Accueil Actualité Dossiers Auteurs Communiqués Agenda Invitation à lire Liens Ressources
Dernières mises à jour Journaux de Cathy et Marc Plateforme tourquennoise Les vidéos Centre d'infos francophone Ziad Medoukh Centre de la Paix Gaza Université al-Aqsa Gaza Qui? Pourquoi?

Google
sur le web sur Palestine Solidarité

 

Centre Palestinien
d'Information :




Invitation à lire :



BDS :



Solidarité :



Produits palestiniens :



En direct d'Iran :



Palestine Solidarité
sur Facebook :






Opinion

Retour...d'Alep Ramadan au mois d'août 2011
S. Lafleuriel-Zakri


Alep

Jeudi 8 septembre 2011

Un mois d’août tout entier passé à Alep, une nouvelle fois, puisque j’y séjourne deux ou trois fois par an. Nous y avons une maison dans la ville ancienne, inscrite au Patrimoine mondial de l’Humanité. C’est aussi pour cette demeure ombragée de jasmins et de bougainvilliers exubérants que je me rends régulièrement en Syrie, et depuis des années, dans ce quartier très populaire tout proche de la citadelle et du souk.

Alep, en ce mois d’août et de ramadan par très grande chaleur, reste toujours aussi calme, impassible comme lorsque j’y étais pendant un mois et demi au printemps et même si, à chaque vendredi puis à la prière d’après le jeûne, on nous annoncera par médias occidentaux interposés branchés en permanence sur les informations envoyées de Londres par ce très étrange OSDH, le grand et définitif soulèvement qui embrasera Alep, la « volcanisera » et sonnera l’embrasement de la Syrie tout entière.

Au coeur de la ville ancienne, tout autour de la citadelle et dans le quartier des souks où nous séjournons, nous ne constatons jamais aucun changement, ni dans l’attitude des habitants, ni dans leur façon de vivre. Ce quartier est toujours aussi animé, bruyant, parcouru par d’infatigables suzukis qui transportent les ballots de tissus fabriqués dans les ateliers ou les marchandises presque toutes arrivées de Chine : cette partie d'Alep travaille avec l’Asie, l’Inde mais surtout la Chine.

A l’heure de la prière, (le quartier compte une dizaine de mosquées anciennes, historiques, plus de cinq à proximité de notre maison,) les hommes, l'été souvent en galabiyés blanches, se pressent en foule vers leurs lieux de culte préférés. Et la nuit, des tracteurs évacuent les tonnes de matériaux qui encombrent les nombreux chantiers de rénovation de bâtiments antiques : khans, maisons, bains qui doivent redonner vie à la ville ancienne. Ils devaient accueillir ces étrangers toujours plus nombreux. Mais, en ces mois calamiteux, ce qui frappe c’est la terrible absence des étrangers, des touristes et  en groupes, couples ou en solitaires. Ils manquent terriblement à tout ce quartier si ancien mais qui vivait finalement à l’international, une partie de l’année. Ces étrangers passaient tous par ce quartier incontournable. Les ruelles du grand souk sont désormais revenues à leur clientèle : femmes bédouines en groupes, habituels acheteurs, quelques étrangers qui pour des raisons de travail sont encore en Syrie. Juste avant ramadan, et ouvert tard la nuit pendant le jeûne, le souk va retrouver pourtant son habituelle fébrilité, heureusement ! Mais dans leurs petites boutiques bien connues des visiteurs de la Syrie, dans celles qui se consacraient plutôt à cette clientèle saisonnière, c’est l’accablement, la tristesse et l’incompréhension. Ils m’interrogent : « Mais pourquoi cette hostilité de la France et que leur veulent Sarkozy et Djioupé (Juppé et « jouppa »jupe mot d’origine arabe).  La solitude des marchands et artisans traditionnels du petit khan Chouné fait encore plus peine à voir. Depuis des années j’y ai mes habitudes. Assise dans l’allée opposée à la citadelle, quelquefois sur un ballot de coton ou un tas de tapis, presque chaque après midi, j’observe habituellement le va et vient des touristes en bavardant avec mes amis : le jovial égyptien réparateur de tapis, les jeunes frères tisserands de linge de bain ou le fabricant de courtepointes qui a toujours du travail parce qu’il travaille pour une chaîne de magasins hollandais. Au printemps et en août, nous y seront seuls. Et presque toutes les boutiques sont fermées. Ce n’est même plus la peine de les ouvrir. De plus, avec ramadan et en août, aucune chance de voir revenir cette clientèle ! les revenus du tourisme pour 2011 se sont bel et bien envolés. Des boutiques sont à vendre.

A quelques pas, les cafés de la citadelle ont encore leurs clients mais ce sont les « accros » à la pipe à eau : ce narguilé que tètent tout aussi goulûment nombre de femmes et bien trop de jeunes syriennes Il y vient encore les gens d’Alep qui fréquentent de plus en plus les lieux en soirée, tard dans la nuit, tandis que les familles du quartier investissent la grande place, piétonnière depuis peu. :les enfants  en ont fait leur terrain de jeu.

