Opinion
Françafrique: Histoire d'une nébuleuse qui
tue l'Afrique
Séraphin Prao Yao
Samedi 25 décembre 2010
"Une goutte de pétrole vaut une goutte de sang"
Georges CLEMENCEAU
La France
est-elle une démocratie ou a-t-elle dérivé ? Quelle vaste
question ! A priori, la réponse sur toutes les lèvres est
celle-ci : oui la France est une démocratie. Certes, en France,
on ne trouve pas de Goulag, certes, en France, on ne compte pas
de camps de travail obligatoire, pour autant, ce grand pays est
une démocratie par apparence.
En Afrique par
exemple, la France a une grande histoire avec un certain nombre
de pays. Les liens tissés avec l’Afrique pèsent si fort sur
l’ensemble des relations de la France avec les pays en
développement qu’aucun réexamen de la politique en direction du
Sud ne peut se faire sans oser aborder de front les questions
posées par ces liens privilégiés.
Nous aborderons
dans cette réflexion la question de la "Françafrique". Pour ce
faire, notre travail s’articulera autour de trois axes
principaux.
-
Dans un premier temps, dans le seul
dessein de ne point provoquer un dépaysement intellectuel, et
d’échapper à la répétition des schémas et modèles, il serait
judicieux de dresser l’historique de la
"Françafrique".
-
Dans un deuxième temps, nous présenterons
le fonctionnement de la
"Françafrique".
Il en ressort qu’elle a des effets nocifs pour l’économie
africaine dans son ensemble.
-
Dans un troisième temps, nous verrons
qu’il est urgent de combattre la
"Françafrique"
puisqu’il est fondé qu’elle sape l’épanouissement économique et
politique des pays africains.
1.
QU’EST-CE QUE LA
"FRANÇAFRIQUE"
La
"Françafrique"
n’est pas un mot inventé par l’académie française, ni par un
grammairien de renom. C’est un terme impropre dans la forme
comme dans le fond. Il s’apparente à un effort d’accoler deux
mots : la France et l’Afrique. Or il s’agit d’un pays et un
continent très lointain que seule l’histoire peut réunir.
Selon nos
recherches sur le sujet, c’est l’ancien président de la Côte
d’Ivoire, Félix
HOUPHOUËT-BOIGNY qui inventa l’expression
France-Afrique en 1955, pour définir les relations d’amitiés
qu’il voulait établir avec la France. Il sera transformé par
François-Xavier
VERSCHAVE, pour devenir
"Françafrique".
Pour
François-Xavier VERSCHAVE, on peut définir la
"Françafrique"
comme "une nébuleuse
d’acteurs économiques, politiques et militaires, en France et en
Afrique, organisée en réseaux et lobbies, et polarisé sur
l’accaparement de deux rentes : les matières premières et l’Aide
publique au développement. La logique de cette ponction est
d’interdire l’initiative hors du cercle des initiés. Le système
autodégradant se recycle dans la criminalisation. Il est
naturellement hostile à la démocratie".
On voit donc que
la
"Françafrique"
agit avec plusieurs acteurs (économiques, militaires et
politiques) entre un seul pays, la France et un continent,
l’Afrique, le tout dans des réseaux.
Historiquement,
en 1958, l’union française est remplacée par la
"Communauté"
dans la constitution de la 5e République. Celle-ci
est conçue comme une association entre un Etat souverain, la
France, et des Etats africains disposant de l’autonomie interne.
Le général DE
GAULLE, quand il accède à la présidence de la République, doit
affronter une situation internationale nouvelle, celle où les
colonies de la France au sud du Sahara affirment leur volonté
d’accéder à l’indépendance. DE GAULLE fait mine d’accepter.
Mais
DE GAULLE
n’a pas oublié que l’intégration économique entre la France et
son empire colonial a atteint sa forme la plus achevée dans les
années cinquante, à la veille de la décolonisation. Par exemple,
en 1960, 30% des exportations françaises étaient réalisées dans
le cadre de l’empire.
