Syrie
Pour en finir avec
l'hypocrisie !
Rim al-Khatib
Lundi 10 juin
2013 Depuis près de deux
semaines, soit depuis que le
secrétaire général du Hezbollah, sayyid Hassan Nasrullah, a déclaré
que la résistance islamique
participera à la guerre en Syrie, et
plus précisément dans la région
syrienne frontalière de la Bekaa, le
Hezbollah ne serait plus
qu’une « officine iranienne », qui
exécute l’agenda iranien dans la
région, tout comme il ne serait plus
un parti de résistance, mais juste
une milice, shi’ite de surcroît,
utilisée pour combattre les sunnites
syriens, et même le sunnisme en
général. La lutte contre l’ennemi
sioniste n’aurait été qu’un épisode
accidentel dans le parcours de ce
parti. Ces mêmes voix s’indignent de
ce qu’ils considèrent comme une
« intervention étrangère » dans le
conflit syrien, qui risque
semble-t-il, d’élargir le champ du
conflit vers le Liban et la région. C’est grosso modo ce
qu’on peut lire dans certains
articles, certaines lettres et
déclarations de musulmans, arabes et
non arabes, ou même de non
musulmans, arabes ou non arabes.
Une large propagande est lancée,
surtout après le discours du sayyid
le 25 mai dernier, pour discréditer
le Hezbollah, devenu, surtout après
la résistance contre la guerre
criminelle sioniste, un des
principaux mouvements de résistance
au sionisme et son allié,
l’impérialisme.
Lors de son
discours, sayyid Nasrullah a bien
expliqué le pourquoi de son
intervention et la limite de
celle-ci, disant qu’il s’avère de
plus en plus, avec le développement
du conflit syrien, que c’est la
résistance islamique qui est visée,
le but étant d’anéantir tout ce qui
peut représenter une résistance au
sionisme et à l’impérialisme dans la
région. Ce qui oblige la résistance
à protéger son existence. D’autre
part, les bandes armées rebelles ne
cessent, depuis plus d’un an, de
bombarder des villages frontaliers
et les quelques villages syriens
frontaliers habités depuis des
décennies par des Libanais, sont la
cible de ces bandes armées. Ni
l’Etat libanais, ni l’armée
libanaise, ne protègent ces villages
et villageois. Ce qui a nécessité
l’intervention du Hezbollah. Ce discours n’a été
ni entendu, ni compris par ceux qui
ne veulent ni entendre, ni
comprendre car il est vrai qu’à un
certain stade, on ferme les yeux et
on se bouche les oreilles, pour ne
pas avoir à réfléchir, à hésiter, à
peser les choses, étant donné la
complexité et les enjeux de la
situation. Dès le début de la
crise syrienne, dès les premières
manifestations, avant même que le
Hezbollah ne prenne position ou se
prononce, des manifestants ont levé
des pancartes hostiles au parti et
lancé des slogans contre l’Iran et
le Hezbollah. Ce qui ne s’était
passé ni en Egypte, ni en Tunisie, à
ma connaissance. Ce fut un signe
avant-coureur, pas plus. Mais
quelques mois après, des dizaines,
puis des centaines, puis des
milliers de musulmans venus d’Europe
(France, Grande-Bretagne, Belgique
et Allemagne entre autres) et de
pays arabes (Tunisie, Libye, Yémen,
Arabie saoudite, Qatar, Egypte, et
Liban, entre autres) et musulmans
(Tchétchénie, Caucase, Turquie entre
autres) ont débarqué pour lutter,
non seulement contre le régime
syrien, mais contre le peuple syrien
et la Syrie en tant que pays arabe,
pour instaurer un émirat islamique.