Quand nous quittons ce quartier d’affaires, de mosquées et de vie, prudentes malgré tout- mes filles ou des amies m’accompagnent - et avant de nous lancer dans ces déplacements « à risques» paraît-il et qui nous vaut de réguliers coups de fils alarmés de nos amis de France ( !!!), nous nous téléphonons d’un quartier à l’autre pour aller aux nouvelles. Régulièrement la réponse nous rassure : « rien »et rien » ou...des rumeurs : incidents sans suite et souvent juste affrontements brefs entre pour et contre...En tout cas c’est ce qui me revient et ce que nous constatons. Pas de témoignages visuels mais surtout des « on-dit » et par exemple : » manifestation annoncée un soir Place de la poste », mais mon amie qui l’a traversée justement en voiture n’a rien observé. Une de ses amies a aperçu un homme avec un bâton traversant la rue mais entraîné par les passants hors du chemin des voitures. La rumeur de personnages armés de bâtons et de couteaux et voulant obliger les gens à participer à des manifestations était récurrente en mai. En juin, des individus avaient ainsi menacé les gens du souk et du quartier chrétien d’Azizié

En août, c’est le calme et l’organisation puis l’observation de ramadan qui prévalent sur fond bien sûr de tristesse et d’inquiétude...

Très tranquille mais très inquiète Alep, donc, je la parcours en toute tranquillité, en ce mois d’août ordinaire, et comme d’habitude, et malgré la chaleur, mais avec les aménagements d’horaires pour cause de ramadan et du moment de fin de jeûne. Je vais en taxi ou à pied, et de jour et de nuit, des quartiers nord à ceux du sud et dans tous les sens pour des motifs divers : visiter des amis, faire des courses y compris à l’excentré mall- le grand centre commercial qui contient aussi le super marché Carrefour, avenue de Gazientep - voie rapide qui relie Alep à la ville turque frontalière d’où part tout aussi également, et à un semblable vaste rond point, l’avenue d’Alep. Il me faut encore aller à la banque et au quartier chrétien d’Azizié, me rendre aux divers et très nombreux cafés et restaurants, ici ou là, et dans tous les coins de la ville découvrir les nouveaux lieux de rencontre, me rendre à la piscine –elles sont nombreuses à Alep ou en périphérie, mixtes mais avec aussi des jours réservées aux femmes. Les piscines, de toutes catégories, sont très populaires et très fréquentées surtout pour la jeunesse alépine. Ordinaires ou luxueuses, elles sont situées dans les murs ou hors des murs sur la route de Damas et même assez loin, dans le nouveau centre aquatique –Les Palmes- à quelque trente kilomètres.

Si, comme au printemps, et comme en ces jours d’avant et de ramadan, je n’ai jamais vu le moindre rassemblement, par contre mes interlocuteurs alépins s’inquiètent de ce qui se passe à Hama ou Homs et dans le mohafaza de Hama et d’Idleb et avec raison : les deux villes sont sur le nœud essentiel routier et autoroutier qui fait communiquer le nord et le sud ; l’est vers Deir ez zor et l’ouest (la côte). Les autoroutes relient Alep à sa capitale Damas dont Alep dépend encore beaucoup pour ses relations avec l’administration même si elle a intensifié ses relations avec la Turquie. Ces voies vont de Damas et d’Alep, à la côte et ses ports : Lattaquié et Tartous. D’où d’ailleurs l’intérêt, sans doute, pour les organisations de la contestation de tenir ces points stratégiques pour ralentir l’activité économique de la Syrie.

Alep qui ne manifeste pas est ainsi isolée ou ses relations avec le reste du pays sont entravées sauf en direction de la Turquie où même par la zone kurde, la voie reste possible ! Les communications avec le reste du pays n’étant plus considérées comme sûres, les relations sont réduites même si autobus, taxis et véhicules privés s’adaptèrent vite ou trouvèrent des itinéraires plus sécurisés. Les voyageurs privilégièrent aussi les déplacements par avion. Une amie alla pourtant fin juillet à Beyrouth sans encombre ; une autre franchit la frontière turque par Bab al Awwa fin août avec ses enfants et sans autre ennui qu’une longue fouille de sa voiture par les douaniers turcs.

Il est vrai que, en ces temps de désordre, les trafics en tout genre mais encore d’armes très lucratifs ou de mazout habituellement importants aux diverses frontières (Dera’a,(Jordanie) ; Tell Khalak (Liban) et dans la zone des frontières turque et irakienne, se sont intensifiés. Les fonctionnaires ne sont plus respectés et sont menacés (à Alep par exemple et partout en Syrie, les constructions illégales, sans permis et titres de propriétés, prolifèrent en ville - ajouts d’étages y compris dans la vieille ville- ou  sur les terres agricoles aux alentours. Ces arrangements avec les notables locaux  se faisaient déjà avant. Ce n’était pas sans risques. Ces entorses à la loi, courantes relevaient de la corruption habituelle mais des deux parties. Elles profitaient  surtout aux classes aisées même « démocrates et élevées à l’occidentale ». Cela ne les gênait pas même quand l’eau de leurs piscines était puisée dans la nappe phréatique.  Les fonctionnaires des municipalités souvent de classe modeste étaient bien impuissants pour faire respecter la loi quand ils en avaient la volonté. Ils sont encore plus impuissants aujourd’hui et par peur de représailles déjà constatées dans toute la Syrie. Il se fait aussi un important trafic de mazout vers la Turquie par exemple où les carburants sont plus coûteux,         ce qui provoque des pénuries, obligeant comme je l’ai constaté aux stations services de la ville, les véhicules de transport lourds à des file d’attente toute relatives mais nouvelles en ce mois d’août.

