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Opinion
Le maillon faible
La crise arabe
Robert Bibeau
Mercredi 16 mars 2011
Ode à la démagogie « démocratique »
La
répression des révoltes spontanées aussi bien que des
insurrections patentées est terrible, les morts sont nombreux et
les blessés encore davantage, comme il sied dans ces pays
« barbares » néo-colonisés qui doivent être mâtés par le fer et
par le feu, disait l’éthylique Churchill
(le même individu qui a proclamé que la démocratie
était le pire des systèmes à l’exception de tous les autres).
Cependant ce n’est pas le nombre de martyrs et de
victimes collatérales qui détermine le caractère révolutionnaire
d’un soulèvement populaire (1).
Cette première
phase de révolte de la rue arabe est pourtant absolument
incontournable, voire indispensable,
pour qui aspire à ce qu’une
deuxième vague de révolte s’amorce enfin et au plus tôt.
Il faut que le ressentiment instinctif et la colère réprimée
s’expriment et projettent leurs vagues d’illusions jusque sur
les murs de la répression où elles se fracassent,
déchirées par les armes des portefaix et des militaires chargés
de maintenir la loi et l'ordre des riches thuriféraires de
l’impérialisme, et aussi le pouvoir des puissants qui en
sous-main tirent les ficelles de ces polichinelles tenant lieu
de chefs d’État, ces rois fainéants, ces sultans décadents et
ces présidents tyrans (2).
Elle est en
marche cette deuxième étape de la révolte arabe, elle éclate par
intermittence à Tunis, à Amman, au Caire, à Sanaa, à Alger et à
Rabat sans que les médias occidentaux n’en fassent état. Elle
ressurgira à la face du monde dans un mois ou dans un an, car
bien peu des exigences légitimes des insurgés n’auront été
rencontrées.
Hillary Clinton,
la première, aura lancé un leurre devant les yeux du pur-sang
arabe hennissant, et toute la presse à la solde a repris cette
billevesée perfide : « Nous
soutenons l’aspiration des peuples arabes à la démocratie ».
Ils chômaient, ils ployaient sous le joug, ils étaient affamés,
emprisonnés injustement, battus, torturés, entassés dans des
cars clinquants qui les transportaient dans la poussière vers
leur misère, sans aide et sans soins médicaux. Pendant que leurs
ressources naturelles, bradées, sortaient de leurs pays pour
quelques deniers, ils importaient au prix fort tout le
nécessaire pour survivre, l’inflation rongeait leur maigre
salaire, le coton égyptien pourrissait sur les quais déclassé
par le coton américain subventionné; les paysans désœuvrés
venaient s’agglutiner dans les villes surpeuplées alors qu’on
aménageait leurs champs pour transformer la nourriture en
carburant et que la crise économique les frappait de plein
fouet. Ils se sont révoltés contre cette « fatalité », et la
Secrétaire d’État Hillary, avec le plus grand mépris, leur a
proposé de voter pour un plus grand nombre de ces satrapes
dévoyés (car dans quelques pays arabes on votait déjà pour une
liste restreinte de ces candidats à la dictature).
Les
illuminés, les révoltés, les exploités, les aliénés ont tous pu
constater au cours de cette première phase de la révolte
(novembre 2010- mars 2011), au cours de ce premier round de la
guerre des classes, les limites de ces revendications
économiques pour le pain et le sel, pour le travail et
l’équité. Les possédants leur ont jeté quelques ploutocrates
à « démettre », ils leur ont accordé chichement quelques
augmentations de salaires; ils ont réduit les prix des denrées
de première nécessité et diminué la valeur de l’argent pour les
acheter, ils ont promis des élections par lesquelles ces bons
peuples pourront, à l’exemple des populaces du Nord, choisir
l’État-major étatique de la classe dominante qui dirigera les
destinées de chaque nation « démocratique » arabe. Enfin, la
« liberté » de choisir son garde-chiourme frappe aux portes des
pays arabes « modernisés et démocratisés »!
