière de comprendre cela est de considérer les études qui
montrent que chez les psychopathes, non seulement les taux de
crimes violents sont plus élevés, mais aussi que les types de
crimes violents qu’ils commettent différent de ceux qui sont
commis par les non-psychopathes. Une étude a montré que deux
tiers des victimes de psychopathes étaient des hommes étrangers
[à la famille – NdT] tandis que deux tiers des victimes de
non-psychopathes étaient des membres de la famille féminins ou
des connaissances féminines — des crimes passionnels. Les gens
normaux peuvent commettre des actes de violence quand ils sont en
état d’extrême bouleversement émotionnel, mais les
psychopathes choisissent avec sang-froid leurs victimes dans un
but de vengeance ou de punition, ou pour atteindre quelques
objectifs. C’est à dire que la violence psychopathique est
instrumentale, un moyen d’arriver à ses fins — elle est prédatrice.
Henry :
Deuxièment, dans une société dominée par « les
valeurs pathologiques », si on peut utiliser cette
expression, l’existence d’un petit groupe de gens sans
conscience promouvant une culture de la cupidité et de l’égoïsme
crée un environnement au sein duquel ce qui est pathologique
devient la norme.
Dans une société (comme les États-Unis
aujourd’hui), où le président peut mentir en toute impunité
sur des questions de vie ou de mort, un environnement pathologique
est créé, au sein duquel le mensonge devient acceptable. La
violence est acceptable. La cupidité est acceptable. Cela fait
partie intégrante de l’idéologie du Rêve américain :
tout le monde peut réussir, peu importe ceux à qui vous devrez
faire du mal pour y arriver. Et c’est par les actes qu’ils
doivent commettre pour réellement réussir que les germes de la
pathologie sont semés. Dans cet environnement, les gens de
conscience qui sont faibles et influençables endossent les caractéristiques
du type pathologique afin de survivre et de réussir. Ils voient
que leurs dirigeants mentent et trichent, et ils en déduisent que
s’ils veulent avancer, alors ils peuvent eux aussi mentir et
tricher.
Laura :
J’appelle cela la « Culture officielle ».
Linda Mealeyn du Département de psychologie du College of St.
Benedict à St Joseph dans le Minnesota, suggère qu’une société
fondée sur la compétition — le capitalisme, par exemple —
est une société où la psychopathie est adaptative et à des
chances de s’accroître.
La psychopathie est une stratégie
de vie adaptative qui réussit extrêmement bien dans la société
américaine, et qui a donc augmenté au sein de la population. En
outre, conséquence d’une société adaptative à la
psychopathie, de nombreux individus qui NE sont PAS des
psychopathes génétiques se sont adaptés de façon similaire,
devenant des psychopathes « dans les faits »,
ou « sociopathes secondaires ».
Autrement dit, dans un monde de psychopathes, ceux qui ne sont pas
des psychopathes génétiques sont induits à se comporter comme
des psychopathes, simplement pour survivre. Quand les règles sont
établies de manière à rendre une société « adaptative »
à la psychopathie, elle fait de chacun un psychopathe potentiel.
Henry :
Si cette influence pathologique était retirée de la société,
en mettant les psychopathes en quarantaine, en éduquant les gens
de conscience aux symptômes de la pathologie, à ce qu’il faut
considérer et à la façon dont gérer la manipulation, en
changeant les systèmes créés par les psychopathes — si, au
moyen de telles méthodes, nous étions capables de supprimer
cette influence ponérogénique, alors l’autre pôle, celui de
la conscience, serait le plus influent des deux, et les gens
tendraient vers l’altruisme et la vérité plutôt que vers l’égoïsme
et les mensonges. Si nous étions capables de supprimer
l’influence pathologique, nous découvririons peut-être que nos
conceptions de la « nature humaine »
sont erronées et mal évaluées, parce que nous acceptons en tant
qu’« humains » ceux qui sont génétiquement
sans conscience. Supprimez-les, eux et leurs actions, de
l’ensemble des données, supprimez leur influence de la société
dans son ensemble, et les qualités supérieures de la nature
humaine douée de conscience pourraient trouver des moyens
d’expression que nous n’aurions jamais imaginés possibles.
Silvia
CATTORI : Comment peut-on discerner
les psychopathes des gens sains ? Pouvez-vous nous faire le
portrait du véritable psychopathe ? Pouvez-vous nous donner
des exemples permettant de faire le lien avec quelque chose de
plus général ? Quelles sont les facultés qui leur font défaut ?
Laura :
Le portrait le plus simple, le plus clair et le plus vrai du
psychopathe est donné dans les titres de trois riches ouvrages
sur le sujet dont l’un s’intitule Without
Conscience [3].
Un
psychopathe, c’est exactement cela : une personnne sans
conscience. La chose la plus importante à retenir est qu’il se
dissimule sous un masque de normalité qui est souvent si
convaincant que même les experts sont trompés et, en conséquence,
ces psychopathes deviennent « les Serpents
en costume cravate » qui contrôlent notre monde.
C’est la réponse en bref.
Henry :
La culture populaire voit les psychopathes comme des personnages
tels Hannibal LECTER, héros du « Silence
des agneaux », c’est à dire des tueurs en série.
