Opinion
Que s'est-il passé
le 11 septembre 2001 ?
Robert Bibeau
Mercredi 14
septembre 2011
Depuis une semaine
environ un maelstrom d’informations
bidon s’étale au téléjournal et à la une
de votre journal. Chaque chaîne télé,
chaque poste radio, tous ces journaux
propriétés de grands trusts médiatiques
et chaque reporter ambitieux à la solde
des médias obséquieux insistent mordicus
pour vous asséner son commentaire et
vous faire partager son emphatique
interprétation des événements qui
ébranlèrent les puissances impérialistes
en septembre 2001.
Cette débauche
d’articles dissimule la vérité sur ce
qui s’est vraiment passé en ces jours
dramatiques. Mais ce n’est pas ce que
Thierry Meyssan tente d’élucider depuis
tant d’années qui devrait vous
préoccuper. Quel intérêt y-a-t-il à
prouver qu’ils ont dissimulé, caché la
vérité, paraphrasé des contes de fées et
psalmodié des contrevérités à propos de
ces événements tant décriés (1) ? Tout
cela n’a aucun intérêt pour les peuples
opprimés.
Ce jour là,
l’Empire a été frappé en plein coeur
(New York – Washington – Pentagone)
par des hurluberlus venus d’Orient, d’où
l’empire avait extradé la misère en
rapatriant la plus value, les immenses
profits, les ressources naturelles et
les richesses.
L’origine
tiers-mondiste des kamikazes ne justifie
pas la méthode utilisée mais elle permet
de comprendre le motif de cette action
anarchique.
Mais ce
n’est pas du tout cette action d’éclat
qui constitue le tournant et l’événement
historique le plus important.
Cette interprétation des événements du
onze septembre 2001 est l’apanage des
médias bourgeois et des États
impérialistes clients ou fournisseurs de
l’Empire qui voudraient de la sorte tous
vous embrigader dans un Requiem funèbre
orwellien justifiant la fascisation des
États capitalistes, la suspension de
l’Habeas corpus, des libertés civiles et
de la présomption d’innocence au nom de
la lutte contre un terrorisme qu’ils ont
eux-mêmes financé – et incubé.
Depuis cette
journée fatidique du 11 septembre 2001,
mère de toutes les attaques meurtrières,
disent-ils, combien d’innocentes
victimes, femmes, vieillards, enfants,
honnêtes gens sont tombés sous les
bombes terroristes des faiseurs de paix
et de pseudo démocratie ? Des
centaines de milliers, le saviez-vous ?
Et des centaines de milliers d’autres
ont été blessés soi disant
collatéralement, ou ont retrouvé leur
résidence bombardée, leur champ miné, ou
leur usine saccagée, le saviez-vous ?
Dans le tiers-monde essentiellement,
voilà pourquoi vous l’ignoriez.
Saviez-vous que
depuis 2001 des millions de
civils congolais (six millions
environ, des noirs il est vrai !) sont
morts assassinés – déchiquetés, parfois
même dévorés – cannibalisés – dans le
fond de la savane africaine à l’abri de
la plume indolente et indifférente de
nos reporters larmoyant sur la tragédie
new-yorkaise (3 500 victimes) ?
Ils ont
répété à satiété à la télé qu’après ces
événements tragiques plus rien ne serait
jamais pareil, que notre monde avait
changé à tout jamais. Qu’y
a-t-il de plus usuel et familier que les
crises économiques successives, les
guerres de rapines et de conquêtes en
série, la pauvreté et les famines
endémiques, les SDF et les sans abris
harcelés, les jeunes pourchassés, le
chômage et les épidémies, la soif et la
faim généralisées dans tout le
tiers-monde ? Les soupes populaires et
les comptoirs alimentaires trop
achalandés, les vieillards maltraités et
la misère urbaine dans nos mégalopoles
délabrées ? Jamais ce monde du XXIe
siècle n’aura autant ressemblé à celui
du XXe siècle mais en plus
misérable et en plus insécuritaire.
On nous apprenait
récemment qu’au XXIe siècle
au lieu de compter dix mille organismes
super riches concentrant entre leurs
mains cupides l’essentiel de la richesse
mondiale, ils ne seraient plus que 737
entités à posséder le capital et à
diriger nos destinées (2). Aucun
changement de fond à l’horizon dans
cette information.
