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Opinion
Les pourparlers de «
paix » Netanyahu - Abbas ont échoué
Robert Bibeau
Photo: Al Ahram
Jeudi 2 septembre 2010
Nos prédictions
Le plus difficile, avec les prédictions, c’est de
les présenter à l’avance. Le 31 décembre 2009, en guise de vœux
pour la nouvelle année, nous avions écrit la chose suivante :
« La deuxième initiative de l’ex-Président Jimmy Carter que le
Président Obama tentera de concrétiser en 2010 sera
la « négociation » pour la création d'un bantoustan
palestinien emmuré, dirigé par les collaborateurs du Fatah
(dissimulés derrière l'OLP et l'Autorité palestinienne, au
besoin), avec ou sans l'accord et la collaboration du
HAMAS, à eux de choisir. » (1). Jusqu’ici, nous n’avons pas fait
d’erreur, mais ce que nous n’avions pas révélé, dans cette
prédiction, ce sont les conditions permettant que cet oracle se
réalise.
Les conditions préalables
Nous exposons aujourd’hui les conditions qui
auraient pu assurer la réussite de ce complot.
La première condition pour la réussite de ce coup
fourré, c’était que Mahmoud Abbas, le « Président de l’Autorité
sans autorité », dont le mandat est échu depuis 18 mois, puisse
se présenter comme un représentant crédible de la nation
palestinienne, un porte-parole accrédité, prestigieux, adoubé
par sa communauté ou, tout au moins, par une partie importante
de sa communauté en Palestine occupée, dans les camps de
réfugiés et parmi la diaspora. Pour cela, une ou deux rencontres
avec Barak Obama n’auront pas suffit à le faire prendre pour un
stratège intègre. Il aurait fallu qu’Abou Mazen, le combattant
de l’ombre, puisse proclamer haut et fort ses exigences
préalables à toute négociation fructueuse. Le scénario prévu
indiquait que le président Obama devait appuyer fortement ces
conditions préalables – strictement minimales –, comme l’arrêt
de toutes constructions en territoire occupée comme l’exige les
lois internationales, l’arrêt de toute colonisation en
territoire occupé (comme l’exigent les lois de la guerre),
l’arrêt de tout assassinat extra-judiciaire (comme l’exige le
droit international), la levée du blocus génocidaire illégal et
illégitime contre Gaza, l’arrêt des arrestations arbitraires de
Palestiniens.
Le scénario de départ prévoyait que le Premier
ministre Benjamin Netanyahu, d’abord récalcitrant, suspicieux et
hâbleur, s’opposerait farouchement à ces préalables, puis, que,
petit à petit,
renfrogné, et feignant la mauvaise humeur, il ferait amende
honorable et accepterait tout ou partie de ces demandes, suite
aux pressions de plus en plus pressantes du Président américain.
Refus de Netanyahu de coopérer à la mise en scène
Rien n’y fit. Abou Mazen, le « farouche combattant de l’ombre », eut
beau réduire ses exigences, oublier Gaza, faire semblant de ne
pas voir les assassinats ciblés et le Mur d’annexion en
construction, être aveugle aux démolitions qui n’ont jamais
cessé en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, ignorer le nettoyage
ethnique des Bédouins chassés du Negev, Barak Obama eu beau
demander de moins en moins vertement l’arrêt des provocations
israéliennes, le chef d’État israélien ne recula jamais de ses
positions intransigeantes, rejeta tout préalable de l’occupé et
présenta les conditions impératives de l’occupant, auxquels
Mahmoud Abbas s’empressa de souscrire, comme en atteste sa
déclaration de Washington visant à
prouver que son sens de l'humour ne l'a pas encore
abandonné : "Nous venons aux pourparlers avec le désir
sincère de parvenir à un accord de paix entre les deux peuples
qui protégera les
intérêts de la sécurité nationale d'Israël, pour qui le plus
important est la sécurité.". Les intérêts de la sécurité
nationale des Palestiniens sont, et ont toujours été, sans
importance et le bouffon Abbas d’en remettre une couche
"Il est maintenant
temps pour les Palestiniens et les États arabes de saisir la
main tendue d'Israël et d’essayer d’égaler
l’engagement
inébranlable de l'État juif pour la paix par des
actions qui leur soient propres.". Qui dit mieux ?
