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CADTM
GAZA un an
après : N'oublions jamais
Samir Abi
Photo: PCHR
Vendredi 1er janvier 2010
La Palestine ne cessera jamais d’être sur nos lèvres tant que
ne cessera cette injustice. La plus grande injustice du siècle
devant laquelle tout le monde semble impuissant. Une fois
encore, la forte mobilisation citoyenne visant à libérer Gaza du
blocus dont elle est victime depuis 4 ans se heurte à la volonté
des Etats de laisser perdurer, au profit de leur intérêt
particulier et de leur relation avec Israël, le triste sort des
palestiniens et palestiniennes. Israël, un petit Etat qui nargue
le monde entier et qui tient en laisse les plus grandes
puissances du globe. Un petit Etat qui utilise toute sa
puissance militaire, la quatrième du monde, pour brimer la
volonté d’un peuple qui ne désire qu’une chose : être libre et
indépendant sur une terre qui leur a été spoliée.
Il y a un an… Le massacre
Il y a un an, c’était le massacre de Gaza. Quel crime ont
commis les 1.400 palestiniens et palestiniennes victimes de la
barbarie de l’armée israélienne l’année dernière ? Quelles
réparations ont été obtenues un an après pour les centaines de
maisons, de commerces, de fabriques, d’infrastructures médicales
et scolaires, de champs et de réserves d’eau détruits, rasés
alors qu’Israël continue d’empêcher toute importation de
matériaux de reconstruction par un blocus inhumain ? Celles et
ceux dont les maisons ont été détruites continuent à survivre
sous des tentes de fortune malgré l’hiver qui vient de
commencer. L’eau, le gaz, l’électricité font défaut. Comme la
nourriture et les médicaments. Comme les chaussures des enfants,
que les dirigeants israéliens refusent de laisser passer. Comme
les vêtements. A cause de ce blocus les habitants et habitantes
de Gaza dépendent entièrement de l’aide internationale. L’aide
internationale que voudrait leur apporter les 1.300 Athées,
Chrétiens, Juifs, Musulmans venus de plus de quarante pays que
le gouvernement égyptien empêche d’entrer à Gaza. Pour survivre
au siège dont elle est victime de la part de l’armée
israélienne, la population palestinienne n’a d’autres recours
que d’utiliser des tunnels clandestins où ils font passer les
produits de première nécessité au péril de la vie des passeurs,
qui sont souvent victimes des bombardements israéliens. Et pour
aggraver leur souffrance, le gouvernement égyptien est en train
de construire un mur d’acier souterrain afin d’empêcher le
passage des produits par les tunnels. Gaza est la plus grande
prison au monde. Une prison affamée, assoiffée, mais qui résiste
et à qui les citoyennes et citoyens du monde entier doivent
apporter leur solidarité. Une solidarité active car le temps des
mots est révolu. Il nous faut exiger que la communauté
internationale contraigne enfin Israël à cesser les crimes de
guerre, voire les crimes contre l’Humanité envers les
Palestiniens comme l’a réaffirmé le Rapport de la Commission
d’enquête de l’ONU sur les événements d’il y a un an.
Il y a un an… Je ne l’oublierai jamais. En trois semaines,
Israël a tué des milliers d’innocents impunément, a fait des
milliers de blessés, des milliers d’orphelins, de veufs et de
veuves, des milliers de sans abris, a mis à terre l’économie de
ce territoire déjà étouffée par le blocus et où l’espérance de
vie ne cesse de diminuer. Elle a condamné une population qui
souffrait déjà et qui souffrira encore d’avantage lorsqu’elle
verra naître ses enfants déformés par l’uranium de ses bombes et
qu’elle les verra mourir atteints de cancer. Et cela, je ne
l’oublierai jamais, avec le soutien des pays qui défendent les
« Droits humains » (Etats-Unis, Europe,…), des médias qui
défendent la « démocratie », et même des pays arabes qui ont
trahi leur frère, pour clamer la légitime défense de l’état
d’Israël. Il y a un an, je me souviens encore de ces mots du
prix Nobel de la paix, le président Barack Hussein Obama,
déclarant que, s’il vivait en Israël avec sa femme et ses
enfants et s’il voyait la sécurité de sa famille en danger, il
agirait de la même manière que le fait l’état d’Israël. Oui,
Monsieur le prix Nobel, vous avez sans doute oublié un détail. A
qui appartient la terre sur laquelle est bâtie la maison qui
abrite ces familles israéliennes ? On vole les terres d’un
peuple, et on est indigné de voir qu’il résiste ? Comment ne pas
être écœuré de voir un peuple souffrir en silence et qui n’a
personne pour défendre ses droits, ni même informer le monde de
la tragédie qu’il vit ?
Pour une solution… Laquelle ?
La nature du problème palestinien, faut-il le rappeler,
dépasse les frontières religieuses et humanitaires malgré ce
qu’on nous laisse croire. C’est un problème de droits, un
problème de justice, un problème national né de la lâcheté des
puissances colonisatrices et complices du nazisme qui, pour
sauvegarder leurs intérêts au Moyen Orient, ont créé l’Etat
d’Israël. Depuis sa création, cet Etat est en guerre permanente
contre ses voisins, contre ceux des palestiniens qui ne veulent
pas quitter leurs terres, contre les décisions de l’ONU qui a
pourtant été à l’origine de sa création mais dont il ne respecte
pas les décisions depuis soixante ans. Pour moins que cela
Saddam Hussein a été déchu. Les palestiniens, comme tous les
peuples de la planète aspirent à l’indépendance ; ils en ont
assez de la colonisation, de l’apartheid et des massacres. Ils
en ont eu assez des négociations de paix et des lourds
sacrifices consentis par Yasser Arafat, qui a fini comme on
sait, prisonnier à Ramallah et assassiné… Pour cela ils ont fait
confiance au Hamas en 2006. Le Hamas, qui a leur yeux est le
seul mouvement de résistance qui pouvait encore les défendre
après des décennies d’humiliations. Et en le faisant, ils ont
décidément choisi de mourir les armes à la main plutôt que
lentement … A leur place qu’aurions-nous fait ? Que ceux qui ont
encore la mémoire se souviennent de nos luttes en Afrique pour
les indépendances. De la révolte « Mau Mau » au Kenya, colonie
de peuplement sous occupation britannique. Que ceux qui ont
encore la mémoire se souviennent des résistants français et de
leurs actions. Ils n’étaient pas des terroristes. Et pourtant
leurs moyens d’action différaient-ils du Hamas ? La mémoire est
certes infidèle mais pas pour les justes.
Samir Abi est Secrétaire Général d’ATTAC
Togo, membre du réseau international CADTM.
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