Iran
La crise de la mer
Noire s'enlise
L'Iran fait face à la menace grandissante des États-Unis et de
l'Otan
Rick Rozoff
Mardi 29 septembre 2009
Alors que Washington annonce, en paroles et
en gestes, qu’il planifie d’éventuelles frappes militaires
contre l’Iran, la tension monte sur la mer Noire avec la menace
d’un autre conflit entre les États-Unis, la Géorgie, État client
de l’OTAN, et la Russie.
Le 9 septembre on pouvait lire dans le New
York Times qu’« un an à peine après qu’ils sont allés en guerre,
la tension croissante entre la Russie et la Géorgie concernant
des droits de visite dans une région séparatiste de la Géorgie a
créé un nouveau théâtre potentiel pour un conflit [1] ».
L’article faisait référence à la récente saisie de plusieurs
navires par la Géorgie au large des côtes abkhazes de la mer
Noire, apparemment 23 au total cette année.
Le président de l’Abkhazie Sergei Bagapsh a
ordonné à la marine de son pays de confronter et, si cela
s’avère nécessaire, de couler les navires de la marine et de la
garde côtière de la Géorgie en réaction à la saisie forcée de
navires civils en eaux neutres par cette dernière, en appelant
ces actions par leur nom – piraterie. La marine et la garde
côtière géorgiennes sont entraînées par les États-Unis et
l’OTAN.
Le porte-parole du ministère russe des
Affaires étrangères a souligné les dangers inhérents aux
récentes provocations de la Géorgie en prévenant « [q]u’elles
risquent d’aggraver la situation militaire et politique dans la
région et pourraient résulter en de sérieux incidents armés
[2]. »
Le 15 septembre la Russie annonçait que ses
gardes frontaliers détiendront tous les navires violant les
frontières maritimes de l’Abkhazie […] [3] »
La Russie aurait non seulement le droit, mais
serait dans l’obligation de fournir une telle aide à l’Abkhazie
voisine puisque « [s]elon les traités d’assistance mutuelle
signés en novembre dernier, la Russie s’est engagée aider
l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud à protéger leurs frontières et
les signataires se sont accordé le droit d’établir des bases
militaires sur leurs territoires respectifs [4] ».
En tentant d’exécuter un blocus maritime
contre l’Abkhazie, l’actuel régime géorgien de Mikheil
Saakashvili est tout à fait conscient que la Russie est tenue de
réagir en raison du traité et de ses intérêts nationaux – la
Cour pénale internationale prévoit inclure cette année les
blocus des ports et des côtes dans sa liste d’actes de guerre
[5]. Ayant subi une cuisante défaite lors de sa dernière
escarmouche avec la Russie, la guerre de cinq jours en août l’an
dernier, Tbilissi ne risquerait jamais de poser des gestes comme
elle le fait actuellement sans le soutien des États-Unis et de
l’OTAN.
Des jours après la fin de la guerre de 2008,
l’ancien sénateur étatsunien et actuel vice-président Joseph
Biden a pris un vol pour la capitale géorgienne afin de
promettre 1 milliard de dollars d’aide au pays, faisant de la
Géorgie le troisième plus important bénéficiaire de l’aide
étrangère étatsunienne après l’Égypte et Israël.
Des navires de guerre des États-Unis et de
l’OTAN ont afflué sur la mer Noire en août 2008 et des navires
étatsuniens ont visité les villes portuaires géorgiennes de
Batoumi et Poti pour livrer ce que Washington a décrit comme
étant de l’aide civile. Des sources russes soupçonnaient
toutefois que ces navires contenaient de l’équipement militaire
destiné à remplacer celui perdu dans le conflit.
Moins d’un mois après la fin de la guerre,
l’OTAN a envoyé une délégation en Géorgie pour « évaluer les
dommages faits aux infrastructures militaires à la suite d’une
guerre de cinq jours entre Moscou et Tbilissi […] [6] ».
Lors d’une rencontre en décembre, les
ministres des affaires étrangères de l’OTAN ont convenu d’un
Programme national annuel pour la Géorgie et au cours du même
mois Washington a annoncé la création de la Charte de
partenariat stratégique américano-géorgienne.