Le dirigeant palestinien, que le scénario
original devait rehausser, grandir, auréoler,
ceindre de la couronne
du dompteur de sionistes, se retrouve aujourd’hui plus
ridiculisé et plus
discrédité que jamais auparavant, si bien que sa signature ne
vaudra plus rien du tout
au bas de ce parchemin ridicule qu’il aura peut-être le
courage ultime de ne pas signer avant de s’éclipser… Rien n’est
moins certain pourtant, car l’emploi international qu’on lui
fait miroiter est attaché à ce paraphe qui le disqualifiera et
le déshonorera à jamais. Mais s’il signe, que vaudra cette
signature? Elle
servira tout au plus d’argument de propagande à l’ennemi
sioniste qui, exhibant ses « concessions historiques et ses
grands sacrifices » à même la terre usurpée des Palestiniens,
criera à l’incapacité de faire la paix sur le dos des
palestiniens, ces ingrats qui refusent la générosité sioniste
qui leur remet 15 à 18 % de leurs terres ancestrales, évidemment
livrées sans le sommet des collines,
occupés par l’armée
israélienne, sans zone côtière, sans le plateau continental où
l’on trouve du gaz naturel, sans espace aérien souverain, sans
la vallée du Jourdain, cette zone stratégique requise par
l’armée d’occupation pour fermer la frontière Est du camp
retranché israélien.
Obama démasqué
La deuxième condition
pour que le plan Carter-Obama réussisse, à savoir que soit créé
et accepté un bantoustan
pour tous les Palestiniens (avec droit de retour uniquement
dans ledit bantoustan), sur 15 à 18 % des terres de la Palestine
du mandat britannique, exigeait que le président américain se
pose en casseur de sionistes, qu’il brise les reins des
réactionnaires du Likoud et des autres factions fondamentalistes
religieuses qui forment la coalition théocratique au pouvoir à
Tel-Aviv. Pour cela, un immense coup de barre aurait été
nécessaire dans la politique américaine et dans les relations
américano-israéliennes. Or entre décembre 2009 et août 2010,
Obama n’a pas su opérer ce revirement, ce coup de force, qui lui
aurait permis de piéger les Palestiniens et d’offrir au Peuple
élu la Terre qui lui fut promise pour l’éternité par les
scribouilleurs bibliques du Moyen-Âge.
Le groupe de pression américain J-Street avait parfaitement
compris la stratégie d’Obama : « J-Street, affirme que ces
négociations pourraient être la dernière occasion de sauver la
solution à deux États. "La
fenêtre d'opportunité pour le progrès est brève et la dernière.
Nous croyons que l'avenir d'Israël en tant que foyer juif et
démocratique, pour ne pas mentionner les intérêts vitaux des
Américains dans la région, sont en jeu », déclarait le
vice-président pour la Politique et la Stratégie
de J-Street. (2)
Faute d’avoir cassé du sioniste pour leur propre
salut, Obama se retrouve aujourd’hui soupçonné de collusion avec
l’une des parties présentes aux pourparlers de « paix ».
La faction Netanyahu a su naviguer en eau trouble et, par
son entêtement, elle a discrédité et son « partenaire » pour les
négociations de « paix » et le maître de cérémonie protocolaire,
et elle a rendu inopérante la mystification qui voulait
présenter le Président Obama en Ponce Pilate de cette
crucifixion du peuple palestinien (3).
Bref, quand bien même quelques éditorialistes
occidentaux glousseraient et murmureraient
leurs bons vœux de succès aux pourparlers de « paix »
mort-nés, la coalition au pouvoir en Israël a parfaitement gâché
la sauce et sauvé le peuple palestinien d’un autre accord
inégal, d’un Oslo III, qu’il aurait rejeté de toute façon.
Pourquoi ce hara-kiri sioniste
? C’est que les intégristes religieux au pouvoir à Tel-Aviv
pensent qu’ils peuvent faire d’autres conquêtes et imposer
d’autres concessions
territoriales aux Palestiniens. L’explication de ces
nouvelles conquêtes territoriales se trouve consigné dans une
vidéo de propagande diffusée par la télévision israélienne que
nous avons présentée et analysée dans un éditorial précédent et
que nous reproduisons ici :
http://www.youtube.com/watch?v=ytWmPqY8TE0
(4)
Que veulent les Palestiniens, quel doit être
l’objectif des négociations ?
