Opinion
Les orphelins de
Mao en congrès
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 28 août 2013
Braire au cœur de la crise
La crise économique du capitalisme bat
son plein et s’approfondit chaque jour
davantage, ce qui soulève la résistance
ouvrière et populaire, la résistance des
étudiants, des chômeurs, des retraités,
de milliers de gens menacés par la
pauvreté du salarié. Tous ces gens
étriqués entre les soupes de quartiers
et les friperies d’appauvris ; coincés
entre le chômage et l’emploi précaire et
sous-payé ; déchirés entre les taxes,
les surtaxes, les impôts, les autres
cotisations et les dettes personnelles
abyssales additionnées à la dette
souveraine gouvernementale.
Au milieu de cette misère «populaire» et
ouvrière, deux cent congénères
universitaires se sont recueillis à
l’Université du Québec à Montréal (UQAM)
– ce temple de la renommée de la
social-démocratie pédante et
insignifiante – pour une cérémonie des
thuriféraires de Lionel Groulx, Maurice
Duplessis, Pierre Bourgeault, René
Levesque et Charles Gagnon, échangeant
gauchement à propos de l’indépendance
nationale québécoise vue du côté gauche
du cerveau, la voie royale pour
distraire le petit peuple de sa misère.
Hier l’empereur susurrait « Du
pain et des jeux pour la plèbe du
Colisée ». Aujourd’hui le «bobo»
murmure : « Du chauvinisme nationaliste
et des gabegies crypto-fascistes pour la
populace bon marché ».
Ils étaient tous rassemblés pour
reprendre du service comme dans les
années soixante-dix, le temps d’une
crise du capitalisme. Comme on dit : « Tout
est possible », à
condition d’en sortir de cette tour
d’ivoire d’universitaire déconnectée de
la survie. Pour consulter le programme
de leurs ébats éclectiques, visitez : [http://www.cahiersdusocialisme.org/2013/
05/04/tout-est-possible/].
Ils fourbissent leurs armes
Il n’y avait rien de vulgaire ma chère
dans cet aréopage de pseudos experts des
chaires universitaires en recherches
sociales et ouvrières. Cette Université
«populaire» où tout était possible – y
compris d’entendre des antimarxistes
parler de Marx – est une sorte de
cénacle organisé chaque année par les
Nouveaux cahiers du socialisme
[http://www.cahiersdusocialisme.org/]…
qui n’ont rien de socialiste évidemment.
Les mandarins regroupés dans ce gourbi
se disent «socialistes». Leur spectre
gauchisant s’étendant du Parti québécois
à Québec Solidaire en passant par le
Nouveau Parti Démocratique et par de
vieux bonzes trotskystes souverainistes
retardataires; sans oublier quelques
défroqués du groupe
En Lutte in memoriam;
ainsi que du
PCO – d’ex-Mao orphelins
du Grand Timonier.
Dans la vie vous êtes toujours à la
gauche de quelqu’un. Ainsi, un
conférencier – Gilles Bourque –
expliquait qu’il était à gauche de
Maurice Duplessis et d’Andrée Ferretti
et qu’il avait été en 1964 le premier
chauvin québécois, « pure laine », à
écrire dans la revue Parti Pris à propos
du Marxisme aux couleurs fleurs de
lys québécoises (!). Le cacique «has
been» trotskyste – titulaire
universitaire – n’avait jamais entendu
parler du député communiste Fred Rose
(Montréal, 1943) ni de la Loi du cadenas
(Québec, 1937) – disqualifiant tout
syndicat soupçonné d’allégeance
communiste [https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_du
_cadenas].
Un conférencier, un autre «has been
illuminé» a très bien résumé
l’assemblée : « Une
rencontre marxiste sans Marx et sans
marxiste »… ou presque… [https://www.facebook.com/CapNcs].
Je confirme. Car malgré le titre des
ateliers et en dépit du renom surfait
des orateurs, je n’ai rien entendu dans
ce galetas qui n’aurait fait retourner
Marx dans sa tombe. N’importe quoi et
son chat, voilà le fatras de ces ébats
universitaires auxquels n’étaient pas
conviés les damnés de la Terre.
Même les orphelins de Mao (En Lutte,
PCO, PCC (ML)), venus écornifler,
semblaient avoir perdu la main. Bien
entendu, nombreux sont ceux qui
citaient Gramsci, Althusser, Badiou,
Balibar, Poulantzas, Lukacs, Trotski et
Marx mais aucun ne semblait savoir de
quoi il discourait. Tout cela sonnait
faux et hors propos, non assumé, jamais
consommé. Seuls leurs étudiants
catéchumènes, les agents de recherche
obséquieux et les chargés de cours
cérémonieux semblaient apprécier les
propos de leurs patrons, les bonzes
universitaires sur le retour.