Les déclarations d’un ministre
britannique craignant le retour au
pays de ces « combattants »
expérimentés, la crainte des
pouvoirs tunisiens et les
négociations entre la Tunisie
révolutionnaire et le régime syrien
pour le rapatriement de ces
« égarés », qui ont abandonné
familles, femmes et enfants parfois,
répondant à l’appel de quelques
« illuminés », ont été ignorés. Et
les Tchétchènes, pardi ! Ils sont
également en Syrie, pour combattre
« au nom de Dieu » tout le tissu
social syrien, où chrétiens et
musulmans, kurdes et arabes, forgé
depuis des millénaires sur la terre
syrienne. Les Tchétchènes kidnappent
deux dignitaires religieux chrétiens
à Alep, mais qui s’en émeut ? Une
dizaine de Libanais sont otages
depuis plus d’un an d’un groupe
armé, et sont devenus un enjeu
politique inter-libanais et
inter-régional, la Turquie et le
Qatar, Saad Hariri et ses amis
fixent les enchères de leur remise
en liberté, pendant qu’al-Jazeera
(la chaîne qatarie) s’amuse à jouer
les intermédiaires. De quelle
« révolution » parlons-nous ? Depuis
quand le peuple syrien porte-t-il
ces « valeurs » barbares ? Tout ce « beau
monde » ne peut être pris pour une
« intervention étrangère », seul le
Hezbollah l’est. L’intervention
politique et médiatique, l’envoi de
matériel militaire et d’équipements
sophistiqués, l’envoi des services
de renseignements, souvent par
journalistes interposés, par les
Etats-Unis, la France, la
Grande-Bretagne, la Turquie, le
Qatar, l’Arabie saoudite ne sont pas
des « interventions étrangères »,
seule la présence de combattants du
Hezbollah l’est ! Et sans parler du
financement de ces rebelles !!! Les hôpitaux de
terrain ouverts dans la ville de
Tripoli au nord, pour accueillir les
combattants blessés, syriens et
autres, le retour des cercueils de
« combattants » libanais, enrôlés
pour cette guerre, il y a plusieurs
mois, les multiples accrochages à la
frontière entre l’armée syrienne et
les bandes armées venant du Liban,
comprenant d’ailleurs toutes sortes
de nationalités, tout cela ne peut
être considéré comme une
participation du Liban à la guerre
en Syrie, l’aéroport et les ports
d’où débarquent des centaines
d’étrangers, avant de se rendre en
Syrie, n’est pas une intervention du
Liban dans la guerre en Syrie. Il a
juste suffi que le Hezbollah annonce
qu’il mènera une bataille précise,
en expliquant pourquoi, pour que les
médias, les politiques, la Ligue
arabe, les Etats-Unis et l’ONU se
déclarent effarés et crient « au
loup » ! puisque le Hezbollah serait
en train, d’après eux, d’entraîner
le Liban dans le conflit syrien,
comme s’il n’y était pas, en plein,
depuis le commencement. Que les
Libanais le disent, cela fait partie
du jeu politique, où toute
déclaration peut être comprise à dix
niveaux différents. Mais que la
Ligue arabe, l’ONU, et toute la
clique nauséabonde de l’impérialisme
se mette à pérorer sur la
participation du Hezbollah !
L’hypocrisie est à son comble ! Dès le début du
conflit syrien, les groupes armés
venus de plusieurs régions du monde
participent à une guerre contre la
Syrie et son peuple ! L’opposition
politique, qu’elle soit interne ou
externe, ne contrôle rien et n’a
aucune prise sur la situation.
Certes, il y a une opposition
financée par le Qatar et soutenue
par la France, qui aboie et menace,
qui encourage les rebelles armés
mais s’en désolidarise lorsqu’il
faut présenter ses lettres de
créances à l’Union européenne, afin
de recevoir des armes et des sous.