Pendant que l’alliance des belliqueux sionistes, des colons
juifs réactionnaires, des fondamentalistes religieux et des
intégristes hébreux exulte devant ce torpillage des
« négociations », qu’elle considère comme une victoire, le
peuple palestinien refait son unité sur les bases fondamentales
dont il n’aurait jamais du s’écarter, ni à Oslo, ni à Camp
David, ni à Genève, non plus qu’a Washington.
Un
récent sondage de l’Institut palestinien AMRAD révèle que 86
% des Palestiniens
appuient la résistance armée, que 91 % réclament un seul
État palestinien sur l’ensemble du territoire de
la Palestine
historique, du Jourdain à
la Méditerranée,
et que 94 % des Palestiniens souhaitent que
l’ensemble de la ville
de Jérusalem (partie orientale + partie occidentale) soit la
capitale de leur État unifié et décolonisé (5). C’était la
position de l’OLP lors de sa création en 1964 et ce devrait
l’être encore aujourd’hui. Si l’OLP ne sait pas défendre ces
droits fondamentaux inaliénables et comprendre les profonds
désirs de la population palestinienne, une autre alliance
politique saura représenter la volonté de liberté de ce peuple
courageux.
(1) « L’année
des plus grands dangers. Que 2010 soit une année de résistance.
Salut a Gaza l’indomptable ». Nous avions écrit cela à
propos du volte-face de l’ex-Président Jimmy Carter :
« Certains dénoncent le soi-disant Mea Culpa de
Jimmy Carter, qui
déclare qu'il n'est pas opposé à l'État d'Israël mais qu'il
souhaite simplement que cet État fasse des compromis et accepte
l'édification d'un bantoustan palestinien emmuré par l'État
israélien. Ces individus démontrent qu'ils n'ont rien
compris à la position américaine et au rôle de l'entité sioniste
intégrée à l'économie américaine. Ces individus n'ont
rien compris au conflit qui oppose les deux factions
de l'impérialisme américain à propos d'Israël (leur
base militaire permanente au Proche-Orient). ».
http://www.robertbibeau.ca/palestine/Voeux2010.doc
(2)
« Le but essentiel que les USA poursuivent à travers ces
négociations est de faire croire qu’ils gèrent honnêtement le
conflit israélo-palestinien. Mais maintenir ce faux-semblant est
tout aussi important pour les alliés arabes de Washington, qui
ont besoin de justifier publiquement leur collaboration aux
projets agressifs des USA »
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=9315
(3)
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=14326&type=analyse&lesujet=Initiatives%20de%20Paix
(4) Pour une présentation et une analyse de cette
vidéo de Hasbara israélienne consulter notre éditorial du 24
août 2010. « Négocier ou ne pas négocier avec Israël ? ».
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=20756
(5)
http://www.youtube.com/watch?v=GI-1Rtk-_lM
Sondage inquiétant à la veille des négociations :
86 % des Palestiniens sont favorables à un recours à la violence
(Guysen International News).
« Inquiétant sondage pour les Israéliens et affligeant pour les
Palestiniens, à la veille de la reprise du dialogue direct.
Selon une enquête de l'institut palestinien AWRAD (Arab World
for Research & Development), réalisée entre le 8 et le 14 Août
2010, sur un échantillon de 3001 personnes résidant en
Judée-Samarie et à Gaza 86% des Palestiniens sont favorables à
un recours à la violence contre Israël. Pour 91%,
la Palestine
historique (foyer national palestinien), du Jourdain à la mer,
est essentielle ou souhaitable. 94% d,entre eux estiment que
Jérusalem toute entière (aussi bien la partie ouest que la
partie orientale) doit faire partie de la Palestine.
,
Pour les Palestiniens, les cinq points essentiels à résoudre,
pour aboutir à une solution définitive du conflit, sont, par
ordre d'importance : l'établissement d'un état palestinien
souverain et indépendant (91,7%), le statut de Jérusalem (91%),
la sécurité pour l'état palestinien (86,2%),
le droit du retour pour les
réfugiés (83,2%) et les implantations juives en
Judée-Samarie (81,3%). »
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