Et c’est aussi cet état aggravé de violation du droit et des lois, la peur du chaos et de l’augmentation de la délinquance qui assurent son soutien populaire à Bachar al Assad. Pourtant aux entrées de la ville d’Alep, Il n’y a que des contrôles assez désinvoltes, une seule fois d’une quinzaine de minutes. Il provoqua un ralentissement de la circulation un vendredi quand,au soir, tous les Alépins regagnent la ville après s’être dispersés dans les maisons de campagne ou sur les sites de pique-niques sous les pins, dans les environs. Il y bien aussi quelques voitures de police aux deux grands carrefours : vers l’autoroute sud sur la route de Damas et au grand carrefour de Liramoun d’où part l’autoroute par l’avenue de Gazientep déjà nommée, vers la Turquie ; et la route qui, au loin, rejoint Raqqa, l’Euphrate et la steppe. Les fouilles des coffres de véhicules à l’entrée du parking du centre commercial à plusieurs étages et du magasin Carrefour et qui avaient eu lieu au printemps, n’étaient plus de mise en août. Ces magasins, à l’approche et en plein ramadan, étaient ouverts très tard, souvent après minuit et très fréquentés. Ils sont de plus un lieu climatisé de shopping, de promenade et de lèche vitrines élégantes (les mêmes que dans nos capitales, à Dubaï et et en Turquie).

Alep aussi dans ses quartiers informels : gens de Sorrour, Baïdin, Bab Nerab et autres. Il y a aussi, et tout comme à mes précédents séjours, mes trajets en toute sécurité en suzuki ou en voiture dans les quartiers informels, périphériques ou semi périphériques nord-est et considérés par les citadins des quartiers traditionnels plus organisés ou de ceux très modernes du nord nord-ouest, comme rebelles, ignorant les lois et déconseillés aux non initiés. Les familles y sont toujours très nombreuses (une spécialité syrienne où il est courant qu’une dizaine de personnes ou plus cohabitent sous le même toit : couple,4 ou 5 et plus enfants et grands parents). Les plus précaires vivent dans des bâtisses construites en parpaings en hâte et sans autorisation. Branchées légalement ou illégalement sur le réseau électrique et d’eau, toutes ont leurs antennes paraboliques et peuvent très vite se transformer en véritables villas ou immeubles cossus comme on le voyait et depuis des lustres dans le célèbre et turbulent quartier de Bab Neyrab. Autrefois connu   pour ces vastes entrepôts voûtés où s’entassaient surtout coton, laine brute et autres produits de l’importante filière du textile et de l’élevage syrien dont les peaux, Bâb Narab est aujourd’hui en pleine restructuration et se veut honorable ! De ces quartiers lointains viendront, par exemple, les enfants de ces familles débrouillardes et courageuses qui, en plus du commerce licite ou illicite, vivent de petits travaux divers ou de récupération. Dans mon quartier de la citadelle, ils récupèrent les emballages en carton entassés au soir à la porte des ateliers et des boutiques du souk. Tous les garçons sont, là, auprès de leur père, après l’école s’ils y vont, et très tard dans la nuit en ces jours de vacances. C’est en tout cas ce que m’expliquent ces gamins polis, souriants et très responsables qui aiment me raccompagner jusqu’à ma porte.

Dans certains de ces quartiers mal vus des « bourgeois alépins » qui ne s’y rendent que pour affaires pressantes, il y cohabite me raconte mon accompagnateur qui travaille dans le bâtiment, des gens de toutes origines : des familles de grands négociants d’ancienne origine, propriétaires d’entrepôts et commerçants de longue date y compris à l’international, des gens venus de tous les horizons et de toutes origines ethniques. C’est aussi les quartiers où subsistent, à la frange de la cité et de la campagne, des tribus – les ashirés - On m’explique que ce ne sont pas vraiment de grandes tribus d’Alep ou de la région : les Hadidiyin, Sba’a, Fedan etc, qui nomadisent ou sont plus ou moins sédentarisées dans la badiya ou installées dans la ma’moura (zone intermédiaire ; désert- zones cultivées. Ce sont plutôt des sous-tribus paupérisées dont les Beggharas  « éleveurs de vaches », et pas vraiment hiérarchisées.   avec chefs respectés. Ce sont  plutôt de pauvres clans et groupes de familles, installés autrefois à la lisière des villes et en relation avec la campagne, aujourd’hui presque dans la cité mais mal intégrés à la vie citadine et suscitant toujours la défiance des « vrais citadins du centre » ! Ces derniers redoutent ces populations à la réputation de rebelles. Ils le furent à différentes occasions. On y peut, aussi, recruter les jeunes hommes frondeurs et désoeuvrés devenant des sortes de mercenaires payés par « qui paye « pour surveiller ou pour casser ( !).

