La question des
réfugiés syriens est, à tous les égards,
une tragédie humaine. Par solidarité,
mais aussi par loyauté, les Libanais se
doivent d'accueillir, même dans leur
propre maison -comme l'a préconisé le
secrétaire général du Hezbollah, sayyed
Hassan Nasrallah- ces familles en
perdition, rongées par le désespoir, qui
ont tout perdu en raison d'une guerre
imposée à la Syrie par les puissances
occidentales et par certains pays
arabes. Les Syriens n'ont-ils pas
accueilli, à bras ouvert, des centaines
de milliers de Libanais fuyant la
machine de guerre israélienne, lors du
conflit de 2006? Les Libanais n'ont pas
la mémoire courte et ils l'ont prouvé en
faisant preuve d'hospitalité et de
générosité avec les réfugiés syriens et
palestiniens (ces derniers sont au
nombre de 30000 à avoir fuit les camps
autour de Damas, occupés et dévastés par
les groupes armés).
Cependant, la tragédie des réfugiés
est exploitée par ceux-là même qui
prétendent défendre la cause du peuple
syrien. Les pressions politiques,
médiatiques et psychologiques qu'ils
exercent sur les réfugiés les dissuadent
de rentrer chez eux dans les régions où
les combats ont cessé et, souvent, des
familles qui souhaitent rentrer en sont
empêchées. Bien au contraire, d'autres
sont encouragées à tout abandonner pour
venir grossir les rangs des sans abris.
Cette stratégie est classique, elle a
déjà été mise en œuvre en Afghanistan,
dans les années 80 du siècle dernier et
au Kosovo, à la fin de la décennie 90.
C'est en effet parmi les réfugiés que
sont recrutés les miliciens pour servir
de chair à canon aux projets américains
et occidentaux. N'oublions pas que c'est
du Liban, de Turquie et de Jordanie que
les rebelles syriens entrent en Syrie
après avoir été entrainés et équipés. A
la différence que ces deux derniers pays
contrôlent les flux de réfugiés et
n'hésitent pas à expulser ceux qui sont
en surnombre, ou ceux qui ne servent pas
les desseins qui leurs sont assignés. La
Turquie a ainsi renvoyé chez eux, fin
mars, plusieurs centaines de Syriens
sous prétexte qu'ils avaient participé à
des émeutes, pour protester contre la
mort d'une petite fille tuées lors
d'affrontements avec la Police militaire
turque.
Surenchères politiques
La politique d'encouragement de
l'exode, couplée à la négligence de
l'Etat libanais, à cause de surenchères
politiques, a transformé la question des
réfugiés en véritable casse-tête pour le
Liban. Il faut souligner, à cet égard,
que le malheur des réfugiés est une
source d'enrichissement pour les
"marchands de misère" et autres ONG, qui
collectent des fonds aux quatre coins du
monde "pour venir en aide aux pauvres
réfugiés", et n'en distribuent que les
miettes. Le gros du pactole ira grossir
leurs comptes en banques.
A cause de toutes ces raisons, le
drame des réfugiés commence à avoir de
graves répercussions sur les aspects
social, économique et sécuritaire. Le
Haut-Commissariat des Nations unies pour
les réfugiés (UNHCR) a estimé à plus de
400000 le nombre des réfugiés syriens au
Liban. Quelque 12000 réfugiés syriens se
sont enregistrés la semaine dernière,
alors que 262000 l’ont déjà fait et que
140000 attendent toujours leur tour.
Quelque 113000 réfugiés syriens se
trouvent actuellement au Liban-Nord,
99000 dans la Békaa, 28000 à Beyrouth et
20000 au Liban-Sud.
Toutefois, le nombre réel de syrien
au Liban serait d'un million, comme l'a
dit le président de la République Michel
Sleiman, qui a affirmé que le point de
saturation a été atteint. Ce poids
démographique commence à se faire sentir
dans les différents aspects de la vie.
Beaucoup de jeunes syriens ont sombré
dans la délinquance et le ministre
démissionnaire de l'Intérieur, Marwan
Charbel, parle d'une explosion de la
criminalité, qui aurait augmenté, selon
lui, de 50%.
Sur le plan économique, les Libanais
commencent à se plaindre du fait que la
main d'œuvre syrienne, moins coûteuse,
prend la place des Libanais dans les
petites et moyennes entreprises (PME):
salons de coiffure ou d’esthétique,
restaurants, voire usines. Depuis un
certains temps, ce sont des emplois plus
qualifiés qui sont confiés à des
Syriens, comme chefs de chantiers ou
ingénieurs. La Sûreté générale libanaise
a indiqué qu'au cours des derniers mois,
30% des permis de travail ont été
octroyés à des ressortissants syriens.
La présence de ce grand nombre de
syrien a entrainé une hausse des prix
des petits appartement dans les
quartiers populaires de Beyrouth, où les
propriétaires préfèrent louer aux
Syriens, qui sont prêts à payer plus
cher, parce qu'ils partagent à plusieurs
familles le même local.
Le Front Al-Nosra s'infiltre
Cependant, le
véritable danger réside dans
l'infiltration au Liban de centaines de
combattants du Front qaïdiste al-Nosra
ou d'autres milices extrémistes, qui se
faufilent dans le flot de réfugiés pour
s'installer au pays du cèdre. Des
sources de sécurité libanaise évoquent,
à ce sujet, deux types de rebelles
syriens: ceux qui fuient devant la
progression des troupes syriennes dans
la
campagne de Damas et dans la province de
Homs et se fondent dans les rangs des
réfugiés. Dès leur arrivée au Liban, ils
sont pris en charge par des
représentants de la milice de "l'Armée
syrienne libre", qui les encadrent et
les répartissent dans des endroits bien
déterminées; et ceux qui s'infiltrent
dans le but de monter des réseaux de
soutien, voire des cellules actives. Ces
derniers appartiennent généralement au
Front al-Nosra et entrent en contact
avec des groupes extrémistes libanais et
palestiniens dans les différentes
régions.
Ces mêmes sources de sécurité
affirment que des agents d'al-Nosra se
trouvent au Nord, dans la Békaa du Nord
et centrale, dans la région de Chebaa et
Kfarchouba, au Liban-Sud et, enfin, dans
le camp d'Aïn el-Héloué, à l'est de
Saïda. Ils ont déjà établi des liens
solides avec des groupes extrémistes
libanais, qui leur apportent toutes les
facilités nécessaires pour fonder des
réseaux au Liban. Leur but est d'unifier
les différentes sensibilités extrémistes
au sein d'une seule entité, en prévision
d'un jumelage des "champs de bataille"
libanais et syrien.
Le quotidien Al Akhbar a rapporté
dans son édition de lundi qu'une
délégation d'Al-Qaïda est venue au
Liban, dans la première moitié de mars,
pour rencontrer des extrémistes
libanais. Ils auraient convenu
d'assassiner des cheikhs sunnites
proches de la Résistance et hostiles à
leur vision extrémiste. En tête de liste
figue l'imam de la mosquée al-Qods à
Saïda, cheikh Maher Hammoud, écrit le
journal.
Source: moqawama.org