Jusqu’à la
Première Guerre mondiale, ces relations étaient restées, pour
reprendre l’expression de
Catherine
COQUERY-VIDROVITCH,
"un combiné de régime
militaire et d’économie de pillage […]. Sur le plan
macro-économique la raison d’être de la colonie était de
rapporter à la métropole. […]
L’objectif est d’importer à bas prix des marchandises médiocres
mais vendues à l’Africain le plus cher possible, en échange de
biens primaires d’exportation contre une rémunération au
producteur la plus faible possible".
Pour avoir
toujours le contrôle sur son empire colonial,
Charles DE GAULLE
charge, dès 1958, son plus proche collaborateur,
Jacques FOCCART,
de créer un système de réseaux qui emmaillotent les anciennes
colonies dans un ensemble d’accords de coopération politique,
économique et militaire qui les placent entièrement sous
tutelle. Bref, un système élaboré d’installation de forces
parallèles. Et puis il y a eu l’ingénieuse idée de créer le
franc CFA, qui est en
réalité un instrument magnifique de convertibilité en Suisse
d’un certain nombre de richesses africaines.
En définitive,
après les indépendances, la relation entre la France officielle
et les Etats africains s’est transformée en une sorte de
relation incestueuse et infectieuse.
La véritable
amitié entre la France et les pays africains est constituée
d’une organisation formée par une coalition hétéroclite composée
de présidents africains et de multinationales dont le but final
est de maintenir au pouvoir des dirigeants corrompus afin
d’orchestrer le pillage systématique des fabuleuses richesses de
l’Afrique.
Ce système
d’origine réactionnaire, droitière, conservatrice,
arrière-gardiste, est en vérité un instrument de la stratégie
néocoloniale française
1.
LE FONCTIONNEMENT DE LA
"FRANÇAFRIQUE"
La
"Françafrique" a
plusieurs composantes : la coopération militaire, l'aide au
développement, la diplomatie et le franc CFA. Elle s’est
incrustée avec un ensemble d’accords de coopération politique,
économique et militaire.
La
"Françafrique"
a pour but de rendre compétitive l’économie française en lui
fournissant les ressources naturelles dont son économie a
besoin. Se souvient-on que l’économie est la lutte contre la
rareté. En ce point se dessine le principe essentiel de la
"Françafrique" :
assurer la survie de la France.
Dans les faits,
les réseaux politiques, mafieux et de filières occultes, se
partagent le gâteau africain. Il s’agit d’aider quelques
entreprises françaises, aidées par la diplomatie française en
Afrique à exploiter les ressources naturelles des pays
francophones. Ainsi, l’Afrique devient le pré-carré de toutes
les compromissions et de tous les coups tordus, un espace
protégé où l’impunité est assurée aux puissants.
En clair, la
"Françafrique" agit par les coups d’Etat afin d’imposer des
présidents dociles qui permettront aux entreprises françaises
d’exploiter abusivement les ressources naturelles de l’Afrique.
C’est ainsi que les multinationales instrumentalisent des
conflits régionaux ou locaux pour obtenir ou conserver des
marchés et des concessions.
Sur le plan
militaire, la "Françafrique" s’est transformée en
"Mafiafrique",
une sorte de mondialisation de relations criminelles. C’est bien
elle qui a éliminé Ruben Um NYOBÉ du Cameroun, SYLVANUS OLYMPIO
du Togo (le 13 janvier 1963), Barthelemy BOGANDA de la
Centrafrique, Thomas SANKARA du Burkina Faso, Patrice LUMUMBA de
l’ex-Zaïre, Marien NGOUABI du Congo Brazzaville, Steve BIKO de
l’Afrique du Sud, KRAGBÉ GNAGBÉ, Ernest BOKA de Côte d’ivoire,
etc...
Souvenons-nous
que le Nigérien
HAMANI DIORI qui voulait vendre son uranium ailleurs
qu’en France, a été déposé manu militari. En 1978, la France
intervenait militairement au Zaïre (actuelle République
Démocratique du Congo) en soutien au dictateur
Joseph Désiré
MOBUTU, contre les 3000 rebelles du Front de Libération
Nationale Congolaise (FLNC).