De là viendraient ceux que l’on désigne comme les Chabbiha.

Dans l’un de ces quartiers, je retrouve, moi, les ferrailleurs et les récupérateurs de pierres taillées, de boiseries, d’éléments de décors divers arrachés aux anciennes maisons en démolition ou écroulées sous le poids non des ans mais de très nombreux siècles.  C’est le quartier  de Baydin, proche de Sorrour et « Holhok ». Si je sais y aller, accompagnée d’artisans qui y trouvent les matériaux réemployés dans les nombreux projets de réhabilitation de la ville ancienne, j’ignore comment on écrit leur nom. Par contre, je m’y rends toujours sans aucun sentiment jamais d’insécurité. Quand on s’intéresse à leur travail, à leur activité, le peuple syrien, les artisans en particulier mais encore les marchands, tous sont d’une incroyable affabilité, dignité et loyauté.

Un fait divers dans le quartier de Sorrour fit pourtant, en août, parler de lui y compris à l’international. Mais il fut bien et resta, avec quelques mouvements dans les mosquées de deux quartiers : Saïf al Daoula et  Medine Jamahiyé,  les seuls incidents sérieux.A Sorrour, un jour de la mi-août, on y dénombra en effet six morts à l’occasion de ce qui fut présenté comme un début de révolte sans doute sur France 24 ou Jazeera. La rumeur parla plutôt, et dès le lendemain, d’affrontements entre deux clans - chose récurrente en ces lieux, et qui en restèrent là.

Il se trouve que cet événement se passa la veille d’une invitation pour la fin du jeûne dans une famille proche et très, très musulmane ; une des quelques familles contestataires avec lesquelles j’ai discuté de la révolution ! Je reviendrai sur ces échanges autour du mot-clef « houria » liberté. Le chef de famille, un commerçant homme d’affaires très aisé, m’affirma que l’affaire de Sorrour était le signal que la contestation allait –enfin- gagner Alep.  « et  je t’assure que les prochains jours vont être.. » et il me fit le geste d’une explosion ! C’est ce soir aussi que je constatais l’implication (mais avec quelle importance ?) de l’organisation des Frères musulmans dans ce mouvement et du rôle de certains musulmans de Turquie : des membres de cette famille étant  actifs à Istanbul.

 En fait, rien ne se passa ni ce soir, ni les jours suivants à Sorrour ou ailleurs dans la ville. Et pas plus en ces jours d’après ramadan. En tout cas, je suis sûre que peu de ces spécialistes qui parlent de la ville d’Alep ou de la Syrie se rendent souvent à Sourrour, « Baïdin » ou « Hohlok » ( !) Pourtant au printemps, en ce dernier lieu, il y flottait un fort mais délicieux parfum de fraises car on découvre aussi dans ces quartiers informels, et tout au long des rues ou des ruelles, d’importants marchés aux fleurs et de produits frais venus tout droit des campagnes environnantes. Il s’y trouve aussi, mais plus près de l’aéroport, des grands entrepôts, de vastes hangars de stockage de produits locaux ou internationaux, des usines de transformation et même des entrepôts réfrigérés modernes pour la viande ou le poisson et les autres produits de l’agro-alimentaire syriens ou d’importation.

Pour ces seules raisons de restauration de notre maison, donc, je me rends souvent et toujours avec plaisir et curiosité dans ces quartiers informels. On m’y connaît comme « l’ingénieur » que je ne suis pas et j’y suis toujours bien accueillie. Et si je ne m’y rends pas seule, c’est non pas parce que j’y serais en danger mais parce que je ne suis pas « apte         à bien négocier » le prix des matériaux anciens que je repère.

Il faut ajouter encore qu’un jeune ami architecte d’origine syriaque mais musulman, c’est cela aussi la Syrie ! m’expliquait que ces quartiers informels faisaient depuis quelques années l’objet de travaux d’équipement. On y accède par un dédale de rues et ruelles toujours très encombrées mais encore par de grandes percées à partir de Liramoun en direction de l’aéroport et de Raqqa :voies larges et doubles dans un décor assez dénudé et avenues poussiéreuses certes mais dans une zone d’aménagement où s’élèvent des alignements d’ immeubles collectifs, bien bâtis, destinés et sur ordre du président, aux jeunes ménages, aux célibataires, et population et artisans que la rénovation de la ville ancienne et des quartiers qui la bordent doit déplacer et reloger...