Cette semaine, une délégation d’importants
experts de l’OTAN en défense et en logistique s’est rendue en
Géorgie le 9 septembre « pour promouvoir le développement des
Forces armées géorgiennes [7] ». Le 14 septembre, des
représentants officiels de haut rang du George C. Marshall
European Center for Security Studies des États-Unis sont arrivés
aux quartier général du ministère de la Défense géorgien « afin
d’étudier des questions de coordination interdépartementale dans
la gestion du secteur de la sécurité et de la révision de la
sécurité nationale [8]. »
L’intégration militaire continue par le
Pentagone et l’OTAN de la Géorgie et l’Azerbaïdjan voisin, qui a
également une frontière avec l’Iran, est intégralement liée aux
plans militaires d’ensemble en mer Noire et dans tout le Caucase
et, de manière encore plus sinistre, aux projets conjoints de
guerre contre l’Iran. Par ailleurs l’Université Georgetown de
Washington sera l’hôte d’une conférence le 18 septembre sur le
partenariat stratégique entre les États-Unis et l’Azerbaïdjan :
Les critères bilatéraux et régionaux.
Déjà en 2007, des reportages à ce sujet ont
fait surface dans les réseaux d’information bulgare et roumain.
Novinite (Sofia News Agency) rapportait que le Pentagone
« pourrait utiliser ses deux bases aériennes en Bulgarie ainsi
qu’une base aérienne sur la côte roumaine de la mer Noire pour
lancer une attaque contre l’Iran […] [9].
Il s’agit des bases aériennes de Bezmer et de
Graf Ignitievo en Bulgarie et de celle de Mihail Kogalniceanu
près de la ville roumaine de Constanza sur le mer Noire.
Le Pentagone a en tout sept nouvelles bases
en Bulgarie et en Roumanie, et en plus du stationnement d’avions
de guerre, F-15, F-16 et A-10 Thunderbolts, il a de 3000 à 5000
troupes déployées dans les deux pays en tout temps. Washington a
également établi les quartiers généraux permanents de sa Force
opérationnelle interarmées Est (FOIE) à la base aérienne de
Mihail Kogalniceanu en Roumanie.
Un site web du gouvernement étatsunien donne
les détails suivants à propos de la Force opérationnelle
interarmées Est :
« Toutes les opérations d’entraînement de
l’Armée et des Forces aériennes des États-Unis en Roumanie et en
Bulgarie seront sous le commandement de la FOIE, laquelle est
commandée par le USEUCOM [Commandement des forces des États-Unis
en Europe]. Située en Roumanie et en Bulgarie, la FOIE
comprendra un petit quartier général permanent (en Roumanie)
composé d’environ 100 à 300 employés qui superviseront les
rotations des unités de l’Armée étatsunienne de la taille d’une
brigade, ainsi que les déploiements de troupes dédiées au
maniement d'armes des Forces armées étatsuniennes (Weapons
Training Deployments, WTD). L’accès aux installations de
formation aériennes et terrestres roumaines et bulgares donnera
l’opportunité aux forces de la FOIE de s’entraîner et
d’interagir avec les forces militaires à travers la zone entière
de 92 pays sous la responsabilité de l’USEUCOM. Les Forces
terrestres des États-Unis en Europe (USAREUR) et les Forces de
l’armée de l’air des États-Unis en Europe (USAFE) sont
impliquées activement dans l’établissement de la FOIE [10]. »
Les quatre bases militaires en Roumanie et
les trois bases en Bulgarie auxquelles le Pentagone et l’OTAN
ont obtenu un accès indéterminé depuis que les deux pays ont été
incorporés à l’OTAN en 2004 permettent des opérations
d’ensemble : des déploiements d’infanterie dans la zone et en
direction des cibles afghane et irakienne, des pistes pour les
bombardiers et les avions de combat à réaction, des convenances
de carénage pour les navires de guerre des États-Unis et de
l’OTAN incluant des croiseurs Aegis équipés de missiles
intercepteurs, des terrains d’entraînement pour les forces
spéciales occidentales et les forces armées étrangères
s’intégrant à l’OTAN.