« Vos
Révolutions
victorieuses
sont terminées : rentrez chez
vous, il n’y a plus rien à voir », leur a-t-on fait
accroire, puisque dorénavant il y aura dix, vingt ou trente
candidats aspirant à s’emparer du pouvoir, dociles à rendre
compte du bradage des ressources nationales au Président Obama
et à ses acolytes. Pour ce qui est des hausses de salaires,
elles seront temporaires; attendez que le FMI soit passé par ici
une fois le calme rétabli. Ne restent que le royaume d’Arabie et
quelques émirats à ne pas bénéficier de cette immense jouissance
où pataugent ceux du Nord depuis leur enfance, sous le chômage,
l’inflation, la déflation, la succession des crises économiques,
les guerres sporadiques, l’insécurité des villes, la
dégénérescence morale, la pollution, la drogue et la
prostitution, le suicide des adolescents, les soupes populaires
et la misère.
Peuples arabes,
bienvenue dans la civilisation occidentale! Vous en aviez rêvé,
ce sera pire que ce que vous pensiez. Vous êtes passés en
quelques mois de la misère néo-coloniale à la mansuétude
post-coloniale. Il vous faut dès à présent préparer la deuxième
étape de votre révolte généralisée pour qu’elle donne lieu à de
véritables révolutions, c’est-à-dire à des transformations
radicales de vos sociétés par la prise entre vos mains de tout
le pouvoir d’État, ce qui constitue la vraie démocratie.
Dignité bafouée
Et que dire de ce cancer impérialiste de
souche européenne, implanté au cœur de la vie,
au Levant d’une Méditerranée souillée par la pollution de ces
colonisateurs industriels avides, arrogants et génocidaires!
Cette « colonie colonisatrice » incrustée tout près du canal de
Suez, entre le Golan syrien et les montagnes du Liban farouche,
cette entité sioniste plantée entre la mer qu’elle a asphyxiée
et Gaza la ville martyre indomptable. Cette plaie sioniste
théocratique, terroriste, qui se complait à humilier tous les
peuples arabes!
Depuis que
l’impérialisme a découpé l’ensemble de la planète en zones
d’exploitation et de concurrence qu’il se repartage et
redistribue selon les puissances montantes ou déclinantes du
moment (Grande-Bretagne, France, Italie, Allemagne, Japon, puis
États-Unis, Russie, Chine, etc.), toute révolte populaire, toute
résistance nationale authentique, est partie intégrante de la
grande lutte anti-impérialiste mondiale. À titre d’exemple,
quand le peuple palestinien arabe résiste au sionisme et tente
de libérer toute sa terre occupée depuis 1948 par le
colonisateur impérialiste israélien, il en vient très vite à
lutter contre la puissance de tutelle d’Israël, les USA.
Les collaborateurs de l’Autorité de Ramallah le savent bien,
ceux-là même qui quémandent à la puissance de tutelle de calmer
les appétits de son protégé et de le contraindre à accepter la
constitution d’un bantoustan à administrer par eux, les derniers
supplétifs à ne pas bénéficier d’une zone de gestion partagée.
Tous les autres pions arabes ont déjà reçu leur tribut et se
sont vu attribuer une réserve à administrer; Mahmoud Abbas et sa
coterie croient qu’ils y ont droit eux aussi. (3)
Le maillon faible
Pourquoi cette première vague de
soulèvements spontanés, généralisés à travers l’Afrique du nord
et le Proche-Orient arabisé ? Qu’est-ce qui explique que
tous ces peuples qui forment la grande nation arabe, de la
frontière iranienne aux rives de l’Atlantique, protestent,
s’agitent et se soulèvent à tour de rôle, parfois les armes à la
main, le plus souvent le poing nu levé au ciel pour réclamer
justice et équité, honneur et dignité,
travail et nourriture ? Les vicissitudes de la
crise économique et financière occidentale (2008), qui ont
frappé tous ces pays expliqueraient-elles, à elles seules, ces
soulèvements? Mais toutes les populations du globe n’ont-elles
pas été frappées par la crise sans pourtant toujours se révolter
de la sorte? Alors pourquoi ce
tropisme arabe ?