Se loger à Alep devenait au fil de ces dernières années, un problème très difficile. Il l’est toujours qui retarde le mariage des jeunes, s’ajoute aux dépenses lourdes de maladie  et autres qui sont cause de l’endettement de ces familles nombreuses. Les multiples unions le plus souvent arrangées pour renforcer le clan sont très coûteuses. De plus, à Alep, mais comme partout, la spéculation immobilière va bon train. Elle alimente la colère de la population modeste contre les affairistes qui, souvent, étaient à la tête des municipalités, ou de mèche avec les gens du régime  et en profitent pour acheter à bas prix les terrains qu’ils savent destinés ensuite à des projets immobiliers qui feront très avantageusement monter les prix. Peu de mois avant les événements syriens, le gouvernement entreprit, dans tous le pays et aux zones frontalières, une grande opération de nettoyage. Des centaines de fonctionnaires y compris des villes et des douanes se retrouvèrent démis de leurs postes. Certains, en raison de liens particulièrement étroits avec le parti, évitèrent le pire : beaucoup se retrouvèrent en prison ou obligés de rendre des comptes ! Mais si l’interdiction soudaine et brutalement notifiée de cesser de « s’enrichir en rond », si l’obligation de respecter un tant soit peu les lois- ce qui ne se faisait plus depuis longtemps dans trop de chasses gardées et avec l’aide de quelques notables bien en place issus de clans, proches du parti ou de familles connues -, et si la récente opération « mains propres » très médiatisée firent plaisir aux citoyens ordinaires et leur redonna un peu d’espoir, elles suscitèrent par contre et certainement de brûlants désirs de vengeance aux frontières comme dans les villes syriennes en pleine expansion démographique. La très musulmane         Hama et Homs sont de celles-là qui ,en quelques années, passèrent de gros bourgs ou villes poussiéreuses en cités étendues à innombrables quartiers très modernes, aérés, cossus, en pleine extension et bien desservies par un réseau dense de routes importantes.

Désordre civique et laissez - aller :l’inquiétude des Alépins et autres syriens

Si les quartiers plutôt défavorisés sont toujours aussi animés et super actifs comme je l’ai constaté, ils n’ont pas changé d’aspect non plus en ces temps de bouleversements. Il en va différemment en centre ville. Les commerçants installés dans les quartiers autour de la Grande mosquée et dans tous les quartiers centraux se plaignent : Les gens descendus de ces quartiers sont, disent-ils, responsables de l’anarchie nouvelle des marchés, du désordre et de la désorganisation qui sont installés dans la ville. L’administration d’Alep étant paralysée, tétanisée par peur des représailles, des étals illégaux et innombrables de marchandises bon marché mais encore de fruits, légumes ou objets de récupération occupent désormais tous les trottoirs des avenues et les rues piétonnières. Ils débordent sur la circulation et laissent en fin de vente pas mal d’immondices. Et les produits ne sont plus contrôlés. Les fonctionnaires chargés de faire respecter les règlements sont menacés. On me raconta plusieurs         anecdotes et je fus témoin de faits surprenants pour l’étranger. Un chauffeur brûla- mais c’est presque normal en Syrie- un feu au carrefour encombré de Bab Jedid, près d’un grand marché. le policier qui le siffla vit le chauffeur venir le menacer : « Non mais c’est fini tout cela, tu ne va pas nous e.. avec tes lois comme autrefois ! ». Et toute la ville de soupirer qu’il n’y a plus désormais d’ordre : nizam-plus d’organisation ni de loi –kanoun. Et plus d’éducation ! Un chauffeur de taxi amer concluait : « Ils veulent la liberté sans la loi et d’autres la loi sans liberté, ils parlent de liberté et personne ne sait ce que veut dire Houria, (liberté). Alors qu’installée dans un taxi, je reproche au chauffeur son peu de respect du code, celui-ci se retourne et en riant me dit : « Ici, en Syrie, on a plus de liberté ( houria) que chez vous en Europe où tout interdit (mam’nou). Nous, on fait ce que l’on veut ! »Effectivement,ensemble, nous fîmes pendant un trajet assez long le compte des « libertés » : trois gamins avec leur père sur une moto, étal posé sur la chaussée, irrespect du code,etc, etc. Arrivée à destination, je sors du taxi. Six femmes et enfants –oui !- s’engouffrent à ma place. Je me penche à la fenêtre du véhicule bondé et lance « défendu ! » Tout aussitôt et hilare, le chauffeur me répond « Houria ! »