Il y a pourtant un
aspect qui, lui, a véritablement et
radicalement changé la réalité
contemporaine. Cet événement survenu à
la suite du onze septembre n’a pas eu
lieu aux États-Unis mais à cause des
États-Unis et de sa mise en oeuvre de
représailles guerrières, meurtrières et
terroristes.
Jusque là, si l’on
excepte ce que certains ont considéré
comme une fausse victoire du peuple
vietnamien (Noam Chomsky), il
était convenu que les petits peuples,
particulièrement ceux du tiers-monde, ne
pouvaient résister à la formidable
machine de guerre sophistiquée de
l’Empire, tout comme il était
admis que tout petit pays devait plier
l’échine et verser son tribut aux
magnats de la finance, à la Banque
Mondiale, au FMI et aux trusts
impérialistes, dès que le maître de
l’Empire leur faisait signe de se
soumettre à leur suzerain.
Voilà que le
7 octobre 2001, aux
confins de l’Asie, aux limites de la
Chine impérialiste et de la Russie
capitaliste, un petit peuple sous
développé, sans drones ni artillerie
lourde, sans avions furtifs ni porte
avions, un peuple armé de son seul
courage et de vieux fusils, tenait tête
à l’Empire et se préparait à lui
infliger une défaite cinglante (3).
Après l’invasion afghane dont George W.
Bush avait prématurément proclamé la
victoire définitive sur un porte avion
désarmé, alors que ses troupes étaient
incapables de pacifier ce pays
temporairement occupé.
Après la résistance
afghane rien ne sera plus jamais pareil,
cette fois l’expression est justifiée.
Depuis lors les
États-Unis se dirigent vers la faillite
budgétaire et aucun peuple n’a été
assujetti par la force des armes à
l’impérialisme états-unien. Les
Ivoiriens poursuivent leur révolte et
déstabilisent ce pays néo-colonial
français; les Iraquiens achèvent de
chasser le dernier soldat Yankee
d’occupation; l’Empire ne réussit rien
de palpable ni en Somalie ni au
Pakistan, il y perd même du terrain ; la
Syrie et l’Iran n’ont pas été soumis ;
le Liban a chassé le gendarme
américano-sioniste de ses terres en
2006 ; le peuple gazaouïs ne se soumet
pas et résiste; au Yémen, la partie
s’éternise entre l’ancien et le nouveau
scélérat candidat à la présidence ; en
Libye rien n’est joué et la résistance
persiste et s’organise (4); même en
Égypte et en Tunisie l’Empire n’est pas
encore assuré de totalement liquider la
révolte populaire avec ses élections
bidon pseudos « démocratiques » (5).
Non vraiment rien
ne va plus pour l’Empire américain
depuis ce jour où de noirs avions ont
quitté ses porte avions d’invasion afin
de réprimer un petit peuple qui n’avait
rien à voir avec ces attentats macabres
du onze septembre. L’Empire avait juste
oublié qu’un autre empire s’était
quelques années auparavant cassé les
dents sur ces farouches afghans.
Les crises
économiques, financières, boursières,
budgétaires récurrentes, le chômage et
la misère humaine, bientôt de nouveaux
défauts de paiement, marquent
indubitablement ce nouveau millénaire.
Rien là qui soit vraiment différent
d’auparavant, si ce n’est la
succession de défaites militaires
américaines. Voilà qui est inédit et
terriblement rafraîchissant.
Depuis le 7
octobre 2001 chaque peuple dans
le monde a appris que l’impérialisme
états-unien n’était pas invincible, que
c’était un tigre de papier et un colosse
aux pieds d’argile que chacun d’entre
eux pouvait battre et chasser de
chez-lui en autant qu’il reste uni,
déterminé et combatif.
En effet, le monde
a bien changé entre le 11 septembre et
le 7 octobre 2001 !
(1)
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=26486
(2)
http://www.centpapiers.com/737-maitres-du-monde-controlent-80-de-la-valeur-des-entreprises-mondiales/81601
(3)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_d’Afghanistan_(2001)
(4)
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=26500
http://www.legrandsoir.info/La-revolution-avortee.html
http://www.centpapiers.com/le-maillon-faible-la-crise-arabe-2/64422
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