C’est cette opposition qui applique
les directives du sheikh sénile,
basé à Qatar, qui a fait appel aux
Etats-Unis pour bombarder et
finalement détruire la Libye puis à
présent, la Syrie, et qui ose lancer
l’anathème contre des confessions
musulmanes, différentes de la
sienne. Pour toute cette mouvance,
le Hezbollah serait une officine
iranienne, puisqu’il est pour « Wali
al-Faqih », alors qu’il n’ont rien
compris, ni au « wali al-Faqih » ni
au Hezbollah ! Il faudrait lire ou
entendre ces sheikhs ou écrivains
pour réaliser l’ignorance crasse
dans laquelle ils veulent nous
plonger et dans laquelle ils se
complaisent ! Et les
« spécialistes » en politique,
religion, Iran, Syrie, mouvements
islamiques, et tout ce qui s’ensuit,
des chaînes françaises n’ont rien à
leur envier. La compétition est
lancée pour savoir qui peut niveler
au plus bas la conscience des
musulmans et des arabes. D’après
cette mouvance, qui a fermé les yeux
et qui s’est bouché les oreilles,
l’Iran serait l’ennemi. C’est de
nouveau le persan, le shi’ite, le « majous »,
l’ennemi, mais des musulmans ? Pas
seulement, il serait l’ennemi des
Arabes, puisque le nouveau discours
joue sur la corde de l’arabité,
qu’ils viennent de découvrir, à
Qatar et ailleurs. Qatar, ou
l’Arabie saoudite, comme chantres de
l’arabité ? Il faut vraiment être
acculturé pour y croire. Et al-Qussayr,
alors ? Al-Qussayr, ville syrienne
très modeste, est devenue du jour au
lendemain le « stalingrad » des
groupes armés rebelles. Il est vrai
qu’ils y avaient installé des
milliers de combattants et leurs
familles, que c’était une
place-forte de liaison et d’accueil
pour les groupes armés venant du
Liban. Elle fut fortifiée pour être
le lieu d’où partent les attaques
sur la région de Damas, vers le sud,
et vers le nord. Au-delà de
l’importance accordée par les
rebelles à cette ville, parce qu’ils
y ont accumulé les armes et creusé
les tunnels, sa prise par l’armée
syrienne signifie aussi qu’elle peut
désormais couper la voie aux armes
et aux groupes armés en provenance
du Liban, ce qui explique d’ailleurs
toute cette propagande mensongère et
hypocrite des cercles de
l’impérialisme. Dès les premiers
jours de cette bataille, l’armée
syrienne avait ouvert un
« corridor » pour la sortie des
civils, à peine quelques centaines.
Ensuite, il n’y eut que des
combattants et leurs pertes furent
très lourdes, en humains et en
matériels. Ils ont aussi perdu la
ville, et toutes les possibilités
qui y étaient offertes. De nouveau, les
mensonges et la propagande. Certains
ont voulu nous faire croire à des
massacres. Qui fut massacré ? Des
civils ? non. Il n’y en avait
presque plus. Des combattants
armés ? dont certains peuvent être
anthropophages et prêts à mâcher le
cœur et le foie de leurs ennemis, en
direct sur les écrans des
télévisions ? Oui. Les combattants
furent défaits et plusieurs
centaines, semble-t-il, ont trouvé
la mort. D’autres, blessés, furent
convoyés vers les hôpitaux au Liban,
après que le politicien Joumblatt
ait demandé un geste au Hezbollah
pour qu’il autorise leur transfert.
Cela fut fait, et plusieurs de ces
combattants sont des Libanais.
Parler de massacres signifie
nécessairement qu’il s’agit de
civils, mais est-ce que ces
combattants, qu’ils soient syriens, tchetchènes, qataris ou autres,
n’ont-ils pas choisi la voie armée
pour lutter contre la Syrie, son
régime et son peuple ? Ne faut-il
pas plutôt dénoncer ceux qui les ont
envoyés par des fatwas enflammés
(les sheikhs qui lancent
l’anathème), les financeurs, les
livreurs d’armes, les supports
politiques et médiatiques, avant de
dénoncer le Hezbollah, rendu à présent
responsable de ces morts ? Le Hezbollah
n’a fait que se défendre, défendre sa
présence et le maintien de sa force,
nécessaire pour affronter l’ennemi
sioniste. Cette bataille ne fut pas la
sienne, dans le sens où il y a été
entraîné. Mais il l’a menée avec
honneur, comme toutes les batailles
qu’il mène. La propagande ennemie,
qu’elle soit diffusée par des Arabes,
musulmans ou autres, n’y changera rien.
Le projet américano-sioniste pour la
région ne passera pas, n’en déplaise à
tous les propagandistes de l’axe
américano-sioniste !
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