Houria, houria mais après…

Ce mot « houria » est aujourd’hui en Syrie de toutes les conversations et donne lieu à des discussions parfois amusantes. Alors que nous en étions au café et fruits d’un plantureux repas de fin de jeûne, la conversation d’une très grande famille très musulmane en arriva à cette revendication de liberté exprimée très vigoureusement par les chefs de famille : des hommes encore jeunes entrepreneurs et commerçants Dans cette famille, toutes les femmes et filles sont voilées. Aucune ne peut sortir sans autorisation ou non accompagnée. Aucune n’est autorisée à travailler. Une petite fille du patriarche qui, de condition modeste, est devenu un homme d’affaire connu, est mariée à un garçon plus libéral. Elle se plaint à nous de ne pas pouvoir aller à la piscine y compris à celle « du jour des femmes ». Cela parce que son père, lui, s’y oppose quand son mari laisserait faire. Il faut dire aussi que cette famille aisée possède une maison de campagne agrémentée, comme très souvent en Syrie, d’une grande piscine–jacuzi, où se baignent à grand plaisir les hommes de la famille, tous les garçons quelque soit leur âge  et les petites filles -moins de 10 11ans, elles aussi en maillot de bain, et qui toutes nagent parfaitement ! Les femmes et les filles plus âgées regardent ! Si elles se risquent dans l’eau bien qu’elles sachent toutes nager, c’est habillées et strict foulard sur la tête ! mais ces femmes par ailleurs n’ont pas leur langue dans la poche et leurs revendications sont constantes. Leurs époux s’en plaignent amèrement. C’est le sujet principal de leurs conversations, mais comme partout à Alep et avec la composition des repas pris ou à venir ! Donc à propos de « houria » l’une d’elles s’indigne « Houria mais pour nous aussi. Vous nous l’accorderez la liberté ? » « Mais vous l’avez la liberté ! c’est vous qui vous voulez comme cela rétorque un des maris. Vous faites ce que vous voulez ! D’ailleurs vous êtes plus gâtées que les Européennes. Vous êtes exigeantes et c’est nous les hommes qui assumons tout ! », « Bien sûr nous avons la liberté d’aller de la cuisine au salon et retour ». Ensuite la discussion s’envenime sur l’importance des événements et provoque une scission dans la famille. L'un des plus jeunes frères se lève et déclare : « d’ailleurs Al Jazeera ment. Je suis passé à Jisr al Jouggour (la famille a une maison dans la montagne)   et ce n’est pas du tout comme ils l’ont raconté maintenant, c’est calme ! ».

Je raconte la revendication de ces Syriennes à une amie qui connaît bien sa société. Elle m’explique : « Ici en Syrie la plupart des femmes qui disent qu’elles n’ont pas de libertés, c’est que cela les arrange et que finalement elles préfèrent rester à la maison et se décharger de tout par facilité, parce que avec un peu de volonté, elles peuvent décider de ce qu’elles veulent pour elles. La société, depuis longtemps l’admet ; la loi les aide. Et en effet, nombre d’elles travaillent, à tout niveau, et sans problème. Mais la conversation avec les membres de cette branche musulmane très conservatrice d’une large famille où d’autres proches sont, eux, très libéraux, nous montre une fois de plus, au cours de notre séjour et conversations diverses, à quel point rien en Syrie ne fait l’unanimité. Tout y est complexe y compris dans ces familles organisées, pourtant, en clans très solidaires liés par des mariages arrangés visant à les protéger et les fortifier!

En ce qui concerne la contestation, si quelques-uns sont actifs, beaucoup sont perplexes et attentistes mais peu désireux de bouger pour défendre le régime. Pourtant il y eut de grandes manifestations « pour » et la citadelle est maintenant ceinturée par un large drapeau syrien ;..mais beaucoup sont dans l’expectative et ils sont fatigués surtout de la main-mise du parti Baath sur toutes les activités alors que ce parti est considéré comme improductif, lourd et ses structures inadaptées .

A mon avis la corruption est servie aussi par la composition de cette société et comme partout par l’avidité et l’égoïsme des nouveaux riches, leur total manque de sens civique, leur incapacité à être un modèle pour les classes intermédiaires. Dans leurs quartiers de plus en plus luxueux, isolés et protégés, ils sont dans leur monde. Ils sont étrangers à leur pays et indifférents, ailleurs. Leur modèle c’est Beyrouth et mieux Dubaï ! Ils rêvent de se les recréér mais pour eux et en petit comité. Et ils sont complètement incultes, ignorants, indifférents totalement des problèmes qui agitent le monde et plus encore de leur pays ou de leur région. Damas, le parti, ils s’en servent, sans adhérer. !Ce n’est pas du tout le cas d’une autre bourgeoisie plus récente, plus contestataire, moins attachée au modèle occidental et plus aux valeurs traditionnelles et plus spécialement à celle de l’islam : d’ un islam qu’ils veulent plus ou moins ouvert selon les familles. C’est aussi une partie de la société qui se dit non corrompue et sûre d’avoir fait sa fortune en marge des sphères du pouvoir et de l’allégeance au parti.

Et le parti ?

Des jeunes syriens diplômés et déjà au travail, rencontrés dans un des bars de la ville m’expliquent que les cadres de ce parti Baath ne sont même plus compétents, incapables de comprendre les changements du monde, vieillis, dépassés, même plus capables, me dit- encore l’un d’eux, d’encadrer la jeunesse. Ce sont les organisations musulmanes qui s’en chargent et c’est cela qui pose problème. Un autre de ces jeunes, étudiant en informatique, ajoute à propos de la complexité de sa société : « Nous les jeunes, nous ne nous soucions pas des confessions et nous voulons vivre tous ensemble. Ce sont nos parents, notre société qui s’opposent au changement tout comme ce parti qui n’a plus assez de crédibilité pour faire bouger les choses. Et par tous, nous sommes coupés du monde, de la créativité, des nouveautés ce qui nuit à notre futur, à notre travail. Nous restons en retard. Heureusement que nous avons internet. Il faudrait tout miser sur l’éducation. Relever le niveau... Quand je suis chez moi, je suis comme mort et quand je suis devant mon écran, je suis dans la vie... ! » ..