Aujourd’hui
encore, la France ne désarme pas, elle est plus active que par
le passé. Coups d’Etat en Guinée-Bissau (septembre 2003) et à
Sao-Tomé- et-Principe (juillet 2003), tentatives de putsch au
Burkina Faso et en Mauritanie (octobre 2003), renversement de
M. Charles TAYLOR par une rébellion au Liberia (août 2003),
remous politiques au Sénégal (année 2003), déstabilisation de la
Côte d’Ivoire (depuis septembre 2002)... l’Afrique de l’Ouest
semble s’être durablement installée dans la crise politique.
C’est cette "Françafrique" qui a chassé le Président Pascal
LISSOUBA du pouvoir au Congo Brazzaville parce qu’il a eu le
malheur de demander 33 % de royalties sur le pétrole au lieu des
17 % de SASSOU NGUESSO.
Que d’opérations
sur notre continent pour déstabiliser nos Etats : opération
"Tacaud"
dans la guerre du Katanga (Zaïre) en 1978, opération
"Barracuda"
contre Bokassa en 1979, opération
"Epervier"
en 1986 au Tchad, opération
"Turquoise"
au Rwanda en 1994, opération "Azalée" en 1995 au Comores,[..]
opération
"Licorne"
en 2002 en Cote d’Ivoire.
Sur le plan
économique, la guerre des ressources naturelles fait rage. En
Afrique, ELF tire environ 70 % de sa production, et d’où le
nouveau groupe TotalFinaElf tire encore 40 % de sa production.
Depuis des décennies, les compagnies pétrolières interviennent
dans la vie politique et économique des pays concernés. Si ce
n’est pas la mise en place ou le cautionnement des régimes
responsables de violations massives des droits humains ou
l’alimentation et encouragement des circuits de corruption, à
l’étranger (surtout en France), c’est la destruction de
l’environnement qui est en cause.
En 2006, le
groupe pétrolier Total a publié un bénéfice net ajusté record de
12,585 milliards d’euros, soit le plus gros bénéfice jamais
enregistré par une entreprise française. Ses revenus ont
progressé de 12% à 153,802 milliards d’euros. La croissance du
bénéfice du groupe a suivi ces dernières années la hausse des
cours du brut. De 7 milliards en 2003, le bénéfice de Total a
dépassé légèrement les 9 milliards en 2004 avant d’atteindre un
précédent record de 12,003 milliards en 2005.
Depuis sa fusion
en mars 2000, le groupe Total-Fina-Elf est devenu la première
entreprise privée française et le quatrième pétrolier mondial :
50 milliards de francs de profits, 761 milliards de chiffre
d’affaire (soit la moitié du budget de la France).
Ce monstre
industriel est surtout actif en Asie (notamment en Birmanie)
avec Total, en Afrique du Nord (particulièrement en Libye) avec
Fina et en Afrique noire (Angola, Congo Brazzaville, Gabon,
Cameroun, Tchad...) avec Elf. Au même moment, selon le
classement des Nations unies, le Nigeria et l’Angola, les deux
principaux producteurs africains de pétrole se trouvent
actuellement au rang des nations les plus pauvres, plus
précisément les plus appauvries par trois décennies
d’exploitation pétrolière.
Cette tendance
militaro-affairiste concerne à l’occasion d’autres
multinationales : Bolloré-Rivaud (transport maritime), Bouygues
(bâtiment), Castel (bières), Thomson (électronique),
Suez-Lyonnaise-Dumez (eaux), Dassault (aviation).
Vincent
BOLLORÉ est l’un des acteurs économiques principaux de la "Françafrique".
On y découvre tous les liens politico-financiers de Vincent
BOLLORÉ qui est aussi directement bénéficiaire de l’aide
économique au développement de la France aux pays africain,
entretenant ainsi des relations étroites avec les dictatures
d’Afrique.
La dépendance de
la France pour des produits dont le poids dans la balance
commerciale est très lourd (pétrole, cuivre), mais aussi des
produits stratégiques (manganèse), silicium, platine, chrome,
molybdène, éponge de titane, cobalt, ... le poussent à piller
notre sous-sol avec l’aide de nos présidents.
Sur le plan
financier et monétaire, la France impose une zone monétaire et
une monnaie à ses anciennes colonies. La zone franc est née
officiellement en 1946.
