Opinion
Légende du nouvel An au Mali
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 26 décembre 2012
Toute
ressemblance avec des événements récents
est «songée» et pas du tout fortuite.
Plusieurs jours avant le nouvel an
chrétien, au calendrier de l’Hégire et
du nouvel an musulman, un vieux chaman
malien rassembla les siens, ceux de son
clan, de sa tribu et de sa gens étendue
et leur raconta ce qui suit :
« L’année
qui vient nous apportera la guerre
meurtrière, destructrice et sanglante.
Pendant que le Président de la France,
du haut du balcon à Alger, lance
l’anathème contre notre peuple martyr,
et qu’il
réclame de nos fils qu’ils tuent
leurs frères pour lui plaire, moi Aziz,
je vais vous raconter la légende que cet
homme voudrait «singer» de par nos
savanes et nos déserts au Nord de notre
pays meurtri.
« Il était
une fois en Amérique hystérique un petit
homme aussi méchant que puissant. Un
jour, ce Président insignifiant annonça
en pleurant qu’il avait entendu parler
des
Talibans, des gens qui, parait-il,
battaient leurs femmes, les couvraient
d’une burka grillagée, leur
interdisaient l’université et brisaient
les appareils télé. De plus, ces
sous-hommes-Talibans, éructait ce
Président raciste, avaient banni la
culture du pavot et provoqué une pénurie
d’héroïne dans tout l’Occident chrétien.
Pire, ces Talibans craignaient Dieu mais
nullement ce Président même si méchant
et puissant.
« C’en
était trop, un corps expéditionnaire de
canonnières fut aussitôt dépêché sur ces
ruines à des milliers de kilomètres de
l’Amérique chagrine, vers des cieux
montagneux. Des avions «invincibles»,
des fusées meurtrières, des hélicoptères
droits sortis de l’enfer, des drones
aveugles et pervers, couvrirent le ciel
de cette terre de misère – là bas aux
confins de la Terre – si loin que même
ce Président méchant ne savait pas où se
trouvait ce repère de vipères,
disait-il.
« Ce
Président, ce lilliputien américain,
voulait libérer les femmes afghanes de
leur mari, ces malappris, leur donner
accès à la liberté, à l’université et à
la télé. Il ne savait ce pantin ignare,
du moins pas davantage que ses
conseillères féministes, que l’on ne
peut libérer la moitié féminine d’une
nation en tuant l’autre moitié masculine
de cette même nation. Quelle progéniture
faudra-t-il espérer après cet Holocauste
?
« Il ne
savait pas davantage, ce Président
malin, que les femmes afghanes sont
analphabètes, tout comme leurs époux
vilains, alors l’université vous savez….
Il ne savait pas ce Président
crétin que l’électricité ne se rend pas
très loin en dehors de Kaboul encerclée,
alors la destruction des télés vous
comprenez…
« Pourtant,
pendant dix années les bombes à
neutrons, les bombes au phosphore blanc,
les bombes à sous-munitions et à
l’uranium appauvri, les mines anti
personnelles, les hélicoptères de combat
et les drones mortifères tombèrent sur
la tête des femmes afghanes pour les
«libérer» de leurs maris et sur la tête
des hommes afghans pour les «libérer» de
la vie.
« Des
centaines de milliers d’afghans tués ou
estropiés plus tard, réfugiés ou partis
pour le paradis, les resquilleurs
canadiens continuaient toujours à former
de nouveaux soldats pour l’armée
afghane, piétailles qui s’empressaient
après leur formation de s’embaucher chez
les généreux Talibans, lesquels, ayant
repris la culture du pavot, comme la
mafia d’Occident les en suppliaient,
croulaient littéralement sous des
monceaux d’argent et d’armement.
« Le
nouveau Président méchant – le
remplaçant du précédent – dénicha de
bons
Talibans – plus tolérants que les
précédents – leurs frères de sang
pourtant – pour négocier le retrait de
ses soldats de ce bourbier, puis il
retira son armée démoralisée, déboutée
de ce pays du bout du monde aux portes
de la Chine millénaire, sur la route de
la soie devenue gazière et pétrolière.