Quelques perles glanées au fil
de ces journées
Voici quelques perles éructées par les
pseudos marxistes participant à cette
«Université d’été » : « La classe
dirigeante et la classe dominante du
capitalisme », « L’économisme c’est de
ne songer qu’à l’économie dans la vie »,
« Les marxistes sont tombés dans le
chaudron du nationalisme québécois »,
« L’impérialisme c’est un projet
politique expansionniste », « La
révolution c’est de quitter son emploi
pour être libre dans ses choix », « la
financiarisation de l’économie c’est
d’imprimer beaucoup de monnaie », « La
valeur c’est la monnaie », « L’arnaque
du capitalisme c’est la substitution de
la valeur d’usage par la valeur
d’échange » (!) « L’instrument du bien
commun c’est l’État », « Les pays
scandinaves sont des modèles de
réussites socialistes », « Les
capitalistes contrôlent tout y compris
la crise économique », « le travail est
aliénant, vive le farniente », et enfin
« le capitalisme pur c’est l’économie
sans producteur ni consommateur ». Tout
le reste coulait de la même source
putride.
J’arrête ici cette litanie d’arguties
n’ayant évidemment rien à voir avec la
science marxiste. Le pire dans
tout ceci, c’est que ces niaiseries
étaient le plus souvent écrites par des
professeurs ou des doctorants
ignorants…de la science marxiste à tout
le moins.
La question nationale vue du
coin de la rue « Chauvine »
Karl Marx aurait répudié cette assemblée
de prétentieux dignitaires se défaussant
d’un problème encombrant. La dernière
plénière de ces agapes mortuaires
portait sur la question nationale
québécoise.
La problématique bourgeoise du
national-chauvinisme les a tous fait
trébucher entre 1974 et 1984 (Leur âge
d’or). Encore aujourd’hui, trente ans
après, ces gens prétendent que la classe
ouvrière est préoccupée par cette
thématique alors que c’est la crise
économique qui préoccupe réellement le
peuple du Québec comme de tous les pays
à travers le monde. Ces Gill, ces Martin
et ces Letourneau vivent en serre chaude
très loin du quotidien des malandrins.
Chacun des conférenciers soi-disant
« marxistes » s’est pointé à la barre
avec exactement le même refrain qu’en
1970, le nez collé au derrière de la
petite bourgeoisie syndicale et
nationale, afin qu’elle accepte de
partager leur tribune et leurs annales.
Un militant est bien venu rompre cette
belle harmonie complaisante en
s’excusant cependant de ne pas être
séparatiste pour cause que le
nationalisme de droite lui faisait
panique, suppliant expressément de ne
pas le chasser car il pouvait encore
s’amender.
De la salle surgit enfin un premier
propos marxiste de principe. « En autant
que la classe ouvrière est concernée
(classe totalement absente de cette
assemblée il va sans dire) Il n’y a pas
de question nationale québécoise car il
n’y a pas d’oppression nationale contre
la nation québécoise. La nation
québécoise a par deux fois eu l’occasion
de se prononcer démocratiquement pour ou
contre sa « libération » jusqu’à et y
compris la sécession; et par deux
occasions la classe ouvrière québécoise
a refusé de mandater la bourgeoise
nationaliste chauvine pour renégocier
les termes du pacte confédéral canadien
et québécois conclu en 1867 avec la
pleine complicité de la bourgeoisie
canadienne comprenant sa section
québécoise francophone devenue depuis
impérialiste (AANB) [http://www.robertbibeau.ca/imperialisme.pdf].
La nation québécoise a le droit de tenir
un troisième vote référendaire – mais
aucun
« indépendantiste-souverainiste-séparatiste »
ne tiendra un tel 3e
référendum perdant car une dégelée
terrible attend ces soupirants aux
oripeaux nationaux en lambeaux.
Le prolétariat québécois n’est ni
opprimé ni aliéné par le prolétariat
canadien du ROC (Rest of Canada) mais il
est opprimé et exploité par la classe
capitaliste monopoliste canadienne
comprenant sa section québécoise
francophone impérialiste.
Enfin, quant à traiter de la question
nationale, ajoutons que le prolétariat
québécois doit supporter le
prolétariat autochtone des onze nations
amérindiennes vivant sur le territoire
du Québec afin que chacune de ces
nations obtienne le droit de disposer
d’elle-même jusqu’à et y compris la
sécession si tel est le désir des
ouvriers de ces Premières nations [http://www.robertbibeau.ca/commadevolume.html].
Voilà la position marxiste sur la
question nationale au Québec que pas un
de ces pédants soupirants n’a jamais
entendue ni défendue, jusqu’à et y
compris les groupies de Charles Gagnon,
Rashi, Beaudet et tutti quanti venus
galvauder cette assemblée.
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