En réalité, ses
principales caractéristiques étaient apparues entre les deux
guerres. Jusqu’alors, la colonisation ne s’était accompagné
d’aucune tentative de mise en valeur systématique des
territoires d’outre-mer. La formation d’une zone économique
impériale, protégée de la concurrence extérieure et fondée sur
la complémentarité des productions coloniales et
métropolitaines, passait par la création d’un espace monétaire
commun.
Les premières
dispositions dans ce sens furent prises lors du déclenchement de
la Seconde Guerre mondiale avec l’instauration d’une
réglementation des changes valable pour l’ensemble des résidents
de l’empire et la centralisation des réserves en devises au
profit de la métropole. Les liens monétaires avec les colonies
furent rationalisés et systématisés après la guerre avec la
création des francs des colonies françaises d’Afrique (C.F.A).
Si de toutes les
structures étatiques de gestion coloniale, la zone franc est
celle qui a le mieux survécu à la décolonisation, c’est parce
que ses mécanismes permettent aux entreprises françaises
d’opérer dans cette zone sans risque notable.
Ces mécanismes
assurent la libre transferabilité des capitaux dans la zone et
la suprématie de la France dans son fonctionnement. Avec la zone
franc, la France garde le contrôle du système économique de ses
anciennes colonies. C’est cette vassalisation monétaire que nous
appelons le
"CFAFRIQUE",
un autre pan de la
"Françafrique".
1.
LA NECESSITE DE COMBATTRE LA
"FRANÇAFRIQUE"
L’Afrique est
le seul continent qui soit encore à la mesure de la France, à la
portée de ses moyens, le seul où elle peut encore, avec cinq
cents hommes, changer le cours de l’histoire. Le débat sur la
"Françafrique"
n’est pas tranché, malgré la répétition paresseuse des
tout-faits. C’est qu’il concerne, qu’on veuille ou non, l’image
de la société française et par conséquent les intérêts qu’elle
hiérarchise.
Ce qui est
certain, le miroir s’est brisé où la France aimait à contempler
sa vertu. Le Sud s’est disloqué, l’Afrique s’est marginalisée,
le Nord s’est recomposé, le dialogue entre pays riches et pays
pauvres a volé en éclats.
La
"Françafrique" tue
le continent africain en silence sans qu’aucune puissance n’en
parle. Sous nos yeux, des peuples souffrent, sous nos yeux,
l’Afrique est pillée et meurtrie.
Dans leurs
activités en Afrique, les multinationales du pétrole illustrent
clairement un processus de socialisation des pertes et de
privatisation et capitalisation des profits. Au-delà du pillage
systématique des ressources naturelles et même halieutiques de
l’Afrique, les multinationales ont une habitude dévergondée de
s’inviter dans la politique africaine. Cette immixtion des
multinationales - comme des règles de la mondialisation
économique - dans la sphère publique africaine a provoqué un
amalgame entre droit public et droit privé.
Du coup, presque
tous les chefs d’Etat africains ne se considèrent pas comme des
présidents de la République, garants de l’intérêt général, mais
agissent plutôt comme des présidents de conseil
d’administration. En conséquence, la gestion du pétrole, de l’or
ou du diamant, la vente des produits agricoles et des ressources
naturelles (minerais, bois) donnent lieu à des comportements
claniques, voire d’allégeance féodale, de la signature des
contrats d’exploitation des matières premières (commissions)
jusqu’à la répartition des fortes valeurs ajoutées dégagées lors
des ventes sur le marché mondial.
La gestion de la
manne pétrolière au Gabon au Congo Brazzaville et en Angola en
est une parfaite illustration. Sur ce continent, jamais il n’y a
eu autant de
"batailles",
de pathologies, de pillage de l’économie et du sous-sol.
Par exemple en
côte d’ivoire, la défense des intérêts français se mesure, elle,
à l’importance que prend l’appétence de certaines
multinationales françaises à exercer leur contrôle sur les
outils de production et les services publics (électricité,
télécommunications, bâtiments et travaux publics), sans pour
autant que la population locale voie la couleur des dividendes,
ni profite des fruits de la croissance.