Mais à Alep, pendant Ramadan la vie nocturne  

Les jeudi,vendredi, samedi et dimanche soirs ,( les week ends syriens musulmans et chrétiens se complètent) sont particuliers...Plus que d’habitude je parcours et traverse la ville encore plus souvent car mes amis sont libres. Je vais de la citadelle aux quartiers ouest et retour, ou des quartiers dits musulmans à ceux plus souvent désignés comme chrétiens encore que ces désignations ne sont plus aussi rigoureuses et de loin. Dans le quartier arménien, actif et dense, je retrouve des amies dans les cafés et restaurants très modernes et très fréquentés en journée. Même si partout en Syrie on peut se restaurer à toute heure et boire aux terrasses y compris en période de ramadan et y compris en ces périodes troublées, les établissements sans distinction de religion s’animent en soirée, et jusqu’à l’heure du premier repas de la journée et de la première prière. En ce mois d’août, je peux donc, avec mes amis, profiter de la vie nocturne alépine jusqu’à des deux heures du matin. Sauf en hiver où cette vie se calme car la nuit tombe tôt, que le temps est pluvieux ou très froid et que les Alépins sont frileux, les Syriens et surtout les Syriennes, adorent sortir. Tous les prétextes sont bons : fêtes de fiançailles ou de mariage innombrables pour les femmes qui, à toute heure, le plus souvent voilées mais soigneusement maquillées et en habits de soirée sous le long manteau, se déplacent en groupe ou s’engouffrent à plusieurs et même à des heures tardives dans des taxis, ou dans des voitures qu’elles conduisent ou que des hommes de la famille tiennent prêtes au lieu de leur réunion. Il y a le regroupement de jeunes à la terrasse des cafés où beaucoup, filles comme garçons, s’adonnent au plaisir vénéneux du narguilé (En Syrie on fume avec passion et sans raison).il y a encore les repas en famille ou entre amis dans les restaurants. Et tous les soirs, dès que le temps le permet, et bien sûr en ce mois très chaud pique niques très populaires et décontractés le long des boulevards ombragés de la périphérie d’Alep, dans les jardins et en tous lieux un peu aérés de la ville. La nuit, le vent se lève et enfin on respire ! Les vendeurs de boissons ou les prêteurs de narguilés installent chaises (payantes) en plastique fluo sur les bord des avenues. Signalées de guirlandes lumineuses, les petites terrasses ainsi délimitées sont prises d’assaut une heure ou deux après la fin du jeûne et jusqu’au repas du matin. Les enfants s’endorment sur les nattes et les adultes discutent, dînent, fument se reposent de la chaleur étouffante du jour. Quand par les médias nous arrivent des nouvelles toutes plus atterrantes les unes que les autres sur une Syrie qui serait tout entière terrée et terrorisée, ces groupes paisibles semblent être d’une autre planète. Mais c’est peut-être, aussi, l’occasion de faire comme avant, de ne rien changer et de      se mettre en retrait, d’échapper pour quelques heures encore, à l’inquiétude et les peurs qui taraudent désormais l’esprit de tous les Syriens. Encore que... rien dans ces lieux de détente ne soit différent des années passées. Il y a même plus de chaises et plus de guirlandes et la location y compris par téléphone de narguilés à la terrasse de son domicile ou sur le terre-plein de carrefours investi spar la famille , est encore mieux organisée..

Fin août. Le départ mais par pour tous !