Cependant, bien qu’un certain nombre de psychopathes soient des
criminels et aient eu affaire à la justice et que certains soient
en fait des tueurs en série, un grand nombre d’entre eux
n’ont jamais d’ennui avec la justice. Ce sont les plus
intelligents, et aussi les plus dangereux parce qu’ils ont trouvé
des moyens d’utiliser le système à leur avantage.
Un grand nombre de traits caractérisent
les psychopathes : l’un des plus évidents est l’absence
totale de conscience. Tout sens de remords ou d’empathie envers
les autres est absent chez eux. Ils peuvent être extrêmement
charmants et sont experts pour charmer et hypnotiser leur proie
par la parole. Ils sont également irresponsables. Rien n’est
jamais leur faute ; quelqu’un d’autre ou le monde en général
est toujours à blâmer pour tous leurs « problèmes »
ou leurs erreurs.
Martha STOUT, dans son livre The
Sociopath next door [Le sociopatthe d’à côté — NdT],
identifie ce qu’elle appelle le stratagème de la pitié. Les
psychopathes utilisent la pitié pour manipuler les autres. Ils
vous convainquent de leur donner encore une chance, et de ne
parler à personne de ce qu’ils ont fait. Ainsi, un autre trait
— l’un des plus importants — est leur capacité à contrôler
le flux d’information.
Ils sont également incapables
d’éprouver des émotions profondes. En fait, quand Robert HARE
— un psychologue canadien qui passa sa carrière à étudier la
psychopathie — fit passer des scanners cérébraux à des
psychopathes tout en leur présentant deux séries de mots :
une série de mots neutres sans association émotionnelle, et une
série composée de mots chargés émotionnellement, alors que
différentes zones du cerveau s’activèrent dans le groupe test
des non-psychopathes, dans celui des psychopathes, les deux séries
furent traitées par la même zone du cerveau, celle qui traite le
langage. Ils n’eurent pas de réaction émotionnelle instantanée.
Toute notre vie émotionnelle est
un mystère pour eux, et en même temps, elle leur fournit un
outil formidable pour nous manipuler. Pensez à ces moments où
nous sommes profondément affectés par nos émotions, et à quel
point notre capacité à réfléchir s’en trouve affaiblie.
Maintenant, imaginez que vous êtes
capable de feindre une telle émotion, tout en restant calme et
calculateur, tandis que la personne avec laquelle vous échangez
est véritablement prise dans un tourbillon émotionnel. Vous
pourriez avoir recours aux larmes ou aux cris pour obtenir ce que
vous voulez, tandis que votre victime serait poussée au désespoir
par les émotions qu’elle vivrait.
Il semble aussi qu’ils n’aient
pas de réelle conception du passé ou du futur, vivant entièrement
pour leurs besoins et désirs immédiats. En raison de la stérilité
de leur vie intérieure, ils recherchent souvent de nouveaux
frissons, depuis le sentiment de puissance ressenti en manipulant
les autres jusqu’à l’engagement dans des activités illégales
pour la simple poussée d’adrénaline qu’elles procurent.
Un autre trait du psychopathe est
ce que LOBACZEWSKI définit comme leur « connaissance
psychologique spéciale » des gens normaux. Ils nous ont
étudiés. Ils nous connaissent mieux que nous-ne nous connaissons
nous-mêmes. Ils sont experts dans l’art de toucher nos points
sensibles, d’utiliser nos émotions contre nous. Mais en plus,
ils semblent même avoir une sorte de pouvoir hypnotique sur nous.
Quand nous commençons à être pris dans la toile d’un
psychopathe, nos facultés de réflexion se détériorent, se
troublent. On dirait qu’ils nous jettent un sort.
Ce n’est que plus tard, une fois
que nous ne sommes plus en leur présence, fascinés par eux, que
la clarté de pensée réapparaît, et nous restons là à nous
demander comment nous avons pu être incapables de réagir ou de
nous opposer à leurs actes. De nombreux livres écrits en anglais
sur la psychopathie mentionnent les psychopathes en tant que
groupe qui partage un ensemble de traits communs. L’échelle la
plus largement utilisée pour mesurer la psychopathie a été développée
par le Dr HARE. Il s’agit du PCL-R [4].
Il énumère vingt traits que
l’on peut trouver dans cette personnalité. Si le trait se
manifeste quelquefois, on lui donne 1 ; si le trait domine la
personnalité, on lui donne 2. Le total maximum est de 40. Les
gens qui ont plus de 30 sur l’échelle PCL-R sont considérés
comme des psychopathes.
Mais LOBACZEWSKI est allé plus
loin en donnant une taxonomie des différents types de
psychopathes et autres types pathologiques, et en montrant la façon
dont leurs déviances oeuvrent de concert pour former un système
pathologique. Il a révélé certains travaux réalisés par des
psychologues en Europe, travaux qui avaient été perdus au cours
de la période communiste.
Laura :
Le diagnostic est une question litigieuse qui fait l’objet
d’une controverse [5].
LOBACZEWSKI mentionne le fait
qu’en Allemagne nazie et en Russie stalinienne, les sciences
psychologiques furent cooptées pour soutenir les régimes
totalitaires, et que cela fut accompli par des psychopathes au
pouvoir qui entreprirent ensuite de détruire toute possibilité
de diffuser largement des informations précises sur la condition
[psychopathique – NdT].