Examinons de plus
près la conjoncture politique, sociale, culturelle et
idéologique particulière à ce ventre mou de l’impérialisme
pour y trouver l’explication de ces insurrections à répétition
qui ont pris l’allure d’une traînée de poudre sillonnant les
déserts pétrolifères. Tentons de comprendre les raisons de cette
révolte soudaine et inévitable sur cette terre qu’on aurait tort
de réduire à un désert. Pourquoi
donc le monde arabe se présente-t-il comme le maillon faible de
la chaîne impérialiste ?
Le monde
arabe est constitué d’une vingtaine de pays souverains mais pas
indépendants (4), répartis sur 13 millions de km carrés
s’étalant de l’Océan Atlantique à la frontière de l’Iran. Il
compte 313 millions d’habitants de religion musulmane
(90%), de langue et de culture arabe. Le produit intérieur
brut annuel moyen par habitant s’échelonne de 1000 $ en
Palestine à 76 000 $ au Qatar - ils sont des centaines de
milliers à survivre avec 2 $ par jour en Palestine occupée.
« La
population des dix-neuf pays du Maghreb et du Moyen-Orient a
presque triplé au cours des quarante dernières années
(1970-2010) pour passer de 112 à 313 millions d’habitants (+
180 %). Mais, au cours des quarante prochaines années
(2010-2050), elle va augmenter seulement de 62 %, soit trois
fois moins vite. Ce simple constat signifie que la transition
démographique est en marche dans l’une des régions les plus
complexes du monde sur les plans politique, culturel, religieux,
sécuritaire… et énergétique. Cette région, même si elle n’est
pas homogène, abritera 6 % seulement de la population
mondiale en 2050, contre 5 %
actuellement et 3 % en 1970. Aujourd’hui, dans un monde qui a
soif d’énergie, elle contrôle, selon la compagnie British
Petroleum, respectivement 55 % et 30 % des réserves
mondiales de pétrole brut et de gaz naturel. »
(5).
L’ensemble du
monde arabe est passé au cours des cinquante dernières années de
la semi-féodalité au capitalisme, de l’artisanat à l’industrie
et de l’agriculture de subsistance à l’agriculture industrielle.
Au cours du dernier demi-siècle la population arabe, avec
quelques écarts d’un pays à un autre, a migré de la campagne à
la ville et du souk au supermarché; de l’analphabétisme
généralisé à l’université; de l’organisation tribale à la
technocratie bureaucratique. Au cours de ces quelques décennies,
le monde arabe a connu un taux de natalité en recul; il est
passé de la famille patriarcale clanique à la famille nucléaire
éclatée; de pratiques religieuses de type médiéval à une
diminution lente mais réelle des pratiques religieuses (les
réminiscences des courants islamistes ne doivent pas faire
illusion, elles pourraient bien n’être que les barouds d’honneur
d’une sphère religieuse en déliquescence).
Au cours de cette
brève période, l’ensemble du monde arabe est passé d’une
pyramide des âges normale à un évasement pyramidal foudroyant
(35 % de la population arabe a moins de 15 ans). Imaginons ce
que ce rajeunissement prodigieux des couches populaires comporte
de potentiellement révolutionnaire quand des millions
d’adolescents et d’adolescentes se précipiteront tous ensemble
sur un marché du travail exsangue.