« Dix
années de bombardement plus tard, les
femmes afghanes moins nombreuses et
mutilées sont toujours analphabètes sous
leur voile grillagé, et leur époux tout
autant illettrés et armés; elles
naissent pour vivre 48 ans, pas
davantage, ces femmes afghanes affamées,
elles ne fréquentent toujours pas
l’université (qu’iraient-elle faire là,
à quémander la charité ?) ; et elles
ignorent toujours la télé américaine
dont elles savent se passer. Le pays est
détruit, sanguinolent, les seigneurs,
criminels de guerre, oubliés par la CPI,
sont toujours au Parlement de Karsaï, le
polichinelle, et
les Talibans attendent patiemment que
les assassins américains déguerpissent
pour reprendre le pays en main, à la
satisfaction amère du peuple à qui on
n’a jamais rien demandé, vous savez.
« Mes
frères, conclut le sorcier malien,
croyez-vous que le nouveau Président
méchant et puissant et son acolyte
monsieur Hollande de France, tireront
leçon du génocide afghan et irakien et
syrien et libyen ? Aucunement, et nous
les attendons bientôt avec leurs armées
et leur équipement de mort, venir
engraisser les ploutocrates obséquieux
qui tiennent lieu de Président
polichinelle à Bamako notre capitale,
entouré de l’armée de pacotille en
guenille, toujours prête à faire feu sur
les paysans maliens, à violer leurs
femmes et à recruter leurs
enfants-soldats.
« Ils
viendront ici, dans notre pays le Mali,
pour y semer la mort
sous les hourras des maliens et des
maliennes émigrés à Paris et au Canada,
qui auront quitté momentanément leur
faculté le temps de crier dans les rues
des métropoles occidentalisées :
«Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les
siens parmi ces maliens collatéraux»,
avant que de retourner «s’éduquer» dans
ces universités avec les bourses
d’études payées par le peuple malien
crève la faim.
« Mes
frères nous savons bien que les
guérilléros de l’Azawad pendant
l’agression se retireront dans les pays
amis en Mauritanie, en Algérie, en Libye
d’où ils sont venus tout armé, ainsi que
dans les sanctuaires voisins au Tchad,
au Niger, au Burkina Faso (espérons
qu’ils n’y exporteront pas la guerre de
rapine et la mort), le temps de laisser
braire ces saltimbanques militaires, qui
nous bombarderont, nous pilleront et
violeront nos femmes sans vergogne.
Puis, le partisan malien reviendra
occuper le terrain qui est le sien… »
Et le vieux
marabout de conclure assis dans sa case
de l’Azawad envahi et contrit : «
Que tous ces preux demeurent chez eux
parmi les leurs en pleurs et qu’ils
laissent le malien palabrer avec le
malien, le noir discuter avec le blanc,
le Touareg avec le Bambara, le bobo et
le Dogon. Qu’ils laissent le chrétien
négocier avec le musulman et qu’ils nous
laissent en paix. Tous ces étrangers ont
déjà assez saccagé nos contrées pour ne
pas insister et blesser encore notre
fierté. Dites au Président parisien,
fils de colonialistes proscrits, ce
monsieur Hollande «socialiste», de ne
plus s’en faire : nous Maliens nous
saurons régler cette affaire sans
détruire la terre-mère qui nous
appartient. ».
Espérons
que la sagesse de ce chef malien sera
entendue par ceux qui planifient
l’invasion du Mali où ils iront se
casser le nez comme en Irak, en
Afghanistan, au Soudan… Paix sur la
Terre des maliens sans américains,
français ou canadiens.
(1)
Dans le
volume
Impérialisme et question nationale (le
modèle canadien) (2012) nous
présentons l’évolution de la lutte de
libération nationale au Québec du
soulèvement patriote (1837) jusqu’à
aujourd’hui (2012).
http://www.robertbibeau.ca/commadevolume.html
Le volume est disponible gratuitement en
téléchargement
(format PDF Acrobat)
http://www.robertbibeau.ca/imperialisme.pdf
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