Intervention militaire française au nord
du Mali
Entre satisfaction
de la classe politique
et mise en garde du MNLA
Salima
Tlemçani
Dimanche 13 janvier
2013 Personne ne
sait pourquoi les groupes islamistes
armés ont subitement attaqué la ville de
Konna, située à 700 km au nord de
Bamako,
pour la contrôler totalement en quelques
heures, jeudi dernier. Vingt-quatre
heures plus tard, l’armée malienne,
appuyée par l’aviation française,
réinvestit le terrain.
Très inquiète de l’avancée des
groupes islamistes armés vers la
ville de Mopti, au nord du Mali, la
classe politique malienne a exprimé
hier son soulagement après la
reprise de la ville de Konna par
l’armée malienne à la suite d’une
intervention de l’aviation
française. La classe politique
«salue» l’offensive alors que le
MNLA, qui tient à «une solution
politique négociée», met en garde
contre toute violation du territoire
de l’Azawad.
Personne ne sait pourquoi les
groupes islamistes armés ont
subitement attaqué la ville de Konna,
située à 700 km au nord de Bamako,
pour la contrôler totalement en
quelques heures, jeudi dernier.
Vingt-quatre heures plus tard,
l’armée malienne, appuyée par
l’aviation française, réinvestit le
terrain. Les raids aériens durent
plusieurs heures avant que la ville
ne soit reprise aux islamistes.
Des dizaines de morts – une centaine
selon l’armée malienne – se comptent
parmi les djihadistes, alors que du
côté des militaires, des sources non
officielles avancent autant de
victimes, qui n’ont pas pour autant
été confirmées par les autorités.
Pour tous, la «libération» de Konna
est le résultat de l’offensive
militaire française dont les troupes
sont désormais sur place à Sévaré,
Mopti et Konna.
Contacté par téléphone, Bokary
Mariko, porte-parole du Comité
national de redressement de la
démocratie et de restauration de
l’Etat (CNRDRE), instance présidée
par le capitaine Sanogo, le chef de
la junte militaire au pouvoir à
Bamako, affirme que c’est l’armée
malienne qui a demandé un appui
aérien à la France pour libérer la
ville de Konna, prise jeudi dernier
par les groupes terroristes. «Nous
avons toujours dit que l’armée
malienne a besoin de moyens
techniques et d’appui logistique
pour reprendre l’initiative sur le
terrain.» Pour notre interlocuteur,
il s’agit de préserver la ligne de
démarcation entre le Nord occupé et
le Sud, en attendant de poursuivre
l’avancée vers les autres villes
sous occupation terroriste. Selon
Mariko, il n’y a pas que les troupes
françaises qui ont pris part à la
riposte, mais également africaines,
comme convenu par la Cédéao. «C’est
l’armée malienne qui était sur le
terrain. Les Français n’ont fait que
l’appuyer par des raids aériens. Il
n’y a pas de guerre sans dommages
collatéraux. Le plus important est
de faire en sorte qu’ils soient le
moins importants possible. Le
capitaine Sanogo s’est déplacé à
Konna pour encourager ses troupes.»
Pour ce qui est de la voie du
dialogue ouverte depuis des mois,
Mariko déclare : «Elle est toujours
ouverte à ceux qui veulent s’asseoir
autour d’une table en déposant les
armes, parce que l’option militaire
est limitée dans le temps.»
Par la voix de son chargé de la
communication, Moussa Ag Assarid,
membre du Conseil transitoire de
l’Etat de l’Azawad (CTEA), le
Mouvement national pour la
libération de l’Azawad (MNLA)
déclare que tant que la guerre vise
«les narcoterroristes, nous
protégerons la population de l’Azawad».
Assarid «met en garde» l’armée
malienne contre «une quelconque
volonté de franchir la frontière de
l’Etat de l’Azawad». «Nous
continuons à croire au dialogue
parce que nous nous sommes engagés
pour une solution négociée.
N’oubliez pas que nous aussi nous
sommes en guerre contre les
narcoterroristes à Ménaka, Asango et
Gao. Nous ferons en sorte de
respecter nos engagements jusqu’à ce
qu’une solution politique négociée
soit trouvée e,t dans ce cas-là,
dans toute guerre menée contre les
narcoterroristes, nous serons là
pour protéger la population.»
Du côté de la classe politique,
pro et anti-putschistes abondent
dans le même sens pour saluer
unanimement la «libération» de la
ville occupée, sans toutefois, pour
les uns et les autres, être capables
de dire ce que les troupes
françaises vont faire après cette
opération.
konna libérée
Ancien Premier ministre, ancien
président du Parlement et
ex-président de l’Adema, devenu la
bête noire de l’opposition, Ibrahim
Boubacar Keïta, que les proches
appellent IBK, est à la tête d’une
alliance qui porte son nom, Alliance
IBK2012. Lui aussi qualifie
l’intervention française au Nord de
«salutaire».
Selon lui, «ce sont les
islamistes qui ont précipité les
événements en occupant la ville de
Konna. Nous ne savons pas comment et
qu’est-ce qui a poussé les
islamistes à une telle attaque. Il
fallait une riposte appuyée.
L’intervention française est pour
l’instant circonscrite à la
libération de Konna et la défense de
la ligne de démarcation. Nous sommes
de fait dans une logique de guerre
qui donne à la France un statut de
meneur. Konna a été libérée, mais
nous ne savons pas pour l’instant le
devenir des forces françaises dans
la région».
Président du Congrès national
d’initiative démocratique (CNID) et
coordinateur du mouvement de
Convergence pour sauver le Mali
(CSM), maître Montaga Tall estime
que «l’armée a réussi un exploit
avec l’aide de l’aviation française.
Les terroristes ont occupé la ville
de Konna, il fallait les déloger
mais avec des moyens plus
importants, elle a demandé le
soutien de la France». Il estime que
toute opération militaire est
sujette à des dommages collatéraux,
précisant : «Nous sommes déjà dans
les dommages collatéraux à partir du
moment que des villes du Nord sont
occupées depuis des mois.» Sur la
question de l’avenir des troupes
françaises, Me Tall souligne : «Dans
une première étape, elles sont là
pour protéger la ligne de
démarcation entre le Nord occupé et
le Sud. La question qui reste posée
est de savoir s’il faut continuer la
bataille et aller libérer les villes
occupées ou alors rester à Konna et
confirmer la partition du pays.
Aucune réponse n’est possible
maintenant.»
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