Le bradage éhonté, rapide et
sans retour de la plus importante ressource naturelle non
renouvelable de la région (pétrole et gaz naturel); la
mise en coupe serrée des économies nationales arabes;
l’endettement sévère de la plupart des pays de la zone; la
dépendance de chacun de ces pays à l’égard de biens de
consommation produits et achetés à grand frais à l’étranger;
l’inflation qui découle de cette dépendance des
approvisionnements en produits manufacturés; la destruction de
l’agriculture nationale par la concurrence extérieure;
la fuite des capitaux de la
rente pétrolière vers les marchés boursiers spéculatifs où ils
sont dilapidés dans chacune des crises monétaires qui frappent
le monde impérialiste (lors de la crise de 2008 les
princes arabes ont perdu sans sourciller 150 milliards de
dollars); la paupérisation de couches entières de paysans, de
petit- bourgeois et de travailleurs; la spoliation des
ressources de l’État par les castes dirigeantes indignes qui
dissimulent leurs trésors dans les paradis fiscaux sans impôts.
Cette conjoncture de crise fait du monde arabe un foyer
inévitable de révolte, le maillon faible de la chaîne
impérialiste.
En plus de
cette convergence de facteurs économiques, politiques et
sociaux, la communauté religieuse, linguistique et culturelle de
ces peuples engendre des rapprochements et suscite des échanges
de renseignements (qu’Internet facilite grandement).
Cette communauté linguistique et
culturelle exacerbe le sentiment d’appartenance à une communauté
de misère, d’injustice et d’iniquité, et facilite la
mobilisation des citoyens, tout en favorisant l’émergence d’un
vouloir-vivre collectif parmi ces peuples qui aspirent à mettre
fin à ce sentiment de honte coupable d’être les témoins
impuissants de cette gabegie.
La première vague de révolte populaire
Les puissances
impérialistes occidentales ont eu beau soutenir fermement les
régimes militaires parasitaires et oppresseurs, le couvercle
posé sur ces jeunes marmites bouillantes de frustration et de
désespoir sans perspective ne pouvait résister plus longtemps.
L’étincelle tunisienne a suffi à mettre le feu à toute la plaine
arabe sèche et amère. C’est le propre des oppresseurs de tenter
de se maintenir à flot par tous les moyens qu’il faut. Quand une
tactique de répression ne fonctionne pas les puissances
impérialistes et leurs supplétifs locaux laissent échapper un
peu de vapeur, et font quelques concessions mineures, le temps
d’apaiser la rue en fureur, pour reprendre ensuite le terrain
concédé. Mais comme rien n’est réglé, ni même vraiment amélioré,
comme la misère et le chômage s’accentuent, comme la
paupérisation s’accélère, comme la destruction des bases de
l’économie nationale s’approfondit, comme l’humiliation arabe se
perpétue, comme l’entité colonisatrice maintien son occupation
illégitime avec la complicité des traîtres fratricides locaux,
alors les forces révolutionnaires en état de latence reprennent
leur souffle en préparation d’un nouvel assaut, d’un deuxième
soulèvement contre la citadelle des exploiteurs et des
spoliateurs. Le sirocco de la
révolte couve dans les déserts arabes, des confins de l’Algérie
aux dunes de l’Arabie, sur les massifs du Rif et en Kabylie, et
il reviendra balayer les plaines du littoral.
Rapport de force au sein des bourgeoisies
nationales arabes
Dans chacun des
pays de la communauté arabe, la grande bourgeoisie nationale est
divisée en deux sections, le
segment compradore qui s'enrichit de la braderie des
ressources naturelles et le
segment « nationaliste » qui s'enrichit de l'exploitation
de la main-d'oeuvre et du développement du commerce national.
Dans certains pays comme l'Égypte, la Syrie, l'Algérie les
officiers de l'armée forment un contingent cohérent dans l'un ou
l'autre de ces camps opposés. Profitant des révoltes spontanées
des peuples arabes, un segment ou l'autre de la grande
bourgeoisie de chacun des pays en profite pour remettre en cause
le compromis historique en vigueur entre eux et tenter de
s'accaparer l'hégémonie sur
l'appareil d'État, source de pouvoir et de capital.
Ainsi, en Syrie
et au Liban, où il n'y a pas de prébende pétrolière à partager,
la situation est restée stable et les deux sections de la
bourgeoisie sont restées sur leurs positions. Au Bahreïn, au
Yémen, en Jordanie et en Irak, les sections « nationalistes »
ont tenté de secouer le joug des sections compradores avec plus
ou moins de succès jusqu'à présent.