Il fait remarquer que tout régime
constitué principalement de déviants pathologiques ne peut
permettre à la psychologie de se développer et de s’épanouir
librement, parce que le régime lui-même serait alors diagnostiqué
comme pathologique, ce qui révélerait «
l’homme derrière le rideau ».
En se fondant sur des observations
de première main du phénomène en question, LOBACZEWSKI déclare
que la répression du savoir est entreprise de façon typiquement
psychopathique : à couvert et derrière un « masque
de santé mentale ». Pour être capable de contrôler
les sciences psychologiques, on doit savoir ou être capable de
sentir ce qui se passe et quels domaines de la psychopathologie
sont les plus dangereux. Un régime politique pathologique
localise les individus psychopathes œuvrant dans ce domaine
(habituellement de très médiocres scientifiques), facilite leurs
études universitaires et leurs diplômes ainsi que l’obtention
de postes-clés avec un pouvoir d’encadrement des organisations
scientifiques et culturelles. Ils sont alors en position d’écraser
les personnes plus douées — étant motivés aussi bien par leur
propre intérêt que par cette jalousie typique qui caractérise
l’attitude du psychopathe envers les gens normaux. Ce sont eux
qui surveillent les articles scientifiques pour leur « propre
idéologie » et qui font tout pour s’assurer qu’un
bon spécialiste se verra refuser la documentation scientifique
dont il aura besoin.
Le fait est qu’au cours de ces
cinquante dernières années, le concept de psychopathie a été
fortement rétréci, et se réfère maintenant à un trouble de la
personnalité spécifique, bien qu’il y ait eu des tentatives de
supprimer entièrement la classification, en la remplaçant par le
« trouble de la personnalité antisociale »,
qui peut comprendre une grande variété de comportements sans nécessairement
exiger le diagnostic clinique de psychopathie. Robert HARE
souligne à quel point il est crucial de comprendre que la
psychopathie n’est pas synonyme de criminalité ou de violence ;
tous les psychopathes ne s’engagent pas dans des comportements
violents ou criminels. En même temps, les personnes violentes ou
criminelles ne sont pas toutes des psychopathes.
Selon Robert HARE, CLECKLEY,
LOBACZWESKI et beaucoup d’autres experts en psychopathie, un
diagnostic de psychopathie ne peut se baser sur des symptômes
comportementaux visibles à l’exclusion des symptômes
interpersonnels et affectifs, parce qu’une telle procédure
transforme en psychopathes de nombreuses personnes qui sont
simplement blessées par la vie ou la société, et permet aux
vrais psychopathes qui arborent un « masque
de santé mentale » bien construit d’échapper au dépistage.
D’après une documentation de plus en plus conséquente,
beaucoup (ou la plupart) des psychopathes grandissent dans des
familles aisées et stables, et deviennent des criminels en col
blanc qui, à cause de leur argent et de leur position, ne
subissent jamais la révélation publique de leurs comportements
destructeurs privés, et échappent constamment au système
judiciaire.
Venons en maintenant au diagnostic
et/ou au dépistage en particulier : il existe un certain
nombre de théories sur l’étiologie de la psychopathie :
par exemple la psychopathie en tant que stratégie adaptative ou
variante de la personnalité normale, ou encore dysfonctionnement
du cerveau, trouble de l’attachement ou expression d’une
pathologie dans la petite enfance, trouble d’apprentissage, etc.
Très peu de preuves empiriques soutiennent l’idée que le vrai
psychopathe est le résultat d’une enfance maltraitée, par
contre de nombreuses preuves empiriques soutiennent une cause génétique.
Le modèle neurobiologique nous donne l’espoir de détecter même
le psychopathe le plus retors.
Comme Henry l’a mentionné, une
étude portant sur les temps de réaction à divers mots — émotionnels,
neutres, pseudo mots — a montré que les potentiels évoqués
(ERP [6])
en tâches de décision lexicale [7]
chez des non-criminels indiquaient que les réponses aux mots
positifs et négatifs étaient plus précises et plus rapides que
les réponses aux mots neutres. Dans les cerveaux de ces sujets,
les sites centraux et pariétaux indiquaient des composants ERP
rapides précoces et tardifs par rapport aux mots émotionnels. On
en déduit que les composants tardifs d’ERP indiquaient un
traitement continu du mot.
Dans la même étude, les
criminels non-psychopathes montraient également une sensibilité
aux mots émotionnellement chargés. Les psychopathes, quant à
eux, ne montraient aucun temps de réaction ou différence d’ERP
entre les mots neutres et émotionnels. En outre, la morphologie
de leurs ERPs présentait une différence saisissante par rapport
à celle des non-psychopathes. Le composant tardif d’ERP qui était
long et étendu chez les non-psychopathes était petit et bref
chez les psychopathes. On pense que cela reflète le fait que les
psychopathes prennent des décisions lexicales et traitent
l’information de façon superficielle.
Cela est confirmé par des études
récentes d’imagerie cérébrale qui montrent que les
psychopathes abusant de substances toxiques ont moins d’activité
cérébrale durant la réalisation d’une tâche de décision
lexicale que les non-psychopathes abusant des mêmes substances.
HARE et d’autres ont aussi découvert
que les anomalies ERP des psychopathes ne s’arrêtaient pas au
langage affectif mais incluaient aussi le langage abstrait. Une
autre découverte curieuse notée dans deux études distinctes fut
une onde négative exceptionnellement grande qui balayait les
zones frontales du cerveau. Une interprétation possible est que
cela reflète une profonde anomalie de traitement cognitif et
affectif.
