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Opinion
La nouvelle lubie de
la gauche palestinienne et arabe
Robert Bibeau
Samedi 13 novembre 2010
Une nouvelle lubie
parcourt les rangs de la « gauche » arabe et palestinienne, à
l’unisson avec les collaborateurs de l’Autorité palestinienne
(voir le texte en annexe). Cette lubie, ce leurre, que dis-je,
ce mirage et cette trahison porte le nom de « Proclamation
unilatérale de l’État national palestinien ». Évidemment,
pour faire bonne mesure et prendre la posture qui sied, la
« gauche » arabe, dans le communiqué final de la rencontre de
Beyrouth (22 et 23 octobre 2010) assortit sa « menace »
de spécifications effrayantes : « avec Al Quds pour capitale et
à réaliser le droit au retour des réfugiés dans leurs terres…»
(1). Comment parviendront-ils, sur le terrain, à concrétiser
cette « menace » contre l’entité sioniste? Pas plus la
« gauche » que la droite dans l’OLP, le Fatah et l’Autorité n’en
soufflent mot. En fait, leur maître à penser, le « négociateur »
palestinien non mandaté Saëb Erakat révèle la teneur de la
« menace » il suffira de demander aux maîtres de la colonie
israélienne, les États-Unis d’Amérique de reconnaître l’État
palestinien mais attention dans les limites de la ligne verte,
les frontières de 1967. Le reste de la terre
palestinienne est déjà concédé à l’État sioniste, on ne refait
pas l’histoire voyez-vous. Du droit de retour aucune mention de
la part du négociateur en chef.
Le communiqué final de la
conférence des organisations de la gauche arabe fait bien
mention du terme résistance et appelle à l’unité entre les
collabos de l’Autorité palestinienne et la résistance
palestinienne pour une vraie démocratie… La démocratie, elle
avait pourtant parlé, en 2006, et elle avait rejeté ces
tactiques de compromission et de trahison nationale. Le peuple
palestinien démocrate n’en finit pas de souffrir pour s’être
alors démocratiquement prononcé.
Bien entendu,
proclamer unilatéralement l’« État
palestinien » en indiquant les « limites » espérées pour
ce rêve irréalisé et irréaliste est très facile à réaliser. Vous
pouvez même parier qu’aussitôt proclamé, plusieurs États
complaisants (les régimes arabes qui ont abandonné le peuple
palestinien à son sort, notamment) s’empresseront de
« reconnaître » le nouvel État virtuel, qui n’aura, d’État, que
le nom pompeux, sans aucun contrôle sur son territoire, sans
aucune possibilité de faire respecter ses droits, ses pouvoirs,
sa législation, ses frontières, un pseudo-pouvoir « étatique »,
qui, de fait, continuera, à travers l’Autorité palestinienne, à
pratiquer la chasse aux résistants en Cisjordanie, à abandonner
les réfugiés dans les camps et à gémir pour que, de concert,
Israël et l’Égypte fassent enfin tomber le pouvoir du Hamas à
Gaza et remette Gaza dans leur escarcelle pour l’attribution des
juteux contrats de reconstruction offerts par la « communauté
internationale » (si, et seulement si (2)). Ah, que
reviennent les beaux jours où l’ensemble du bantoustan
palestinien était géré par une seule main de fer et les colonies
« juives » sécurisées par une seule Autorité… sans autorité
(3) !
Par ce communiqué, la
« gauche » arabe se positionne à droite du Hamas et, surtout, à
droite du Jihad Islamique – deux organisations islamistes et
donc implicitement située à droite sur l’échiquier politique,
selon la typologie des axes qui fait autorité en Occident.
Le Jihad Islamique
propose quant à lui une authentique orientation de gauche, à
savoir que l’État colonial israélien, créature de l’impérialisme
occidental, hier dirigé par l’empire Britannique et aujourd’hui
dirigé par les États-Unis d’Amérique,
que l’ensemble de la base
militaire permanente des USA au levant disions-nous, soit
démantelé et que la totalité de la terre arabe soit libérée de
l’occupation coloniale, et pas seulement une partie d’Al-Quds
ou la superficie occupée depuis 1967 (Ligne verte) par les
forces sionistes comme le propose la bande de collaborateurs qui
contrôle l’Autorité palestinienne en ce moment et qui se fait
justement le promoteur de cette « menace »
d’auto-proclamation bidon,
dont la gauche se fait aujourd’hui le perroquet. Quel paradoxe,
la soi-disant droite située à gauche de la soi-disant
« gauche » : intéressante confusion des genres, n’est-ce pas?
Voilà une « menace »
que l’entité sioniste (Israël) aimerait bien voir se concrétiser
au plus tôt. En effet, comme nous l’expliquions dans un
précédent article, Benjamin Netanyahu exige que les indignes
négociateurs palestiniens sans mandat du peuple Palestinien reconnaissent
que l’État hébreu est un État hébreu, patrie de tous les
« juifs » de la Terre, une théocratie, s’indignait Gidéon Lévy
(4). Par cette exigence, Benjamin n’essaie pas de
satisfaire un ‘caprice’, mais de compromettre encore d’avantage
l’Autorité palestinienne dans la reconnaissance et l’acceptation
de l’usurpation et de la spoliation des terres arabes de
Palestine, ainsi que dans la renonciation officielle aux
résolutions de l’ONU qui accréditent les droits palestiniens et
dans la répudiation du droit de retour.