En Arabie
Saoudite, aux Émirats Arabes Unis, au Qatar, à Oman et au
Koweït, où les sections compradores sont puissantes, les
sections « nationalistes » ne sont pas encore parvenues à
soulever la rue pour ébranler le pouvoir hégémonique de leurs
concurrents.
En Égypte, où le
colonel Nasser avait donné le pouvoir à la section
« nationaliste », que Moubarak avait rendu à la section
compradore, l'armée a réussi à se rétablir aux postes de
commande de l'État et elle prépare l'élection « démocratique »
de son dauphin. Pour cette raison l'armée égyptienne n'attaquera
pas le représentant des clans de l'Ouest libyen basé à Tripoli.
Il en est de même en Tunisie où le représentant de la
bourgeoisie compradore ayant été démis, l'armée tunisienne n'est
pas d'humeur à porter assistance aux clans royalistes de l'Est
libyen.
En Algérie, la
section compradore ayant déjà mâté sa section « nationaliste »
lors de la guerre civile contre les islamistes au cours des
années quatre-vingt dix, cette dernière regarde évoluer le
mouvement populaire avant de relever la tête et de remettre en
cause la trêve alors convenue. L'Algérie a suffisamment de
difficultés pour ne pas même songer à une aventure militaire en
Libye. Au Maroc, la section « nationaliste » de la bourgeoisie
nationale devrait probablement être le prochain maillon faible
de la chaîne impérialiste afin de repartager les prébendes du
bradage du phosphate dérobé en partie au Sahara occidental.
Le rôle de la petite bourgeoisie
« progressiste »
Faute d’orientation et
d’organisation révolutionnaires pour diriger ces révoltes
populaires, on peut compter sur les « bobos » pour désorienter
ces peuples, proposer des leurres, transformer un
soulèvement populaire potentiellement révolutionnaire en une
lutte pour l’obtention d’un bulletin de vote en faveur de
« la démocratie des riches » si chère à Hillary Clinton et à ces
bourgeois bohêmes toujours prompts à vendre leur plume, leur
pensée, leur travail intellectuel aux plus offrants et à
diffuser vilenies, utopies, rumeurs, forfaitures et
« solutions » bidon. (6)
L’effet de
surprise passé, des « conspirationnistes »
se sont récemment remis à l’œuvre pour suggérer que tout ce
mouvement de révolte spontané ne serait qu’une machination
impérialiste-sioniste visant à remplacer la vieille garde
prétorienne par une jeune garde modernisée. Les conflits de
générations expliqueraient les tribulations au sein de l’État-
major des larbins. Ces spéculations sont spécieuses.
Les puissances impérialistes aiment la stabilité politique et
exigent la sécurité de leurs investissements. Les révoltes
populaires arabes les ont prises de court, mais sitôt
revenues de leur surprise les unités militaires d’invasion de
l’OTAN se sont mises en ordre de combat et les unités
d’infiltration anti-insurrection ont pris position.
Les
éléments « conspirationnistes » font partie de ce florilège voué
à la liquidation des mouvements de révolte afin qu’ils ne
deviennent jamais des mouvements révolutionnaires. Les rumeurs
de conspiration, de manigance et de téléguidage des
contestations ont fait leur apparition. (7) Ces
« révélations » visent à créer confusion et suspicion et à
diviser les peuples arabes.
Chaque insurgé devrait maintenant se demander si celui qui est à
ses côtés n’est pas un agent étranger et un manipulateur au
service des impérialistes américains, israéliens, français ou
britanniques, ces « forces invincibles » qui dirigent et
contestent l’ordre établi tout à la fois. Plus de
révolutions possibles puisque « Big Brother » sait
tout et dirige tout, même les révoltes qui visent à le
renverser. Le « conspirationnisme » est une tactique visant à
désarmer idéologiquement les peuples arabes et à saper la
solidarité internationale en faveur des insurgés. En effet,
pourquoi les organisations de solidarité internationale
soutiendraient-elles la cinquième colonne de l’impérialisme
infiltrée dans ces mouvements de révolte prétendument téléguidés
de l’étranger ?