Alors que j’observe cette paisible, impassible société alépine au long des places et boulevards animés pris d’assaut par les couches les plus populaires de cette société mille feuille, je dois pourtant faire un effort, me pincer pour me rappeler que cette Syrie est peut-être naufragée, menacée d’éclatement, de conflits inter- communautaires, interconfessionnels, de guerre civile même. C’est encore plus incroyable alors qu’installée dans l’un des trois restaurants à la mode sur la haute terrasse très fréquentée de l’hôtel Carlton ouvert depuis quelques mois en face de la citadelle -le quartier est devenu à la mode - j’assiste assez stupéfaite à l’arrivée, dans de luxueuses voitures, de clients visiblement extrêmement aisés : grands commerçants, hommes d’affaires, cadres supérieurs descendus de leurs luxueux quartiers ou des grandes villas et résidences de l’ouest ou de la route de Damas. Mais je sais aussi que nombre de ces clients et leurs très élégantes femmes ont déjà prévu de partir à l’étranger. L’atmosphère en Syrie est devenue délétère et les ennuie. Alors certains prennent le large. Les Syriens aisés comme les Libanais vivent à l’international. Le problème dont j’entends parler, aux tables ce restaurant comme sur les bords de la chic piscine du Blue Lagoon, est la scolarisation des enfants aux Etats Unis, ou ailleurs. Il se murmure que l’Ecole française par représailles de la France, n’ouvrira pas, que les enfants seront à la rue, obligés de chercher des places ailleurs . .D’ailleurs il se dit aussi que le consulat français, le plus ancien des consulats en terre d’Orient, va peut-être fermer et l’ambassade de Damas aussi.I l n’y a déjà plus d’agence culturelle. Bof ! et la francophonie, déjà en perte de vitesse y compris au Moyen Orient ? Oh la francophonie en Syrie ! Sans ressources, elle était déjà sponsorisée par ces Syriens aisés. Mais comment faire pour les visas, les documents utiles aux franco- syriens ou aux « étrangers »- syriens quand l’Allemagne et l’Italie ont déjà fermé boutique? La grande bourgeoisie francophone d’Alep en ce mois d’août panique. Pire, leurs avoirs à l’étranger sont prisonniers des banques US . l’Amérique menace de jouer avec leurs cartes-visa. Et elle va le faire...y compris pour les citoyens lambda qui n’ont rien à se reprocher mais qui ont besoin de leurs cartes et leurs « sous » bien à eux mais en euros ou en dollars, pour leurs voyages d’affaires en Europe. Mais pour l’Occident qu’importe ;Il est tout occupé à faire les comptes des avoirs libyens et d’estimer les économies à faire en remplaçant les quelques barils de pétrole syrien pas très pur par du bon pétrole ex-khadafi...Mais, ces Syriens aisés ne sont pas prêts à manifester pour ou contre et même à défendre leur école ou quoi que ce soit..; ..Non, on choisira...la fuite ! Dans l’avion syrien du retour, il y a déjà de ces familles aisées qui ont sorti par habitude griffes et marques de luxe pour voyager. Elles détonnent un peu! Avant, elles voyageaient par compagnies étrangères. Elles vont se mettre pour un temps au vert. Quelques dames très aisées de familles connues qui, devant moi rêvaient, en 2010,          de reproduire Versailles dans leur maison de campagne syrienne, ont choisi l’exil à Beyrouth ! Elles y affichent leur opposition à un régime qu’elles ne supportent plus ( ?) D’autres déjà exil, installés depuis des années à l’étranger mais qui chez nous, à Paris par exemple, auto-parlaient du monde arabe, s’affichent à Saint Germain des Prés, avec BHL, avec le gratin des partis  politique français, avec quelques personnalités en mal de photos dans la presse. Ils se voient déjà, en cravate et costume grave, gravissant les marches de l’Elysée pour serrer la main amicalement tendue du chef de l’Etat et chefs d’une opposition rétribuée, subventionnée ! Les commerçants et les industriels plus traditionnels et musulmans et qui ne se posent en démocrates que parce que c’est le mot de passe, n’ont rien à perdre si la Syrie comme ils le souhaitent, adoptent le système envié de la Turquie. Et ils s’imposent ! Et ils ont la foi ( !). Et...ils ont les moyens que les premiers ont souvent perdus, souvent parce que héritiers, ou leurs fils à papa gâtés et avides de luxe, n’ont pas su gérer des affaires florissantes dans les années de l’indépendance.

Les classes intermédiaires syriennes, les fonctionnaires, les ruraux, les bédouins, les artisans, les commerçants et entrepreneurs : ceux du tourisme ou ceux qui avaient beaucoup investi dans leur pays quand dans les dernières années 2000, l’avenir économique s’éclaircissait, et comme les couches les plus pauvres et les plus vulnérables de Syrie, ceux-là n’ont pas les moyens de peser sur leur destin. Ils sont inquiets car leur vie était déjà précaire, leur vie au jour le jour que le moindre problème d’emploi, de santé, de famille peut faire basculer. Ils sont souvent endettés: achat d’une voiture, études coûteuses, mariage des enfants. Ils savent déjà- merci Monsieur Sarkozy Madame Clinton, que les embargos, les sanctions toutes ces mesures prises là-bas pour aider l’opposition vont les frapper de plein fouet.

Mes amis d’Alep sont tristes, perdus, anxieux déstabilisés..: anxieux les artisans de khan Chouné et les petits boutiquiers du souk; anxieux les jeunes étudiants qui venaient chez moi pour discuter et y organiser des repas décontractés; exaspérés les Alépins qui déjà, voulaient plus d’ordre, « de nizam » et qui craignent l’insécurité à venir, l’installation du désordre, l’impuissance des nouveaux administrateurs plein de bonne volonté à peine installés et aussitôt neutralisés ou déjà « achetés »...

« L’avenir ? On ne sait pas ..on est dans le flou. On ne sait pas quand tout cela va s’arrêter... » Bref, la contestation, à Alep, un vrai cauchemar que tous voudraient voir s’évanouir, très vite...!

S.Lafleuriel-Zakri Paris 6 Septembre 2011

 

 

   

Le dossier Syrie
Les dernières mises à jour



Source : GHS

Les avis reproduits dans les textes contenus sur le site n'engagent que leurs auteurs. 
Si un passage hors la loi à échappé à la vigilance du webmaster merci de le lui signaler.
webmaster@palestine-solidarite.org

Ziad Medoukh :



Analyses et poèmes...


Silvia Cattori :


Analyses...


René Naba :


Analyses...


Manuel de Diéguez :


Analyses...


Fadwa Nassar :


Analyses et traductions...


Alexandre Latsa :


Un autre regard sur
la Russie ...


Ahmed Halfaoui :


Analyses ...