S’ajoutant aux bases et aux troupes fournies
par la Turquie et la Géorgie – et dans le futur par l’Ukraine –
les sites bulgares et roumains sont une composante intégrante
des projets des États-Unis et de leurs alliés de transformer la
mer Noire en territoire de l’OTAN. Seul le littoral russe ne
serait pas contrôlé par l’Alliance, ainsi que celui de
l’Abkhazie récemment indépendante, ce qui rend le contrôle de ce
pays si essentiel.
La semaine dernière le ministre roumain de la
Défense a annoncé l’intention de son pays d’acquérir entre 48 et
54 avions de combat à réaction de nouvelle génération – des F-16
et des F-35 étatsunien ont été mentionnés – dans le cadre
d’« une nouvelle stratégie d’acquisition d’avions polyvalents,
ce qui signifie d’abord l’achat d’avions pour procéder à la
transition vers la cinquième génération d’équipement, dans les
10 à 12 prochaines années [11] ».
Avec le récent changement de gouvernement
dans l’ancienne république soviétique de Moldavie, dans la
foulée de la violente « révolution Twitter » en avril, le
nouveau speaker parlementaire Mihai Ghimpu a parlé ouvertement
de la fusion du pays avec la Roumanie voisine, c’est-à-dire de
son absorption par cette dernière. La Transnistrie [République
moldave de Transnistrie] s’est séparée de la Moldavie en
1990 justement en raison du danger d’être intégrée à la
Roumanie. Des combats ont suivi, lesquels ont coûté la vie à
quelque 1500 personnes.
La Roumanie est maintenant membre de l’OTAN.
Si une guerre civile éclatait en Moldavie et/ou que le combat
s’intensifiait entre la Moldavie et la Transnistrie, et que la
Roumanie envoyait des troupes -- ce qui presque certain – l’OTAN
peut invoquer la clause militaire de son Traité, l’Article 5,
pour intervenir. La Transnistrie compte1200 Gardiens de la paix
russes.
Le voisin de la Transnistrie à l’est est
l’Ukraine, liée à la Moldavie par l’alliance GUAM concoctée par
les États-Unis (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan, Moldavie),
laquelle collabore à l’exécution d’un blocus contre la
Transnistrie. Le président ukrainien Viktor Yushchenko, dont la
popularité est actuellement dans les monochiffres, est déterminé
à entraîner son pays dans l’OTAN à l’encontre d’une opposition
nationale massive et l’on peut compter sur lui pour attaquer la
Transnistrie à l’est si un conflit éclatait.
Une source d’information moldave a cité la
semaine dernière un leader de l’opposition émettant ce terrible
avertissement :
« Les minorités ethniques de Moldavie sont
formellement contre une union avec la Roumanie.
Si nous, qui ne sommes pas d’ethnie moldave,
devons défendre le statut d’État de la Moldavie, nous trouverons
alors de puissants alliés en dehors de la Moldavie, incluant la
Russie. Avec elle, l’Ukraine, la Turquie et la Bulgarie seraient
impliquées dans cette bataille. L’année dernière nous avons tous
été témoins de la façon dont la Russie a défendu les intérêts de
ses ressortissants en Ossétie du Sud et en Abkhazie. Pourquoi
croirait-on qu’en cas de guerre civile en Moldavie, la Russie
regarderait tout bonnement ses ressortissants mourir? Notre
tâche est de prévenir de tels développements [12]. »
En effet, toutes les régions de la mer Noire
et du Caucase pourraient s’enflammer si les mandataires
occidentaux du GUAM lançaient une attaque sur n’importe quel des
soi-disant pays des conflits gelés, soit la Géorgie sur
l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, l’Azerbaïdjan sur le
Nagorny-Karabagh et la Moldavie et l’Ukraine sur la
Transnistrie. Il se pourrait que les quatre pays soient attaqués
simultanément et à l’unisson.
Une attaque contre l’Iran, qui possède une
frontière commune avec l’Azerbaïdjan et l’Arménie, offrirait
cette opportunité. Cette dernière étant la protectrice du
Nagorny-Karabagh deviendrait immédiatement belligérante si
l’Azerbaïdjan entamait des hostilités militaires contre le
Karabagh.