D’autres études récentes
donnent des résultats et des conclusions similaires : à
savoir que les psychopathes ont de grandes difficultés à traiter
les éléments affectifs (émotionnels) à la fois verbaux et
non-verbaux, qu’ils ont tendance à confondre la signification
émotionnelle des événements, et le plus important, que ces déficits
apparaissent dans les scanners du cerveau. Les psychopathes ont
une distribution inter-hémisphérique inhabituelle des ressources
de traitement, des difficultés à apprécier le sens subtil et
les nuances du langage — comme les proverbes, les métaphores,
etc. — ont une faible capacité de discrimination olfactive,
vraisemblablement en raison d’un dysfonctionnement
orbito-frontal, et pourraient être affectés par ce qui ressemble
à une forme subclinique de trouble de la pensée caractérisée
par un manque de cohésion et de cohérence dans le langage. Aucun
autre modèle de psychopathie ne peut expliquer toutes ces
anomalies cognitives et affectives, qui peuvent être détectées
par des scanners du cerveau.
Le dernier point : nous
travaillons sur le problème du trouble de la pensée, et tentons
d’établir des règles générales afin que la personne lambda
puisse réaliser ses propres estimations personnelles après avoir
effectué des tests secrets au cours de discussions avec une
personne qu’elle soupçonnerait de tromperie ou de manipulation
(pour diverses raisons).
Mais il s’agit d’une question
sensible. Comme LOBACZEWSKI le fait remarquer, si un psychopathe
se considère lui-même comme normal, ce qui bien sûr est considérablement
plus facile s’il est en position d’autorité, alors il considérera
une personne normale comme différente, et donc anormale.
Les actions et réactions d’une
personne normale, ses idées et critères moraux, étonnent le
psychopathe, qui les voit comme anormaux. Quelqu’un de normal étonnera
le psychopathe par sa naïveté, il considérera cette personne
comme partisane de théories incompréhensibles sur l’amour,
l’honneur et la conscience ; il ne sera pas loin de la
traiter de « cinglé ». Cela
explique pourquoi les gouvernements pathologiques ont toujours
considéré les dissidents comme étant « mentalement
anormaux ».
Le système judiciaire n’est pas
fait pour gérer ce problème, car, évidemment, ce système est
souvent la création d’individus pathologiques — ou du moins,
ce sont eux qui l’administrent. Une législation bien pensée
exigerait d’examiner scientifiquement les individus qui prétendent
de façon trop insistante ou spécieuse que quelqu’un d’autre
est psychologiquement anormal.
D’autre part, tout système
social (ou tout dirigeant) pathologique au sein duquel la
psychiatrie est utilisée pour des raisons politiques présente
des problèmes supplémentaires. Toute personne se rebellant
contre un système gouvernemental qui le choque par son étrangeté
et son immoralité, peut facilement être désigné par les représentants
dudit gouvernement comme un individu « mentalement anormal »,
quelqu’un qui a un « trouble de la personnalité »
et qui devrait subir un traitement psychiatrique ; et les
représentants de ce gouvernement ont de nombreux moyens à leur
disposition pour prendre le contrôle de la procédure d’examen.
Ils peuvent faire appel à un psychiatre scientifiquement et
moralement dégénéré pour accomplir cette tâche.
Il s’agit donc d’une question
épineuse.
Silvia
CATTORI : Pouvez-vous citer certains
types identifiés par M. LOBACZEWSKI ?
Henry :
Comme la plupart des chercheurs, il opère une distinction
initiale entre les déviances héréditaires et les déviances
acquises, c’est-à-dire entre ceux qui sont nés pathologiques
et ceux qui deviennent pathologiques à cause de blessures des
tissus cérébraux ou de traumatismes dans leur enfance. Une
blessure du tissu cérébral peut laisser des cicatrices qui
changent ensuite la capacité de l’individu à percevoir et à
ressentir. Ces zones du cerveau destinées à gérer ces fonctions
ne peuvent le faire, et donc les données sont déviées vers
d’autres zones normalement destinées à d’autres tâches.
Lobaczewski nomme caractéropathes
les individus dont le caractère se développe de manière déformée
à cause de blessures ou de traumatismes. Il donne ensuite la
liste des différentes formes de caractéropathies : le
caractéropathe paranoïde (il cite LENINE comme exemple) ;
la caractéropathie frontale, une déviance due à des blessures
dans les zones frontales du cortex cérébral (STALINE est un
exemple de ce type) ; la caractéropathie induite par des
substances (médicaments et drogues), causée par l’usage de
produits qui endommagent le système nerveux central. Enfin, il
cite les caractéropathies induites par les agents pathogènes
(les maladies) (il suggère la possibilité que Franklin D.
ROOSEVELT ait souffert de ce trouble), ainsi que certains
personnages épileptiques (il cite CESAR et NAPOLÉON).
Les troubles héréditaires sont :
la schizoïdie ou psychopathie schizoïdique, la psychopathie
essentielle, la psychopathie asthénique, la psychopathie
anankastique, hystérique et skirtoïde, et les individus qu’il
qualifie de « chacals », c’est-à-dire
ceux qui finissent comme tueurs à gages ou mercenaires.
LOBACZEWSKI conjecture que ce dernier type est un mélange des
autres types. Pour donner une idée, je vais juste évoquer deux
types.
