Liban
Le terrorisme
aveugle ne brisera pas la Résistance
Samer R. Zoughaib
Vendredi 16 août 2013
La main
criminelle a frappé à Roueiss, dans la
banlieue sud de Beyrouth. Le bilan de
l'attentat le plus meurtrier depuis
trois décennies dans cette région est
lourd et les dégâts énormes. Mais la
population, fière, digne, et déterminée,
saura surmonter ses souffrances et ses
peines et restera attachée à la
Résistance.
Les terroristes ont voulu faire le
plus de victimes et de destructions
possibles. Le bilan est lourd, 21 morts
et 336 blessés, tous des civils
innocents fauchés dans la rue, sur leur
lieu de travail ou dans leurs maisons.
Les dégâts sont considérables: des
dizaines de voitures calcinées, des
devantures détruites, des balcons
effondrés, des façades éventrées, et des
appartements dévastés.
A travers ce terrorisme aveugle et
inhumain, les criminels veulent,
surtout, faire plier les habitants de la
banlieue sud, le vivier de la
Résistance; les briser
psychologiquement; creuser un fossé
entre eux et leur leadership, représenté
par le secrétaire général du Hezbollah,
sayyed Hassan Nasrallah et ses allié.
Mais ils ont encore un fois échoué.
Quelques minutes seulement après
l'explosion, alors que les victimes
étaient encore sous les décombres et que
les flammes consumaient la pierre, une
foule déterminée et en colère s'est
spontanément rassemblée, bravant tous
les dangers, dont la possible existence
d'une seconde voiture piégée. Les jeunes
gens ont scandé des slogans à la gloire
de sayyed Nasrallah et de la Résistance.
La réaction de la foule est très
significative et dénote une maturité
politique exceptionnelle. Car l'attentat
a été perçu comme une réponse aux propos
de sayyed Nasrallah, mercredi soir, lors
d'une interview accordée à la chaine
panarabe al-Mayadeen. Le leader du
Hezbollah a délivré, dans cette
intervention, de nombreux messages. Mais
le plus important reste sa revendication
de l'embuscade contre la patrouille
israélienne qui a violé l'intégrité
territoriale du Liban dans la région de
Labbouné, le 7 août. Il a assuré que la
Résistance «ripostera de la manière
qu'elle jugera appropriée à toute
violation israélienne... et tranchera
les jambes de ceux qui fouleront le sol
du Liban».
L'embuscade de Labbouné -qui
constitue une violation de la
souveraineté libanaise, selon le chef de
la Finul, le général Paolo Serra- a
prouvé à tous que la Résistance reste
vigilante et alerte et dispose toujours
de toutes ses capacités, en dépit de son
engagement sur le terrain syrien face
aux extrémistes et autre takfiristes,
qui sèment la mort et la désolation en
Syrie, au Liban et en Irak.
Dans cette interview, sayyed
Nasrallah a mis en évidence le rôle
suspect et négatif joué par le 14-Mars
et ses sponsors régionaux, notamment
l'Arabie saoudite, dans la guerre de
juillet 2006. Il a souligné, dans ce
contexte, que le Premier ministre de
l'époque, Fouad Siniora, et ses alliés
politiques, continuaient de réclamer le
désarmement de la Résistance au Sud du
fleuve Litani, alors que les Israéliens
et les Américains avaient abandonné
cette exigence après la défaite de
l'armée israélienne sur le terrain. M.
Siniora a retardé de plusieurs jours la
réponse du Liban aux Nations unies pour
l'entrée en vigueur du cessez-le-feu,
dans l'intention d'exercer des pressions
sur la Résistance. Pendant ce temps,
l'aviation et l'artillerie israélienne
s'acharnaient sur la banlieue sud et le
reste du pays, faisant des dizaines de
morts et de blessés supplémentaires.
Dans ce même ordre d'idée, le timing
de l'attentat de Roueiss est très
significatif. Il intervient au lendemain
du 14 août, qui marque la défaite
israélienne et la victoire de la
Résistance. Le chef du Pati socialiste
progressiste (PSP), Walid Joumblatt, a
souligné, à juste titre, cette
concomitance. «C'est Israël qui a
perpétré cet acte pour se venger de sa
défaite lors de la guerre de juillet»,
a-t-il dit. Le président de la
République, Michel Sleiman, a également
accusé «Israël».
Guerre
universelle contre la Résistance
Tout observateur alerte ne peut pas
séparer l'attentat de Roueiss de la
campagne tous azimuts lancée contre la
Résistance au niveau local, régional et
international. Il s'agit, en fait, plus
qu'une campagne, c'est une véritable
guerre, initiée par «Israël» et les
Etats-Unis, et exécutée par leurs
alliés, libanais, arabes et européens.
Elle prend diverses formes:
harcèlement des communautés libanaises
dans le monde sous prétexte de vouloir
«assécher les sources de financement du
terrorisme». La décision des pays du
Conseil de coopération du Golfe (CCG) de
sanctionner les Libanais partisans de la
Résistance en est l'illustration la plus
vivante; inscription de «l'aile
militaire» du Hezbollah sur la liste
européenne des organisations terroriste;
réactivation -sur demande- du Tribunal
spécial pour le Liban dans l'affaire
Hariri, après une longue hibernation;
intensification de la campagne de
dénigrement et des pressions contre le
Hezbollah au Liban, qui a atteint son
apogée avec les tentatives de l'exclure
du prochain gouvernement; enfin, les
attaques qui ont commencé avec le tir
des roquettes contre la Banlieue sud, le
26 mai, les attentats à la bombe contre
de présumés convois du Hezbollah sur la
route Beyrouth-Damas, l'attentat à la
voiture piégée du 10 juillet à Bir
el-Abed, et, finalement, l'explosion
meurtrière de Roueiss.
Selon des informations concordantes,
le maitre d'œuvre de cette campagne
serait le chef des services de
renseignements saoudiens, Bandar Ben
Sultan. Ce dernier aurait dit à une
délégation de personnalités libanaises
qui l'a rencontré à Riyad, que même si
un compromis était trouvé entre l'Arabie
saoudite et l'Iran, la guerre contre le
Hezbollah ne poursuivrait jusqu'au bout.
Selon d'autres visiteurs, il aurait
menacé la Banlieue sud de dix
attentats... nous en sommes au deuxième.
Reste que l'arme principale utilisée
contre la Résistance est celle de la
discorde sectaire entre sunnite et
chiites. La revendication de l'attentat
de Roueiss par un groupuscule extrémiste
inconnu, portant un nom à forte
connotation sunnite, participe de cet
effort. «La brigade d'Aïcha oum
el-Mou'minine» (du nom de l'épouse du
prophète Mohammad), a revendiqué dans
une vidéo l'attaque de Roueiss. «Hassan
Nasrallah, nous t'envoyons notre
deuxième puissant message, car tu ne
comprends toujours pas», a indiqué un
homme cagoulé lisant un communiqué aux
côtés de deux hommes armés.
Mais le Hezbollah ne se laissera pas
entrainer dans ce piège, car sa boussole
indique toujours la direction de la
Palestine, et il n'a d'autres ennemis
que les Israéliens, et leurs agents.
S'exprimant depuis les lieux de
l'explosion, le ministre de
l’Agriculture, Hussein Hajj Hassan, a
affirmé que cet attentat «n’affectera
pas la politique» du Hezbollah. «Nous
n’avons pas l’intention d’accuser
quiconque. Mais nous vaincront le
terrorisme d’où qu’il vienne», a-t-il
conclu.
Source: french.alahednews
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