Des Forces de sécurité
palestiniennes au service d’Israël
Tuer pour gagner son pain
Sattar Kassem
Photo CPI
Lundi 8 juin 2009
M. Sattar Kassem, Professeur de Sciences politiques à
l’Université Al Najah, à Naplouse, dénonce la brutale répression
mise en œuvre en Cisjordanie, pour la sécurité et le bien-être
d’Israël, par les Forces de sécurité palestiniennes entraînées
par le Lieutenant General Keith Dayton, coordinateur de sécurité
états-unien pour Israël et l’Autorité palestinienne.
Forces de sécurité palestiniennes
Obama est venu, Obama est parti, et le thème reste toujours le
même, du sang contre du pain comme solution miracle au problème
palestinien : vous, Palestiniens, devez respecter les exigences
de la sécurité israélienne comme Israël le juge opportun si vous
voulez conserver un fragile salaire à la fin du mois.
Pour le simple maintien de
son salaire, un Palestinien doit arrêter son compatriote
palestinien ou le tuer.
Tuez votre frère palestinien
ou votre sœur palestinienne pour être sûr de recevoir un morceau
de pain le lendemain.
La politique des Etats-Unis
envers les Palestiniens est l’une des plus cruelles et
impitoyables de l’histoire de l’humanité. Elle consiste, au
travers des régimes arabes la botte des Américains, à recruter
des Palestiniens, à les entraîner, et à les équiper d’armes
meurtrières pour combattre ces Palestiniens qui cherchent à
recouvrer leur propre liberté et à libérer leurs terres
occupées. Les États-Unis prétendent être le champion des droits
de l’homme et de la liberté au moment même où ils perpètrent des
pogroms et des massacres de masse, directement ou indirectement,
en Palestine, en Irak, en Afghanistan et au Pakistan.
Keith Dayton est le tueur et
le vampire américain qui est en train d’orchestrer et d’exécuter
les atrocités américaines en Cisjordanie. Il est désigné comme
le coordinateur américain de sécurité entre les Palestiniens et
les Israéliens, mais il est en fait un affreux et misérable
monstre qui cherche à démanteler la société palestinienne en
suscitant des dissensions et de violents combats entre factions,
comme un moyen de liquider les droits nationaux inaliénables des
Palestiniens. Il s’est employé à acheter la loyauté et la
coopération de certains Palestiniens qui cherchent toujours à
faire monter la tension dans la société palestinienne.
Dayton est l’homme qui a
travaillé jour et nuit dans l’intérêt de la sécurité et du
bien-être d’Israël, et qui a fidèlement servi l’objectif
sioniste d’expulser indirectement les Palestiniens de leur
patrie.
Tant de Palestiniens en ont
eu tellement assez des tensions et des querelles internes qu’ils
ont décidé que leur pays n’était plus leur pays. Au fil des
années, les mesures de répression israéliennes ont échoué à
parvenir à un aussi sombre et amer résultat, mais Dayton, avec
l’aide de ses marionnettes palestiniennes, a obtenu des succès.
Les États-Unis ont alloué à
ce jour près de 161 millions de dollars pour mettre sur pied les
Forces de sécurité palestiniennes qui assurent les besoins de la
sécurité d’Israël, au détriment de la sécurité des Palestiniens.
C’est une épouvantable et
inhumaine calamité que des Palestiniens soient entraînés et
formés à arrêter et tuer des Palestiniens dans l’illusion qu’il
s’agit là de la meilleure façon de construire un Etat
palestinien. Tout ce qu’en retirent ces Palestiniens fourvoyés
et inconscients, ce sont quelques centaines de dollars qui ne
suffisent même pas à assurer leurs dépenses mensuelles.
Dayton a entraîné des
Palestiniens en Jordanie et à Jéricho. Lors d’une conférence
donnée dans un centre pour la paix au Proche-Orient, il a
déclaré que ces individus étaient examinés avant d’être recrutés
par la sécurité américaine, la sécurité israélienne (Shin Bet)
et les services de renseignements jordaniens. (Il a utilisé le
verbe « to vet » [comme pour l’examen d’un animal par un
vétérinaire (ndt)] au lieu du verbe « to examine », ce qui est
une indication de l’avilissement de ces recrues).
Dans son discours, il a
précisé que la mise sur pied de ces forces visait deux
objectifs : la lutte contre les gangs criminels et la lutte
contre le Hamas. Nous, en Cisjordanie, nous n’avons pas vu de
réel effort contre les gangs, mais nous avons vu un usage bien
réel d’armes à feu contre le Hamas. Dayton a clairement indiqué
que, pour les Américains, le principe qui sous-tend la
construction des forces palestiniennes est la lutte contre le
Hamas. Et il a été très clair devant le Congrès américain
lorsqu’il a dit que ces forces ne représentaient aucune menace
pour la sécurité d’Israël. Il a demandé au Congrès une rallonge
de 59 millions de dollars. Ce Monsieur Dayton a également
construit un centre d’entraînement à Jéricho, dans la vallée du
Jourdain, pouvant accueillir 700 recrues à la fois.
Il a également été précisé
que tout arrangement sécuritaire ou financier qui n’aurait pas
été effectué sous le contrôle du Dr Salam Fayyad ne serait pas
accepté. Les six Palestiniens tués en Cisjordanie [1]
ont suscité la jubilation des Américains qui se sont félicités
de ce soi-disant succès de Dayton.
Les Américains trouvent
facile de mettre les Palestiniens à genoux pour un morceau de
pain. Cela ne leur coûte pas grand chose, et il y a assez de
collaborateurs palestiniens prêts à vendre leur pays et leur
peuple pour quelques sous ou pour une nuit agréable dans un
bordel en Israël ou en Europe.
Je n’appartiens pas au Hamas,
mais les forces de Dayton ont démoli ma voiture en 2007, brûlé
ma voiture en 2009, et conspiré pour m’emprisonner sur des
allégations criminelles en 2009. J’ai été jeté en prison avec
des criminels pendant trois nuits sous l’allégation d’avoir
déformé l’image d’une personne signalée pour avoir tiré sur ma
voiture en 2007, et l’image d’une personne accusée d’avoir tiré
sur une personnalité religieuse éminente à Naplouse.
Voilà le Dayton civilisé que
nous avons comme représentant de la première démocratie du
monde. Au diable la démocratie et, quoi qu’ils fassent, il y a
des Palestiniens courageux et dévoués qui ne trahiront jamais
leur pays, et qui sont prêts à faire les sacrifices nécessaires
pour sa libération.
Sattar Kassem
Le 8 juin 2009
[1]
Voir : « Police
raid sparks West Bank clash », Al
Jazeera.net, 1er juin 2009.
Traduction de l’article en français
Traduit de l’anglais par JPH (13.06.2009)
Article original en anglais (08.06.2009) :
http://www.silviacattori.net/article849.html
|