La psychopathie schizoïde est une
déviance qui engendre des personnes hypersensibles et méfiantes
qui ne tiennent aucun compte des sentiments des autres. Elles sont
attirées par les idées grandiloquentes, mais leur nature
psychologique appauvrie limite gravement leurs perceptions et
transforment leurs soi-disant « bonnes
intentions » en influences favorisant le mal. Leur idée
de la nature humaine finit par pervertir leurs tentatives.
Comme le dit LOBACZEWSKI,
l’expression typique de leur attitude envers l’humanité se
retrouve dans ce qu’il appelle la « déclaration
schizoïdique » : « La nature
humaine est si mauvaise que dans la société humaine, l’ordre
ne peut être maintenu que par un pouvoir fort créé par des
individus hautement qualifiés au nom d’une idée supérieure ».
Combien de mouvements contemporains, du fascisme au communisme en
passant par le néo-conservatisme, sont fondés sur cette idée !
On pourrait facilement imaginer que cette déclaration vient de
Leo STRAUSS, par exemple.
Les psychopathes essentiels sont
ceux qui se rapprochent le plus de l’idée de la psychopathie
examinée par CLECKLEY, HARE, BALBIAK et d’autres. LOBACZEWSKI
fait cette remarque effrayante : « Ils
apprennent à se reconnaître dans une foule dès l’enfance, et
ils développent la conscience de l’existence d’autres
individus similaires à eux. Ils prennent également conscience de
leur différence par rapport au monde des personnes qui les
entourent. Ils nous voient avec un certain recul, comme une variété
para spécifique ».
Pensez aux implications de cette déclaration :
Ils sont, dans une certaine mesure, conscients d’appartenir à
un groupe, et ce, même depuis l’enfance ! Reconnaissant
leur différence fondamentale par rapport au reste de l’humanité,
leur allégeance serait envers ceux de leur espèce, c’est-à-dire
les autres psychopathes.
LOBACZEWSKI fait remarquer que,
dans toute société, les individus psychopathiques créent
souvent un réseau actif de collusions communes, séparé dans une
certaine mesure de la communauté des gens "normaux".
Ils sont conscients d’être différents. Leur monde est éternellement
divisé selon le mode « eux et nous » ;
leur monde avec ses propres lois et coutumes, et l’autre
« monde étranger » des gens
"normaux" qu’ils considèrent comme rempli d’idées
et de coutumes présomptueuses sur la vérité, l’honneur et la
décence, à la lumière desquels ils se savent moralement condamnés.
Leur propre sens déformé de
l’honneur les pousse à tromper et à injurier les
non-psychopathes et leurs valeurs. En contradiction avec les idéaux
des gens normaux, les psychopathes ressentent comme un
comportement normal le fait de rompre les promesses et les
accords. Non seulement ils convoitent les biens et le pouvoir et
les revendiquent comme un droit, simplement parce qu’ils (les
psychopathes) existent et qu’ils peuvent se les approprier, mais
ils prennent aussi un plaisir particulier à spolier autrui et
usurper leurs biens ; ce qu’ils peuvent plagier, escroquer
et extorquer sont des fruits bien plus savoureux que ceux qu’ils
peuvent récolter par un travail honnête. Ils réalisent aussi très
tôt à quel point leurs personnalités peuvent avoir des conséquences
traumatisantes sur les personnalités des non-psychopathes, et
apprennent comment tirer avantage de cette source de terreur afin
d’atteindre leurs objectifs.
À présent imaginez à quel point
les êtres humains qui sont totalement ignorants du sujet
pourraient être abusés et manipulés par ces individus s’ils
étaient au pouvoir dans différents pays, feignant d’être
loyaux envers les populations locales tout en insistant sur les
différences physiques évidentes et facilement discernables entre
groupes (telles que la race, la couleur de peau, la religion,
etc.). Les humains psychologiquement normaux seraient dressés les
uns contre les autres sur la base de différences insignifiantes
tandis que les déviants au pouvoir, dont la différence
fondamentale par rapport au reste d’entre nous est l’absence
de conscience, l’incapacité à éprouver des sentiments pour un
autre être humain, récolteraient les bénéfices et tireraient
les ficelles.
Je pense que cela décrit de façon
assez juste la situation à laquelle nous sommes confrontés
aujourd’hui.
Silvia
CATTORI : Pouvez-vous donner des
exemples à même de nous aider à comprendre le problème de manière
plus générale ?
Henry :
A. LOBACZEWSKI nous offre une analyse de la manière dont les différents
types de psychopathes travaillent de concert pour former un système
au sein duquel les personnes cliniquement pathologiques détiennent
les clés du pouvoir et dirigent les gens psychologiquement
normaux.
Au début du livre, LOBACZEWSKI décrit
ses expériences à l’université, où il rencontra le phénomène
pour la première fois. Il se rendit à la bibliothèque pour
emprunter quelques livres traitant de la psychopathie et découvrit
avec étonnement qu’on les avait tous retirés ! Ce fait démontre
qu’ils sont conscients de leur différence, au moins certains
d’entre eux, et dans le cas de la Pologne sous le communisme,
ces individus conscients de leur différence étaient suffisamment
haut placés et avaient suffisamment de pouvoir pour faire retirer
les livres de la bibliothèque universitaire. Laura nous a dit que
ce passage lui avait fait dresser les cheveux sur la tête !