Le 15 septembre les reportages révélaient que
le Bipartisan Policy Center à Washington, DC, fondé en 2007 par
l’ancien leader de la majorité au Sénat Howard Baker, Tom
Daschle, Bob Dole et George Mitchell, a publié un rapport
indiquant en partie que « si des sanctions rigoureuses ne
poussent pas la République islamique à démontrer de la sincérité
dans les négociations et à abandonner ses activités
d’enrichissement [d’uranium], la Maison-Blanche devra commencer
à envisager sérieusement l’option d’une frappe militaire menée
par les États-Unis contre les installations nucléaires
iraniennes [13] ».
Les auteurs du rapport sont Charles Robb,
ancien sénateur démocrate de Virginie, Daniel Coats, ancien
sénateur républicain de l’Indiana et le général à la retraite
Charles Wald, ancien commandant adjoint du Commandement des
forces des États-Unis en Europe.
L’Iran aurait 60 jours pour essentiellement
abandonner son programme électronucléaire civil. S’il ne
capitule pas, l’administration Obama devrait « se préparer de
façon manifeste à toute option militaire [incluant] le
déploiement d’un groupe aéronaval additionnel au large des eaux
iraniennes et à la conduite d’exercices conjoints avec les
alliés des États-Unis [14] ».
Le principal réacteur nucléaire iranien est
en construction à Bushehr et serait une cible principale de
toute attaque de missile ou de tout bombardement de la part des
États-Unis et d’Israël. En 2006, 3700 experts et techniciens
russes, et leurs familles, vivaient dans les environs de ces
installations.
Depuis les huit dernières années, on présume
que les États-Unis lanceraient une attaque militaire contre
l’Iran d’un porte-avion stationné dans le golfe Persique et
qu’Israël le ferait à l’aide de bombardiers à longue portée en
survolant l’Irak et la Turquie.
Durant cette période, les États-Unis et leurs
alliés de l’OTAN ont également gagné l’accès aux bases aériennes
en Irak, en Afghanistan et au Pakistan (au Baloutchistan, aux
frontières de l’Iran) au Kirghizstan et au Tadjikistan, en plus
des bases qu’ils possèdent déjà en Turquie.
Washington et Bruxelles ont aussi étendu leur
présence militaire en Bulgarie, en Géorgie et en Roumanie sur la
mer Noire, ainsi qu’en Azerbaïdjan sur la mer Caspienne, au long
de la frontière nord-est de l’Iran.
Des plans d’agression militaire massive
contre l’Iran pourraient alors comprendre des frappes aériennes
et des frappes de missiles provenant d’endroits bien plus près
du pays que ce que l’on soupçonnait auparavant.
La American Defense Security Cooperation
Agency a annoncé la semaine dernières qu’elle prévoyait fournir
à la Turquie, le seul pays membre de l’OTAN à avoir une
frontière commune avec l’Iran, des missiles intercepteurs de
théâtre, à savoir la version améliorée à plus grande portée des
PAC-3 (Patriot Advance Capability-3), d’une valeur de près de
8 milliards de dollars. Le projet comprend la livraison de
presque 300 missiles Patriot destinés à être déployés dans 12
postes de commande en Turquie.
En juin, le gouvernement turc a confirmé que
les avions AWACS (système aéroporté d'alerte et de contrôle) de
l’OTAN seraient déployés dans la province turque de Konya.
La dernière fois que des missiles Patriot et
des AWACS ont été envoyés en Turquie, c’était à la fin de 2002
et au début de 2003, pour la préparation de l’invasion de
l’Irak.
Le 15 septembre, le journal des Forces armées
étatsuniennes, le Stars and Stripes, a fait paraître un article
intitulé « Les forces étatsuniennes et israéliennes testeront la
défense antimissiles pendant que l’Iran est dans la tourmente »
(U.S., Israeli forces to test missile defense while Iran
simmers). L’article comprenait ces détails sur les jeux de
guerre biannuels Juniper Cobra :
« Quelque 1000 troupes du Commandement des
forces des États-Unis en Europe seront bientôt déployées en
Israël pour un exercice de défense antimissiles de grande
échelle avec les forces israéliennes.
Cette année, Juniper Cobra se tient en même
temps que des préoccupations constantes sur le programme
nucléaire iranien, qui fera l’objet de discussions en octobre.