L’auto-proclamation bidon de
l’État palestinien à l’intérieur des limites de la Ligne verte,
sans disposer d’aucun moyen ni de faire respecter cette
« souveraineté » ni de faire reculer la mainmise israélienne sur
Jérusalem (Al-Quds) et sans possibilité d’assurer le retour des
réfugiés (si ce n’est, peut-être, un jour, à l’intérieur du
bantoustan palestinien – quelques villes emmurés que les
israéliens exigent que l’Autorité administre de façon à se
décharger de ce fardeau coûteux) oui, ce droit de retour sans
retour est envisageable pour les Israéliens. Le seul résultat
qu’aurait l’auto-proclamation serait l’officialisation du
renoncement des Palestiniens à tous leurs droits internationaux,
au droit de retour et à leur terre. Soyez
assuré qu’Israël et les États-Unis seront les premiers pays à
reconnaître ce nouvel État fantoche, suivis en cela, comme il se
doit, par l’Union européenne, si elle ne se fait pas damier le
pion par l’Égypte, l’Arabie Saoudite et quelques autres États
arabes du même acabit.
Que fait la
« gauche » arabe assise avec Saëb Erakat et Mahmoud Abbas à
droite de la résistance palestinienne ?
Notes
(1)
La rencontre de la gauche arabe.
Beyrouth 22-23 octobre 2010.
http://canempechepasnicolas.over-blog.com/article-beyrouth-rencontre-de-la-gauche-arabe-60538189.html
« La
Rencontre
de la gauche arabe affirme que la cause palestinienne reste la
cause centrale dans le conflit arabo-israélien. Elle affirme
aussi le droit inaliénable au retour du peuple palestinien dans
la terre de ses ancêtres, à décider de son sort en proclamant,
unilatéralement, son Etat national, ayant Al-Quds pour capitale,
et à réaliser le droit au retour des réfugiés palestiniens dans
leurs terres desquelles ils ont été chassés en 1948. Elle
appelle les peuples arabes à faire pression sur leurs
gouvernements afin de reconnaître l’Etat palestinien, mais aussi
de mettre fin aux relations que certains gouvernements
entretiennent avec Israël. Sur ces bases, elle insiste sur la
poursuite de la lutte pour l’arrêt définitif de la colonisation
des terres palestiniennes et demande aux forces nationales
palestiniennes de mettre fin aux divisions intestines et de
recouvrer leur unité nationale. »
(2) Julien Salingue. 25.10.2010.
Réflexions sur l’occupation, l’Autorité palestinienne et
l’avenir du mouvement national.
http://juliensalingue.over-blog.com/article-reflexions-sur-l-occupation-israelienne-l-autorite-palestinienne-et-l-avenir-du-mouvement-national-59109126.html
Annexe : RECONNAISSANCE DE L’ÉTAT PALESTINIEN DANS
LES FRONTIÈRES DE 1967
12-11-2010 16:19:16 Pays : MAR
AEAE FRS2985 40329
/AFP-AR94
TANGER (Maroc), 12 nov 2010 (AFP) - Le négociateur
palestinien Saëb Erakat a déclaré vendredi que si les États-Unis
n'arrivent pas à imposer à Israël l'arrêt de la colonisation,
les Palestiniens pourraient leur demander la "reconnaissance de
l'état de Palestine dans ses frontières de 1967".
"Si les États-Unis n'arrivent pas à imposer à Israël
l'arrêt de la colonisation au cours de l'actuel mois, le
prochain pas pour nous serait de demander aux États-Unis la
reconnaissance de l'État de la Palestine dans ses frontières de
1967" a affirmé à l'AFP le négociateur palestinien en marge d'un
débat à Tanger, dans le nord du Maroc, sur le Proche-Orient
intitulé "quelles initiatives pour relancer le processus de
paix".
"S'ils n'arrivent pas à le faire (l'arrêt de
l'implantation des colonies) nous, en tant que Palestine membre
observateur à l'ONU, irions (également) devant le Conseil de
sécurité pour déposer une demande d'adhésion de l'État
palestinien dans ses frontières de 1967", a-t-il précisé.
Le responsable palestinien s'exprimait lors de la 3ème
édition du forum international MEDays 2010 initié par l'institut
Amadeus, un "think tank" marocain, jusqu'au 13 novembre.
Les débats ont été marqués par les interventions outre
de Saëb Erakat, du député israélien et membre du Parti
travailliste Daniel Ben Simon, de l'Américain Keith Ellison
membres du Congrès des États-Unis, d'André Azoulay, conseiller
du roi Mohammed VI et de Marc Otte, représentant spécial de
l'Union européenne pour le processus de paix au Moyen-Orient.
L'Initiative arabe de paix qui propose à Israël la paix
en échange des territoires a été évoquée lors du forum comme
étant un "important moyen pour parvenir à la paix entre
Israéliens et Palestiniens".
mc/ob/nou AFP 121618
NOV 10
Publié sur le site de Robert Bibeau
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