Les implications de ce fait sont d’une portée considérable
pour la compréhension de notre monde, de la façon dont il en est
arrivé là, et de ce qu’il nous faut faire pour le changer.
Mais voici quelques exemples de
comportement psychopathique rapportés par d’autres auteurs :
Une mère joue à cache-cache avec sa fille de 4 ans. Elle tient
un grand couteau de cuisine dans la main. Elle dit à sa fille :
« je vais compter jusqu’à cent, et si je
te trouve, alors je te couperai les pouces ». La petite
fille, terrifiée, se cache dans son placard, et la mère — qui
sait que c’est probablement l’endroit où elle se cache — la
laisse là, terrifiée, effrayée, traumatisée, jusqu’à la fin
du jeu. Quand la mère ouvre la porte, elle se penche sur sa fille
et entaille la peau d’un de ses pouces.
Une famille a deux fils. L’un
d’eux se suicide avec un fusil de chasse. Le Noël suivant, les
parents offrent ce même fusil à leur autre fils comme cadeau de
Noël. Quand on leur demande pourquoi, ils répondent :
« C’était une arme excellente ».
Comment un tel comportement
peut-il être compatible avec un système de croyance qui nous dit
que nous avons tous une étincelle divine en nous, ou que tout le
monde a une conscience ? Pouvez-vous imaginer faire de telles
choses à vos propres enfants ?
Notre système de morale ne nous donne aucun moyen de traiter
cette maladie. Elle doit être comprise pour ce qu’elle est. Ces
personnes ne peuvent être « soignées »
Imaginez ce même individu au
pouvoir, et vous serez en mesure d’expliquer des scandales comme
celui d’Enron. HARE rapporte des cas de psychopathes qui s’en
prennent aux personnes âgées. Imaginons qu’une personne âgée
ait été escroquée des économies de toute une vie —
manifestement par un psychopathe. Un autre psychopathe contactera
la victime, se faisant passer pour un avocat qui, moyennant
finance, pourra récupérer son l’argent. La victime empruntera
alors de l’argent à un ami ou un proche et le perdra au profit
de l’avocat marron.
Laura :
Un des facteurs principaux à prendre en compte dans la façon
dont une société peut être accaparée par un groupe de déviants
pathologiques est que la seule limitation est celle de la
participation d’individus prédisposés au sein de cette société.
Pour les déviants les plus actifs, LOBACZEWSKI donne le chiffre
approximatif de 6% en moyenne sur une population donnée. Bien sûr,
ce chiffre varie selon les pays, en fonction de nombreuses
variables. La société occidentale offre un large choix
d’individus prédisposés.
Le psychopathe essentiel est au
centre de la toile. Les autres psychopathies et caractéropathies
décrites par LOBACZEWSKI et d’autres forment le second niveau
du Système de Contrôle Pathologique, et il est important de
noter qu’ils sont bien plus nombreux que les psychopathes
essentiels. Ainsi, ce groupe représente-t-il environ 6% d’une
population donnée.
Le niveau suivant d’un tel système
est composé d’individus qui sont nés normaux, mais qui sont déjà
déformés par une exposition à long terme à des éléments
psychopathiques via les influences familiales ou sociales, ou qui,
par quelque faiblesse psychique, ont choisi de satisfaire aux
exigences de la psychopathie pour leurs propres buts égocentriques.
En termes de chiffres, selon LOBACZEWSKI, ce groupe représente
environ 12% d’une population donnée dans des conditions
normales ; il est difficile, comme le fait remarquer
LOBACZEWSKI, de tracer une frontière précise entre ces derniers
types et les déviants génétiques sans l’apport d’une
science authentique et non-psychopathique. À l’heure actuelle,
les distinctions ne peuvent être que descriptives.
Il se trouve donc que 18% d’une
population donnée oeuvrent activement à la création et à la
domination d’une pathocratie (ou font des tentatives qui vont
dans ce sens). Le groupe de 6% constitue la noblesse pathocratique,
et le groupe de 12% forme la nouvelle bourgeoisie, dont la
situation économique est des plus avantageuses.
Une fois établi, le système
psychopathique élitiste ronge tout l’organisme social, gâchant
les compétences et pouvoirs de celui-ci. Une fois qu’une
pathocratie a été établie, elle suit un certain chemin et possède
certains pouvoirs « attractifs ».
Dans une pathocratie, le système socio-économique émane de la
structure sociale créée par le système du pouvoir politique,
qui est un produit de la vision du monde élitiste propre aux déviants
pathologiques. Ainsi, on peut dire que la pathocratie ressemble à
un processus de maladie macrosociale créé par des agents pathogènes
humains, et elle peut en venir à affecter une nation entière à
un degré équivalent à un cancer qui diffuse ses métastases. La
maladie macrosociale de la pathocratie suit exactement le même
modèle que le cancer qui évolue dans un organisme en suivant un
processus pathodynamique caractéristique.