Les troupes étatsuniennes des quatre agences
travailleront conjointement avec le même nombre de troupes des
forces de la Défense israélienne et participeront à des jeux de
guerre simulés par ordinateur […] Pendant l’exercice Juniper
Cobra du mois prochain, diverses technologies de défense
antimissiles et de défense aérienne seront testées, y compris la
bande x contrôlée par les États-Unis [15]. »
Le même article nous informait que cet
exercice était l’aboutissement d’une montée en puissance qui
avait lieu depuis des mois.
« En avril une centaine de troupes basées en
Europe ont pris part à un exercice de défense antimissiles
incorporant pour la première fois le système de radar étatsunien
déployé au pays en octobre 2008. La bande x étatsunienne est
destinée à donner à Israël une alerte rapide advenant un
lancement de missile de l’Iran.
Depuis près d’un an, une alliance de troupes
et d’entrepreneurs étatsuniens gèrent une opération quotidienne
de la bande x sur la base aérienne de Nevatim dans le désert de
Néguev [16]. »
La même publication révélait deux jours
auparavant que le Pentagone a mené la semaine dernière en
Allemagne un exercice de contre-insurrection à grande échelle
avec la 173e brigade aéroportée et le 12e
Combat Aviation Brigade, « le plus important exercice de la
sorte jamais effectué par les militaires étatsuniens à
l’extérieur des États-Unis […] [17] ». Les deux unités doivent
être déployées respectivement en Afghanistan et en Irak, mais
pourraient être déplacées en Iran, si cela s’avérait nécessaire.
Le rôle que les États et clients de l’OTAN
situés sur les côtes de la mer Noire pourraient jouer dans un
assaut multinational et multi-vectoriel sur l’Iran a été
démontré dans la foulée de la guerre russo-géorgienne l’an
dernier.
Lors d’une conférence de presse aux quartiers
généraux de l’OTAN à Bruxelles il y a un an, l’ambassadeur russe
à l’OTAN Dmitry Rogozin « a dit que le renseignement russe avait
obtenu de l’information indiquant que l’infrastructure militaire
géorgienne pourrait être utilisée pour un soutien logistique des
troupes étatsuniennes si elles lançaient une attaque contre
l’Iran [18] ».
Rogozin aurait également dit
qu’« actuellement l’OTAN s’affaire en Géorgie à restituer sa
capacité à surveiller son espace aérien, en d’autres mots, à
reconstituer tout le système de localisation et de défense
antimissiles détruit par l’artillerie russe ».
« [La restitution des systèmes de
surveillance et des bases aériennes en Géorgie] est destinée à
un soutien logistique de certaines opérations aériennes de
l’Alliance en entier ou des États-Unis en particulier dans cette
région. La reconstruction rapide du champ d’aviation et de tous
les systèmes prouve qu’une opération aérienne est planifiée
contre un autre pays situé non loin de la Géorgie [19]. »
Au début d’octobre l’an dernier, Nikolai
Patrushev, secrétaire du Conseil de sécurité russe « a décrit la
politique d’augmentation de la présence militaire des États-Unis
et de l’OTAN en Europe de l’Est comme une quête de supériorité
militaire stratégique sur la Russie.
Le représentant officiel a ajouté que les
États-Unis auraient besoin d’alliés dans la région si le pays
décidait d’attaquer l’Iran [20] ».
Patrushev a affirmé : « S’ils décident
d’attaquer l’Iran avec des missiles et des bombes, les
États-Unis auront besoin d’alliés loyaux. Et si la Géorgie est
impliquée dans cette guerre, cela représentera une menace
additionnelle pour la sécurité nationale de la Russie [21]. »
Plus tard en octobre dernier, un site web
azerbaïdjanais rapportait que 100 avions à réaction de l’Armée
de l’air iranienne faisaient des exercices près de la frontière
du pays et que « des sources militaires des États-Unis avaient
signalé que des territoires en Azerbaïdjan et en Géorgie
pourraient servir à attaquer l’Iran […] [22] ».
