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Vénézuela
La leçon de démocratie du président Hugo Chávez
Salim Lamrani
Salim Lamrani
Mardi 24 février 2009
Le président Hugo Chávez vient une nouvelle fois de donner une
leçon de démocratie à ses détracteurs. Le 15 février 2009, pour
la quinzième fois en dix ans, les Vénézuéliens ont été appelés
aux urnes, cette fois-ci, pour se prononcer sur l’amendement
constitutionnel qui abrogera la limite des mandats du président,
des maires, des députés et des gouverneurs1. Pour la
quatorzième fois en une décennie, les électeurs ont montré leur
soutien au leader bolivarien en s’exprimant à 54,86% en faveur
de l’amendement qui permettra à Chávez de se représenter en 20122.
Aucun président latino-américain ne dispose d’une
légitimité démocratique aussi avérée que celle du dirigeant
vénézuelien. La participation au vote a été massive, atteignant
les 70%. Par rapport à l’échec de décembre 2007, où la réforme
constitutionnelle (69 articles), mal expliquée, fut rejetée à
une infime majorité de 50,7%, le gouvernement vénézuélien a
gagné près de deux millions de voix supplémentaires, renforçant
sa popularité3.
Malgré les plaintes et les accusations de fraude de
l’opposition, le scrutin a été, une nouvelle fois, salué par la
communauté internationale pour sa transparence4. Le
Groupe de Rio qui regroupe 33 nations du continent américain a
qualifié le référendum de « nouvelle expression de civisme et
se félicite de l’exercice démocratique » des Vénézuéliens,
tout en soulignant « l’ample participation politique5 ».
Les Etats-Unis ont également salué un processus « conséquent
avec les principes démocratiques », tout en faisant part de
leur volonté de « maintenir une relation positive » avec
Caracas6. Face à cela, l’opposition n’a eu d’autres
remèdes que d’admettre sa défaite7.
Le président Chávez, quant à lui, s’est réjoui de la
victoire : « Aujourd’hui, c’est la vérité qui a gagné contre
le mensonge, c’est la constance du peuple qui a gagné », en
référence à la campagne médiatique de l’opposition. « Le
socialisme bolivarien sort renforcé aux yeux du monde »,
a-t-il ajouté8.
En effet, l’opposition ainsi que les médias occidentaux
n’ont eu de cesse de mener une campagne de discrédit à l’égard
des autorités vénézueliennes, accusant Hugo Chávez de vouloir
devenir « président à vie », oubliant qu’en démocratie
l’ultime décideur était le peuple. Bien évidemment, les
transnationales de l’information se sont bien gardées de
souligner que dans de nombreuses démocraties occidentales la
limite du nombre de mandats était inexistante. Elles n’ont pas
non plus jugé bon de rappeler que les Vénézueliens avaient la
possibilité de révoquer leur président à mi-mandat si sa
politique se révélait insatisfaisante, réalité inimaginable en
Occident.
En dix ans de pouvoir, Hugo Chávez a entrepris des
réformes économiques et sociales spectaculaires qui ont
singulièrement amélioré le niveau de vie des catégories les plus
vulnérables de la population, redonné une souveraineté politique
et économique à son pays, insufflé un sentiment de dignité
nationale à ses concitoyens, donné une stature internationale au
Venezuela, dont le prestige ne cesse de croître au sein du
Tiers-monde, fédéré une grande partie des nations
latino-américaines autour de l’Alternative bolivarienne pour les
Amériques (ALBA), un projet émancipateur et intégrateur, et fait
de la solidarité à l’égard des plus démunis le principe
fondamental de sa politique étrangère. Voici brièvement les
racines de la popularité du leader vénézuélien9.
Cependant, Hugo Chávez doit encore faire face au moins à
cinq défis majeurs : la baisse du prix du pétrole dont dépend
l’économie vénézuelienne, le taux de criminalité qui, même s’il
a été réduit, reste un problème sérieux, l’inflation toujours
élevée, un niveau de corruption relatif mais présent dans
certaines sphères du pouvoir et surtout une opposition qui
refuse de se prêter au jeu démocratique en multipliant les
campagnes médiatiques de dénigrement dont l’efficacité est
indéniable. Mais le scrutin du 15 février illustre la confiance
des Vénézuéliens à son égard pour faire face à ces obstacles et
poursuivre sa politique de construction d’une alternative au
néolibéralisme sauvage où l’être humain est placé au centre du
projet de société.
Notes
1
Articles 160, 162, 174, 192 et 230 de la Constitution de la
République bolivarienne du Venezuela.
2
Casto Ocando, « Chávez gana el referendo », El Nuevo Herald,
15 février 2009 ; Agencia Bolivariana de Noticias, « El
15F se impuso la fuerza socialista del pueblo », 19 février
2009.
3
Pascual Serrano, « Aceptar a Chávez », Público, 18 février 2009
; Maurice Lemoine, « Le Venezuela persiste et signe », Le
Monde Diplomatique, 18 février 2009.
4
EFE, « Rosales atribuye resultados del referendo a la
represión », 17 février 2009 ;
Agencia Bolivariana de Noticias, « Oposición no
concreta en Contraloría denuncias mediáticas sobre ventajismo »,
17 février 2009.
5
The Associated Press, « Grupo de Río felicita a Venezuela
por referendo », 19 février 2009.
6
Nestor Ikeda, « Estados Unidos legitima el referendo chavista »,
The Associated Press, 18 février 2009.
7
Agence France Presse, « Oposición venezolana admite
derrota pero llama a ‘seguir la lucha’ », 15 février 2009.
8
Agencia Bolivariana de Noticias, « Esta victoria es de
todos los pueblos de América Latina », 15 février 2009.
9
Salim Lamrani, « La nueva
Venezuela del presidente Hugo Chávez », Le Monde Diplomatique,
décembre 2008.
Salim Lamrani est enseignant chargé de
cours à l’Université Paris-Descartes et l’Université Paris-Est
Marne-la-Vallée et journaliste français, spécialiste des
relations entre Cuba et les Etats-Unis. Il vient de publier
Double Morale. Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme
(Paris : Editions Estrella, 2008).
Contact :
lamranisalim@yahoo.fr
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