Il est impossible de comprendre un
tel phénomène pathologique en utilisant les méthodes des gens
« normaux » qui ne prennent pas en
compte les processus de pensée déviants des agents pathogènes
humains. On pourrait certainement dire que le monde entier est
gouverné par une « pathocratie cachée »
(ou cryptopathocratie) depuis très longtemps. De nombreux
chercheurs suggèrent qu’il y a toujours eu un « gouvernement
secret » opérationnel même si le gouvernement « officiel »
n’est techniquement pas une pathocratie. On peut suggérer que
les psychopathes sont techniquement TOUJOURS en coulisse, même au
cours des cycles historiques qui ne sont PAS des pathocraties
(c’est à dire les « bonnes périodes »
que LOBACZEWSKI décrit comme la fondation d’un cycle hystéroïde
qui ouvre la porte à une pathocratie à découvert).
Si nous utilisons le terme
pathocratie à la place de « loi du gouvernement secret »,
alors toute l’Histoire devient une « pathocratie »
et le mot perd son sens, il est donc important de noter que le
terme « pathocratie » est le phénomène
spécifique représentant une conséquence de l’hédonisme des
bonnes périodes, et qu’elle est caractérisée par (100) cent%
de psychopathes essentiels exerçant ouvertement des fonctions de
commandement, comme c’est arrivé en Allemagne nazie, en Russie
communiste et en Europe de l’Est. Et, dois-je ajouter, comme
cela se produit actuellement.
On ne peut réellement qualifier
les questions auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui,
qui ont trait aux « politiques »,
en utilisant les termes usuels des idéologies politiques, car,
comme nous l’avons souligné plus haut, les déviants
pathologiques opèrent sous un masque, en utilisant la tromperie
et autres tactiques de manipulation psychologiques qu’ils
pratiquent avec une grande ingéniosité.
Si nous pensons ou croyons qu’un
groupe politique portant tel ou tel nom est hétérogène eu égard
à sa vraie nature, nous ne serons pas capables d’identifier les
causes et propriétés de la maladie. N’importe quelle idéologie
sera utilisée pour dissimuler les caractéristiques pathologiques
aux experts comme aux gens ordinaires.
Ainsi, tenter de se référer à
ceci ou cela comme étant de « gauche » ou de « droite »
ou « socialiste », « démocratique »,
« communiste », « démocrate » ou « républicain »,
etc., ne nous aidera jamais à comprendre l’autoreproduction
pathologique et ses influences externes expansionnistes. Comme le
dit LOBACZEWSKI, « Ignota nulla curatio morbi [8] » !
Aucun mouvement ne réussira jamais s’il ne tient pas compte de
la psychopathie et de la ponérologie !
Ceci
est la PREMIERE PARTIE d’un texte qui en comporte TROIS
:
Deuxième
partie
Troisième partie
Traduit de l’Anglais par Henri R. pour Futur Quantique
[1]
A. ŁOBACZEWSKI. Ponérologie politique :
étude de la genèse du mal appliqué à des fins politiques.
Les Éditions Pilule rouge.
[2]
Les deux premiers manuscrits furent perdus, comme il le décrit
dans la préface. Le premier fut brûlé quelques minutes avant
l’arrivée de la police lors d’une perquisition à son
domicile, et le deuxième fut envoyé au Vatican via un intermédiaire
dont on n’entendit plus jamais parler. La troisième version,
celle publiée par « Red Pill Press », fut écrite
lorsqu’Andrzej vivait aux États-Unis durant les années Reagan.
Zbigniew BRZESZINKI avait proposé de l’aider à trouver un éditeur,
mais après plusieurs mois, il devint clair qu’au mieux, il ne
faisait rien, et qu’au pire, il s’employait activement à
faire en sorte que l’oeuvre ne soit jamais publiée.
[3]
Without Conscience [Sans conscience — NdT]
de Robert HARE, The Mask of Sanity [Le masque
de santé mentale — NdT] de Hervey CLECKLEY, et Snakes
in Suits [Des serpents en costume-cravate — NdT] de HARE et
Paul BABIAK
[4]
PCL-R : Psychopathy Checklist — Revised : liste des
caractéristiques psychopathiques — NdT
[5]
Il existe une controverse qu’il faut expliquer si l’on veut
comprendre les possibilités de détection.
D’un côté de la controverse, on trouve la description
traditionnelle de la psychopathie dérivée de l’ancienne
tradition européenne mentionnée par LOBACZEWSKI, combinée à la
tradition nord-américaine d’Hervey CLECKLEY, Robert HARE et
d’autres. Elle s’accorde généralement avec l’expérience
des psychiatres, psychologues, personnel de justice criminelle,
psychopathologistes expérimentaux, et même des membres du public
profane qui ont personnellement eu affaire à la psychopathie.
De l’autre côté de la controverse, on trouve un mouvement
« néo-kraepelinien » (d’après Emil KRAEPELIN,
psychiatre allemand,1856-1926, considéré comme le fondateur de
la psychiatrie scientifique moderne. — NdT) dans le
psychodiagnostic, mouvement étroitement associé aux recherches
menées par l’université de Washington, à St Louis, dans le
Missouri. Ce dernier point de vue est très étroitement aligné
sur le critère de diagnostic du manuel psychiatrique américain
connu sous les noms de DSM-III, DSM-III-R, et DSM-IV (DSM :
Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (Manuel
diagnostique et statistique des troubles mentaux) — NdT).