Le journaliste indien Atul Aneja écrivait le
même mois dans The Hindu à propos des effets de la guerre
russo-géorgienne d’août l’an dernier et donnait cette
information :
« Les assertions militaires de la Russie en
Géorgie et une démonstration de puissance dans certaines parties
de l’Asie de l’Ouest [Moyen-Orient], combinées aux
préoccupations politiques et économiques de Washington, semblent
avoir anticipé les chances d’une frappe prochaine contre l’Iran.
À la suite des actions de la Russie en
Ossétie du Sud et en Abkhazie, le président russe Dimitri
Medvedev a reconnu que Moscou était conscient que de sérieux
plans d’attaque contre l’Iran étaient sur la table. "Nous savons
que certains joueurs prévoient d’attaquer l’Iran. Mais nous nous
opposons à toute étape unilatérale et à [une] solution militaire
à la crise nucléaire".
La Russie a pris le contrôle de deux champs
aériens en Géorgie d’où étaient prévues des frappes contre
l’Iran. Les forces russes ont aussi vraisemblablement récupéré
des armes et des drones espions israéliens qui auraient été
utiles à la surveillance de cibles iraniennes potentielles
[23] ».
Le même journal, citant Dmitry Rogozin
affirmant que le renseignement militaire russe avait saisi des
documents prouvant que Washington avait entamé « des
préparations militaires actives sur le territoire géorgien »
pour des frappes aériennes contre l’Iran, a ajouté des
informations concernant l’implication israélienne :
« Israël avait fournit à la Géorgie des
drones sophistiqués Hermes 450 UAV, de multiples lance-roquettes
et d’autre équipement militaire que la Géorgie a utilisé, avec
des chars d’assaut géorgiens modernisés fabriqués par les
soviétiques, dans son attaque contre l’Ossétie du Sud. Des
instructeurs israéliens ont par ailleurs aidé à entraîner des
troupes géorgiennes [24] ».
Au lieu de voir les guerres de la dernière
décennie – contre la Yougoslavie, l’Afghanistan et l’Irak – et
l’expansion concomitante de la présence militaire des États-Unis
et de l’OTAN dans ces trois pays et dans plusieurs autres dans
leur périphérie comme une série d’événements sans liens, on doit
voir la tendance pour ce qu’elle est : une stratégie constante
et calculée employant chaque zone de guerre successive comme une
rampe de lancement pour une nouvelle agression.
Le Pentagone possède d’importantes bases
militaires au Kosovo, en Afghanistan et en Irak qu’il n’a pas
l’intention d’abandonner. Les États-Unis et ses alliés de l’OTAN
ont des bases en Bulgarie, en Roumanie, au Kirghizstan, au
Tadjikistan, en Ouzbékistan, au Koweït, au Bahreïn (où se trouve
le quartier général de la 5e flotte de la Marine
étatsunienne) et dans d’autre pays à proximité des zones de
guerres des dix dernières années qui peuvent servir aux conflits
des dix, vingt ou trente prochaines années.
Article original en anglais :
Black Sea Crisis Deepens As US-NATO Threat To Iran Grows, le
16 septembre 2009.
Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca.
Notes
1) New York Times, 9 septembre 2009
2) Ibid
3) Russian Information Agency
Novosti, 15 septembre 2009
4) Ibid
5) Wikipedia
6) Agence France-Presse, 8
septembre 2009
7) Trend News Agency, 9
septembre2009
8)Minist`re de la Défense de
la Géorgie, 14 septembre 2009
9) Turkish Daily News, 30 janvier 2007
10) Secrétaire d’État des
États-Unis
11) The Financiarul, 9 septembre 2009
12) Infotag, 11 septembre 2009
13) Bloomberg News, 15 septembre 2009
14) Ibid
15) Stars and Stripes, 15 septembre 2009
16) Ibid
17) Stars and Stripes, 13 septembre 2009
18) Russian Information Agency Novosti, 17 septembre 2008
19) Russia Today, 17 septembre 2008
20) Russian Information Agency Novosti, 1er
octobre 2008
21) Fars News Agency, 2 octobre 2008
22) Today.AZ, 20 octobre 2008
23) The Hindu, 13 octobre 2008
24) The Hindu, 19 septembre
2008
©
Copyright 2005-2009 Mondialisation.ca
|