Il existe
pourtant une technique toute simple pour départager les agents
infiltrés dans les organisations d’insurgées des
révolutionnaires authentiques, c’est la ligne politique. À titre
d’exemple, quiconque soutient l’invasion militaire
« humanitaire » de la Libye est un agent conscient ou
inconscient des impérialistes. Tel Bernard-Henri Levy qui
s’excite à Benghazi en appelant l’OTAN à son « devoir de
bombardement humanitaire » pour massacrer par les bombes à
fragmentation les tribus de Tripolitaine lesquelles jusqu'à
présent gobaient les prébendes et la rente pétrolière. L’OTAN
souhaite, en effet, favoriser les clans royalistes et les tribus
de Cyrénaïque qui demandent à reprendre le contrôle de la rente
pétrolière libyenne. Mais l’OTAN n’a pas encore suffisamment
infiltré ces organisations pour être certaine de leurs
orientations. Quoi qu’il en soit, les révolutionnaires ne font
jamais appel aux dieux de la peste impérialiste et à la pseudo
communauté internationale des riches pour mener leur combat; ils
ne comptent que sur leur propre force pour renverser les tyrans.
(8)
Le monde
arabe souffre et pleure son humiliation non méritée. Il fut
jadis une très grande civilisation qui voudrait aujourd’hui
renaître et marquer le monde de son empreinte.
Mais
pour réussir cet exploit, il devra s’organiser, trouver en son
sein, au sein de sa classe ouvrière révolutionnaire, les
leaders, l’énergie et la direction politique capables de mener à
bien son destin. Le lot de la grande nation arabe,
scindée en une vingtaine d’entités nationales par les puissances
coloniales, n’est pas de rester à la remorque de l’histoire,
sous le joug de rois et de sultans dégénérés et de présidents
tyrans qui la saignent à blanc.
Elle couve sous
la cendre des trahisons récentes la flamme d’une deuxième
révolte arabe. Cette deuxième révolte sera
plus terrible, plus radicale, plus violente et plus sauvagement
réprimée que la précédente, car ceux qui ont été mystifiés par
la trahison de clercs indignes auront appris de leur déception
et seront beaucoup plus difficiles à berner lors de leur retour
sur la scène de l’histoire.
(1) La
révolution avortée. Robert Bibeau.
17.02.2011.
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23260
(2) La
révolution égyptienne. L’armée va trancher.
Robert Bibeau. 5.02.2011.
http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article4956
(3)
Échec consommé des pourparlers directs.
Robert Bibeau. 4.02.2011
http://www.michelcollon.info/Echec-consomme-des-pourparlers.html
(4) Algérie, République Arabe Unie
(Égypte), Liban. Irak, Syrie, Soudan, Maroc, Mauritanie, Libye,
Tunisie, Arabie Saoudite, Yémen. Djibouti, Émirats Arabes Unis,
Koweït, Qatar, Oman, Palestine (incluant Israël), Bahreïn
et la Jordanie.
http://www.cairn.info/revue-population-2005-5-page-611.htm
(5)
Démographie galopante et développement économique
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2554p042-043.xml0/
. Démographie du monde arabe http://www.ceped.org/documentation/article.php3?id_article=594
(6) Monde
arabe les raisons de la révolte.
http://www.rfi.fr/afrique/20110204-carte-interactive-monde-arabe-raisons-revolte-egypte-
(7)
http://www.presseurop.eu/fr/content/article/522941-la-revolution-qui-venait-de-serbie
(8)
Le parricide.
Robert Bibeau 3.03.2011.
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article114352
http://www.vigile.net/Le-grand-dilemme-americain
Robert Bibeau gère le site
Samidoun
à Montréal.
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