L’approche fondamentale de cette école est que l’évaluation
d’un psychopathe repose presque entièrement sur des
comportements connus ou observables en public, ce qui va
directement à l’encontre de ce que l’on sait concrètement au
sujet des psychopathes : leur capacité à dissimuler leur véritable
nature. L’argument avancé est qu’un clinicien est incapable
d’évaluer avec fiabilité des caractéristiques
interpersonnelles ou affectives. Une autre supposition est que la
délinquance précoce est un symptôme capital d’ASPD
(Antisocial Personality Disorder : trouble de la personnalité
antisociale — NdT). Cela tend à mettre lourdement l’accent
sur le comportement délinquant ou antisocial, c’est-à-dire des
comportements publiquement observables qui n’ont peut-être
aucun rapport avec la structure interne de l’individu.
Quoiqu’il en soit, le DSM-III a établi que les psychopathes
appartenaient à la classification « Troubles de la
personnalité antisociale ».
Les critères du DSM-III pour l’ASPD ont été établis par un
comité appartenant au groupe de travail sur le DSM-III de l’Association
américaine de psychiatrie, et ont été légèrement modifiés
par un autre comité pour le DSM-III-R. Les critères du DSM-IV
ont aussi été établis par un comité, en faisant peu de cas de
la recherche empirique. Ces critères se focalisent moins sur le
comportement, et donc, ils ressemblent quelque peu aux critères
établis pour d’autres troubles DSM-IV de la personnalité.
En raison des problèmes posés par le diagnostic DSM-III et
DSM-III-R d’ASPD, l’Association américaine de psychiatrie a
effectué un essai multi-sites pour collecter des données en préparation
du DSM-IV. Les essais sur le terrain étaient destinés à déterminer
si les traits de personnalité pouvaient être inclus dans les
critères pour l’ASPD — qui ne reposent que sur les
comportements publiquement observables — sans en réduire la
fiabilité. L’intention des cliniciens qui firent pression en
faveur de cette étude était de ré-aligner l’ASPD sur la
tradition clinique et de mettre fin à la confusion entre ASPD et
psychopathie.
Les résultats des observations sur le terrain démontrèrent que
la plupart des traits de personnalité reflétant les symptômes
de la psychopathie étaient aussi fiables que les modèles spécifiques
de comportement du DSM-III-R, invalidant ainsi l’hypothèse
originelle proposant d’exclure la personnalité du diagnostic
d’ASPD / psychopathie.
Mieux, les résultats démontrèrent que le PCL-R de Hare mesurait
concrètement la tendance latente à la psychopathie sous toutes
ses formes ! Des analyses similaires des données rassemblées
lors des essais sur le terrain montrèrent que les critères d’ASPD
distinguaient moins bien le caractère psychopathique, particulièrement
lorsqu’il atteignait des niveaux élevés ! Autrement dit,
le critère d’ASPD établi par le DSM-III-R fut conçu —
intentionnellement ou non — pour exclure les psychopathes les
plus psychopathiques !
Malgré le fait que cette étude, ait permis d’établir une base
empirique pour ajouter dans le DSM-IV des critères d’ASPD liés
au contenu, cela ne fut pas pris en compte ; les critères
adoptés pour le DSM-IV ne furent même pas évalués dans les
essais sur le terrain.
La description textuelle de l’ASPD présente dans le DSM-IV (qui
nous dit que l’ASPD est « aussi connu sous le nom de
psychopathie ») contient des références aux caractéristiques
traditionnelles de la psychopathie, mais sur de nombreux points,
elle n’est pas conforme aux critères de diagnostic formels.
Une des conséquences de l’ambiguïté inhérente aux critères
d’ASPD/psychopathie du DSM-IV est qu’elle laisse la porte
ouverte à des procès au cours desquels un clinicien peut dire
que l’accusé satisfait à la définition d’ASPD présente
dans le DSM-IV, et un autre clinicien peut dire le contraire, et
les deux peuvent avoir raison ! Le premier clinicien peut
exclusivement utiliser les critères de diagnostic formels, tandis
que le second clinicien peut dire « oui, l’accusé
satisfait peut-être aux critères formels, mais il ou elle ne
possède pas les traits de personnalité décrits dans la section
« Caractéristiques associées » du texte du DSM-IV ».
Autrement dit, un bon psychopathe avec un bon avocat peut
commettre n’importe quel crime et s’en tirer à bon compte.
Cet échec du DSM-IV à différencier entre psychopathie et ASPD
peut avoir (et aura sans aucun doute) de très graves conséquences
pour la société.
[6]
ERP : Event Related Potential, Potentiel Évoqué en français
(PE). En électroencéphalographie, un potentiel évoqué désigne
le signal électrique produit par le système nerveux en réponse
à une stimulation externe (son, lumière) ou interne (prise de décision,
préparation motrice). Ce signal étant en général très faible,
il est nécessaire de répéter l’enregistrement un grand nombre
de fois de façon à moyenner toutes ces mesures et à obtenir une
caractérisation du potentiel évoqué qui soit fiable. Source :
Wikipédia — NdT
[7]
La tâche de décision lexicale est une expérience
comportementale, c’est-à-dire une expérience visant
l’exploration psychologique d’un comportement. Elle consiste
à présenter des mots ou des pseudomots (chaînes de caractères
qui respectent les règles phonotactiques de la langue, comme
cateau). On demande alors aux sujets de répondre le plus
rapidement et le plus précisément possible si c’est un mot ou
un pseudomot. Cette tâche peut être visuelle ou auditive. Source :
Wikipédia — NdT
[8]
On ne peut guérir ce que l’on ne connaît pas — Ndt
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