Cette même
"Françafrique"
a aussi aidé des présidents corrompus des Etats néocoloniaux,
fondés sur une économie de rente, de pillage, de prélèvement de
la richesse des matières premières ou de détournement de l’aide
publique au développement.
Le Gabon et le Congo Brazzaville,
malgré leur pétrole abondamment exploité par Total, n'ont jamais
décollé économiquement. Ces pays ont même été contraints de
demander à accéder au statut de PPTE (pays pauvre très endetté).
Au Tchad, depuis
l’extraction de la première goutte de pétrole, les compagnies
anglo-américaines, françaises et Malaisiennes ont perçu 653
milliards de dollars. Il n’est resté que 62 millions de dollars
pour le Tchad.
Au Nigeria,
deuxième producteur de pétrole d’Afrique, avec des réserves de
2500 millions de barils, 80% de la population vivent avec moins
d’un dollar par jour.
Nous avons la
honte chevillée au corps à l’idée de concevoir qu’un continent
au sous-sol aussi riche et fertile soit humilié et violé.
Si le pétrole
est à la une, on oublie plus souvent dans les médias de rappeler
la situation des populations des pays qui possèdent du pétrole
dans leur sous-sol, et se voient soumises au pouvoir de ces
multinationales pétrolières.
La
"Françafrique" doit être combattue de toutes nos forces car
la France n’est pas notre messie. Une fois que l’on abandonne
les discours lénifiants, les falsifications, les mensonges et la
propagande en sa faveur, il reste les faits : Cette dictature
des puissances préconise la misère comme gestion des pays déjà
ou encore pauvres.
Il est urgent,
dans l’intérêt de la France et de l’Afrique, de refonder les
relations qui lient ce grand continent et ce pays. Conçue
d’abord pour conserver à la France une zone d’influence en
Afrique, ensuite pour accroître son rayonnement culturel et
renforcer ses parts de marché, la politique de coopération est
aujourd’hui à la croisée des chemins. Par un effet de miroir, la
faillite du modèle de croissance néo-colonial en Afrique noire à
ceux-là même qui s’en accommodaient jusqu’ici la confusion des
objectifs, l’inadaptation des structures, le gaspillage des
moyens qui ont caractérisé cette politique pendant près de 50
ans.
Le président
français, Nicolas SARKOZY avait promis le changement mais il a
opté pour le conservatisme et l’immobilisme. Lors de la
présentation de son programme en matière de politique étrangère,
le président français déclarait que
"L’Afrique n’est pas
notre pré-carré" et
"Il nous faut les (Africains) débarrasser des réseaux d’un autre
temps, des émissaires officieux qui n’ont d’autres mandats que
celui qu’ils s’inventent. Le fonctionnement normal des
institutions politiques et diplomatiques doit prévaloir sur les
circuits officieux qui ont fait tant de mal par le passé. Il
faut définitivement tourner la page des complaisances, des
secrets et des ambiguïtés, notamment avec nos partenaires
africains et arabes".
Afin d’éviter la
prolifération des comportements extrémistes, terreau du
terrorisme international, la France, donneuse de leçons, doit
revisiter sa position et jeter ses lunettes coloniales.
Dans un
milieu assez épuisé intellectuellement, n’oublions pas de noter
ce que disait le
président burkinabé
Thomas SANKARA le 27 juillet 1987 devant ses pairs à la
tribune de l’OUA (aujourd’hui UA ou Union africaine) :
"Il y a crise aujourd’hui parce que les masses refusent que les
richesses soient concentrées entre les mains de quelques
individus. Il y a crise parce que quelques individus déposent
dans des banques à l’étranger des sommes colossales qui
suffiraient à développer l’Afrique....Il y a donc lutte et
l’exacerbation de cette lutte amène les pouvoirs financiers à
s’inquiéter. On nous demande aujourd’hui d’être complices de la
recherche d’un équilibre. Equilibre en faveur des tenants du
pouvoir financier. Equilibre au détriment des masses populaires.
Non ! Nous ne pouvons pas être complice …"
Le dossier
Monde
Dernières mises à
jour
|